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RowHistoire 1780 Book 6 Histoire 1820 Book 6Similarity (JS)Distance (JD)
1HISTOIRE PHILOSOPHIQUE ET POLITIQUE DES ETABLISSEMENS ET DU COMMERCE DES EUROPEENS DANS LES DEUX INDES.
2LIVRE SIXIÈME.LIVRE SIXIÈME.1.00.0
3Découverte de l’Amérique. DÉCOUVERTE DE L’AMÉRIQUE. 1.00.0
4Conquête du Mexique. CONQUÊTE DU MEXIQUE. 1.00.0
5Etabliſſemens Eſpagnols dans cette partie du Nouveau-Monde.ÉTABLISSEMENS ESPAGNOLS DANS CETTE PARTIE DU NOUVEAU-MONDE.0.333333333333333260.6666666666666667
6L’HISTOIRE ancienne offre un magnifique ſpectacle. L’HISTOIRE ancienne offre un magnifique spectacle. 0.66666666666666660.33333333333333337
7Ce tableau continu de grandes révolutions, de mœurs héroïques & d’événemens extraordinaires, deviendra de plus en plus intéreſſant, à meſure qu’il ſera plus rare de trouver quelque choſe qui lui reſſemble. Ce tableau continu de grandes révolutions, de mœurs héroïques et dʼévénemens extraordinaires, deviendra de plus en plus intéressant à mesure qu’il sera plus rare de trouver quelque chose qui lui ressemble. 0.50.5
8Il est passé le temps de la fondation et du renversement des empires !
9Il eſt paſſé, le tems de la fondation & du renverſement des empires !
10Il ne ſe trouvera plus, l’homme devant qui la terre ſe taiſoit !Il ne se trouvera plus l’homme devant qui la terre se taisait ! 0.42857142857142860.5714285714285714
11Les nations, après de longs ébranlemens, après les combats de l’ambition & de la liberté, ſemblent aujourd’hui fixées dans le morne repos de la ſervitude. Les nations, après de longs ébranlemens, après les combats de l’ambition et de la liberté, semblent aujourd’hui fixées dans le morne repos de la servitude. 0.78571428571428570.2142857142857143
12On combat aujourd’hui avec la foudre, pour la priſe de quelques villes, & pour le caprice de quelques hommes puiſſans : on combattoit autrefois avec l’épée, pour détruire & fonder des royaumes, ou pour venger les droits naturels de l’homme. On combat aujourd’hui avec la foudre pour la prise de quelques villes et pour le caprice de quelques hommes puissans : on combattait autrefois avec l’épée pour détruire et fonder des royaumes, ou pour venger les droits naturels de l’homme. 0.70.30000000000000004
13L’histoire des peuples est sèche et petite, sans que les peuples soient plus heureux.
14L’hiſtoire des peuples eſt ſèche & petite, ſans que les peuples ſoient plus heureux.
15Une oppreſſion journalière a ſuccédé aux troubles & aux orages & l’on voit avec peu d’intérêt des eſclaves plus ou moins avilis, s’aſſommer avec leurs chaînes, pour amuſer la fantaiſie de leurs maîtres.Une oppression journalière a succédé aux troubles et aux orages ; et l’on voit avec peu d’intérêt des esclaves plus ou moins avilis s’assommer avec leurs chaînes pour amuser la fantaisie de leurs maîtres.0.42857142857142860.5714285714285714
16L’Europe, cette partie du globe qui agit le plus ſur toutes les autres, paroît avoir pris une aſſiette ſolide & durable. L’Europe, cette partie du globe qui agit le plus sur toutes les autres, paraît avoir pris une assiette solide et durable. 0.50.5
17Ce ſont des ſociétés puiſſantes, éclairées, étendues, jalouſes dans un degré preſque égal. Ce sont des sociétés puissantes, éclairées, étendues, jalouses dans un degré presque égal. 0.30769230769230770.6923076923076923
18Elles ſe preſſeront les unes les autres ; & au milieu de cette fluctuation continuelle, les unes s’étendront, d’autres ſeront reſſerrées, & la balance penchera alternativement d’un côté & de l’autre, ſans être jamais renverſée. Elles se presseront les unes les autres ; et au milieu de cette fluctuation continuelle, les unes s’étendront, d’autres seront resserrées, et la balance penchera alternativement d’un côté et de l’autre sans être jamais renversée. 0.59090909090909090.40909090909090906
19Le fanatisme de religion et l’esprit de conquête, ces deux causes perturbatrices du globe, ne sont plus ce qu’ils étaient.
20Le fanatiſme de religion & l’eſprit de conquête, ces deux cauſes perturbatrices du globe, ne ſont plus ce qu’elles étoient.
21Le levier ſacré, dont l’extrémité eſt ſur la terre & le point d’appui dans le ciel, eſt rompu ou très-affoibli. Le levier sacré, dont l’extrémité est sur la terre et le point d’appui dans le ciel, est rompu ou très-affaibli. 0.53846153846153840.46153846153846156
22Les ſouverains commencent à s’appercevoir, non pour le bonheur de leurs peuples, qui les touche peu, mais pour leur propre intérêt, que l’objet important eſt de réunir la ſûreté & les richeſſes. Les souverains commencent à s’apercevoir, non pour le bonheur de leurs peuples, qui les touche peu, mais pour leur propre intérêt, que l’objet important est de réunir la sûreté et les richesses. 0.550.44999999999999996
23On entretient de nombreuſes armées, on fortifie ſes frontières, & l’on commerce.On entretient de nombreuses armées, on fortifie ses frontières, et l’on commerce.0.750.25
24Il s’établit en Europe un eſprit de trocs & d’échanges, qui peut donner lieu à de vaſtes ſpéculations dans les têtes des particuliers : mais cet eſprit eſt ami de la tranquillité & de la paix. Il s’établit en Europe un esprit de trocs et d’échanges qui peut donner lieu à de vastes spéculations dans les têtes des particuliers ; mais cet esprit est ami de la tranquillité et de la paix. 0.6315789473684210.368421052631579
25Une guerre, au milieu des nations commerçantes, eſt un incendie qui les ravage toutes. Une guerre au milieu des nations commerçantes est un incendie qui les ravage toutes. 0.8750.125
26Le tems n’eſt pas loin, où la ſanction des gouvernemens s’étendra aux engagemens particuliers des ſujets d’un peuple avec les ſujets d’un autre, & où ces banqueroutes , dont les contre-coups ſe font ſentir à des diſtances immenſes, deviendront des conſidérations d’état. Le temps n’est pas loin où la sanction des gouvernemens s’étendra aux engagemens particuliers des sujets d’un peuple avec les sujets d’un autre, et où ces banqueroutes, dont les contre-coups se font sentir. 0.39285714285714280.6071428571428572
27à des distances immenses, deviendront des considérations d’état.
28Dans ces ſociétés mercantilles, la découverte d’une iſle, l’importation d’une nouvelle denrée, l’invention d’une machine, l’établiſſement d’un comptoir, l’invaſion d’une branche de commerce, la conſtruction d’un port, deviendront les tranſactions les plus importantes ; & les annales des peuples demanderont à être écrites par des commerçans philoſophes, comme elles l’étoient autrefois par des hiſtoriens orateurs.Dans ces sociétés mercantiles, la découverte d’une île, l’importation d’une nouvelle denrée, l’invention d’une machine, l’établissement d’un comptoir, l’invasion d’une branche de commerce, la construction d’un port, deviendront les transactions les plus importantes ; et les annales des peuples demanderont à être écrites par des commerçans philosophes, comme elles l’étaient autrefois par des historiens orateurs.0.52380952380952380.47619047619047616
29La découverte d’un nouveau monde pouvoit ſeule fournir des alimens à notre curioſité. La découverte d’un nouveau monde pouvait seule fournir des alimens à notre curiosité. 0.60.4
30Une vaſte terre en friche, l’humanité réduite à la condition animale, des campagnes ſans récoltes, des tréſors ſans poſſeſſeurs, des ſociétés ſans police, des hommes ſans mœurs : combien un pareil ſpectacle n’eût-il pas été plein d’intérêt & d’inſtruction pour un Locke, un Buffon, un Monteſquieu ! Une vaste terre en friche, l’humanité réduite à la condition animale, des campagnes sans récoltes, des trésors sans possesseurs, des sociétés sans police, des hommes sans mœurs, combien un pareil spectacle n’eût-il pas été plein d’intérêt et d’instruction pour un Locke, un Buffon, un Montesquieu ! 0.54545454545454540.4545454545454546
31Quelle lecture eût été auſſi ſurprenante, auſſi pathétique que le récit de leur voyage ! Quelle lecture eût été aussi surprenante, aussi pathétique que le récit de leur voyage ! 0.66666666666666660.33333333333333337
32Mais l’image de la nature brute & ſauvage, eſt déja défigurée. Mais l’image de la nature brute et sauvage est déjà défigurée. 0.6250.375
33Il faut ſe hâter d’en raſſembler les traits à demi-effacés, après avoir peint & livré à l’exécration les avides & féroces chrétiens, qu’un malheureux haſard conduiſit d’abord dans cet autre hémiſphère.Il faut se hâter d’en rassembler les traits à demi-effacés, après avoir peint et livré à l’exécration les avides et féroces chrétiens qu’un malheureux hasard conduisit d’abord dans cet autre hémisphère.0.640.36
34L’Eſpagne, connue dans les premiers âges ſous le nom d’Heſpérie & d’Ibérie, étoit habitée par des peuples, qui, défendus d’un côté par la mer, & gardés de l’autre par les Pyrénées, jouiſſoient tranquillement d’un climat agréable, d’un pays abondant, & ſe gouvernoient par leurs uſages. L’Espagne, connue dans les premiers âges sous le nom d’Hespérie et d’Ibérie, était habitée par des peuples qui, défendus d’un côté par la mer, et gardés de l’autre par les Pyrénées, jouissaient tranquillement d’un climat agréable, d’un pays abondant, et se gouvernaient par leurs usages. 0.58823529411764710.4117647058823529
35Ils ne connaissaient d’autre exercice que celui de la chasse.
36La partie de la nation qui occupoit le Midi, étoit un peu ſortie de la barbarie, par quelque foible liaiſon qu’elle avoit avec les étrangers : mais les habitans des côtes de l’océan reſſembloient à tous les peuples qui ne connoiſſent d’autre exercice que celui de la chaſſe.
37Ce genre de vie avoit pour eux tant de charmes, qu’ils laiſſoient à leurs femmes tous les travaux de l’agriculture. Ce genre de vie avait pour eux tant de charmes, qu’ils laissaient à leurs femmes tous les travaux de l’agriculture. 0.72727272727272730.2727272727272727
38On étoit parvenu à leur en faire ſupporter les fatigues, en formant tous les ans une aſſemblée générale, où celles qui s’étoient le plus diſtinguées dans cet exercice, recevoient des éloges publics.On était parvenu à leur en faire supporter les fatigues, en formant tous les ans une assemblée générale, où celles qui s’étaient le plus distinguées dans cet exercice recevaient des éloges publics.0.47826086956521740.5217391304347826
39Telle était l’Espagne lorsque les Phéniciens y firent voir leur pavillon.
40Ce fut à Cadix qu’ils abordèrent ; on les accueillit, et les échanges commencèrent.
41L’importance qu’acquit assez rapidement cette liaison détermina les Phocéens, qui venaient de fonder Marseille, à donner la même direction à leurs voiles, et ils établirent des comptoirs sur les côtes de la Catalogne, de l’Aragon, de Valence, comme ceux dont ils suivaient les traces en avaient placé sur les rivages de l’Andalousie.
42Il restait entre les deux nations rivales un espace que les Carthaginois ne tardèrent pas à occuper.
43De l’aveu des naturels, ils y bâtirent des maisons pour se loger, des magasins pour recevoir leurs marchandises, des temples pour l’exercice de leur religion.
44Ces établissemens devinrent insensiblement des forteresses qui mirent leurs heureux possesseurs en état d’éloigner les navigateurs qui les avaient précédés, et d’asservir des peuples crédules, toujours divisés entre eux.
45Voilà donc le ſexe le plus foible livré aux travaux les plus durs de la vie, ſoit ſauvage , ſoit civiliſée ; la jeune fille tenant dans ſes mains délicates les inſtrumens du labour ; ſa mère, peut-être enceinte d’un ſecond, d’un troiſième enfant, le corps penché ſur la charrue, & enfonçant le ſoc ou la bêche dans le ſein de la terre pendant des chaleurs brûlantes.
46Ou je me trompe fort, ou ce phénomène eſt pour celui qui réfléchit un des plus ſurprenans qui ſe préſentent dans les annales bizarres de notre eſpèce.
47Il ſeroit difficile de trouver un exemple plus frappant de ce que l’hommage national peut obtenir : car il y a moins d’héroïſme à expoſer ſa vie qu’à la conſacrer à de longues fatigues.
48Mais ſi tel eſt le pouvoir des hommes raſſemblés ſur l’eſprit de la femme, quel ne ſeroit point celui des femmes raſſemblées ſur le cœur de l’homme ?
49Telle étoit la ſituation de l’Eſpagne, lorſque les Carthaginois tournèrent leurs regards avides vers une région remplie de richeſſes inconnues à ſes habitans.
50Ces négocians qui couvroient la Méditerranée de leurs vaiſſeaux, ſe préſentèrent comme des amis, qui, en échange de métaux inutiles offroient des commodités sans nombre.
51L’appât d’un commerce en apparence ſi avantageux, ſéduiſit à tel point les Eſpagnols, qu’ils permirent à ces républicains de bâtir ſur les côtes, des maiſons pour ſe loger, des magaſins pour la ſûreté de leurs marchandiſes, des temples pour l’exercice de leur religion.
52Ces établiſſemens devinrent inſenſiblement des fortereſſes, dont une puiſſance plus ruſée que guerrière profita, pour aſſervir des peuples crédules, toujours diviſés entr’eux, toujours irréconciliables.
53En achetant les uns, en intimidant les autres, Carthage vint à bout de ſubjuguer l’Eſpagne, avec les ſoldats & les tréſors de l’Eſpagne même.En achetant les uns, en intimidant les autres, Carthage vint à bout de subjuguer l’Espagne avec les soldats et les trésors de l’Espagne même.0.52941176470588240.47058823529411764
54Les Carthaginois devenus les maîtres de la plus grande & de la plus précieuſe partie de cette belle contrée, parurent ignorer ou mépriſer les moyens d’y affermir leur domination. Les Carthaginois, devenus les maîtres de la plus grande et de la plus précieuse partie de cette belle contrée, parurent ignorer ou mépriser les moyens d’y affermir leur domination. 0.76470588235294110.23529411764705888
55Au lieu de continuer à s’approprier pour des effets de peu de valeur, l’or & l’argent que fourniſſoient aux vaincus des mines abondantes, ils voulurent tout emporter de force. Au lieu de continuer à s’approprier, pour des effets de peu de valeur, l’or et l’argent que fournissaient aux vaincus des mines abondantes, ils voulurent tout emporter de force. 0.8750.125
56Cet eſprit de tyrannie paſſa de la république au général, à l’officier, au ſoldat, au négociant même. Cet esprit de tyrannie passa de la république au général, à l’officier, au soldat, au négociant même. 0.53846153846153840.46153846153846156
57Une conduite ſi violente jetta les provinces ſoumiſes dans le déſeſpoir, & inſpira à celles qui étoient encore libres, une horreur extrême pour un joug ſi dur. Une conduite si violente jeta les provinces soumises dans le désespoir, et inspira à celles qui étaient encore libres une horreur extrême pour un joug si dur. 0.449999999999999960.55
58Ces diſpoſitions déterminèrent les unes & les autres à accepter des ſecours auſſi funeſtes que leurs maux étoient cruels. Ces dispositions déterminèrent les unes et les autres à accepter des secours aussi funestes que leurs maux étaient cruels. 0.35714285714285720.6428571428571428
59L’Eſpagne devint un théâtre de jalouſie, d’ambition & de haîne entre Rome & Carthage.L’Espagne devint un théâtre de jalousie, d’ambition et de haine entre Rome et Carthage.0.60.4
60Les deux républiques combattirent avec beaucoup d’acharnement, pour ſavoir à qui l’empire de cette belle portion de l’Europe appartiendroit. Les deux républiques combattirent avec beaucoup d’acharnement pour savoir à qui l’empire de cette belle portion de l’Europe appartiendrait. 0.66666666666666660.33333333333333337
61Peut-être ne ſeroit-il reſté ni à l’une, ni à l’autre, ſi les Eſpagnols, ſpectateurs tranquilles des événemens, euſſent laiſſé le tems aux nations rivales de ſe conſumer. Peut-être ne serait-il resté ni à l’une ni à l’autre, si les Espagnols, spectateurs tranquilles des événemens, eussent laissé le temps aux nations rivales de se consumer. 0.320000000000000060.6799999999999999
62Mais pour avoir voulu être acteurs dans ces ſcènes ſanglantes, ils ſe trouvèrent eſclaves des Romains, & continuèrent à l’être juſqu’au cinquième ſiècle.Mais, pour avoir voulu être acteurs dans ces scènes sanglantes, ils se trouvèrent esclaves des Romains, et continuèrent à l’être jusqu’au cinquième siècle.0.42857142857142860.5714285714285714
63Bientôt la corruption des maîtres du monde inſpira aux peuples ſauvages du Nord, l’audace d’envahir des provinces mal gouvernées & mal défendues. Alors la corruption des maîtres du monde inspira aux peuples sauvages du nord l’audace d’envahir des provinces mal gouvernées et mal défendues. 0.68750.3125
64Les Vandales se jetèrent sur l’Espagne en 409, la ravagèrent d’un bout à l’autre, y causèrent par leurs brigandages une peste, une famine horrible, s’en rendirent maîtres en deux ans, et en partagèrent au sort les différentes parties.
65Ces barbares n’avaient pas encore établi solidement leur domination lorsqu’ils se virent attaqués par des hommes aussi féroces qu’eux, qui avaient une origine à peu près semblable, et qui voulaient aussi se faire une patrie.
66Les deux nations se battirent avec l’acharnement que méritait la riche proie qu’on se disputait.
67L’avantage resta aux Goths, qui, plus habiles ou plus heureux que leurs concurrens, fondèrent un empire qui, malgré le vice de ses institutions féodales, subsista jusqu’au commencement du huitième siècle.
68A cette époque les Arabes avaient soumis à leur religion et à leurs lois une grande partie du globe, et fait de Damas en Syrie le centre de leur puissance.
69Les lieutenans du calife ne tardèrent pas à lui assujettir l’Afrique, et de cette région ils passèrent en Espagne, appelés, comme on le croit communément, par des traîtres, ou, plus vraisemblablement , entraînés par leur ambition seule.
70La fortune, qui n’avait jamais ou presque jamais abandonné leurs drapeaux, voulut qu’ils n’eussent à combattre qu’un roi sans vertu et sans talens, que des soldats sans valeur et des généraux sans expérience, que des peuples amollis, pleins de mépris pour le gouvernement, et disposés à changer de maître.
71Une victoire, qu’en 714 ils remportèrent dans les fertiles plaines de Xérès, donna de nouveaux souverains à la péninsule entière.
72Les Sueves, les Alains, les Vandales, les Goths, paſſèrent les Pyrénées.
73Accoutumés au métier des brigands, ces barbares ne purent devenir citoyens ; & ils ſe firent une guerre vivre.
74Les Goths plus habiles ou plus heureux, ſoumirent leurs ennemis, & compoſèrent de toutes les Eſpagnes un état, qui, malgré le vice de ſes inſtitutions, malgré les rapines des Juifs qui en étoient les ſeuls commerçans, ſe ſoutint juſqu’au commencement du huitième ſiècle.
75A cette époque, les Maures qui avoient ſubjugué l’Afrique avec cette impétuoſité qui diſtinguoit toutes leurs entrepriſes, paſſent la mer.
76Ils trouvent un roi ſans mœurs & ſans talens ; beaucoup de courtiſans & point de miniſtres ; des ſoldats ſans valeur & des généraux ſans expérience ; des peuples amollis, pleins de mépris pour le gouvernement, & diſpoſés à changer de maître ; des rebelles qui ſe joignent à eux, pour tout ravager, tout brûler, tout maſſacrer.
77En moins de trois ans, l’empire des chrétiens eſt détruit, & celui des infidèles établi ſur des fondemens ſolides.
78L’Eſpagne dut à ſes vainqueurs des ſemences de goût, d’humanité, de politeſſe, de philoſophie, pluſieurs arts, & un aſſez grand commerce. Elle dut à ses vainqueurs des semences de goût, de politesse, d’humanité, de philosophie, quelques arts, et un assez grand commerce. 0.44444444444444440.5555555555555556
79Ces jours brillans pouvaient durer, et leur éclat devait avec le temps augmenter encore.
80S’il en fut autrement, ce fut la faute des conquérans euxmêmes.
81Enorgueillis par leurs succès, ils se jetèrent inconsidérément sur les meilleures provinces de la France, et ne repassèrent les Pyrénées qu’après avoir vu exterminer la moitié de leur innombrable armée.
82Le vide que ce grand revers laissait dans leurs cohortes aurait été rempli par les troupes aguerries et triomphantes que l’Afrique, que la Syrie étaient en état de leur fournir ; l’ambition prématurée qui les avait poussés à se soustraire à l’autorité du califat les priva de cette ressource.
83Au défaut de secours étrangers, une union inaltérable pouvait perpétuer leurs prospérités : en formant autant de souverainetés particulières et indépendantes qu’il y avait de provinces dans les Espagnes, ils réduisirent à presque rien leurs premières forces.
84Le peu qui leur restait de leur antique vigueur s’énerva insensiblement sous le beau ciel, dans le doux climat, au sein du pays abondant de Cordoue, devenue la capitale du nouvel empire.
85Les fêtes, les spectacles, les tournois, la galanterie, mille genres de voluptés que l’Europe n’avait jamais connues, ou que les irruptions sans cesse renaissantes des barbares avaient fait oublier, ces objets, également séduisans et magnifiques, avaient remplacé les exercices d’une discipline austère, les marches rapides, les combats sanglans.
86Du centre de la puissance, ce mauvais esprit était arrivé à ses extrémités les plus éloignées.
87Il était impossible qu’une révolution si marquée dans la politique et dans les mœurs restât long-temps cachée.
88Elle fut aperçue par le petit nombre de Goths qui, sous la conduite de Pélage, parent de Rodrigue, leur dernier monarque, s’étaient réfugiés dans les rochers de l’Asturie.
89Cette connaissance leur donna la hardiesse de sortir de leurs cavernes pour se procurer des subsistances, pour élargir les limites trop resserrées de leur asile.
90Le succès de leurs premières excursions leur donna des compagnons.
91Avec ce secours ils repoussèrent les détachemens envoyés contre eux, et eurent une contenance si assurée, qu’on s’engagea à ne pas troubler leur tranquillité pour un léger tribut auquel ils s’obligèrent.
92Cette humiliation n’eut même que peu de durée.
93Un des descendans de Pélage s’en déchargea l’an 796, et à cette époque il eut la jouissance paisible et indépendante de Léon et des Asturies.
94La Navarre, l’Aragon, quelques parties de la Catalogne et de la Castille, d’autres contrées plus ou moins considérables, recouvrèrent aussi leur liberté, mais sans se réunir au prince généreux qui leur avait servi de guide et de modèle.
95Alors éclata singulièrement la haine qui animait les chrétiens et les musulmans.
96Leurs préjugés eussent-ils été moins vifs, des possessions qui se touchaient par tant de points les auraient brouillés nécessairement.
97Quelquefois les hostilités étaient opiniâtres ; quelquefois l’impuissance de les continuer les faisait finir le même jour.
98Tantôt les souverains des deux partis se réunissaient, tantôt ils combattaient séparément.
99Le pays était rempli d’aventuriers qui offraient indifféremment leurs épées et leurs soldats à qui voulait ou pouvait les payer.
100Des braves de l’une et l’autre religions faisaient revivre l’esprit de l’ancienne chevalerie, sans que leur probité, sans que leur héroïsme pussent suspendre ou étouffer les perfidies, les assassinats, les empoisonnemens, tous ces crimes si ordinaires aux temps barbares, si familiers dans les démêlés des petits états.
101Il y avait cinq ou six ans que l’Espagnol, alternativement vainqueur et vaincu, mais plus souvent heureux que malheureux, poussait les Arabes de poste en poste, lorsqu’enfin il réussit, au quinzième siècle, à les concentrer dans la province de Grenade.
102Ces jours brillans ne durèrent pas long-tems.
103Ils furent éclipſés par les innombrables ſectes qui ſe formèrent parmi les conquérans, & par la faute qu’ils firent de ſe donner des ſouverains particuliers dans toutes les villes conſidérables de leur domination.
104Pendant ce tems-là, les Goths qui, pour ſe dérober au joug des Mahométans, avoient été chercher un aſyle au fond des Aſturies, ſuccomboient ſous le joug de l’anarchie, croupiſſoient dans une ignorance barbare, étoient opprimés par des prêtres fanatiques, languiſſoient dans une pauvreté inexprimable, ne ſortoient d’une guerre civile que pour entrer dans une autre.
105Trop heureux dans le cours de ces calamités, d’être oubliés ou ignorés, ils étoient bien éloignés de ſonger à profiter des diviſions de leurs ennemis.
106Mais auſſi-tôt que la couronne, d’abord élective, fut devenue héréditaire au dixième ſiècle ; que la nobleſſe & les évêques eurent perdu la faculté de troubler l’état ; que le peuple ſorti d’eſclavage eût été appellé au gouvernement, on vit ſe ranimer l’eſprit national.
107Les Arabes, preſſés de tous les côtés, furent dépouillés ſucceſſivement.
108A la fin du quinzième ſiècle, il ne leur reſtoit qu’un petit royaume.
109Leur décadence auroit été plus rapide, s’ils avoient eu affaire à une puiſſance qui pût réunir vers un centre commun, toutes les conquêtes qu’on faiſoit ſur eux. La décadence de ces fiers Asiatiques aurait été plus rapide, s’ils avaient eu affaire à une puissance qui pût réunir vers un centre commun toutes les conquêtes qu’on faisait sur eux. 0.59090909090909090.40909090909090906
110Les choses ne se passèrent pas ainsi.
111Les choſes ne ſe paſſèrent pas ainſi.
112Les Mahométans furent attaqués par différens chefs, dont chacun forma un état indépendant. Les Mahométans furent attaqués par différens chefs, dont chacun forma un état indépendant. 1.00.0
113L’Espagne fut divisée en autant de souverainetés qu’elle contenait de provinces.
114L’Eſpagne fut diviſée en autant de ſouverainetés qu’elle contenoit de provinces.
115Combien il fallut de tems, de ſucceſſions, de guerres, de révolutions, pour que ces foibles états ſe trouvâſſent fondus dans ceux de Caſtille & d’Aragon ! Combien il fallut de temps, de successions, de guerres, de révolutions pour que ces faibles états se trouvassent fondus dans ceux de Castille et d’Aragon ! 0.35294117647058830.6470588235294117
116Enfin le mariage d’Iſabelle & de Ferdinand ayant heureuſement réuni dans une même famille toutes les couronnes d’Eſpagne, on ſe trouva des forces ſuffiſantes pour attaquer le royaume de Grenade.Enfin le mariage d’Isabelle et de Ferdinand ayant heureusement réuni dans une même famille toutes les couronnes d’Espagne, on se trouva des forces suffisantes pour attaquer le royaume de Grenade.0.550.44999999999999996
117Cet état, qui faiſoit à peine la huitième partie de la péninſule, avoit été toujours floriſſant, depuis l’invaſion des Sarrazins ; mais il avoit vu croître ſes proſpérités, à meſure que les conquêtes des chrétiens avoient déterminé un grand nombre d’infidèles à s’y réfugier. Cet état, qui faisait à peine la huitième partie de la péninsule, avait été toujours florissant depuis l’invasion des Sarrasins ; mais il avait vu croître ses prospérités à mesure que les conquêtes des chrétiens avaient déterminé un grand nombre d’infidèles à s’y réfugier. 0.468750.53125
118Le reſte de l’Europe n’offroit pas des terres auſſi-bien cultivées, des manufactures auſſi nombreuſes & auſſi parfaites ; une navigation auſſi ſuivie, auſſi étendue. Le reste de l’Europe n’offrait pas des terres aussi bien cultivées, des manufactures aussi nombreuses et aussi parfaites, une navigation aussi suivie, aussi étendue. 0.46666666666666670.5333333333333333
119Les édifices, les amusemens, le revenu public , tout répondait à cette activité, à cette industrie, à cette opulence.
120Le revenu public montoit, dit-on, à 7,000,000 livres, richeſſe prodigieuſe dans un tems où l’or & l’argent étoient très-rares.
121Tant d’avantages, loin de détourner les ſouverains de la Caſtille & de l’Aragon d’attaquer Grenade, furent les motifs qui les pouſſèrent le plus vivement à cette entrepriſe. Tant d’avantages, loin de détourner les souverains de la Castille et de l’Aragon d’attaquer Grenade, furent des motifs qui les poussèrent le plus vivement à cette entreprise. 0.52941176470588240.47058823529411764
122Il leur fallut dix ans d’une guerre ſanglante & opiniâtre, pour ſubjuguer cette floriſſante province. Il leur fallut dix ans d’une guerre sanglante et opiniâtre pour subjuguer cette florissante province. 0.50.5
123La conquête en fut achevée par la priſe de la capitale, vers les premiers jours de l’an 1492.La conquête en fut achevée par la prise de la capitale, vers les premiers jours de l’an 1492.0.750.25
124Ce fut dans ces circonstances glorieuses qu’un homme, jusqu’alors assez obscur, proposa à l’Espagne, heureuse au-dedans, de s’agrandir audehors d’un continent entier.
125C’était une conception sublime.
126Des voies déjà frayées à ce terme inconnu, il n’y avait qu’un pas, mais c’était un pas de géant.
127Christophe Colomb devait le faire.
128Son regard perçant avait démêlé un nouvel ordre de choses au-delà de quelques découvertes où le vulgaire, où les savans n’avaient vu que les découvertes mêmes.
129Les antipodes, que la superstition avait si long-temps traités d’erreur ou d’impiété, et dont on commençait seulement à soupçonner l’existence, étaient, selon ses lumières, une vérité incontestable qu’il offrait de démontrer.
130Ce projet de tirer des ténèbres une partie du globe n’était pas en lui l’ouvrage d’une imagination exaltée, d’une illusion ambitieuse ; il était fondé sur une connaissance profonde du ciel, de la terre, des mers ; sur une combinaison raisonnée de tous les moyens acquis pour dévoiler la moitié d’un monde à l’autre.
131Ce fut dans ces circonſtances glorieuſes, qu’un homme obſcur, plus avancé que ſon ſiècle dans la connoiſſance de l’aſtronomie & de la navigation, propoſa à l’Eſpagne heureuſe au-dedans de s’agrandir au-dehors.
132Chriſtophe Colomb ſentoit comme par inſtinct qu’il devoit y avoir un autre continent, & que c’étoit à lui de le découvrir.
133Les Antipodes, que la raiſon même traitoit de chimère, & la ſuperſtition d’erreur & d’impiété, étoient aux yeux de cet homme de génie, une vérité inconteſtable.
134Plein de cette idée, l’une des plus grandes qui ſoient entrées dans l’eſprit humain, il propoſa à Gênes ſa patrie, de mettre ſous ſes loix un autre hémiſphère. Plein de cette idée, l’une des plus grandes qui soient entrées dans l’esprit humain, il proposa à Gênes, sa patrie, de mettre sous ses lois un autre hémisphère. 0.42857142857142860.5714285714285714
135Mépriſé par cette petite république, par le Portugal où il vivoit, & par l’Angleterre même, qu’il devoit trouver diſpoſée à toutes les entrepriſes maritimes, il porta ſes vues & ſes projets à Iſabelle.Méprisé par cette petite république, par le Portugal où il vivait, et par l’Angleterre même, qu’il devait trouver disposée à toutes les entreprises maritimes, il porta ses vues et ses projets à Isabelle.0.50.5
136Les miniſtres de cette princeſſe prirent d’abord pour un viſionnaire un homme qui vouloit découvrir un monde. Les ministres de cette princesse prirent d’abord pour un visionnaire un homme qui voulait découvrir un monde. 0.38461538461538460.6153846153846154
137Ils le traitèrent long-tems avec cette hauteur inſultante que les hommes en place affectent ſi ſouvent avec ceux qui n’ont que du génie. Ils le traitèrent long-temps avec cette hauteur insultante que les hommes en place affectent si souvent avec ceux qui n’ont que du génie. 0.53846153846153840.46153846153846156
138Colomb ne fut pas rebuté par les difficultés. Colomb ne fut pas rebuté par les difficultés. 1.00.0
139Il avoit, comme tous ceux qui forment des projets extraordinaires, cet enthouſiaſme qui les roidit contre les jugemens de l’ignorance, les dédains de l’orgueil, les petiteſſes de l’avarice, les délais de la pareſſe. Il avait, comme tous ceux qui forment des projets extraordinaires, cet enthousiasme qui les roidit contre les jugemens de l’ignorance, les dédains de l’orgueil, les petitesses de l’avarice, les délais de la paresse. 0.55555555555555560.4444444444444444
140Son ame ferme, élevée, courageuſe, ſa prudence & ſon adreſſe, le firent enfin triompher de tous les obſtacles. Son âme ferme, élevée, courageuse, sa prudence et son adresse, le firent enfin triompher de tous les obstacles. 0.42857142857142860.5714285714285714
141On lui accorda trois petits navires & quatre-vingt-dix hommes. On lui accorda trois petits navires et quatre-vingt-dix hommes. 1.00.0
142Sur cette foible eſcadre, dont l’armement ne coûtoit pas cent mille francs, il mit à la voile le 3 Août 1492, avec le titre d’amiral & de vice-roi des iſles & des terres qu’il découvriroit, & arriva aux Canaries où il s’étoit propoſé de relâcher.Sur cette faible escadre, dont l’armement ne coûtait pas cent mille francs, il mit à la voile le 3 août 1492, avec le titre d’amiral et de vice-roi des îles et des terres qu’il découvrirait, et arriva aux Canaries, où il s’était proposé de relâcher.0.51724137931034490.48275862068965514
143Ces iſles, ſituées à cinq cens milles des côtes d’Eſpagne & à cent milles du continent d’Afrique, ſont au nombre de ſept. Ces îles, situées à cinq cents milles des côtes d’Espagne, et à cent cinquante milles du continent d’Afrique, sont au nombre de sept. 0.35294117647058830.6470588235294117
144L’antiquité les connut ſous le nom d’iſles Fortunées. L’antiquité les connut sous le nom d’îles fortunées. 0.57142857142857140.4285714285714286
145Ce fut à la partie la plus occidentale de ce petit archipel que le célèbre Ptolomée, qui vivoit dans le ſecond ſiècle de l’ère chrétienne, établit un premier méridien, d’où il compta les longitudes de tous les lieux, dont il détermina la poſition géographique. Ce fut à la partie la plus occidentale de ce petit archipel que le célèbre Ptolomée, qui vivait dans le second siècle de l’ère chrétienne, établit un premier méridien, d’où il compta les longitudes de tous les lieux, dont il détermina la position géographique. 0.680.31999999999999995
146Il auroit pu, ſelon la remarque judicieuſe des trois aſtronomes François qui ont publié en 1778 la relation ſi curieuſe & ſi inſtructive d’un voyage fait en 1771 & en 1772, il auroit pu choiſir Alexandrie : mais il craignit, ſans doute, que cette prédilection pour ſon pays ne fût imitée par d’autres, & qu’ il ne réſultât quelque embarras de ces variations. Il aurait pu choisir Alexandrie ; mais il craignit sans doute que cette prédilection pour son pays ne fût imitée par d’autres, et qu’il ne résultât quelque embarras de ces variations. 0.31250.6875
147Le parti auquel s’arrêta ce philoſophe, de prendre pour premier méridien celui qui paroiſſoit laiſſer à ſon orient toute la partie alors connue de la terre, fut généralement approuvé, généralement ſuivi pendant plusieurs ſiècles. Le parti auquel s’arrêta ce philosophe, de prendre pour premier méridien celui qui paraissait laisser à son orient toute la partie alors connue de la terre, fut généralement approuvé, généralement suivi pendant plusieurs siècles. 0.52380952380952380.47619047619047616
148Ce n’est que dans les temps modernes que plusieurs nations lui ont mal à propos substitué la capitale de leur empire.
149Ce n’eſt que dans les tems modernes que pluſieurs nations lui ont malà-propos ſubſtitué la capitale de leur empire.
150L’habitude qu’on avoit contractée d’employer le nom des iſles Fortunées n’empêchoit pas qu’on ne les eût perdues entiérement de vue. L’habitude qu’on avait contractée d’employer le nom des îles fortunées n’empêchait pas qu’on ne les eût perdues entièrement de vue. 0.66666666666666660.33333333333333337
151Quelque navigateur avoit ſans doute reconnu de nouveau ces terres infidelles, puiſqu’en 1344, la cour de Rome en donna la propriété à Louis de la Cerda, un des Infans de Caſtille. Quelque navigateur avait sans doute reconnu de nouveau cet archipel, puisqu’en 1344 la cour de Rome en donna la propriété à Louis de la Cerda, un des infans de Castille. 0.550.44999999999999996
152Obſtinément traverſé par le chef de ſa famille, ce prince n’avoit encore pu rien tenter pour mettre à profit cette étrange libéralité, lorſque Béthencourt partit de la Rochelle le 6 Mai 1402, & s’empara deux mois après de Lancerote. Obstinément traversé par le chef de sa famille, ce prince n’avait encore pu rien tenter pour mettre à profit cette étrange libéralité, lorsque Béthencourt partit de la Rochelle le 6 mai 1402, s’empara deux mois après de Lancerote . 0.680.31999999999999995
153Dans l’impoſſibilité de rien opérer de plus avec les moyens qui lui reſtoient, cet aventurier ſe détermina à rendre hommage au roi de Caſtille de toutes les conquêtes qu’il pourroit faire. Dans l’impossibilité de rien opérer de plus avec les moyens qui lui restaient, cet aventurier se détermina à rendre hommage au roi de Castille de toutes les conquêtes qu’il pourrait faire. 0.55555555555555560.4444444444444444
154Avec les ſecours que lui donna ce ſouverain, il envahit Fortaventure en 1404, Gomère en 1405, l’iſle de Fer en 1406. Avec les secours que lui donna ce souverain, il envahit Fortaventure en 1404, Gomère en 1405, l’île de Fer en 1406. 0.45454545454545460.5454545454545454
155Canarie, Palme & Teneriff ne ſubirent le joug qu’en 1483, en 1492 & en 1496. Canarie, Palme et Tenériffe ne subirent le joug qu’en 1483, en 1492 et en 1496. 0.50.5
156Cet archipel, ſous le nom d’iſles Canaries, a fait toujours depuis partie de la domination Eſpagnole & a été conduit par les loix de Caſtille.Cet archipel, sous le nom d’îles Canaries, a fait toujours depuis partie de la domination espagnole, et a été conduit par les lois de Castille.0.43750.5625
157Les Canaries jouiſſent d’un ciel communément ſerein. Les Canaries jouissent d’un ciel communément serein. 0.50.5
158Les chaleurs ſont vives ſur les côtes : mais l’air eſt agréablement tempéré ſur les lieux un peu élevés, & trop froid ſur quelques montagnes couvertes de neige la plus grande partie de l’année.Les chaleurs sont vives sur les côtes, mais l’air est agréablement tempéré sur les lieux un peu élevés, et trop froid sur quelques montagnes, couvertes de neige la plus grande partie de l’année.0.82352941176470580.17647058823529416
159Les fruits et les animaux de l’ancien, du nouveau monde, prospèrent tous ou presque tous sur le sol varié de ces îles.
160Les fruits & les animaux de l’ancien, du Nouveau-Monde, proſpèrent tous ou preſque tous ſur le ſol varié de ces iſles.
161On y récolte des huiles, quelque ſoie, beaucoup d’orſeille & une aſſez grande quantité de ſucre inférieur à celui que donne l’Amérique. On y récolte des huiles, quelque soie, beaucoup d’orseille, et une assez grande quantité de sucre, inférieur à celui que donne l’Amérique. 0.53333333333333330.4666666666666667
162Les grains qu’il fournit ſuffiſent le plus ſouvent à la conſommation du pays ; & ſans compter les boiſſons de moindre qualité, ſes exportations en vin s’élèvent annuellement à dix ou douze mille pipes de Malvoiſie.Les grains qu’il fournit suffisent le plus souvent à la consommation du pays ; et sans compter les boissons de moindre qualité, ses exportations en vin s’élèvent annuellement à dix ou douze mille pipes de Malvoisie.0.54166666666666660.45833333333333337
163En 1768, les Canaries comptoient cent cinquante-cinq mille cent ſoixante-ſix habitans, indépendamment de cinq cens huit eccléſiaſtiques, de neuf cens vingt-deux moines, & de ſept cens quarante-ſix religieuſes. En 1768, les Canaries comptaient cent cinquante-cinq mille cent soixante-six habitans, indépendamment de cinq cent huit ecclésiastiques, de neuf cent vingt-deux moines, et de sept cent quarante-six religieuses. 0.333333333333333260.6666666666666667
164Vingt-neuf mille huit cens de ces citoyens étoient enrégimentés. Vingt-neuf mille huit cent de ces citoyens étaient enrégimentés. 0.50.5
165Ces milices n’étoient rien alors : mais depuis on les a un peu exercées, comme toutes celles des autres colonies Eſpagnoles.Ces milices n’étaient rien alors : mais depuis on les a un peu exercées, comme toutes celles des autres colonies espagnoles.0.42857142857142860.5714285714285714
166Quoique l’audience ou le tribunal ſupérieur de juſtice ſoit dans l’iſle ſpécialement appellée Canarie, on regarde comme la capitale de l’Archipel celle de Teneriff, connue par ſes volcans & par une montagne qui, ſelon les dernières & les meilleures obſervations, s’élève mille neuf cens quatre toiſes au-deſſus de la mer. Quoique l’audience ou le tribunal supérieur de justice soit dans l’île spécialement appelée Canarie, on regarde comme la capitale de l’Archipel celle de Ténériffe, connue par ses volcans et par une montagne qui, selon les dernières et les meilleures observations, s’élève mille neuf cent quatre toises au-dessus de la mer. 0.388888888888888840.6111111111111112
167Les flancs de cet énorme rocher sont remplis d’excavations qui de temps immémorial servirent de tombeau à un peuple nommé Guanche, qui n’existe plus.
168L’entrée de ces singuliers sépulcres fut toujours un secret que les vieillards les plus distingués par leur discrétion se transmirent de siècle en siècle avec une fidélité qui ne s’est pas démentie jusqu’à notre âge.
169Les morts y sont conservés en momies, avec le succès qu’eut une région autrefois célèbre.
170La seule différence un peu prononcée qu’on peut remarquer entre les usages des deux nations, c’est que les Égyptiens enveloppaient leurs momies de bandelettes chargées de caractères vraisemblablement destinés à transmettre l’histoire ou le caractère des morts, au lieu que les Guanches ont simplement cousu les leurs dans des peaux, peut-être parce que l’écriture leur était inconnue.
171C’eſt la plus étendue, la plus riche & la plus peuplée. Ténériffe est d’ailleurs l’île la plus étendue, la plus riche et la plus peuplée de son archipel. 0.3750.625
172Elle est le séjour du commandant-général et le siége de l’administration.
173Elle eſt le ſéjour du commandant général & le ſiège de l’adminiſtration.
174Les navigateurs, preſque tous Anglois ou Américains, font leurs ventes dans ſon port de Sainte-Croix & y prennent leur chargement.Les navigateurs, presque tous Anglais ou Américains, font leurs ventes dans son port de Sainte-Croix, et y prennent leur chargement.0.58333333333333340.41666666666666663
175L’argent que ces négocians y verſent, circule rarement dans les iſles. L’argent que ces négocians y versent circule rarement dans les îles. 0.42857142857142860.5714285714285714
176Ce ne sont pas les impôts qui l’en font sortir, puisqu’ils se réduisent au monopole du tabac, et à une taxe de six pour cent sur ce qui sort, sur ce qui entre ; faibles ressources que doivent absorber les dépenses de souveraineté.
177Ce ne ſont pas les impôts qui l’en font ſortir, puiſqu’ils ſe réduiſent au monopole du tabac, & à une taxe de ſix pour cent ſur ce qui ſort, ſur ce qui entre : foibles reſſources que doivent abſorber les dépenſes de ſouveraineté.
178Si les Canaries envoient annuellement quinze ou ſeize cens mille francs à la métropole, c’eſt pour la ſuperſtition de la croiſade : c’eſt pour la moitié de leurs appointemens que doivent la première année à la couronne ceux des citoyens qui en ont obtenu quelque place : c’eſt pour le droit des lances ſubſtitué ſur toute l’étendue de l’empire à l’obligation anciennement impoſée à tous les gens titrés de ſuivre le roi à la guerre : c’eſt pour le tiers du revenu des évêchés qui, dans quelque partie du monde que ce puiſſe être, appartient au gouvernement : c’eſt pour le produit des terres acquiſes ou conſervées par quelques familles fixées en Eſpagne : c’eſt enfin pour payer les dépenſes de ceux que l’inquiétude, l’ambition ou le deſir d’acquérir quelques connoiſſances font ſortir de leur archipel.Si les Canaries envoient annuellement 15 ou 1600,000 francs à la métropole, c’est pour la superstition de la croisade ; c’est pour la moitié de leurs appointemens que doivent la première année à la couronne ceux des citoyens qui en ont obtenu quelque place ; c’est pour le droit des lances substitué sur toute l’étendue de l’empire à l’obligation anciennement imposée à tous les gens titrés de suivre le roi à la guerre ; c’est pour le tiers du revenu des évêchés qui, dans quelque partie du monde que ce puisse être, appartient au gouvernement ; c’est pour le produit des terres acquises ou conservées par quelques familles fixées en Espagne ; c’est enfin pour payer les dépenses de ceux que l’inquiétude, l’ambition ou le désir d’acquérir quelques connaissances font sortir de leur archipel.0.57746478873239440.4225352112676056
179Une exportation ſi conſidérable de métaux à tenu les Canaries dans un épuiſement continuel. Une exportation si considérable de métaux a tenu les Canaries dans un épuisement continuel. 0.45454545454545460.5454545454545454
180Elles en ſeroient ſorties, ſi on les eût laiſſé paiſiblement jouir de la liberté qui, en 1657, leur fut accordée d’expédier tous les ans pour l’autre hémiſphère cinq bâtimens chargés de mille tonneaux de denrées ou de marchandiſes. Elles en seraient sorties, si on les eût laissées paisiblement jouir de la liberté qui, en 1657, leur fut accordée d’expédier tous les ans pour l’autre hémisphère cinq bâtimens chargés de mille tonneaux de denrées ou de marchandises. 0.50.5
181Malheureuſement, les entraves que mit Cadix à ce commerce, le réduiſit peu-à-peu à l’envoi d’un très-petit navire à Caraque. Malheureusement les entraves que mit Cadix à ce commerce le réduisirent peu à peu à l’envoi d’un très-petit navire à Caraque. 0.66666666666666660.33333333333333337
182Cette tyrannie expire ; & nous parlerons de ſa chûte, après que nous aurons ſuivi Colomb ſur le grand théâtre où ſon génie & ſon courage vont ſe développer.Cette tyrannie expire, et nous parlerons de sa chute après que nous aurons suivi Colomb sur le grand théâtre où son génie et son courage vont se développer.0.66666666666666660.33333333333333337
183Ce fut le 6 ſeptembre qu’il quitta Gomère où ſes trop frêles bâtimens avoient été radoubés & ſes vivres renouvellés ; qu’il abandonna les routes ſuivies par les navigateurs qui l’avoient précédé ; qu’il fit voile à l’Oueſt pour ſe jetter dans un océan inconnu.Ce fut le 6 septembre qu’il quitta Gomère, où ses trop frêles bâtimens avaient été radoubés et ses vivres renouvelés ; qu’il abandonna les routes suivies par les navigateurs qui l’avaient précédé ; qu’il fit voile à l’ouest pour se jeter dans un océan inconnu.0.54545454545454540.4545454545454546
184Bientôt, ſes équipages épouvantés de l’immenſe étendue des mers qui les ſéparoient de leur patrie, commencèrent à s’effrayer. Bientôt ses équipages, épouvantés de l’immense étendue des mers qui les séparaient de leur patrie, commencèrent à s’effrayer. 0.64285714285714290.3571428571428571
185Ils murmuroient, & les plus intraitables des mutins propoſèrent à pluſieurs repriſes de jetter l’auteur de leurs dangers dans les flots. Ils murmuraient, et les plus intraitables des mutins proposèrent à plusieurs reprises de jeter l’auteur de leurs dangers dans les flots. 0.40.6
186Ses plus zélés partisans même étaient sans espoir ; et il ne pouvait plus rien se promettre ni de la sévérité, ni de la douceur.
187Ses plus zélés partiſans même étoient ſans eſpoir ; & il ne pouvoit plus rien ſe promettre, ni de la ſévérité, ni de la douceur.
188Si la terre ne paroît dans trois jours, je me livre à votre vengeance, dit alors l’amiral. Si la terre ne paraît dans trois jours, je me livre à votre vengeance, dit alors l’amiral. 0.750.25
189Le diſcours étoit hardi, ſans être téméraire. Le discours était hardi, sans être téméraire. 0.3750.625
190Depuis quelque tems, il trouvoit le fond avec la ſonde ; & des indices qui trompent rarement, lui faiſoient juger qu’il n’étoit pas éloigné du but qu’il s’étoit propoſé.Depuis quelque temps il trouvait le fond avec la sonde, et des indices qui trompent rarement lui faisaient juger qu’il n’était pas éloigné du but qu’il s’était proposé.0.333333333333333260.6666666666666667
191Ce fut au mois d’octobre que fut découvert le Nouveau-Monde. Ce fut au mois d’octobre que fut découvert le Nouveau-Monde. 1.00.0
192Colomb aborda à une des iſles Lucayes, qu’il nomma San-Salvador, & dont il prit poſſeſſion au nom d’lſabelle. Colomb aborda à une des îles Lucayes, qu’il nomma San-Salvador, et dont il prit possession au nom d’Isabelle. 0.60.4
193Perſonne en Europe n’étoit capable de penſer, qu’il pût y avoir quelque injuſtice de s’emparer d’un pays qui n’étoit pas habité par des chrétiens.Personne en Europe n’était capable de penser qu’il pût y avoir quelque injustice de s’emparer d’un pays qui n’était pas habité par des chrétiens.0.56250.4375
194Les inſulaires, à la vue des vaiſſeaux & de ces hommes ſi différens d’eux, furent d’abord effrayés, & prirent la fuite. Les insulaires, à la vue des vaisseaux et de ces hommes si différens d’eux, furent d’abord effrayés, et prirent la fuite. 0.64285714285714290.3571428571428571
195Les Eſpagnols en arrêtèrent quelques-uns, qu’ils renvoyèrent, après les avoir comblés de careſſes & de préſens. Les Espagnols en arrêtèrent quelques-uns, qu’ils renvoyèrent après les avoir comblés de caresses et de présens. 0.50.5
196Il n’en fallut pas davantage pour raſſurer toute la nation.Il n’en fallut pas davantage pour rassurer toute la nation.0.66666666666666660.33333333333333337
197Ces peuples vinrent ſans armes ſur le rivage. Ces peuples vinrent sans armes sur le rivage. 0.66666666666666660.33333333333333337
198Plusieurs entrèrent dans les vaisseaux ; ils examinaient tout avec admiration.
199On remarquait en eux de la confiance et de la gaîté.
200Pluſieurs entrèrent dans les vaiſſeaux ; ils examinoient tout avec admiration.
201On remarquoit en eux de la confiance & de la gaieté.
202Ils apportoient des fruits. Ils apportaient des fruits. 0.333333333333333260.6666666666666667
203Ils mettoient les Eſpagnols ſur leurs épaules, pour les aider à deſcendre à terre. Ils mettaient les Espagnols sur leurs épaules pour les aider à descendre à terre. 0.363636363636363650.6363636363636364
204Les habitans des iſles voiſines montrèrent la même douceur & les mêmes mœurs. Les habitans des îles voisines montrèrent la même douceur et les mêmes mœurs. 0.60.4
205Les matelots que Colomb envoyoit à la découverte, étoient fêtés dans toutes les habitations. Les matelots que Colomb envoyait à la découverte étaient fêtés dans toutes les habitations. 0.60.4
206Les hommes, les femmes , les enfans, leur alloient chercher des vivres. Les hommes, les femmes, les enfans leur allaient chercher des vivres. 0.83333333333333340.16666666666666663
207On remplissait du coton le plus fin les lits suspendus dans lesquels ils couchaient.
208Lecteur, dites-moi, sont-ce des peuples civilisés qui sont descendus chez des sauvages, ou des sauvages chez des peuples civilisés ?
209On rempliſſoit du coton le plus fin, les lits ſuſpendus dans leſquels ils couchoient.
210Lecteur, dites-moi, ſont-ce des peuples civiliſés qui ſont deſcendus chez des ſauvages, ou des ſauvages chez des peuples civiliſés ?
211Et qu’importe qu’ils ſoient nus ; qu’ils habitent le fond des forêts, qu’ils vivent ſous des hutes ; qu’il n’y ait parmi eux ni code de loix, ni juſtice civile, ni juſtice criminelle, s’ils ſont doux, humains, bienfaiſans, s’ils ont les vertus qui caractériſent l’homme. Et qu’importe qu’ils soient nus, qu’ils habitent le fond des forêts, qu’ils vivent sous des huttes, qu’il n’y ait parmi eux ni code de lois, ni justice civile, ni justice criminelle, s’ils sont doux, humains, bienfaisans, s’ils ont les vertus qui caractérisent l’homme. 0.56666666666666670.43333333333333335
212Hélas ! par-tout on auroit obtenu le même accueil avec les mêmes procédés. Hélas ! partout on aurait obtenu le même accueil avec les mêmes procédés.0.8750.125
213C’était de l’or que cherchaient les Espagnols : ils en virent.
214Oublions, s’il ſe peut, ou plutôt rappellons-nous ce moment de la découverte, cette première entrevue des deux mondes pour bien déteſter le nôtre.
215C’étoit de l’or que cherchoient les Eſpagnols : ils en virent.
216Pluſieurs ſauvages portoient des ornemens de ce riche métal ; ils en donnèrent à leurs nouveaux hôtes. Plusieurs sauvages portaient des ornemens de ce riche métal ; ils en donnèrent à leurs nouveaux hôtes. 0.54545454545454540.4545454545454546
217Ceuxci furent plus révoltés de la nudité, de la ſimplicite de ces peuples, que touchés de leur bonté. Ceux-ci furent plus révoltés de la nudité, de la simplicité de ces peuples, que touchés de leur bonté. 0.6250.375
218Ils ne ſurent point reconnoître en eux l’empreinte de la nature. Ils ne surent point reconnaître en eux l’empreinte de la nature. 0.42857142857142860.5714285714285714
219Étonnés de trouver des hommes couleur de cuivre, ſans barbe & ſans poil ſur le corps, ils les regardèrent comme des animaux imparfaits, qu’on auroit dès-lors traités inhumainement, ſans l’intérêt qu’on avoit de ſavoir d’eux des détails importans ſur les contrées voiſines, & dans quel pays étoient les mines d’or.Étonnés de trouver des hommes couleur de cuivre, sans barbe et sans poil sur le corps, ils les regardèrent comme des animaux imparfaits qu’on aurait dèslors traités inhumainement, sans l’intérêt qu’on avait de savoir d’eux des détails importans sur les contrées voisines et dans quel pays étaient les mines d’or.0.6969696969696970.303030303030303
220Après avoir reconnu quelques iſles d’une médiocre étendue, Colomb aborda au Nord d’une grande iſle, que les inſulaires appelloient Hayti, & qu’il nomma l’Eſpagnole : elle porte aujourd’hui le nom de Saint-Domingue. Après avoir reconnu Cuba et quelques autres îles d’une médiocre étendue, Colomb aborda le 6 décembre au nord d’une grande île que les insulaires appelaient Haïti, et qu’il nomma l’Espagnole : elle porte aujourd’hui le nom de SaintDomingue. 0.51724137931034490.48275862068965514
221Il y fut conduit par quelques sauvages des autres îles, qui l’avaient suivi sans défiance, et qui lui avaient fait entendre que la grande île était le pays qui leur fournissait ce métal dont les Espagnols étaient si avides.
222Il y fut conduit par quelques ſauvages des autres iſles, qui l’avoient ſuivi ſans défiance, & qui lui avoient fait entendre que la grande iſle étoit le pays qui leur fourniſſoit ce métal, dont les Eſpagnols étoient ſi avides.
223L’iſle de Hayti, qui a deux cens lieues de long, ſur ſoixante, & quelquefois quatrevingts de large, eſt coupée dans toute ſa largeur de l’Eſt à l’Oueſt, par une chaîne de montagnes, la plupart eſcarpées, qui en occupent le milieu. L’île de Haïti, qui a deux cents lieues de long sur soixante, et quelquefois quatre-vingts de large, est coupée dans toute sa largeur, de l’est à l’ouest, par une chaîne de montagnes, la plupart escarpées, qui en occupent le milieu. 0.41379310344827580.5862068965517242
224On la trouva partagée entre cinq nations fort nombreuſes qui vivoient en paix. On la trouva partagée entre cinq nations fort nombreuses qui vivaient en paix. 0.6250.375
225Elles avoient des rois nommés caciques, d’autant plus abſolus, qu’ils étoient fort aimés. Elles avaient des rois nommés caciques, d’autant plus absolus qu’ils étaient fort aimés. 0.58333333333333340.41666666666666663
226Ces peuples étoient plus blancs que ceux des autres iſles. Ces peuples étaient plus blancs que ceux des autres îles. 0.333333333333333260.6666666666666667
227Ils se peignaient le corps.
228Ils ſe peignoient le corps.
229Les hommes étoient entiérement nus. Les hommes étaient entièrement nus. 0.60.4
230Les femmes portoient une ſorte de jupe de coton qui ne paſſoit pas le genou. Les femmes portaient une sorte de jupe de coton qui ne passait pas le genou. 0.40.6
231Les filles étoient nues comme les hommes. Les filles étaient nues comme les hommes. 0.60.4
232Ils vivoient de maïs, de racines, de fruits & de coquillages. Ils vivaient de maïs, de racines, de fruits et de coquillages. 0.66666666666666660.33333333333333337
233Sobres, légers, agiles, peu robuſtes, ils avoient de l’éloignement pour le travail. Sobres, légers, agiles, peu robustes, ils avaient de l’éloignement pour le travail. 0.6250.375
234Ils couloient leurs jours ſans inquiétude & dans une douce indolence. Ils coulaient leurs jours sans inquiétude et dans une douce indolence. 0.57142857142857140.4285714285714286
235Leur tems s’employoit à danſer, à jouer, à dormir. Leur temps s’employait à danser, à jouer, à dormir. 0.333333333333333260.6666666666666667
236Ils montraient peu d’esprit, à ce que disent les Espagnols ; et en effet, des insulaires séparés des autres peuples ne devaient avoir que peu de lumières.
237Ils montroient peu d’eſprit, à ce que diſent les Eſpagnols ; & en effet, des inſulaires ſéparés des autres peuples, ne devoient avoir que peu de lumières.
238Les ſociétés iſolées s’éclairent lentement, difficilement ; elles ne s’enrichiſſent d’aucune des découvertes que le tems & l’expérience font naître chez les autres peuples. Les sociétés isolées s’éclairent lentement, difficilement ; elles ne s’enrichissent d’aucune des découvertes que le temps et l’expérience font naître chez les autres peuples. 0.50.5
239Le nombre des haſards qui mènent à l’inſtruction eſt plus borné pour elles.Le nombre des hasards qui mènent à l’instruction est plus borné pour elles.0.50.5
240Ce sont les Espagnols eux-mêmes qui nous attestent que ces peuples étaient humains, sans malignité, sans esprit de vengeance, presque sans passions.
241Ils ne savaient rien, mais ils n’avaient aucun désir d’apprendre.
242Ce ſont les Eſpagnols eux-mêmes, qui nous atteſtent que ces peuples étoient humains, ſans malignité, ſans eſprit de vengeance, preſque ſans paſſion.
243Ils ne ſavoient rien, mais ils n’avoient aucun deſir d’apprendre.
244Cette indifférence & la confiance avec laquelle ils ſe livroient à des étrangers, prouvent qu’ils étoient heureux.Cette indifférence et la confiance avec laquelle ils se livraient à des étrangers prouvent qu’ils étaient heureux.0.58333333333333340.41666666666666663
245Leur hiſtoire, leur morale, étoient renfermées dans un recueil de chanſons qu’on leur apprenoit dès l’enfance.Leur histoire, leur morale, étaient renfermées dans un recueil de chansons qu’on leur apprenait dès l’enfance.0.42857142857142860.5714285714285714
246Ils avoient, comme tous les peuples, quelques fables ſur l’origine du genre-humain.Ils avaient, comme tous les peuples, quelques fables sur l’origine du genre humain.0.333333333333333260.6666666666666667
247On ſait peu de choſe de leur religion, à laquelle ils n’étoient pas fort attachés ; & il y a apparence que ſur cet article comme ſur beaucoup d’autres, leurs deſtructeurs les ont calomniés. On sait peu de chose de leur religion, à laquelle ils n’étaient pas fort attachés ; et il y a apparence que, sur cet article comme sur beaucoup d’autres, leurs destructeurs les ont calomniés. 0.470588235294117640.5294117647058824
248Ils ont prétendu que ces insulaires si doux adoraient une multitude d’êtres malfaisans.
249Ils ont prétendu que ces inſulaires ſi doux adoroient une multitude d’être malfaiſans.
250On ne le ſauroit croire. On ne le saurait croire. 0.333333333333333260.6666666666666667
251Les adorateurs d’un dieu cruel n’ont jamais été bons. Les adorateurs d’un dieu cruel n’ont jamais été bons. 1.00.0
252Et qu’importoient leurs dieux & leur culte ? Et qu’importaient leurs dieux et leur culte ? 0.50.5
253Firent-ils aux nouveaux venus quelque queſtion ſur leur religion ? Firent-ils aux nouveaux venus quelque question sur leur religion ? 0.50.5
254Leur croyance futelle un motif de curioſité, de haîne ou de mépris pour eux ? Leur croyance fut-elle un motif de curiosité, de haine ou de mépris pour eux ? 0.71428571428571430.2857142857142857
255C’eſt l’Européen qui ſe conduiſit comme s’il eût été conſeillé par les démons de l’inſulaire ; c’eſt l’inſulaire qui ſe conduiſit comme s’il eût obéi à la divinité de l’Européen.C’est l’Européen qui se conduisit comme s’il eût été conseillé par les démons de l’insulaire ; c’est l’insulaire qui se conduisit comme s’il eût obéi à la divinité de l’Européen.0.470588235294117640.5294117647058824
256Aucune loi ne régloit chez eux le nombre des femmes. Aucune loi ne réglait chez eux le nombre des femmes. 0.60.4
257Ordinairement, une d’entre elles avoit quelques privilèges, quelques diſtinctions ; mais ſans autorité ſur les autres. Ordinairement une d’entre elles avait quelques priviléges, quelques distinctions, mais sans autorité sur les autres. 0.50.5
258C’était celle que le mari aimait le plus, et dont il se croyait le plus aimé.
259C’étoit celle que le mari aimoit le plus, & dont il ſe croyoit le plus aimé.
260Quelquefois à la mort de cet époux, elle ſe faiſoit enterrer avec lui. Quelquefois à la mort de cet époux elle se faisait enterrer avec lui. 0.66666666666666660.33333333333333337
261Ce n’étoit point chez ce peuple un uſage, un devoir, un point d’honneur ; c’étoit dans la femme une impoſſibilité de ſurvivre à ce que ſon cœur avoit de plus cher. Ce n’était point chez ce peuple un usage, un devoir, un point d’honneur ; c’était dans la femme une impossibilité de survivre à ce que son cœur avait de plus cher. 0.40.6
262Les Eſpagnols appelloient débauche, licence, crime, cette liberté dans le mariage & dans l’amour, autoriſée par les loix & par les mœurs ; & ils attribuoient aux prétendus excès des inſulaires, l’origine d’un mal honteux & deſtructeur qu’on croit communément avoir été inconnu en Europe avant la découverte de l’Amérique.Les Espagnols appelaient débauche, licence, crime, cette liberté dans le mariage et dans l’amour autorisée par les lois et par les mœurs ; et ils attribuaient aux prétendus excès des insulaires l’origine d’un mal honteux et destructeur qu’on croit communément avoir été inconnu en Europe avant la découverte de l’Amérique.0.60.4
263Ces inſulaires n’avoient pour armes, que l’arc avec des flèches d’un bois, dont la pointe durcie au feu, étoit quelquefois garnie de pierres tranchantes, ou d’arrêtes de poiſſon. Ces insulaires n’avaient pour armes que l’arc avec des flèches d’un bois dont la pointe, durcie au feu, était quelquefois garnie de pierres tranchantes ou d’arêtes de poisson. 0.54545454545454540.4545454545454546
264Les simples habits des Espagnols étaient des cuirasses impénétrables contre ces flèches lancées avec peu d’adresse.
265Les ſimples habits des Eſpagnols, étoient des cuiraſſes impénétrables contre ces flèches lancées avec peu d’adreſſe.
266Ces armes jointes à de petites maſſues, ou plutôt à de gros bâtons, dont le coup devoit être rarement mortel, ne rendoient pas ce peuple bien redoutable.Ces armes, jointes à de petites massues, ou plutôt à de gros bâtons dont le coup devait être rarement mortel, ne rendaient pas ce peuple bien redoutable.0.66666666666666660.33333333333333337
267Il était composé de différentes classes, dont une s’arrogeait une espèce de noblesse ; mais on sait peu quelles étaient les prérogatives de cette distinction , et ce qui pouvait y conduire.
268Il étoit compoſé de différentes claſſes, dont une s’arrogeoit une eſpèce de nobleſſe ; mais on ſait peu quelles étoient les prérogatives de cette diſtinction, & ce qui pouvoit y conduire.
269Ce peuple ignorant & ſauvage, avoit auſſi des ſorciers, enfans ou pères de la ſuperſtition.Ce peuple ignorant et sauvage avait aussi des sorciers, enfans ou pères de la superstition.0.333333333333333260.6666666666666667
270Colomb ne négligea aucun des moyens qui pouvoient lui concilier ces inſulaires. Colomb ne négligea aucun des moyens qui pouvaient lui concilier ces insulaires. 0.50.5
271Mais il leur fit ſentir auſſi, que ſans avoir la volonté de leur nuire, il en avoit le pouvoir. Mais il leur fit sentir aussi que, sans avoir la volonté de leur nuire, il en avait le pouvoir. 0.40.6
272Les effets ſurprenans de ſon artillerie, dont il fit des épreuves en leur préſence, les convainquirent de ce qu’il leur diſoit. Les effets surprenans de son artillerie, dont il fit des épreuves en leur présence, les convainquirent de ce qu’il leur disait. 0.461538461538461560.5384615384615384
273Les Espagnols leur parurent des hommes descendus du ciel ; et les présens qu’ils en recevaient n’étaient pas pour eux de simples curiosités, mais des choses sacrées.
274Cette erreur était avantageuse.
275Les Eſpagnols leur parurent des hommes deſcendus du ciel ; & les préſens qu’ils en recevoient, n’étoient pas pour eux de ſimples curioſités, mais des choſes ſacrées.
276Cette erreur étoit avantageuſe.
277Elle ne fut détruite par aucun acte de foibleſſe ou de cruauté. Elle ne fut détruite par aucun acte de faiblesse ou de cruauté. 0.60.4
278On donnoit à ces ſauvages des bonnets rouges, des grains de verre, des épingles, des couteaux, des ſonnettes, & ils donnoient de l’or & des vivres.On donnait à ces sauvages des bonnets rouges, des grains de verre, des épingles, des couteaux, des sonnettes, et ils donnaient de l’or et des vivres.0.52941176470588240.47058823529411764
279Dans les premiers momens de cette union, Colomb marqua la place d’un établiſſement qu’il deſtinoit à être le centre de tous les projets qu’il ſe propoſoit d’exécuter. Dans les premiers momens de cette union, Colomb marqua la place d’un établissement qu’il destinait à être le centre de tous les projets qu’il se proposait d’exécuter. 0.650.35
280De l’aveu du souverain de la contrée, il construisit le fort de la Nativité avec le secours des insulaires, qui travaillaient gaîment à forger leurs fers.
281Il conſtruiſit le fort de la Nativité avec le ſecours des inſulaires, qui travailloient gaiement à forger leurs fers.
282Il y laiſſa trente-neuf Caſtillans ; & après avoir reconnu la plus grande partie de l’iſle il fit voile pour l’Eſpagne.Il y laissa trente-neuf Castillans ; et après avoir reconnu la plus grande partie de l’île, il fit voile pour l’Espagne le 16 janvier 1493.0.43750.5625
283Sa navigation fut heureuse, très-heureuse durant près d’un mois.
284Sans le moindre accident il avait fait cinq cents lieues, lorsque le 14 février il fut assailli par une des plus violentes tempêtes qui eussent jamais bouleversé l’Océan.
285Sur les rivages mêmes d’Haïti, la Vierge-Marie, la meilleure de ses corvettes, avait été brisée.
286L’ouragan l’avait séparée de la Pinta, dont la perte paraissait certaine.
287Il ne lui restait aucun espoir de sauver la Nigna, qui faisait eau de tous les côtés.
288L’équipage en avait abandonné la manœuvre, et se bornait à pousser des vœux impuissans vers le ciel.
289Dans cette situation accablante, l’unique chagrin de l’amiral était de ne point laisser de nom, ou de ne laisser que celui d’un imprudent aventurier.
290Pour préserver sa mémoire de l’oubli ou de l’opprobre, il traça par écrit l’importante découverte qu’il avait faite, le chemin qu’il avait tenu, l’établissement qu’il avait formé, et enferma sa relation dans un tonneau qu’il confia aux vagues.
291C’était pour lui une grande consolation de penser que ce précieux dépôt pourrait être poussé vers quelques plages habitées, et que ce qu’il avait opéré de grand ne serait pas peut-être perdu pour le genre humain.
292Par bonheur, au moment d’un naufrage inévitable, les flots s’apaisèrent.
293Des vents favorables poussèrent d’abord les infortunés navigateurs aux Açores, ensuite en Portugal, et enfin à Palos, port de l’Andalousie, où ils débarquèrent sept mois et onze jours après en être partis.
294Il arriva à Palos, port de l’Andalouſie, d’où ſept mois auparavant il étoit parti.
295Il ſe rendit par terre à Barcelone, où étoit la cour. Sans perdre un instant, Colomb se rendit par terre à Barcelonne, où était la cour. 0.38461538461538460.6153846153846154
296Ce voyage fut un triomphe. Ce voyage fut un triomphe. 1.00.0
297La nobleſſe & le peuple allèrent au-devant de lui, & le ſuivirent en foule juſqu’aux pieds de Ferdinand & d’Iſabelle. La noblesse et le peuple allèrent au-devant de lui et le suivirent en foule jusqu’aux pieds de Ferdinand et d’Isabelle. 0.40.6
298Il leur présenta des insulaires qui l’avaient suivi volontairement.
299Il leur préſenta des inſulaires, qui l’avoient ſuivi volontairement.
300Il fit apporter des monceaux d’or, des oiſeaux, du coton, beaucoup de raretés que la nouveauté rendoit précieuſes. Il fit apporter des monceaux d’or, des oiseaux, du coton, beaucoup de raretés que la nouveauté rendait précieuses. 0.53846153846153840.46153846153846156
301Cette multitude d’objets étrangers expoſée aux yeux d’une nation, dont la vanité & l’imagination exagèrent tout, leur fit voir au loin, dans le tems & l’eſpace, une ſource inépuiſable de richeſſes qui devoit couler éternellement dans ſon ſein. Cette multitude d’objets étrangers, exposée aux yeux d’une nation dont la vanité et l’imagination exagèrent tout, leur fit voir au loin, dans le temps et l’espace, une source inépuisable de richesses qui devait couler éternellement dans son sein. 0.468750.53125
302L’enthousiasme gagna jusqu’aux souverains.
303L’enthouſiaſme gagna juſqu’aux ſouverains.
304Dans l’audience publique qu’ils donnèrent à Colomb, ils le firent couvrir & s’aſſeoir, comme un grand d’Eſpagne. Dans l’audience publique qu’ils donnèrent à Colomb, ils le firent couvrir et s’asseoir comme un grand d’Espagne. 0.69230769230769230.3076923076923077
305Il leur raconta ſon voyage. Il leur raconta son voyage. 0.66666666666666660.33333333333333337
306Ils le comblèrent de careſſes, de louanges, d’honneurs ; & bientôt après, il repartit avec dixſept vaiſſeaux pour faire de nouvelles découvertes, & fonder des colonies.Ils le comblèrent de caresses, de louanges, d’honneurs ; et bientôt après il repartit avec dix-sept vaisseaux pour faire de nouvelles découvertes et fonder des colonies.0.68750.3125
307A ſon arrivée à Saint-Domingue, avec quinze cens hommes, ſoldats, ouvriers, miſſionnaires ; avec des vivres pour leur ſubſiſtance ; avec les ſemences de toutes les plantes qu’on croyoit pouvoir réuſſir ſous ce climat humide & chaud ; avec les animaux domeſtiques de l’ancien hémiſphère dont le nouveau n’avoit pas un ſeul, Colomb ne trouva que des ruines & des cadavres, où il avoit laiſſé des fortifications & des Eſpagnols. A son arrivée à Saint-Domingue avec quinze cents hommes, soldats, ouvriers, missionnaires ; avec des vivres pour leur subsistance ; avec les semences de toutes les plantes qu’on croyait pouvoir réussir sous ce climat humide et chaud ; avec les animaux domestiques de l’ancien hémisphère dont le nouveau n’avait pas un seul, Colomb ne trouva que des ruines et des cadavres, où il avait laissé des fortifications et des Espagnols. 0.408163265306122460.5918367346938775
308Ces brigands avoient provoqué leur ruine par leur orgueil, par leur licence & leur tyrannie. Ces brigands avaient provoqué leur ruine par leur orgueil, par leur licence et leur tyrannie. 0.85714285714285710.1428571428571429
309L’amiral n’en douta pas après les éclairciſſemens qu’il ſe fit donner ; & il ſut perſuader à ceux qui avoient moins de modération que lui, qu’il étoit de la bonne politique de renvoyer la vengeance à un autre tems. L’amiral n’en douta pas après les éclaircissemens qu’il se fit donner ; et il sut persuader à ceux qui avaient moins de moderation que lui qu’il était de la bonne politique de renvoyer la vengeance à un autre temps. 0.50.5
310Un fort, honoré du nom d’Iſabelle, fut conſtruit aux bords de l’Océan, & celui de Saint-Thomas ſur les montagnes de Cibao, où les inſulaires ramaſſoient, dans des torrens, la plus grande partie de l’or qu’ils faiſoient ſervir à leur parure, & où les conquérans ſe propoſoient d’ouvrir des mines.Un fort, honoré du nom d’Isabelle, fut construit aux bords de l’Océan, et celui de Saint-Thomas sur les montagnes de Cibao, où les insulaires ramassaient dans des torrens la plus grande partie de l’or qu’ils faisaient servir à leur parure, et où les conquérans se proposaient d’ouvrir des mines.0.55882352941176470.4411764705882353
311Pendant qu’on étoit occupé de ces travaux, les vivres apportés d’Europe avoient été conſommés ou s’étoient corrompus. Pendant qu’on était occupé de ces travaux, les vivres apportés d’Europe avaient été consommés ou s’étaient corrompus. 0.53333333333333330.4666666666666667
312La colonie n’en avait pas assez reçu de nouveaux pour remplir le vide ; et ses habitans nobles, roturiers ou prêtres, également mécontens d’avoir été réduits, comme leur chef, à prêter leurs bras à la construction de leurs maisons et des édifices publics, avaient tous fièrement repoussé les invitations qui leur étaient faites de créer des subsistances.
313La colonie n’en avoit pas aſſez reçu de nouveaux pour remplir le vuide ; & des ſoldats, des matelots n’avoient eu ni le tems, ni le talent, ni la volonté de créer des ſubſiſtances.
314Il fallut recourir aux naturels du pays qui ne cultivant que peu étoient hors d’état de nourrir des étrangers qui, quoique les plus ſobres de l’ancien hémiſphère, conſommoient chacun ce qui auroit ſuffi aux beſoins de pluſieurs Indiens. Il fallut recourir aux naturels du pays, qui, ne cultivant que peu, étaient hors d’état de nourrir des étrangers qui, quoique les plus sobres de l’ancien hémisphère, consommaient chacun ce qui aurait suffi aux besoins de plusieurs Indiens. 0.423076923076923130.5769230769230769
315Ces malheureux livroient tout ce qu’ils avoient, & l’on exigeoit davantage. Ces malheureux livraient tout ce qu’ils avaient, et l’on exigeait davantage. 0.40.6
316Ces exactions continuelles les firent ſortir de leur caractère naturellement timide ; & tous les caciques, à l’exception de Guacanahari, qui le premier avoit reçu les Eſpagnols dans ſes états, réſolurent d’unir leurs forces pour briſer un joug qui devenoit chaque jour plus intolérable.Ces exactions continuelles les firent sortir de leur caractère, naturellement timide ; et tous les caciques, à l’exception de Guacanaghari, qui le premier avait reçu les Espagnols dans ses états, résolurent d’unir leurs forces pour briser un joug qui devenait chaque jour plus intolérable.0.53333333333333330.4666666666666667
317Colomb interrompit le cours de ſes découvertes pour prévenir ou pour diſſiper ce danger inattendu. Colomb interrompit le cours de ses découvertes pour prévenir ou pour dissiper ce danger inattendu. 0.70.30000000000000004
318Quoique la miſère, le climat & la débauche euſſent précipité au tombeau les deux tiers de ſes compagnons ; quoique la maladie empêchât pluſieurs de ceux qui avoient échappé à ces fléaux terribles, de ſe joindre à lui ; quoiqu’il ne pût mener à l’ennemi que deux cens fantaſſins & vingt cavaliers, cet homme extraordinaire ne craignit pas d’attaquer, en 1495, dans les plaines de Vega-Real, une armée que les hiſtoriens ont généralement portée à cent mille combattans. Quoique la misère, le climat et la débauche eussent précipité au tombeau les deux tiers de ses compagnons ; quoique la maladie empêchât plusieurs de ceux qui avaient échappé à ces fléaux terribles de se joindre à lui ; quoiqu’il ne pût mener à l’ennemi que deux cents fantassins et vingt cavaliers, cet homme extraordinaire ne craignit pas d’attaquer en 1495, dans les plaines de Véga-Réal, une armée que les historiens ont généralement portée à cent mille combattans. 0.68292682926829270.31707317073170727
319La principale précaution qu’on prit fut de fondre ſur elle durant la nuit.La principale précaution qu’on prit fut de fondre sur elle durant la nuit.0.85714285714285710.1428571428571429
320Les inſulaires étoient vaincus avant que l’action s’engageât. Les insulaires étaient vaincus avant que l’action s’engageât. 0.42857142857142860.5714285714285714
321Ils regardoient les Eſpagnols comme des êtres d’une nature ſupérieure. Ils regardaient les Espagnols comme des êtres d’une nature supérieure. 0.333333333333333260.6666666666666667
322Les armes de l’Europe avoient augmenté leur admiration, leur reſpect & leur crainte. Les armes de l’Europe avaient augmenté leur admiration, leur respect et leur crainte. 0.6250.375
323La vue des chevaux les avoient ſurtout frappés d’admiration. La vue des chevaux les avait surtout frappés d’admiration. 0.66666666666666660.33333333333333337
324Pluſieurs étoient aſſez ſimples pour croire que l’homme & le cheval n’étoient qu’un ſeul & même animal, ou une eſpèce de divinité. Plusieurs étaient assez simples pour croire que l’homme et le cheval n’étaient qu’un seul et même animal, ou une espèce de divinité. 0.388888888888888840.6111111111111112
325Quand une impreſſion de terreur n’auroit pas trahi leur courage, ils n’auroient pu faire encore qu’une foible réſiſtance. Quand une impression de terreur n’aurait pas trahi leur courage, ils n’auraient pu faire encore qu’une faible résistance. 0.333333333333333260.6666666666666667
326Le feu du canon, les piques, une diſcipline inconnue les auroient aiſément diſperſés. Le feu du canon, les piques, une discipline inconnue les auraient aisément dispersés. 0.363636363636363650.6363636363636364
327Ils prirent la fuite de tous côtés. Ils prirent la fuite de tous côtés. 1.00.0
328Pour les punir de ce qu’on appelloit leur rébellion, chaque Indien au-deſſus de quatorze ans fut aſſervi à un tribut en or ou en coton, ſelon la contrée qu’il habitoit.Pour les punir de ce qu’on appelait leur rébellion, chaque Indien au-dessus de quatorze ans fut asservi à un tribut en or ou en coton, selon la contrée qu’il habitait.0.550.44999999999999996
329Cet ordre de choſes, qui exigeoit un travail aſſidu, parut le plus grand des maux à un peuple qui n’avoit pas l’habitude de l’occupation. Cet ordre de choses, qui exigeait un travail assidu, parut le plus grand des maux à un peuple qui n’avait pas l’habitude de l’occupation. 0.52941176470588240.47058823529411764
330Le désir de se débarrasser de ses oppresseurs devint sa passion unique.
331Le deſir de ſe débarraſſer de ſes oppreſſeurs devint ſa paſſion unique.
332Comme l’eſpoir de les renvoyer au-delà des mers par la force ne lui étoit plus permis, il imagina, en 1496, de les y contraindre par la famine. Comme l’espoir de les renvoyer au-delà des mers par la force ne lui était plus permis, il imagina, en 1496, de les y contraindre par la famine. 0.63636363636363640.36363636363636365
333Dans cette vue, il ne ſema plus de maïs, il arracha les racines de manioc qui étoient plantées, & il ſe réfugia dans les montagnes les plus arides, les plus eſcarpées.Dans cette vue, il ne sema plus de maïs, il arracha les racines du manioc qui étaient plantées, et il se réfugia dans les montagnes les plus arides, les plus escarpées.0.56250.4375
334Rarement les résolutions désespérées sont-elles heureuses.
335Rarement les réſolutions déſeſpérées ſontelles heureuſes.
336Celle que venoient de prendre les Indiens leur fut infiniment funeſte. Celle que venaient de prendre les Indiens leur fut infiniment funeste. 0.42857142857142860.5714285714285714
337Les dons d’une nature brute & ingrate ne purent les nourrir, comme ils l’avoient inconsidérement eſpéré ; & leur aſyle, quelque difficile qu’en fût l’accès, ne put les ſouſtraire aux pourſuites d’un tyran irrité qui, dans cette privation abſolue de toutes les reſſources locales, reçut, par haſard, quelques ſubſiſtances de ſa métropole. Les dons d’une nature brute et ingrate ne purent les nourrir, comme ils l’avaient inconsidérément espéré ; et leur asile, quelque difficile qu’en fût l’accès, ne put les soustraire aux poursuites d’un tyran irrité, qui, dans cette privation absolue de toutes les ressources locales, reçut par hasard quelques subsistances de sa métropole. 0.5250.475
338La rage fut portée au point de former des chiens à découvrir, à dévorer ces malheureux. La rage fut portée au point de former des chiens à découvrir, à dévorer ces malheureux. 1.00.0
339On a même prétendu que quelques Caſtillans avoient fait vœu d’en maſſacrer douze, chaque jour, en l’honneur des douze apôtres. On a même prétendu que quelques Castillans avaient fait vœu d’en massacrer douze chaque jour, en l’honneur des douze apôtres. 0.53846153846153840.46153846153846156
340Il eſt reçu qu’avant cet événement, l’iſle comptoit un million d’habitans. Il est reçu qu’avant cet événement l’île comptait un million d’habitans. 0.50.5
341Le tiers d’une ſi grande population périt en cette occaſion, par la fatigue, par la faim & par le glaive.Le tiers d’une si grande population périt, en cette occasion, par la fatigue, par la faim et par le glaive.0.72727272727272730.2727272727272727
342A peine ceux de ces infortunés qui avoient échappé à tant de déſaſtres étoient rentrés dans leurs foyers, où des calamités d’un autre genre leur étoient préparées, que leurs perſécuteurs ſe diviſèrent. A peine ceux de ces infortunés qui avaient échappé à tant de désastres étaient rentrés dans leurs foyers, où des calamités d’un autre genre leur étaient préparées, qu’on vit arriver dans la colonie Aguado, valet de chambre du roi Ferdinand. 0.39285714285714280.6071428571428572
343Il était chargé d’examiner à quel point pouvaient être fondées les plaintes qui ne cessaient de se renouveler contre Colomb.
344Cet intrigant subalterne, auquel les ennemis d’un étranger trop justement célèbre avaient procuré une commission au-dessus de ses espérances, entra parfaitement dans les vues de ses protecteurs.
345Son approche fut annoncée au son des trompettes ; des honneurs exagérés lui furent rendus ; l’autorité qu’il exerça excédait de beaucoup ses pouvoirs.
346La plus douce de ses jouissances était d’avilir le génie hardi auquel les nations devaient la connaissance d’un nouveau monde.
347Aux outrages journaliers qu’il lui faisait, il se permit plus d’une fois de joindre les menaces.
348Toute accusation contre lui était accueillie, et ce qui pouvait servir à le justifier repoussé sans ménagement.
349Jamais juge ne s’était montré sous un plus odieux aspect ; toutes ses actions furent d’un homme vain, partial et borné.
350Cet abus énorme d’une confiance inconsidérément accordée devait naturellement ramener à l’amiral la plupart de ceux que des préjugés de nation en avaient éloignés.
351Les choses ne se passèrent pas ainsi.
352Au lieu de diminuer, l’aigreur qu’on avait contre lui s’était accrue ; et, dans sa position, un voyage en Europe lui parut indispensable.
353Il avait de grands trésors à y porter, et il se flatta que ces moyens, trop ordinairement employés pour racheter des crimes, lui feraient enfin obtenir justice.
354Son espérance ne fut pas trompée.
355L’or, les perles, d’autres richesses qu’il offrit aux deux souverains comme un produit des possessions nouvellement ajoutées à leur empire, firent oublier ou même approuver tout le passé.
356La tranſlation du chef-lieu de la colonie, du Nord au Sud, d’Iſabelle à San-Domingo, put bien ſervir de prétexte à quelques plaintes : mais les diſcordes tiroient principalement leur ſource des paſſions miſes en fermentation par un ciel ardent, & trop peu réprimées par une autorité mal affermie.
357On obéiſſoit au frère, au repréſentant de Colomb, lorſqu’il y avoit quelque cacique à détrôner, un canton à piller, des bourgades à exterminer.
358Après le partage du butin, l’eſprit d’indépendance redevenoit l’eſprit dominant : les haînes & les jalouſies étoient ſeules écoutées.
359Les factions finirent par tourner leurs armes les unes contre les autres : elles ſe firent ouvertement la guerre.
360Durant le cours de ces divisions, l’amiral étoit en Eſpagne.
361Il y avoit paſſé pour diſſiper les accuſations qu’on ne ceſſoit de renouveller contre lui.
362Le récit de ce qu’il avoit fait de grand, l’expoſé de ce qu’il ſe propoſoit d’exécuter d’utile, lui regagnèrent aſſez aiſément la confiance d’Iſabelle.
363Ferdinand lui-même ſe réconcilia un peu avec les navigations lointaines. La bonne Isabelle rendit à Colomb toute son estime, et l’avare Ferdinand lui-même se réconcilia un peu avec les navigations lointaines.0.38461538461538460.6153846153846154
364Les peuples ne pensèrent pas comme leurs maîtres.
365L’on traça le plan d’un gouvernement régulier qui ſeroit d’abord eſſayé à Saint-Domingue, & enſuite ſuivi, avec les changemens dont l’expérience auroit démontré la néceſſité, dans les divers établiſſemens que la ſucceſſion des tems devoit élever ſur l’autre hémiſphère.
366Des hommes habiles dans l’exploitation des mines furent choifis avec beaucoup de ſoin ; & le fiſc ſe chargea de leur ſolde, de leur entretien pour pluſieurs années.
367La nation penſa autrement que ſes ſouverains.
368Le tems, qui amène la réflexion à la ſuite de l’enthouſiaſme, avoit fait tomber le deſir, originairement ſi vif, d’aller dans le Nouveau-Monde. Le temps, qui amène la réflexion à la suite de l’enthousiasme, avait fait tomber le désir, originairement si vif, d’aller dans le Nouveau-Monde. 0.44444444444444440.5555555555555556
369Son or ne tentoit plus perſonne.
370La couleur livide de tous ceux qui en étoient revenus ; les maladies cruelles & honteuſes de la plupart ; ce qu’on diſoit de la malignité du climat, de la multitude de ceux qui y avoient péri, des diſettes qui s’y faiſoient ſentir ; la répugnance d’obéir à un étranger dont la ſévérité étoit généralement blâmée ; peut-être la crainte de contribuer à ſa gloire : toutes ces cauſes avoient donné un éloignement invincible pour Saint-Domingue aux ſujets de la couronne de Caſtille, les ſeuls des Eſpagnols auxquels il fut permis d’y paſſer jufqu en 1593.La couleur livide de tous ceux qui en étaient revenus ; les maladies cruelles et honteuses de la plupart ; ce qu’on disait de la malignité du climat, de la multitude d’émigrés qui y avaient péri, des disettes qui s’y faisaient sentir ; la répugnance d’obéir à un étranger dont les rigueurs étaient généralement blâmées, peut-être la crainte de contribuer à sa gloire, toutes ces causes avaient donné un éloignement invincible pour l’île espagnole aux sujets de la couronne de Castille, les seuls des Espagnols auxquels il fût alors permis d’y passer.0.41935483870967750.5806451612903225
371Il falloit pourtant des colons. Il fallait pourtant des colons. 0.50.5
372L’amiral propoſa de les prendre dans les priſons ; de dérober des criminels à la mort, à l’infamie pour l’agrandiſſement d’une patrie dont ils étoient le rebut & le fléau. L’amiral proposa de les prendre dans les prisons, de dérober des criminels à l’infamie ou à la mort pour l’agrandissement d’une patrie dont ils étaient le rebut et le fléau. 0.57894736842105270.42105263157894735
373Un désir immodéré de réaliser sans délai les grandes promesses qu’il avait faites lui avait inspiré ce funeste projet, et une passion impatiente de jouir le fit accepter sans réflexion par une cour où les principes d’une société bien ordonnée étaient ignorés.
374Quelques sages prévirent que les scélérats qu’on allait faire passer dans le Nouveau-Monde, joints aux scélérats qui s’y trouvaient déjà, y formeraient une population des plus corrompues qu’on eût jamais vues sur le globe ; mais ou ils craignirent de manifester leur opinion, ou on ne fit aucun cas de leurs lumières.
375Pendant les deux années que la lenteur ordinaire aux conseils de la puissance qu’il servait, que les artifices de la jalousie et de la haine retinrent forcément Colomb en Europe, l’île espagnole fut le le théâtre de divers événemens.
376On abandonna au nord la ville d’Isabelle, privée de tous les avantages qu’exige un établissement principal, et les habitans furent transférés au sud, sous un beau ciel, dans un pays ouvert, au milieu d’une plaine féconde, sur les bords rians de l’Ozama, près d’un port excellent, et non loin des riches mines de Saint-Christophe, découvertes après celles de Cibao.
377La nouvelle cité fut appelée San-Domingo, nom qui ne tarda pas à devenir celui de l’île entière.
378C’était un grand pas de fait ; les Indiens voisins de la moderne capitale, que leur éloignement avait jusqu’alors préservés du joug, s’y soumettaient assez facilement, lorsque Roldan, chef de la justice, mécontent de n’être que la troisième personne de la colonie, déclama hautement contre Colomb, contre Barthelemi et contre Diego, ses frères, principaux dépositaires de l’autorité.
379Il les accusa de cruauté ; il les accusa d’avarice ; il les accusa d’ambition.
380A l’en croire, les trois Génois n’avaient fait périr tant d’Espagnols que pour s’emparer des trésors du Nouveau-Monde et y former un empire indépendant.
381Quelque peu de vraisemblance qu’eussent ces imputations, elles lui donnèrent assez de complices pour l’enhardir à la rébellion.
382L’unique précaution qu’il prit fut de s’éloigner des lieux où étaient les troupes restées fidèles à leurs drapeaux, et de se retrancher dans des défilés où elles ne pouvaient l’attaquer sans courir de très-grands dangers.
383Tel était l’état des choses au retour de l’amiral dans la colonie.
384Les forces qui le suivaient, jointes à celles qu’il trouvait rassemblées, étaient assurément très-suffisantes pour obliger les dissidens à rentrer dans l’ordre, ou pour les écraser s’ils se refusaient à la soumission.
385C’était même le seul parti convenable à prendre, au gré des esprits ardens.
386Son opinion ne fut pas celle de ces hommes exagérés.
387Outre qu’il lui répugnait de verser du sang, il devait craindre que ses soldats ne se portassent mollement à cette guerre ; qu’un grand nombre même d’entre eux, dont les mauvaises dispositions lui étaient connues, ne se rangeassent du côté des mécontens.
388Ces réflexions le décidèrent à tenter la voie des négociations.
389Ses démarches furent long-temps infructueuses.
390Les députés avec lesquels il était obligé de traiter s’obstinaient à regarder ses offres ou comme faites de mauvaise foi, ou comme dictées par la faiblesse.
391A la fin il fut convenu qu’il y aurait une amnistie générale ; que le chef de la sédition reprendrait sa place ; qu’on embarquerait pour l’Espagne ceux qui voudraient y retourner, et que, dans l’île même, il serait accordé aux autres un vaste terrain qui serait cultivé à leur profit par les Indiens qu’on s’engageait à y attacher.
392Telle fut l’origine de ces désastreuses commanderies qui s’établirent depuis si généralement dans toutes les contrées de l’Amérique que le fer asservit successivement à la Castille.
393Tandis que l’amiral se félicitait dans le Nouveau-Monde d’avoir rétabli le calme sans tirer l’épée, les clameurs contre lui se multipliaient dans l’ancien, et le ministre des Indes lui-même appuyait de son crédit tous les ressentimens.
394Ferdinand entra en quelque sorte dans cette espèce de conjuration contre un homme qu’il n’aimait pas, et Isabelle fut de nouveau entraînée dans une démarche que son cœur désavouait.
395On envoya à St.
396- Domingue François de Bovadilla, autorisé à rechercher la conduite de Colomb ; et, si elle était trouvée repréhensible, à prendre lui-même les rênes du gouvernement.
397C’était évidemment vouloir perdre l’accusé que de lui donner le même homme pour juge et pour successeur.
398Aussi cette imprudente commission n’eut-elle pas été plus tôt rendue publique, que les délations devinrent innombrables.
399Quoique contradictoires et invraisemblables, elles parurent suffisantes à un tribunal composé de magistrats sans honneur et sans probité.
400La peine de mort fut prononcée d’une voix unanime contre les trois frères, et on les envoya en Europe avec la conviction que la sentence qui venait d’être rendue y aurait une pleine exécution.
401Comme c’eût été une sorte de consolation pour les malheureux d’être réunis, et qu’on ne voulait leur épargner aucun genre de supplice, ils furent embarqués sur trois navires différens.
402Alonzo de Valejo, commandant de celui qui portait l’amiral, et qui ne partageait pas les torts de sa nation, n’eut pas plus tôt quitté la rade où il avait mis à la voile, qu’il voulut ôter à son prisonnier les chaînes dont il était chargé.
403Non, non, répondit avec dignité ce grand homme, mes fers ne tomberont que par ordre de mes souverains ; partout ils me suivront ; jamais je ne les perdrai de vue, et ils descendront avec moi dans la tombe.
404Ce sera une preuve ajoutée à cent mille autres de la récompense ordinairement réservée aux services les plus éminens.
405Après une très-courte traversée, la faible escadre mouilla à Cadix le 25 novembre 1500.
406Le spectacle qu’elle offrait causa plus de surprise que d’indignation.
407Tout intérêt fut refusé au navigateur qui avait ouvert à l’Espagne la route d’un autre hémisphère.
408Les préventions que la malveillance n’avait cessé de semer contre lui étouffèrent la compassion assez généralement accordée au malheur.
409Quoique les sentimens de la cour ne différassent vraisemblablement que peu de ceux de la multitude, elle se crut obligée à quelques démonstrations de plus.
410On rendit la liberté à l’amiral ; on le reçut avec distinction ; on loua son zèle ; on désavoua son exécrable oppresseur ; mais sans lui faire espérer qu’il pût être un jour rétabli dans ses dignités.
411Ce projet eut eu moins d’inconvéniens pour des colonies ſolidement établies, où la vigueur des loix auroit contenu ou réprimé des ſujets effrénés ou corrompus.
412Il faut aux nouveaux états d’autres fondateurs que des ſcélérats.
413L’Amérique ne ſe purgera peut-être jamais du levain, de l’écume qui entrèrent dans la maſſe des premières populations que l’Europe y jetta ; & Colomb lui-même ne tarda pas à ſe convaincre qu’il avoit ouvert un mauvais avis.
414Si ce hardi navigateur eût ſeulement amené avec lui des hommes ordinaires, il leur auroit inſpiré, dans la traverſée, des principes peut-être élevés, du moins des ſentimens honnêtes.
415Formant, à leur arrivée, le plus grand nombre, ils auroient donné l’exemple de la ſoumiſſion, & auroient néceſſairement fait rentrer dans l’ordre ceux qui s’en étoient écartés.
416Cette harmonie auroit produit les meilleurs effets.
417Les Indiens euſſent été mieux traités, les mines mieux exploitées, les tributs mieux payés.
418Encouragée, par le ſuccès, à de nouveaux efforts, la métropole auroit formé d’autres établiſſemens qui euſſent étendu la gloire, les richeſſes, la puiſſance de l’Eſpagne.
419Quelques années devoient amener ces événemens.
420Une idée peu réfléchie gâta tout.
421Les malfaiteurs qui ſuivoient Colomb, joints aux brigands qui infeſtoient SaintDomingue, formèrent un des peuples les plus dénaturés que le globe eût jamais portés.
422Leur aſſociation les mit en état de braver audacieuſement l’autorité ; & l’impoſſibilité de les réduire fit recourir aux moyens de les gagner.
423Pluſieurs furent inutilement tentés.
424Enfin on imagina, en 1499, d’attacher aux terres que recevoit chaque Eſpagnol, un nombre plus ou moins conſidérable d’inſulaires qui devroient tout leur tems, toutes leurs ſueurs à des maîtres ſans humanité & ſans prévoyance.
425Cet acte de foibleſſe rendit une tranquillité apparente à la colonie, mais ſans concilier à l’amiral l’affection de ceux qui en profitoient.
426Les plaintes formées contre lui furent même plus ſuivies, plus ardentes, plus appuyées, & plus accueillies qu’elles ne l’avoient encore été.
427Cet homme extraordinaire achetoit bien cher la célébrité que ſon génie & ſes travaux lui avoient acquiſe.
428Sa vie fut un contraſte perpétuel d’élévation & d’abaiſſement.
429Toujours en bute aux complots, aux calomnies, à l’ingratitude des particuliers, il eut encore à ſoutenir les caprices d’une cour fière & orageuſe, qui, tour-à-tour, le récompenſoit & le puniſſoit, le réduiſoit à d’humiliantes juſtifications, & lui rendoit ſa confiance.
430La prévention du miniſtère d’Eſpagne, contre l’auteur de la plus grande découverte qui eût jamais été faite, alla ſi loin, qu’on envoya dans le Nouveau-Monde un arbitre pour juger entre Colomb & ſes ſoldats.
431Bovadilla, le plus avide, le plus injuſte, le plus féroce de tous ceux qui étoient paſſés en Amérique, arrive, en 1500, à Saint-Domingue ; dépouille l’amiral de ſes biens, de ſes honneurs, de ſon autorité, & l’envoie en Europe chargé de fers.
432L’indignation publique avertit les ſouverains que l’univers attend, ſans délai, la punition d’un forfait ſi audacieux, la réparation d’un ſi grand outrage.
433Pour concilier les bienſéances avec leurs préjugés, Iſabelle & Ferdinand rappellent , avec une indignation vraie ou ſimulée, l’agent qui avoit ſi cruellement abuſé du pouvoir qu’ils lui avoient commis : mais ils ne renvoient pas à ſon poſte la déplorable victime de ſon incompréhenſible ſcélérateſſe.
434Plutôt que de languir dans l’oiſiveté, plutôt que de vivre dans l’humiliation, Colomb ſe détermine à faire, comme aventurier, un quatrième voyage dans des régions qu’on pouvoit preſque dire de ſa création. Plutôt que de languir dans l’oisiveté, plutôt que de vivre dans l’humiliation, il se détermina à faire comme aventurier un quatrième voyage dans des régions qu’on pouvait dire de sa création. 0.57142857142857140.4285714285714286
435Après ce nouvel effort, que la malice des hommes, que le caprice des élémens ne réuſſirent pas à rendre inutile, il termina, en 1506, à Valladolid une carrière brillante, que la mort récente d’Iſabelle lui avoit ôté toute eſpérance de voir jamais heureuſe. Après ce nouvel effort, que la malice des hommes, que le caprice des élémens ne réussirent pas à rendre inutile, il termina en 1506, à Valladolid, une carrière agitée, que la mort récente d’Isabelle lui avait ôté toute espérance de voir jamais heureuse. 0.60714285714285710.3928571428571429
436Quoiqu’il n’eût que cinquante-neuf ans, ſes forces phyſiques étoient très-affoiblies : mais ſes facultés morales n’avoient rien perdu de leur énergie.Quoiqu’il n’eût que cinquante-neuf ans, ses forces physiques étaient très-affaiblies, tandis que ses facultés morales n’avaient rien perdu de leur énergie.0.50.5
437Avant que Colomb eût mis à la voile pour sa dernière expédition, son tyran, ses juges ; ses ennemis les plus acharnés avaient reçu l’ordre de repasser en Europe.
438Quoique le but apparent de cette rigueur parût être de lui donner une sorte de satisfaction, on est autorisé à penser que le gouvernement se détermina plus spécialement à cette démarche pour purger la colonie des monstres qui la dévoraient, et pour s’enrichir de leurs dépouilles.
439Si c’était réellement son espoir, il ne fut pas entièrement rempli.
440Les brigands et leurs trésors devinrent généralement, à la vue même de l’île, la proie de l’Océan irrité.
441Cette terrible leçon fut perdue pour Ovando, qui succédait à Bovadilla.
442Trompant l’opinion qu’on avait de ses lumières, il voulut obtenir par une infatigable activité des succès que le temps seul pouvait amener.
443Cette ambition lui fit ordonner la construction de neuf à dix villes ou bourgades, que devaient peupler les anciens colons et les deux mille cinq cents hommes qui l’avaient suivi.
444Peu content d’assurer les subsistances qu’exigeait la consommation locale, il voulut créer des denrées pour l’exportation.
445Ayant fait réduire de la moitié au tiers, et du tiers au cinquième, les droits que percevait le fisc sur l’or que charriaient les rivières ou qu’on arrachait aux entrailles de la terre, il poussa l’exploitation des mines au-delà de ce qu’on avait cru possible.
446Ces travaux étaient exécutés par les seuls Indiens, qui étaient encore obligés au service domestique.
447L’oppression enfanta le désespoir ; mais que peut le désespoir sans un corps robuste, sans l’énergie de l’âme, sans armes et sans discipline ?
448Aussi les attroupemens qu’il avait formés furentils dissipés, quoique plus lentement, plus difficilement qu’on ne l’avait espéré.
449Les chefs, tous les chefs sans exception, périrent dans des tourmens inexprimables ; et la nation entière, dont une partie avait jusqu’alors échappé au joug, se vit condamnée à une éternelle servitude.
450Cette tyrannie convenait à Ovando, dont les volontés arbitraires ne devaient plus trouver d’opposition.
451Elle convenait aux Espagnols fixés dans la colonie, dont on multipliait les esclaves.
452Elle convenait aux courtisans, qui, sans passer les mers, obtenaient des terres et des bras qui, en leur assurant un grand revenu, n’exigeaient de leur part ni soins ni avances.
453Elle convenait au gouvernement, qui voyait croître chaque jour les trésors arrivés du nouveau monde.
454Mais la source de ces criminelles prospérités allait tarir, parce que la fatigue, la misère, le chagrin et le glaive avaient moissonné la plupart des malheureux auxquels on les devait.
455Une avidité insatiable imagina d’aller voler sur le continent et dans les îles voisines d’autres sauvages pour remplacer ceux qui avaient péri.
456Le peu qui restait des anciens, les nouveaux, en plus grand nombre, qu’on devait à un trop horrible brigandage, tous étaient également accouplés au travail comme des bêtes.
457Des verges faisaient relever ceux qui pliaient sous leurs fardeaux.
458Telle fut la fin de cet homme ſingulier qui avoit étonné l’Europe, en ajoutant une quatrième partie à la terre, ou plutôt une moitié du monde à ce globe ſi long-tems dévaſté & ſi peu connu.
459La reconnoiſſance publique auroit dû donner, à cet hémiſphère étranger, le nom du premier navigateur qui y avoit pénétré.
460C’étoit le moindre hommage qu’on dût à ſa mémoire : mais, ſoit envie, ſoit inattention, ſoit jeu de la fortune qui diſpoſe auſſi de la renommée, il n’en fut pas ainſi.
461Cet honneur étoit réſervé au Florentin Améric Veſpuce, quoiqu’il ne fît que ſuivre les traces d’un homme dont le nom doit être placé à côté des plus grands noms.
462Ainſi le premier inſtant où l’Amérique fut connue du reſte de la terre, fut marqué par une injuſtice, préſage fatal de toutes celles dont ce malheureux pays devoit être le théâtre.
463Ses malheurs avoient commencé avec la découverte.
464Malgré ſon humanité & ſes lumières, Colomb les multiplia lui-même, en attachant des Américains aux champs qu’il diſtribuoit à ſes ſoldats.
465Ce qu’il s’étoit permis pour ſortir des embarras où le jettoit une inſubordination rarement interrompue, Bovadilla le continua & l’étendit dans la vue de ſe rendre agréable.
466Ovando, qui le remplaça, rompit tous ces liens, ſelon l’ordre qu’il en avoit reçu.
467Le repos fut la première jouiſſance des êtres foibles que la violence avoit condamnés à des travaux que leur nourriture , leur conſtitution & leurs habitudes ne comportoient pas.
468Ils erroient au haſard, ou reſtoient accroupis ſans rien faire.
469La ſuite de cette inaction fut une famine qui leur fut funeſte, & qui le fut à leurs oppreſſeurs.
470Avec de la douceur, des réglemens ſages & beaucoup de patience, il étoit poſſible d’opérer d’heureux changemens.
471Ces voies lentes & tempérées ne convenoient pas à des conquérans preſſés d’acquérir, preſſés de jouir.
472Ils demandèrent, avec la chaleur inſéparable d’un grand intérêt, que tous les Indiens leur fuſſent répartis pour être employés à l’exploitation des mines, à la culture des grains, aux différentes occupations dont on les jugeroit capables.
473La religion & la politique furent les deux voiles dont ſe couvrit cet affreux ſyſtême.
474Tout le tems, diſoit-on, que ces ſauvages auront le libre exercice de leurs ſuperſtitions, ils n’embraſſeront pas le chriſtianiſme ; & ils nourriront toujours un eſprit de révolte, à moins que leur diſperſion ne les mette hors d’état de rien entreprendre.
475La cour, après bien des diſcuſſions, ſe décida pour un ordre de choſes, ſi contraire à tous les bons principes.
476L’iſle entière fut diviſée en un grand nombre de diſtricts que les Eſpagnols obtinrent plus ou moins étendus, ſelon leur grade, leur crédit ou leur naiſſance.
477Les Indiens, attachés à ces poſſeſſions précaires, furent des eſclaves que la loi voulut toujours protéger, & qu’elle ne protégea jamais efficacement, ni à SaintDomingue, ni dans les autres parties du Nouveau-Monde, où cette horrible diſpoſition s’établit depuis généralement.
478Quelques commotions ſuivirent cet arrangement : mais elles furent arrêtées par des perfidies ou étouffées dans le ſang.
479Lorſque la ſervitude fut imperturbablement établie, les mines donnèrent un produit plus fixe.
480La couronne en avoit d’abord la moitié ; elle ſe réduiſit dans la ſuite au tiers, & fut enfin obligée de ſe borner au cinquième.
481Les tréſors qui venoient de Saint-Domingue enflammèrent la cupidité de ceux-là même qui ne vouloient point paſſer les mers.
482Les grands, les favoris & les gens en place ſe firent donner de ces propriétés qui procuroient des richeſſes, ſans ſoins, ſans avances & ſans inquiétude.
483Ils les faiſoient régir par des agens, qui avoient leur fortune à faire, en augmentant celle de leurs commettans.
484En moins de ſix ans ſoixante mille familles Américaines ſe trouvèrent réduites à quatorze mille.
485Il fallut aller chercher ſur le continent & dans les iſles voiſines d’autres ſauvages pour les remplacer.
486Les uns & les autres étoient accouplés au travail comme des bêtes.
487On faiſoit relever, à force de coups, ceux qui plioient ſous leurs fardeaux.
488Il n’y avoit de communication entre les deux ſexes, qu’à la dérobée. Il n’y avait de communication entre les deux sexes qu’à la dérobée. 0.57142857142857140.4285714285714286
489Les hommes périſſoient dans les mines, & les femmes dans les champs que cultivoient leurs foibles mains. Les hommes périssaient dans les mines, et les femmes dans les champs que cultivaient leurs faibles mains. 0.45454545454545460.5454545454545454
490Une nourriture malsaine, insuffisante, achevait d’épuiser des corps excédés de fatigue.
491Une nourriture mal-ſaine, inſuffiſante, achevoit d’épuiſer des corps excédés de fatigues.
492Le lait tarriſſoit dans le ſein des mères. Le lait tarissait dans le sein des mères. 0.40.6
493Elles expiroient de faim, de laſſitude, preſſant contre leurs mamelles deſſéchées leurs enfans morts ou mourans. Elles expiraient de faim et de lassitude, pressant contre leurs mamelles desséchées leurs enfans morts ou mourans. 0.38461538461538460.6153846153846154
494Les pères s’empoiſonnoient. Les pères s’empoisonnaient. 0.333333333333333260.6666666666666667
495Quelques-uns ſe pendirent aux arbres, après y avoir pendu leurs fils & leurs épouſes. Quelques-uns se pendirent aux arbres, après y avoir pendu leurs fils et leurs épouses. 0.66666666666666660.33333333333333337
496Leur race n’eſt plus. Leur race n’est plus. 0.50.5
497Il faut que je m’arrête ici un moment. Il faut que je m’arrête ici un moment. 1.00.0
498Mes yeux ſe rempliſſent de larmes, & je ne vois plus ce que j’écris.Mes yeux se remplissent de larmes, et je ne vois plus ce que j’écris.0.57142857142857140.4285714285714286
499Pendant que ces scènes d’horreur consommaient la ruine des premières plages envahies par les Espagnols dans le Nouveau-Monde, des aventuriers de leur nation dévastaient les grandes et petites Antilles, le continent depuis l’Orénoque jusqu’au Darien, quelques rivages de la mer du Sud.
500Les moins féroces d’entre eux avaient même jeté les fondemens d’un petit nombre de colonies, dont celle de Cuba était la plus florissante.
501Diégo de Vélasquez, qui l’avait établie, et qui la gouvernait, conçut l’ambition de faire arborer les drapeaux espagnols dans des contrées qui ne se fussent pas encore courbées devant eux.
502Ses regards s’arrêtèrent sur l’Yucatan, que quelques navigateurs de sa nation avaient aperçu, mais sans y descendre.
503François Hernandès de Cordoue se chargea de l’expédition.
504Il mit à la voile le 8 février 1517 avec cent dix hommes embarqués sur trois navires, et aborda le premier mars au cap Catoche, la pointe la plus méridionale de cette grande péninsule.
505Dans deux combats que les Indiens lui livrèrent, il perdit le tiers de ses compagnons, et ce malheur le réduisit à regagner Cuba, où il ne tarda pas à mourir des blessures qu’il avait reçues.
506Avant que ces ſcènes d’horreur euſſent conſommé la ruine des premières plages reconnues par les Eſpagnols dans le NouveauMonde, quelques aventuriers de cette nation avoient formé des établiſſemens moins conſidérables à la Jamaïque, à Porto-Rico, à Cuba.
507Velaſquès, fondateur de ce dernier, deſiroit que ſa colonie partageât, avec celle de Saint-Domingue, l’avantage de faire des découvertes dans le continent ; & il trouva très-diſpoſés à ſeconder ſes vues, la plupart de ceux qu’une avidité active & inſatiable avoit conduits dans ſon iſle.
508Cent dix s’embarquèrent, le 8 février 1517, ſur trois petits bâtimens à Saint-Iago ; cinglèrent à l’Oueſt ; débarquèrent ſucceſſivement à Yucatan, à Campèche ; furent reçus en ennemis ſur les deux côtes ; périrent en grand nombre des coups qu’on leur porta, & regagnèrent dans le plus grand déſordre le port d’où, quelques mois auparavant, ils étoient partis avec de ſi flatteuſes eſpèrances.
509Leur retour fut marqué par la fin du chef de l’expédition Cordova, qui mourut de ſes bleſſures.
510Juſqu’à cette époque, l’autre hémiſphère n’avoit offert aux Eſpagnols que des ſauvages nus, errans, ſans induſtrie, ſans gouvernement . Jusqu’à cette époque, l’autre hémisphère n’avait offert aux Espagnols que des sauvages nus, errans, sans industrie, sans gouvernement. 0.31578947368421050.6842105263157895
511Pour la première fois, on venoit de voir des peuples logés, vêtus, formés en corps de nation, aſſez avancés dans les arts pour convertir en vaſes des métaux précieux.Pour la première fois on venait de voir des hommes logés, vêtus, formés en corps de nation, assez avancés dans les arts pour convertir en vases les métaux précieux.0.60.4
512Cette découverte pouvoit faire craindre des dangers nouveaux : mais elle préſentoit auſſi l’appât d’un butin plus riche ; & deux cens quarante Eſpagnols ſe précipitèrent dans quatre navires qu’armoit, à ſes dépens, le chef de la colonie. Cette découverte pouvait faire craindre des dangers nouveaux ; mais elle offrait aussi l’appât d’un butin plus riche, et deux cent quarante Espagnols se précipitèrent le 8 d’avril 1518 sur quatre vaisseaux qu’armait à ses dépens le chef de la colonie. 0.48148148148148140.5185185185185186
513Ils commencèrent par vérifier ce qu’avoient publié les aventuriers qui les avoient précédés, pouſſèrent enſuite leur navigation juſqu’à la rivière de Panuco, & crurent appercevoir par-tout des traces encore plus déciſives de civiliſation. Ils commencèrent par vérifier ce qu’avaient publié les aventuriers qui les avaient précédés, poussèrent leur navigation plus loin vers l’ouest, et crurent apercevoir partout des traces encore plus décisives de civilisation. 0.346153846153846150.6538461538461539
514Souvent ils débarquèrent. Souvent ils débarquèrent. 1.00.0
515Quelquefois on les attaqua très-vivement, & quelquefois on les reçut avec un reſpect qui tenoit de l’adoration. Quelquefois on les attaqua très-vivement, et quelquefois on les reçut avec un respect qui tenait de l’adoration. 0.55555555555555560.4444444444444444
516Dans une ou deux occaſions, ils purent échanger contre l’or du nouvel hémiſphère quelques bagatelles de l’ancien. Dans une ou deux occasions ils purent échanger contre l’or du nouvel hémisphère quelques bagatelles de l’ancien. 0.60.4
517Les plus entreprenans d’entre eux opinaient à former un établissement sur ces belles plages.
518Leur commandant Grijalva, trop servilement soumis peutêtre à la défense qui lui en avait été faite, se refusa à leurs instances.
519Il préféra d’aller rendre compte des connaissances qu’il avait acquises sur l’empire du Mexique, dont il avait parcouru toutes les côtes.
520Les plus entreprenans d’entre eux, opinoient à former un établiſſement ſur ces belles plages ; leur commandant, Grijalva, qui, quoique actif, quoique intrépide, n’avoit pas l’ame d’un héros, ne trouva pas ſes forces ſuffiſantes pour une entrepriſe de cette importance.
521Il reprit la route de Cuba, où il rendit un compte, plus ou moins exagéré, de tout ce qu’il avoit vu, de tout ce qu’il avoit pu apprendre de l’empire du Mexique.
522La conquête de cette vaſte & opulente région eſt auſſi-tôt arrêtée par Velaſquès. Aussitôt la conquête de cette vaste et opulente région est arrêtée par Vélasquez. 0.363636363636363650.6363636363636364
523Le choix de l’inſtrument qu’il y emploiera l’occupe plus long-tems. Le choix de l’instrument qu’il y emploiera l’occupe plus longtemps. 0.50.5
524Il craint également de la confier à un homme qui manquera des qualités indiſpenſables pour la faire réuſſir, ou qui aura trop d’ambition pour lui en rendre hommage. Il craint également de la confier à un homme qui manquera des qualités nécessaires pour la faire réussir, ou qui aura trop d’élévation pour lui en rendre hommage. 0.60.4
525On le décide enfin pour Fernand Cortez, celui des colons que ses talens appellent le plus impérieusement à une entreprise difficile, mais le moins disposé par caractère à céder la gloire de ses succès et à rester dans une éternelle dépendance.
526C’était un homme de condition, né en 1485 à Médellin, dans l’Estramadoure.
527Sa famille le destinait à l’étude des lois ; mais son inclination le poussa aux armes.
528Il devait partir pour aller apprendre la guerre en Italie sous Gonsalve de Cordoue, lorsqu’une maladie grave l’empêcha d’entrer dans la carrière qui lui était ouverte.
529En 1504 ses espérances se tournèrent vers Saint-Domingue, où sa parenté avec Ovando lui promettait de l’avancement.
530Peut-être se serait-il contenté de la fortune qu’il y avait faite, de la réputation qu’il y avait acquise, si Cuba ne lui eût offert un théâtre où son intelligence et sa valeur devaient se développer avec plus d’éclat.
531Ses actions parurent en effet si brillantes et si bien combinées, que les mécontens de la nouvelle colonie le chargèrent du dangereux honneur de porter à l’audience royale leurs griefs contre un trop fier et trop injuste chef.
532Le secret de sa mission fut pénétré, et on le condamna à porter sa tête sur un échafaud.
533Des sollicitations puissantes ayant obtenu que la peine de mort serait commuée en une prison perpétuelle, il fut embarqué pour aller subir son sort.
534Pour éviter cette destinée, il se précipita dans la mer, et regagna à travers mille périls le rivage qui l’avait vu partir.
535Ce courage, ou si l’on veut cette témérité, lui valut son pardon ; et Vélasquez crut s’en être assez assuré par cette indulgence pour pouvoir lui confier sûrement une expédition au succès de laquelle il attachait sa gloire et son bonheur.
536Ses confidens le décident enfin pour Fernand Cortès, celui de ſes lieutenans que ſes talens appellent le plus impérieuſement à l’exécution du projet, mais le moins propre à remplir ſes vues perſonnelles.
537L’activité, l’élévation, l’audace que montre le nouveau chef dans les préparatifs d’une expédition dont il prévoit & veut écarter les difficultés, réveillent toutes les inquiétudes d’un gouverneur naturellement trop ſoupçonneux. Les mesures hardies, fermes, sages, ardentes que prend Cortez pour faire réussir une entreprise dont il prévoit et veut écarter les difficultés, réveillent toutes les inquiétudes d’un gouverneur naturellement trop ombrageux. 0.310344827586206850.6896551724137931
538On le voit occupé, d’abord en ſecret & publiquement enſuite, du projet de retirer une commiſſion importante qu’il ſe reproche d’avoir inconſidérément donnée. On le voit occupé, d’abord en secret, et publiquement ensuite, du projet de retirer une commission importante, qu’il se reproche d’avoir inconsidérément donnée. 0.550.44999999999999996
539Repentir tardif . Repentir tardif. 1.00.0
540Avant que ſoient achevés les arrangemens imaginés pour retenir la flotte compoſée de onze petits bâtimens, elle a mis à la voile, le 10 février 1519, avec cent neuf matelots, cinq cens huit ſoldats, ſeize chevaux, treize mouſquets, trente-deux arbalètes, un grand nombre d’épées & de piques, quatre fauconneaux & dix pièces de campagne.Avant que soient achevés les arrangemens imaginés pour retenir la flotte composée de onze très-petits bâtimens, elle a mis à la voile, le 10 février 1519, avec cent neuf matelots, cinq cent huit soldats, seize chevaux, treize mousquets, trente-deux arbalètes, un grand nombre d’épées et de piques, quatre fauconneaux, et dix pièces de campagne.0.656250.34375
541Ces moyens d’invaſion, tout inſuffiſans qu’ils pourront paroître, n’avoient pas même été fournis par la couronne qui ne contribuoit alors que de ſon nom aux découvertes, aux établiſſemens. Ces moyens d’invasion, tout insuffisans qu’ils pourront paraître, n’étaient pas même fournis par la couronne, qui ne contribuait alors que de son nom aux découvertes qu’on tentait, aux établissemens qui s’y formaient. 0.30769230769230770.6923076923076923
542C’étoient les particuliers qui formoient des plans d’agrandiſſement, qui les dirigeoient par des combinaiſons bien ou mal réfléchies, qui les exécutoient à leurs dépens. C’étaient les particuliers qui concevaient les plans d’agrandissement, qui les dirigeaient par des combinaisons bien ou mal réfléchies, qui les exécutaient à leurs dépens. 0.333333333333333260.6666666666666667
543La ſoif de l’or & l’eſprit de chevalerie qui régnoit encore, excitoient principalement la fermentation. La soif de l’or et l’esprit de chevalerie, qui n’était pas éteint encore, excitaient principalement la fermentation. 0.35714285714285720.6428571428571428
544Ces deux aiguillons faiſoient à la fois courir dans le Nouveau-Monde, des hommes de la première & de la dernière claſſe de la ſociété ; des brigands qui ne reſpiroient que le pillage, & des eſprits exaltés qui croyoient aller à la gloire. Ces deux aiguillons faisaient également accourir au Nouveau-Monde des hommes de la première et de la dernière classe de la société, des brigands qui ne respiraient que le pillage, et des esprits exaltés qui croyaient voler à la gloire. 0.38461538461538460.6153846153846154
545C’eſt pourquoi la trace de ces premiers conquérans fut marquée par tant de forfaits & par tant d’actions extraordinaires ; c’eſt pourquoi leur cupidité fut ſi atroce & leur bravoure ſi giganteſque.C’est pourquoi la trace de ces premiers conquérans fut marquée par tant de forfaits et par tant d’actions extraordinaires ; c’est pourquoi leur cupidité fut si atroce et leur vaillance si gigantesque.0.56250.4375
546Cortez relâcha d’abord à l’île de Cozumel, où un heureux hasard lui amena l’Espagnol d’Aguilar, qui, jeté par la tempête sur une côte éloignée, avait erré huit ans dans ces régions.
547Il continua sa navigation vers la grande rivière à laquelle Grisjalva s était permis de donner son nom.
548Loin d’y trouver l’accueil que son prédécesseur y avait reçu, les habitans en parurent déterminés à l’empêcher de prendre terre.
549Inutilement il envoya d’Aguilar, qui entendait leur langue, pour assurer que ses intentions n’avaient rien d’hostile, d’innombrables flèches lancées des canots et du rivage sur la flotte l’avertirent que les dispositions des peuples étaient entièrement changées.
550Son artillerie dissipa deux fois ces faibles Indiens, et lui ouvrit Tabasco, leur bourgade principale.
551Ses canons lui servirent encore à mettre en déroute une nombreuse armée qui s’était très-rapidement formée.
552Trois défaites consécutives persuadèrent au cacique du pays qu’il était temps de procurer la paix à ses sujets.
553Il l’obtint en reconnaissant les rois de Castille pour ses souverains, en livrant aux instrumens de leurs victoires de l’or, des vivres, des vêtemens, une vingtaine de femmes destinées à les servir et à leur préparer le maïs le seul grain alors connu dans le Nouveau-Monde.
554Ce succès ne toucha que peu Cortez, qui se sentait appelé à de plus hautes destinées.
555La double paſſion des richeſſes & de la renommée paroît animer Cortès.
556En ſe rendant à ſa deſtination, il attaque les Indiens de Tabaſco, bat pluſieurs fois leurs troupes, les réduit à demander la paix, reçoit leur hommage, & ſe fait donner des vivres, quelques toiles de coton, & vingt femmes qui le ſuivent avec joie.
557Cet empreſſement avoit une cauſe trop légitime.
558En Amérique, les hommes ſe livroient généralement à cette débauche honteuſe qui choque la nature & pervertit l’inſtinct animal.
559On a voulu attribuer cette dépravation à la foibleſſe phyſique, qui cependant devroit plutôt en éloigner qu’y entraîner.
560Il faut en chercher la cauſe dans la chaleur du climat ; dans le mépris pour un ſexe foible ; dans l’inſipidité du plaiſir entre les bras d’une femme haraſſée de fatigues ; dans l’inconſtance du goût ; dans la bizarrerie qui pouſſe en tout à des jouiſſances moins communes ; dans une recherche de volupté, plus facile à concevoir qu’honnête à expliquer.
561D’ailleurs, ces chaſſes qui ſéparoient quelquefois pendant des mois entiers l’homme de la femme, ne tendoient-elles pas à rapprocher l’homme de l’homme ?
562Le reſte n’eſt plus que la ſuite d’une paſſion générale & violente, qui foule aux pieds, même dans les contrées policées, l’honneur, la vertu, la décence, la probité, les loix du ſang, le ſentiment patriotique : ſans compter qu’il eſt des actions auxquelles les peuples policés ont attaché avec raiſon des idées de moralité tout-à-fait étrangères à des ſauvages.
563Quoi qu’il en ſoit, l’arrivée des Européens fit luire un nouveau jour aux yeux des femmes Américaines.
564On les vit ſe précipiter ſans répugnance dans les bras de ces lubriques étrangers, qui s’étoient fait des cœurs de tigre, & dont les mains avares dégouttoient de ſang.
565Tandis que les reſtes infortunés de ces nations ſauvages cherchoient à mettre entre eux & le glaive qui les pourſuivoit, des déſerts immenſes, des femmes juſqu’alors trop négligées, foulant audacieuſement les cadavres de leurs enfans & de leurs époux maſſacrés, alloient chercher leurs exterminateurs juſques dans leur propre camp, pour leur faire partager les tranſports de l’ardeur qui les dévoroit.
566Parmi les cauſes qui contribuèrent à la conquête du Nouveau-Monde, on doit compter cette fureur des femmes Américaines pour les Eſpagnols.
567Ce furent elles qui leur ſervirent communément de guides, qui leur procurèrent ſouvent des vivres, & qui quelquefois leur découvrirent des conſpirations.
568La plus célèbre de ces femmes fut appellée Marina.
569Quoique fille d’un cacique aſſez puiſſant, elle fut par des événemens ſinguliers, eſclave chez les Mexicains dès ſa première enfance.
570De nouveaux haſards l’avoient conduite à Tabaſco avant l’arrivée des Eſpagnols.
571Frappés de ſa figure & de ſes graces, ils la distinguèrent.
572Leur général lui donna ſon cœur, & lui inſpira une paſſion trèsvive.
573Dans de tendres embraſſemens, elle apprit bientôt le Caſtillan.
574Cortès, de ſon côté, connut l’étendue de l’eſprit, la fermeté du caractère de ſon amante ; & il n’en fit pas ſeulement ſon interprète, mais encore ſon conſeil.
575De l’aveu de tous les hiſtoriens, elle eut une influence principale dans tout ce qu’on entreprit contre le Mexique.
576Cet empire obéiſſoit à Montezuma, lorſque les Eſpagnols y abordèrent.
577Le ſouverain ne tarda pas à être averti de l’arrivée de ces étrangers. Son impatience ne tarda pas à être satisfaite. 0.333333333333333260.6666666666666667
578Quelques jours d’une navigation facile le portèrent au mois d’avril sur les côtes du Mexique.
579A peine avait-il jeté l’ancre entre l’île Saint-Jean d’Ulua et le continent, que deux pirogues abordèrent la flotte.
580Ceux qui les montaient se dirent envoyés par le gouverneur et par le général de la province pour s’informer du motif qui avait amené tant de vaisseaux sur ces rivages, et pour leur offrir les secours dont ils pourraient avoir besoin pour s’en éloigner.
581Leur discours ne fut pas compris, et l’on allait les renvoyer sans réponse lorsque Marina, l’une des femmes obtenues à Tabasco, s’offrit pour interprète.
582Elle rendit en yucatan ce qu’ils avaient dit, et d’Aguilar, qui entendait cet idiome, le traduisit en castillan.
583Cortez se vit alors en état de s’expliquer, et assura les députés que bientôt leurs maîtres seraient instruits de ses intentions.
584Le débarquement eut lieu le lendemain ; et un camp fortifié à la hâte reçut le même jour les troupes, les chevaux et l’artillerie.
585Pilpatoé et Teutilé, les deux personnages importans au nom desquels les premières paroles avaient été portées, ne se firent pas attendre.
586Cortez les reçut à la tête de son armée, et leur signifia qu’il était chargé par le plus grand monarque de l’Orient de communiquer au puissant monarque du Mexique des secrets très-intéressans pour les deux empires ; qu’il lui serait impossible de remplir sa mission ailleurs qu’à la cour, et qu’il s’attendait à y trouver les égards dus au représentant d’un prince qui n’avait pas son égal au monde.
587La connaissance de son arrivée, de ses prétentions et de ses forces, parvint très-rapidement à la capitale, quoique éloignée de soixante-dix à quatre-vingts lieues.
588Dans cette vaste domination, des courriers placés de distance en distance instruisaient en moins de rien le ministère de ce qui se passait dans les provinces les plus reculées.
589Dans cette vaſte domination, des couriers placés de diſtance en diſtance, inſtruiſoient rapidement la cour de toute ce qui arrivoit dans les provinces les plus reculées.
590Leurs dépêches conſiſtoient en des toiles de coton, où étoient repréſentées les différentes circonſtances des affaires qui méritoient l’attention du gouvernement. Leurs dépêches consistaient en des toiles de coton où étaient représentées les différentes circonstances des affaires qui méritaient l’attention du gouvernement. 0.44444444444444440.5555555555555556
591Les figures étoient entremêlées de caractères hyérogliphiques, qui ſuppléoient à ce que l’art du peintre n’avoit pu exprimer.Les figures étaient entremêlées de caractères hyéroglyphiques qui suppléaient à ce que l’art du peintre n’avait pu exprimer.0.46666666666666670.5333333333333333
592On devait s’attendre qu’un souverain que sa valeur avait élevé au trône, dont l’ambition avait asservi d’immenses contrées, qui avait une milice nombreuse et aguerrie, ferait attaquer sans perdre un moment, ou attaquerait lui-même une poignée d’aventuriers qui osaient infester ses états de leurs brigandages, et ne craignaient pas même de montrer à découvert le projet qu’ils avaient de lui dicter la loi.
593On devoit s’attendre qu’un prince que ſa valeur avoit élevé au trône, dont les conquêtes avoient étendu l’empire, qui avoit des armées nombreuſes & aguerries, feroit attaquer, ou attaqueroit lui-même une poignée d’aventuriers, qui oſoient infeſter ſon domaine de leurs brigandages.
594Il n’en fut pas ainſi ; & les Eſpagnols, toujours invinciblement pouſſés vers le merveilleux, cherchèrent, dans un miracle, l’explication d’une conduite ſi viſiblement oppoſée au caractère du monarque, ſi peu aſſortie aux circonſtances où il ſe trouvoit. Il n’en fut pas ainsi, et les Espagnols, toujours invinciblement poussés vers le merveilleux, cherchèrent dans un miracle l’explication d’une conduite si visiblement opposée au caractère de Montézuma, si peu assortie aux circonstances où il se trouvait. 0.333333333333333260.6666666666666667
595Les écrivains de cette ſuperſtitieuſe nation ne craignirent pas de publier à la face de l’univers, qu’un peu avant la découverte du Nouveau-Monde, on avoit annoncé aux Mexicains, que bientôt il arriveroit du côté de l’Orient un peuple invincible, qui vengeroit, d’une manière à jamais terrible, les dieux irrités par les plus horribles crimes, par celui en particulier que la nature repouſſe avec le plus de dégoût ; & que cette prédiction fatale avoit ſeule enchaîné les talens de Montezuma. Les écrivains de cette superstitieuse nation ne craignirent pas de publier, à la face de l’univers, qu’un peu avant la découverte du Nouveau-Monde on avait annoncé aux Mexicains que bientôt il arriverait du côté de l’Orient un peuple invincible qui vengerait d’une manière à jamais terrible les dieux irrités par les plus horribles crimes, par celui en particulier que la nature repousse avec le plus de dégoût, et que cette prédiction fatale avait seule enchaîné les talens du monarque. 0.72093023255813950.2790697674418605
596Ils crurent trouver dans cette impoſture le double avantage de juſtifier leurs uſurpations, & d’aſſocier le ciel à leurs cruautés. Ils crurent trouver dans cette imposture le double avantage de justifier leurs usurpations et d’associer le ciel à leurs cruautés. 0.46666666666666670.5333333333333333
597Une fable si grossière trouva long-temps des partisans dans les deux hémisphères, et cet aveuglement n’est pas aussi surprenant qu’on le pourrait croire.
598Une fable ſi groſſière trouva long-tems des partiſans dans les deux hémiſphères ; & cet aveuglement n’eſt pas auſſi ſurprenant qu’on le pourroit croire.
599Quelques réflexions pourront en développer les cauſes.Quelques réflexions pourront en développer les causes.0.60.4
600D’anciennes révolutions, dont l’époque eſt inconnue, ont bouleverſé la terre ; & l’aſtronomie nous montre la poſſibilité de ces cataſtrophes, dont l’hiſtoire phyſique & morale du monde offre une infinité de preuves inconteſtables. D’anciennes révolutions dont l’époque est inconnue ont bouleversé la terre, et l’astronomie nous montre la possibilité de ces catastrophes, dont l’histoire physique et morale du monde offre une infinité de preuves incontestables. 0.423076923076923130.5769230769230769
601Un grand nombre de comètes ſe meuvent dans tous les ſens autour du ſoleil . Un grand nombre de comètes se meuvent dans tous les sens autour du soleil. 0.50.5
602Loin que les mouvemens de leurs orbites ſoient invariables, ils ſont ſenſiblement altérés par l’action des planètes. Loin que les mouvemens de leurs orbites soient invariables, ils sont sensiblement altérés par l’action des planètes. 0.63636363636363640.36363636363636365
603Pluſieurs de ces grands corps ont paſſé près de la terre, & peuvent l’avoir rencontrée. Plusieurs de ces grands corps ont passé près de la terre, et peuvent l’avoir rencontrée. 0.66666666666666660.33333333333333337
604Cet événement eſt peu vraiſemblable dans le cours d’une année ou même d’un ſiècle : mais ſa probabilité augmente tellement par le nombre des révolutions de la terre, qu’on peut preſque aſſurer que cette planète n’a pas toujours échappé au choc des différentes comètes qui traverſoient ſon orbite.Cet événement est peu vraisemblable dans le cours d’une année ou même d’un siècle ; mais sa probabilité augmente tellement par le nombre des révolutions de la terre, qu’on peut presque assurer que cette planète n’a pas toujours échappé au choc des différentes comètes qui traversaient son orbite.0.593750.40625
605Cette rencontre a dû occaſionner, ſur la ſurface du globe, des ravages inexprimables. Cette rencontre a dû occasionner sur la surface du globe des ravages inexprimables. 0.50.5
606L’axe de rotation changé ; les mers abandonnant leur ancienne poſition pour ſe précipiter vers le nouvel équateur ; la plus grande partie des animaux noyée par le déluge, ou détruite par la violente ſecouſſe imprimée à la terre par la comète ; des eſpèces entières anéanties : tels ſont les déſaſtres qu’une comète a dû produire.L’axe de rotation changé, les mers abandonnant leur ancienne position pour se précipiter vers le nouvel équateur, la plus grande partie des animaux noyée par le déluge ou détruite par la violente secousse imprimée à la terre par la comète, des espèces entières anéanties, telles sont les désastres qu’une comète a dû produire.0.71428571428571430.2857142857142857
607Indépendamment de cette cauſe générale de dévaſtation, les tremblemens de terre, les volcans, mille autres cauſes inconnues, qui agiſſent dans l’intérieur du globe & à ſa ſurface , doivent changer la poſition reſpective de ſes parties, & par une ſuite néceſſaire la ſituation de ſes poles de rotation. Indépendamment de cette cause générale de dévastation, les tremblemens de terre, les volcans, mille autres causes inconnues qui agissent dans l’intérieur du globe et à sa surface, doivent changer la position respective de ses parties, et, par une suite nécessaire, la situation de ses poles de rotation. 0.361111111111111160.6388888888888888
608Les eaux de la mer, déplacées par ces changemens, doivent quitter un pays pour couvrir l’autre, & cauſer ainſi ces inondations, ces déluges ſucceſſifs qui ont laiſſé par-tout des monumens viſibles de ruine, de dévaſtation, & des traces profondes de leurs ravages dans le ſouvenir des hommes.Les eaux de la mer, déplacées par ces changemens, doivent quitter un pays pour couvrir l’autre, et causer ainsi ces inondations, ces déluges successifs qui ont laissé partout des monumens visibles de ruine, de dévastation, et des traces profondes de leurs ravages dans le souvenir des hommes.0.56666666666666670.43333333333333335
609Cette lutte continuelle d’un élément contre l’autre, de la terre qui engloutit une partie de l’océan dans ſes cavités intérieures, de la mer qui ronge & emporte de grandes portions de la terre dans ſes abîmes ; ce combat éternel des deux élémens incompatibles, ce ſemble, & pourtant inſéparables, tient les habitans du globe dans un péril ſenſible, & dans des alarmes vives ſur leur deſtinée. Cette lutte continuelle d’un élément contre l’autre, de la terre qui engloutit une partie de l’Océan dans ses cavités intérieures, de la mer qui ronge et emporte de grandes portions de la terre dans ses abîmes, ce combat éternel des deux élémens incompatibles, ce semble, et pourtant inséparables, tient les habitans du globe dans un péril sensible et dans des alarmes vives sur leur destinée. 0.72972972972972970.2702702702702703
610La mémoire ineffaçable des changemens arrivés, inſpire naturellement la crainte des changemens à venir. La mémoire ineffaçable des changemens arrivés inspire naturellement la crainte des changemens à venir. 0.80.19999999999999996
611De-là ces traditions univerſelles de déluges paſſés, & cette attente de l’embrâſement du monde. De là ces traditions universelles de déluges passés, et cette attente de l’embrasement du monde. 0.333333333333333260.6666666666666667
612Les tremblemens de terre occaſionnés par les inondations & les volcans, que ces ſecouſſes reproduiſent à leur tour, ces criſes violentes dont aucune partie du globe ne doit être exempte, engendrent & perpétuent la frayeur parmi les hommes. Les tremblemens de terre occasionnés par les inondations et les volcans que ces secousses reproduisent à leur tour, ces crises violentes dont aucune partie du globe ne doit être exempte, engendrent et perpétuent la frayeur parmi les hommes. 0.65217391304347830.34782608695652173
613On la trouve répandue & conſacrée dans toutes les ſuperſtitions. On la trouve répandue et consacrée dans toutes les superstitions. 0.333333333333333260.6666666666666667
614Elle eſt plus vive dans les pays où, comme l’Amérique, les marques de ces révolutions du globe ſont plus ſenſibles & plus récentes.Elle est plus vive dans les pays où, comme l’Amérique, les marques de ces révolutions du globe sont plus sensibles et plus récentes.0.63636363636363640.36363636363636365
615L’homme épouvanté voit dans un ſeul mal le germe de mille autres. L’homme épouvanté voit dans un seul mal le germe de mille autres. 0.85714285714285710.1428571428571429
616Il en attend de la terre & des cieux ; il croit voir la mort ſur ſa tête & ſous ſes pieds. Il en attend de la terre et des cieux ; il croit voir la mort sur sa tête et sous ses pieds. 0.66666666666666660.33333333333333337
617Des événemens que le haſard a rapprochés lui paroiſſent liés dans la nature même & dans l’ordre des choſes. Des événemens, que le hasard a rapprochés, lui paraissent liés dans la nature même et dans l’ordre des choses. 0.50.5
618Comme il n’arrive jamais rien ſur la terre, ſans qu’elle ſe trouve ſous l’aſpect de quelque conſtellation, on s’en prend aux étoiles de tous les malheurs dont on ignore la cauſe ; & de ſimples rapports de ſituation entre des planètes, ont pour l’eſprit humain, qui a toujours cherché dans les ténèbres l’origine du mal, une influence immédiate & néceſſaire ſur toutes les révolutions qui les ſuivent ou les accompagnent.Comme il n’arrive jamais rien sur la terre sans qu’elle se trouve sous l’aspect de quelque constellation, on s’en prend aux étoiles de tous les malheurs dont on ignore la cause ; et de simples rapports de situation entre des planètes ont pour l’esprit humain, qui a toujours cherché dans les ténèbres l’origine du mal, une influence immédiate et nécessaire sur toutes les révolutions qui les suivent ou les accompagnent.0.51219512195121950.4878048780487805
619Mais les événemens politiques, comme les plus intéreſſans pour l’homme, ont toujours eu à ſes yeux une dépendance très-prochaine du mouvement des aſtres. Mais les événemens politiques, comme les plus intéressans pour l’homme, ont toujours eu à ses yeux une dépendance très-prochaine du mouvement des astres. 0.61538461538461540.3846153846153846
620De-là les fauſſes prédictions & les terreurs qu’elles ont inſpirées : terreurs qui ont toujours troublé la terre, & dont l’ignorance eſt tout-à-la-fois le principe & la meſure.De là les fausses prédictions et les terreurs qu’elles ont inspirées ; terreurs qui ont toujours troublé la terre, et dont l’ignorance est tout à la fois le principe et la mesure.0.388888888888888840.6111111111111112
621Que Montézuma fût ou ne fût pas atteint de cette maladie de l’esprit humain généralement répandue dans sa nation, la plus superstitieuse du Nouveau-Monde, il paraît prouvé que l’arrivée et les prétentions des Espagnols lui causèrent de vives inquiétudes.
622Il espéra sortir d’embarras en leur envoyant des présens d’un très-haut prix, et en leur faisant dire que les circonstances ne lui permettaient pas de les admettre en sa présence.
623Ses dons furent reçus avec respect ; mais ce respect n’apporta aucun changement aux volontés que ces formidables étrangers avaient d’abord manifestées.
624Inutilement les plus grands trésors leur furent prodigués à plusieurs reprises pour les faire changer de résolution, ils continuèrent à toujours soutenir que des ambassadeurs n’avaient jamais été renvoyés sans avoir obtenu audience.
625On se flatta que la faim pourrait surmonter une obstination que l’or n’avait pu vaincre, et l’on cessa de fournir à leur subsistance.
626Ce nouvel expédient parut d’abord avoir quelque succès, et il en faut dire la raison.
627Parmi les soldats espagnols il s’en trouvait qui regardaient comme extravagant l’espoir de renverser avec le peu de forces qu’on avait un trône aussi solidement fondé que l’était celui du Mexique.
628La diminution des vivres, dont même la source pouvait bientôt entièrement tarir, les confirma de plus en plus dans l’opinion où ils étaient qu’ils seraient tous un peu plus tôt un peu plus tard la victime d’une entreprise téméraire.
629Dans leur découragement, ils députèrent un d’entre eux au général pour lui annoncer la résolution où ils étaient de retourner sans délai à Cuba.
630Sur-le-champ Cortez fit publier que l’armée se disposât à s’embarquer le lendemain.
631Cette précipitation apparente devait avoir des suites favorables, et il le savait bien.
632A peine l’ordre du départ fut-il devenu public, qu’accoururent à la tente du général ceux qui n’étaient pas entrés dans un complot que la lâcheté et la malveillance avaient seules pu, disait-on, former.
633Leur indignation était extrême.
634Une retraite exécutée avant d’avoir tiré l’épée leur paraissait devoir imprimer sur leur nation un opprobre ineffaçable, et c’était le comble de l’injustice de les priver du prix de leurs fatigues au moment même où ils en allaient recueillir le fruit.
635Ils paraissaient déterminés à choisir un nouveau chef, si celui qui leur avait été donné refusait de les conduire à la gloire et à la fortune.
636Ce langage parut étonner Cortez, quoique luimême l’eût fait dicter par ses confidens.
637Il protesta que c’était avec la plus grande répugnance qu’il avait pris la résolution qui excitait tant de murmures ; qu’il n’avait abandonné ses projets que parce qu’on l’avait assuré que le vœu général des troupes exigeait ce sacrifice ; que leur noble indignation le détrompait d’une funeste erreur où il s était laissé entraîner trop aisément ; qu’il allait hâter les préparatifs qu’exigeait une entreprise dont leur valeur assurait le succès, et qu’il ne laisserait pas languir leur impatience.
638Des expressions qui rendaient si bien les sentimens dont la plupart des cœurs étaient pénétrés furent entendues, recueillies, et répétées avec un enthousiasme qui ressemblait à de l’ivresse.
639Ceux même qui ne partageaient pas le commun délire affectèrent plus de joie que les autres, parce qu’ils avaient des torts à cacher ou à faire oublier.
640Cette circonstance parut favorable à Cortez pour se procurer une autorité plus étendue et mieux affermie que celle dont jusqu’alors il avait joui.
641Dans cette vue, il proposa d’établir dans la colonie de la Véra-Cruz, qu’on venait de fonder, une juridiction municipale semblable à celles qui se voyaient dans toutes les villes de la métropole.
642Les magistrats qui devaient la conduire n’eurent pas été plus tôt choisis, qu’il parut à leur tribunal.
643« La commission que vous m’avez vu remplir, « leur dit-il, je la tenais de Vélasquez, et encore « fut-elle presque aussitôt révoquée qu’accordée. « C’est à vous, et à vous seuls, dépositaires du « pouvoir souverain, qu’il appartient de conférer « des dignités. Je mets à vos pieds celle dont j’ai « bien ou mal rempli les fonctions, et vous as- « sure que je serai content, dans quelque rang que « vous jugiez à propos de me placer. Comme sol- « dat, je combattrai avec autant de zèle que je « l’ai fait comme général. Si, dans le métier des « armes, c’est en obéissant qu’on apprend à com- « mander, il se trouve aussi des occasions sans « nombre où il faut avoir commandé pour sentir « la nécessité de l’obéissance ».
644La délibération du conseil ne dura que peu.
645D’une voix unanime il conféra la disposition absolue du civil et du militaire à un homme dont la conduite venait de beaucoup ajouter à l’idée qu’on avait de lui.
646Cet heureux et sage choix trouva pourtant des contradicteurs.
647Les plus emportés d’entre eux furent punis, mais avec tant de modération, et ensuite pardonnés de si bonne grâce, qu’ils ne tardèrent pas à devenir les amis les plus fidèles de celui dont ils avaient blâmé l’élévation.
648Tout paraissait soumis lorsque Cortez fut averti que quelques-uns de ceux qui lui étaient contraires méditaient d’aller avertir Vélasquez de ce qui s’était passé contre ses intérêts, et de l’instruire que toutes les richesses acquises jusqu’alors dans le Mexique avaient été envoyées en Europe dans la vue de faire détacher de sa juridiction une si opulente partie du NouveauMonde.
649Cette connaissance le confirma dans le projet qu’il avait formé de détruire la flotte pour qu’il ne restât aux troupes à ses ordres d’espoir que dans la victoire.
650Ses confidens adoptèrent sans balancer un plan si magnanime.
651Ils publièrent que tous les navires étaient pourris, et ne devaient pas tarder à couler bas.
652Soit conviction, soit séduction, les gens de mer confirmèrent cette opinion par leur témoignage ; et bientôt on débarqua les voiles, les cordages, les ferremens, tout ce qui quelque jour pouvait être utile.
653Il ne restait plus qu’à faire échouer les bâtimens ; et ce dernier acte d’un héroïsme admiré depuis trois siècles ne se fit pas attendre.
654La plupart des obstacles qui depuis trois ou quatre mois retenaient dans une inaction apparente l’armée entière sur les côtes se trouvaient levés.
655Par le ministère de Marina, qu’un heureux hasard avait donné aux Espagnols pour les guider dans leurs conquêtes pour les consoler dans leurs anxiétés, pour les encourager dans leurs malheurs, Cortez avait acquis quelque connaissance de la région qu’il voulait asservir.
656Son premier établissement était assez bien fortifié pour braver les attaques des aborigènes, et quelques bourgades voisines qui s’étaient volontairement données, ne devaient pas laisser manquer d’alimens ce poste important.
657Deux cantons moins bornés, qui s’étaient mis sous sa protection, lui offraient toutes leurs forces.
658Dans cet état de choses, il laissa à la Véra-Cruz deux chevaux et cinquante soldats, ou faibles ou malades, aux ordres d’Escalante, dont la valeur, la prudence, la fidélité étaient généralement connues.
659Deux cents hommes très-vigoureux destinés à traîner son artillerie et à porter ses bagages, quatre cents guerriers les plus distingués par leur origine et leur expérience, ce fut tout ce qu’il voulut accepter du cacique de Zampoala, le plus puissant et le plus dévoué de ses alliés.
660Avec ce petit nombre d’auxiliaires, avec cinq cents Castillans, avec quinze chevaux, avec six pièces de campagne, le général ne craignit pas de diriger le 18 août sa marche vers la capitale d’un empire immense, qui avait cent fois plus de moyens qu’il n’en fallait pour l’arrêter ou pour le détruire.
661Quoique Montezuma eût pu, comme tant d’autres, être atteint de cette maladie de l’eſprit humain, rien ne porte à penſer qu’il ait eu une foibleſſe, alors ſi commune.
662Mais ſa conduite politique n’en fut pas meilleure.
663Depuis que ce prince étoit ſur le trône, il ne montroit aucun des talens qui l’y avoient fait monter.
664Du ſein de la molleſſe, il mépriſoit ſes ſujets, il opprimoit ſes tributaires.
665L’arrivée des Eſpagnols ne rendit pas du reſſort à cette ame avilie & corrompue.
666Il perdit en négociations, le tems qu’il falloit employer en combats, & voulut renvoyer avec des préſens des ennemis qu’il falloit détruire.
667Cortès, à qui cet engourdiſſement convenoit beaucoup, n’oublioit rien pour le perpétuer.
668Ses diſcours étoient d’un ami.
669Sa miſſion ſe bornoit, diſoit-il, à entretenir de la part du plus grand monarque de l’Orient, le puiſſant maître du Mexique.
670A toutes les inſtances qu’on faiſoit pour preſſer ſon rembarquement, il répondoit toujours qu’on n’avoit jamais renvoyé un ambaſſadeur ſans lui donner audience.
671Cette obſtination ayant réduit les envoyés de Montezuma à recourir, ſelon leurs inſtructions, aux menaces, & à vanter les tréſors & les forces de leur patrie : voilà, dit le général Eſpagnol, en ſe tournant vers ſes ſoldats, voilà ce que nous cherchons, de grands périls & de grandes richeſſes.
672Il avoit alors fini ſes préparatifs, & acquis toutes les connoiſſances qui lui étoient néceſſaires.
673Réſolu à vaincre ou à périr, il brûla ſes vaiſſeaux, & marcha vers la capitale de l’empire.
674Sur ſa route ſe trouvoit la république de Tlaſcala, de tout tems ennemie des Mexicains, qui vouloient la ſoumettre à leur domination. Sur sa route se trouvait la république de Tlascala, de tout temps ennemie des Mexicains, qui voulaient la soumettre à leur domination. 0.333333333333333260.6666666666666667
675Cortès ne doutant pas qu’elle ne dût favoriſer ſes projets, lui fit demander paſſage, & propoſer une alliance. Cortez, ne doutant pas qu’elle ne dût favoriser ses projets, lui fit demander passage, et proposer une alliance. 0.43750.5625
676Des peuples qui s’étoient interdit preſque toute communication avec leurs voiſins & que ce principe inſociable avoit accoutumés à une défiance univerſelle, ne devoient pas être favorablement diſpoſés pour des étrangers dont le ton étoit impérieux & qui avoient ſignalé leur arrivée par des inſultes faites aux dieux du pays. Des peuples qui s’étaient interdit presque toute communication avec leurs voisins, et que ce principe insociable avait accoutumés à une défiance universelle, ne devaient pas être favorablement disposés pour des étrangers dont le ton était impérieux, et qui avaient signalé leur arrivée par des insultes faites aux dieux du pays. 0.388888888888888840.6111111111111112
677Aussi repoussèrent-ils sans ménagement les deux ouvertures ; aussi ne virent-ils pas plus tôt les Espagnols sur leur territoire, qu’ils fondirent sur eux en gens déterminés à vaincre ou à mourir.
678La valeur qu’ils montrèrent dans cette première action fit comprendre à Cortez que ce ne serait pas trop de toute sa science militaire pour repousser les attaques de ces hardis républicains.
679La circonspection la plus marquée prit aussitôt la place de l’audace qui lui était ordinaire.
680Il avança lentement ; il choisit de bons postes ; il fortifia ses camps.
681Ces sages mesures le firent sortir victorieux d’un grand nombre de combats et de deux batailles qu’il lui fallut livrer ou soutenir dans le court espace de treize à quatorze jours.
682Heureusement pour la cause qu’il défendait, les Indiens, foudroyés par son artillerie, écrasés par ses chevaux, n’avaient pour ressource que des flèches armées d’arêtes de poisson, que des piques de bois durcies au feu, qui, trop faibles pour percer les boucliers de ses soldats, ne lui en tuèrent aucun, n’en blessèrent même légèrement qu’un très-petit nombre.
683Auſſi repouſſèrent-ils, ſans ménagement, les deux ouvertures.
684Les merveilles qu’on racontoit des Eſpagnols étonnoient les Tlaſcaltèques, mais ne les effrayoient pas.
685Ils livrèrent quatre ou cinq combats.
686Une fois les Eſpagnols furent rompus.
687Cortès ſe crut obligé de ſe retrancher, & les Indiens ſe firent tuer ſur les parapets.
688Que leur manquoit-il pour vaincre ?
689Des armes.
690Un point d’honneur qui tient à l’humanité.
691Un point d’honneur qu’on trouva chez les Grecs au ſiège de Troye, qui ſe fit remarquer chez quelques peuples des Gaules & qui paroît établi chez pluſieurs nations, contribua beaucoup à la défaite des Tlaſcaltèques. Un point d’honneur qui tient à l’humanité ; un point d’honneur qu’on trouva chez les Grecs au siége de Troie, qui se fit remarquer chez quelques peuples des Gaules, et qui paraît établi chez plusieurs nations, contribua beaucoup encore à la défaite des Tlascalans. 0.53846153846153840.46153846153846156
692C’étoit la crainte & la honte d’abandonner à l’ennemi leurs bleſſés & leurs morts. C’était la crainte et la honte d’abandonner à l’ennemi leurs blessés et leurs morts. 0.60.4
693A chaque moment, le ſoin de les enlever rompoit les rangs & ralentiſſoit les attaques.A chaque moment, le soin de les enlever rompait les rangs et ralentissait les attaques.0.40.6
694La nation, peu accoutumée à tant d’humiliations, à tant d’infortunes, voulut savoir de ses prêtres les causes de ces événemens déplorables, et quels en pourraient être les remèdes.
695Vos ennemis, répondirent ces oracles mensongers, sont enfans du soleil.
696Sa présence les rend invincibles.
697Qu’on les attaque durant les ténèbres, et on ne les trouvera pas plus redoutables que les autres hommes.
698Pleine de confiance dans les promesses de ces imposteurs, l’armée indienne se précipita la nuit suivante sur les retranchemens des Espagnols.
699Le feu vif et soutenu du canon et de la mousqueterie ne lui laissa pas ignorer que ses desseins avaient été pénétrés, et lui coûta plus de sang qu’aucune des défaites précédentes.
700Les factions, jusqu’alors partagées sur le meilleur parti à prendre, se réunirent toutes pour la cessation des hostilités.
701Mais comment traiter avec des êtres d’une nature inconnue, et dont les actions avaient été alternativement atroces et magnanimes.
702On l’ignorait ; et les harangues des ambassadeurs chargés de la négociation manifestèrent cet embarras.
703Si vous êtes, dirent-ils aux Espagnols, des divinités cruelles, nous vous offrons des esclaves dont vous mangerez la chair, dont vous boirez le sang.
704Si vous êtes des dieux bienfaisans, acceptez des parfums ; si vous êtes des hommes, voilà des viandes, voilà du pain, voilà des fruits pour vous nourrir.
705Comme la paix était également désirée des deux côtés, elle fut bientôt et facilement conclue.
706Les Tlascalans se reconnurent tributaires de la Castille ; et Cortez s’obligea à couvrir de toutes ses forces leurs personnes et leur territoire.
707Une conſtitution politique, qu’on ne ſe ſeroit pas attendu à trouver dans le NouveauMonde, s’étoit formée dans cette contrée. Une constitution politique, qu’on ne se serait pas attendu à trouver dans le Nouveau-Monde, s’était formée dans cette contrée. 0.53846153846153840.46153846153846156
708Le pays étoit partagé en pluſieurs cantons, où régnoient des hommes qu’on appelloit caciques. Le pays était partagé en plusieurs cantons, où régnaient des hommes qu’on appelait caciques. 0.50.5
709Ils conduisaient leurs sujets à la guerre, levaient les impôts et rendaient la justice ; mais il fallait que leurs édits fussent confirmés par le sénat de Tlascala, qui était le véritable souverain.
710Il était composé de citoyens choisis dans chaque district par les assemblées du peuple.
711Les Tlascalans avaient des mœurs extrêmement sévères.
712Ils conduiſoient leurs ſujets à la guerre, levoient les impôts & rendoient la juſtice : mais il falloit que leurs édits fuſſent confirmés par le ſénat de Tlaſcala qui étoit le véritable ſouverain.
713Il étoit compoſé de citoyens choiſis dans chaque diſtrict par les aſſemblées du peuple.
714Les Tlaſcaltèques avoient des mœurs extrêmement ſévères.
715Ils puniſſoient de mort le menſonge, le manque de reſpect du fils à ſon père, le péché contre nature. Ils punissaient de mort le mensonge, le manque de respect du fils à son père, le péché contre nature. 0.50.5
716Le larcin, l’adultère & l’ivrognerie étoient en horreur : ceux qui étoient coupables de ces crimes étoient bannis. Le larcin, l’adultère et l’ivrognerie étaient en horreur ; ceux qui étaient coupables de ces crimes étaient bannis. 0.77777777777777780.2222222222222222
717Comme le territoire ne produisait ni sel, ni cacao, ni coton, ni or, ni argent, l’usage n’en était permis qu’à ceux qui devaient ces objets à leur bravoure.
718Les loix permettoient la pluralité des femmes ; le climat y portoit, & le gouvernement y encourageoit.Les lois permettaient la pluralité des femmes ; le climat y portait, et le gouvernement y encourageait.0.333333333333333260.6666666666666667
719Le mérite militaire étoit le plus honoré, comme il l’eſt toujours chez les peuples ſauvages ou conquérans. Le mérite militaire était le plus honoré, comme il l’est toujous chez les peuples sauvages ou conquérans. 0.416666666666666740.5833333333333333
720A la guerre, les Tlaſcaltèques portoient dans leurs carquois deux flèches, ſur leſquelles étoient gravées les images de leurs anciens héros. A la guerre les Tlascalans portaient dans leurs carquois deux flèches, sur lesquelles étaient gravées les images de leurs anciens héros. 0.46666666666666670.5333333333333333
721On commençoit le combat par lancer une de ces flèches, & l’honneur obligeoit à la reprendre.On commençait le combat par lancer une de ces flèches, et l’honneur obligeait à la reprendre.0.60.4
722Dans la ville, ils étoient vêtus : mais ils ſe dépouilloient de leurs habits pour combattre.Dans la ville, ils étaient vêtus ; mais ils se dépouillaient de leurs habits pour combattre.0.44444444444444440.5555555555555556
723On vantait leur bonne foi et leur franchise dans les traités, et entre eux ils honoraient les vieillards.
724On vantoit leur bonne-foi & leur franchiſe dans les traités : & entre eux ils honoroient les vieillards.
725Leur pays, quoiqu’inégal, quoique peu étendu, quoique médiocrement fertile, étoit fort peuplé, aſſez bien cultivé, & l’on y vivoit heureux.Leur pays, quoique inégal, quoique peu étendu, quoique médiocrement fertile, était fort peuplé, assez bien cultivé, et l’on y vivait heureux.0.56250.4375
726Voilà les hommes que les Eſpagnols ne daignoient pas admettre dans l’eſpèce humaine. Voilà les hommes que les Espagnols ne daignaient pas admettre dans l’espèce humaine. 0.40.6
727Une des qualités qu’ils mépriſoient le plus chez les Tlaſcaltèques, c’étoit l’amour de la liberté. Une des qualités qu’ils méprisaient le plus chez les Tlascalans, c’était l’amour de la liberté. 0.40.6
728Ils ne trouvoient pas que ce peuple eût un gouvernement, parce qu’il n’avoit pas celui d’un ſeul ; ni une police, parce qu’il n’avoit pas celle de Madrid ; ni des vertus, parce qu’il n’avoit pas leur culte ; ni de l’eſprit, parce qu’il n’avoit pas leurs opinions.Ils ne trouvaient pas que ce peuple eût un gouvernement, parce qu’il n’avait pas celui d’un seul ; ni une police, parce qu’il n’avait pas celle de Madrid ; ni des vertus, parce qu’il n’avait pas leur culte ; ni de l’esprit, parce qu’il n’avait pas leurs opinions.0.58823529411764710.4117647058823529
729Jamais peut-être aucune nation ne fut idolâtre de ſes préjugés, au point où l’étoient alors, où le ſont peut-être encore aujourd’hui les Eſpagnols. Jamais peut-être aucune nation ne fut idolâtre de ses préjugés au point où l’étaient alors, où le sont peut-être encore aujourd’hui les Espagnols. 0.60.4
730Ces préjugés faiſoient le fond de toutes leurs penſées, influoient ſur leurs jugemens, formoient leur caractère. Ces préjugés faisaient le fond de toutes leurs pensées, influaient sur leurs jugemens, formaient leur caractère. 0.333333333333333260.6666666666666667
731Ils n’employoient le génie ardent & vigoureux que leur a donné la nature, qu’à inventer une foule de ſophiſmes, pour s’affermir dans leurs erreurs. Ils n’employaient le génie ardent et vigoureux que leur a donné la nature qu’à inventer une foule de sophismes pour s’affermir dans leurs erreurs. 0.71428571428571430.2857142857142857
732Jamais la déraiſon n’a été plus dogmatique, plus décidée, plus ferme & plus ſubtile. Jamais la déraison n’a été plus dogmatique, plus décidée, plus ferme, plus subtile. 0.60.4
733Ils étoient attachés à leurs uſages comme à leurs préjugés. Ils étaient attachés à leurs usages comme à leurs préjugés. 0.42857142857142860.5714285714285714
734Ils ne reconnoiſſoient qu’eux dans l’univers de ſenſés, d’éclairés, de vertueux. Ils ne reconnaissaient qu’eux dans l’univers de sensés, d’éclairés, de vertueux. 0.50.5
735Avec cet orgueil national, le plus aveugle qui fut jamais, ils auroient eu pour Athènes, le mépris qu’ils avoient pour Tlaſcala. Avec cet orgueil national, le plus aveugle qui fut jamais, ils auraient eu pour Athènes le mépris qu’ils avaient pour Tlascala. 0.63636363636363640.36363636363636365
736Ils auroient traité les Chinois comme des bêtes ; & par-tout ils auroient outragé, opprimé, dévaſté.Ils auraient traité les Chinois comme des bêtes ; et partout ils auraient outragé, opprimé, dévasté.0.66666666666666660.33333333333333337
737Malgré cette manière de penser si hautaine et si dédaigneuse, les Espagnols prirent avec eux six mille soldats tlascalans, qui devaient les conduire et les appuyer.
738Malgré cette manière de penſer ſi hautaine & ſi dédaigneuſe, les Eſpagnols firent alliance avec les Tlaſcaltèques, qui leur donnèrent ſix mille ſoldats pour les conduire & les appuyer.
739Avec ce ſecours, Cortès s’avançoit vers Mexico, à travers un pays abondant, arroſé, couvert de bois, de champs cultivés, de villages & de jardins. Avec ce secours Cortez s’avançait vers Mexico, à travers un pays abondant, arrosé, couvert de bois, de champs cultivés, de villages et de jardins. 0.57894736842105270.42105263157894735
740La campagne étoit féconde en plantes inconnues à l’Europe. La campagne était féconde en plantes inconnues à l’Europe. 0.750.25
741On y voyoit une foule d’oiſeaux d’un plumage éclatant, des animaux d’eſpèces nouvelles. On y voyait une foule d’oiseaux d’un plumage éclatant, des animaux d’espèces nouvelles. 0.50.5
742La nature étoit différente d’elle-même, & n’en étoit que plus agréable & plus riche. La nature était différente d’elle-même, et n’en était que plus agréable et plus riche. 0.750.25
743Un air tempéré, des chaleurs continues, mais ſupportables , entretenoient la parure & la fécondité de la terre. Un air tempéré, des chaleurs continues, mais supportables , entretenaient la parure et la fécondité de la terre. 0.63636363636363640.36363636363636365
744On voyoit dans le même canton, des arbres couverts de fleurs, des arbres chargés de fruits. On voyait dans le même canton des arbres couverts de fleurs, des arbres chargés de fruits. 0.77777777777777780.2222222222222222
745On ſemoit dans un champ le grain qu’on moiſſonnoit dans l’autre.On semait dans un champ le grain qu’on moissonnait dans l’autre.0.50.5
746Les Eſpagnols ne parurent point ſenſibles à ce nouveau ſpectacle. Les Espagnols ne parurent point sensibles à ce nouveau spectacle. 0.333333333333333260.6666666666666667
747Tant de beautés ne les touchoient pas. Tant de beautés ne les touchaient pas. 0.50.5
748Ils voyoient l’or ſervir d’ornement dans les maiſons & dans les temples, embellir les armes des Mexicains, leurs meubles & leurs perſonnes ; ils ne voyoient que ce métal. Ils voyaient l’or servir d’ornemens dans les maisons et dans les temples, embellir les armes des Mexicains, leurs meubles et leurs personnes ; ils ne voyaient que ce métal. 0.43750.5625
749Semblables à ce Mammona dont parle Milton, qui dans le ciel oubliant la divinité même, avoit toujours les yeux fixés ſur le parvis qui étoit d’or.Semblables à cet Mammona dont parle Milton, qui, dans le ciel, oubliant la Divinité même, avait toujours les yeux fixés sur le parvis qui était d’or.0.70588235294117650.2941176470588235
750Montezuma, que ſes incertitudes, & peutêtre la crainte de commettre ſon ancienne gloire, avoient empêché d’attaquer les Eſpagnols à leur arrivée ; de ſe joindre depuis aux Tlaſcaltèques plus hardis que lui ; d’aſſaillir enfin des vainqueurs, fatigués de leurs propres triomphes : Montezuma, dont les mouvemens s’étoient réduits à détourner Cortès du deſſein de venir dans ſa capitale, prit le parti de l’y introduire lui-même. Montézuma, que ses incertitudes, et peut-être la crainte de commettre son ancienne gloire, avaient empêché d’attaquer les Espagnols à leur arrivée ; de se joindre depuis aux Tlascalans, plus hardis que lui ; d’assaillir enfin des vainqueurs fatigués de leurs propres triomphes ; Montézuma, dont les mouvemens s’étaient réduits à détourner Cortez du dessein de venir dans sa capitale, prit le parti de l’y introduire lui-même, mais après lui avoir tendu des piéges, dont le mieux ordonné coûta la vie à six mille Cholulans, malheureusement choisis pour être les instrumens des lâches vues de leur maître. 0.45762711864406780.5423728813559322
751Il commandoit à trente princes, dont pluſieurs pouvoient mettre ſur pied des armées. Il commandait à trente princes, dont plusieurs pouvaient mettre sur pied des armées. 0.45454545454545460.5454545454545454
752Ses richesses étaient considérables, et son pouvoir absolu.
753Il paraît que ses sujets avaient quelques connaissances et de l’industrie.
754Ses richeſſes étoient conſidérables, & ſon pouvoir abſolu.
755Il paroît que ſes ſujets avoient quelques connoiſſances & de l’induſtrie.
756Ce peuple étoit guerrier & rempli d’honneur.Le peuple était guerrier et rempli d’honneur.0.66666666666666660.33333333333333337
757Si l’empereur du Mexique eût ſu faire uſage de ces moyens, ſon trône eût été inébranlable. Si l’empereur du Mexique eût su faire usage de ses moyens, son trône eût été inébranlable. 0.61538461538461540.3846153846153846
758Mais ce prince oubliant ce qu’il ſe devoit, ce qu’il devoit à ſa couronne, ne montra pas le moindre courage, la moindre intelligence. Mais ce prince, oubliant ce qu’il se devait, ce qu’il devait à sa couronne, ne montra pas le moindre courage, la moindre intelligence. 0.69230769230769230.3076923076923077
759Tandis qu’il pouvoit accabler les Eſpagnols de toute ſa puiſſance, malgré l’avantage de leur diſcipline & de leurs armes, il voulut employer contre eux la perfidie.Tandis qu’il pouvait accabler les Espagnols de toute sa puissance, malgré l’avantage de leur discipline et de leurs armes, il voulut employer contre eux la perfidie.0.50.5
760Il les comblait à Mexico de présens, d’égards, de caresses, et il faisait menacer Véra-Cruz.
761Sorti de la place avec une partie de sa garnison et quelques montagnards qui l’avaient joint, Escalante attaqua l’armée envoyée pour le combattre, et la mit en déroute.
762Sa victoire coûta cher.
763Il fut mortellement blessé, ainsi que sept de ses plus braves compagnons.
764Un d’entre eux tomba même vivant au pouvoir des fuyards, et on envoya sa tête à la capitale de l’empire pour détromper ceux qui persistaient à croire à l’immortalité des Espagnols.
765Cortez, instruit de ce triste événement par deux Tlascalans déguisés qui lui avaient été expédiés, en fit part à ceux de ses officiers en qui il avait placé sa confiance, et les invita à méditer profondément sur le parti qu’il convenait de prendre.
766Les uns pensèrent qu’il fallait demander un passe-port pour se retirer.
767Il parut à d’autres qu’il valait mieux s’éloigner secrètement pendant la nuit.
768Le plus grand nombre fut d’avis d’ignorer ce qui s’était passé, et d’attendre quelque circonstance favorable pour sortir de l’embarras où l’on se trouvait.
769Aucune de ces opinions ne se trouva à la hauteur des pensées du général.
770« Il ne doit, dit-il « d’un ton imposant, il ne doit appartenir qu’à « un coup du plus grand éclat de décider de notre « destinée.
771Nous irons, oui, nous irons arrêter « l’empereur jusque sur son trône, et le condui- « rons dans le quartier que nous occupons.
772C’est « la résolution la plus facile, la plus sûre, la plus « utile, la plus honorable à laquelle nous puis- « sions nous arrêter.
773Dans la crainte d’être poi- « gnardé, Montezuma ne fera point de résistance.
774« Le peuple étonné ne hasardera aucun mouve- « ment en sa faveur.
775L’importance de l’otage fera « notre sûreté.
776Sous son nom, nous deviendrons « les arbitres du gouvernement.
777L’idée déjà éta- « blie que nous sommes des êtres supérieurs au « reste du genre humain sera de plus en plus « confirmée.
778« Ce discours entraîna tous les suffrages, et les mesures pour le succès furent si habilement combinées, que tout se passa comme on l’avait prévu.
779A peine le souverain de tant de vastes états avait-il été ainsi dégradé, qu’il lui fallut livrer à ses geôliers ceux de ses lieutenans qui leur avaient fait la guerre.
780Un tribunal espagnol condamna ces malheureux aux flammes, et ils subirent leur sentence dans la capitale même de l’empire, aux yeux d’une multitude immense, saisie d’étonnement, d’effroi et d’horreur.
781Cortez, qui, avant cet acte d’insolence et de barbarie, avait fait charger l’empereur de chaînes, se rendit sans perdre un moment auprès de lui.
782Les imposteurs qui vous avaient accusé d’être le premier auteur de leur crime sont enfin punis, lui dit-il.
783Vous avez confondu la calomnie en vous soumettant à une mortification de quelques heures.
784Vos fers sont rompus, et vous rentrerez dans votre palais quand il vous plaira.
785L’offre ne fut pas acceptée, et celui qui la faisait avait pris des mesures sûres pour qu’on n’en profitât pas.
786Il restait à l’infortuné Montezuma une dernière humiliation à essuyer, et elle ne se fit pas attendre.
787L’ambition de ses oppresseurs était de le rendre vassal de la Castille.
788C’était une proposition délicate à faire.
789On lui fit insinuer par Marina que c’était le seul moyen de se debarrasser des orgueilleux étrangers qui l’abreuvaient de tant d’opprobres.
790Il se laissa prendre au piége.
791Lui-même offrit ce que vraisemblablement on n’aurait jamais osé lui demander.
792L’hommage de sa couronne fut fait avec une solennité qui pouvait le faire regarder comme un acte national ; et pour premier tribut, il livra tout l’or qui se trouvait dans ses trésors, tout celui que ses courtisans y purent joindre.
793Il les combloit à Mexico de préſens, d’égards, de careſſes, & il faiſoit attaquer la Vera-Crux, colonie que les Eſpagnols avoient fondée dans le lieu où ils avoient débarqué pour s’aſſurer une retraite, ou pour recevoir des ſecours.
794Il faut, dit Cortès à ſes compagnons, en leur apprenant cette nouvelle, il faut étonner ces barbares par une action d’éclat : j’ai réſolu d’arrêter l’empereur, & de me rendre maître de ſa perſonne.
795Ce deſſein fut approuvé.
796Auſſi-tôt, accompagné de ſes officiers, il marche au palais de Montezuma, & lui déclare qu’il faut le ſuivre, ou ſe réſoudre à périr.
797Ce prince, par une baſſeſſe égale à la témérité de ſes ennemis, ſe met entre leurs mains.
798Il eſt obligé de livrer au ſupplice les généraux qui n’avoient agi que par ſes ordres ; & il met le comble à ſon aviliſſement, en rendant hommage de ſa couronne au roi d’Eſpagne.
799Au milieu de ces ſuccès, on apprend que Narvaès vient d’arriver de Cuba avec huit cens fantaſſins, avec quatre-vingts chevaux, avec douze pièces de canon, pour prendre le commandement de l’armée & pour exercer des vengeances. Au milieu de ces succès, on apprend que Narvaès vient d’arriver de Cuba avec huit cents fantassins , avec quatre-vingts chevaux, avec douze pièces de canon, pour prendre le commandement de l’armée et pour exercer des vengeances. 0.71428571428571430.2857142857142857
800Ces forces étoient envoyées par Velaſquès, mécontent que des aventuriers partis ſous ſes auſpices euſſent renoncé à toute liaiſon avec lui, qu’ils ſe fuſſent déclarés indépendans de ſon autorité, & qu’ils euſſent envoyés des députés en Europe, pour obtenir la confirmation des pouvoirs qu’ils s’étoient arrogés eux-mêmes. Ces forces étaient envoyées par Vélasquez, mécontent que des aventuriers, partis sous ses auspices, eussent renoncé à toute liaison avec lui, qu’ils se fussent déclarés indépendans de son autorité, et qu’ils eussent envoyé des députés en Europe pour obtenir la confirmation des pouvoirs qu’ils s’étaient arrogés eux-mêmes. 0.51351351351351350.4864864864864865
801Quoique Cortès n’ait que deux cens cinquante hommes ; il marche à ſon rival ; il le combat, le fait priſonnier, oblige les vaincus à mettre bas les armes, puis les leur rend en leur propoſant de le ſuivre. Quoique Cortez n’ait que deux cent cinquante hommes, il marche à son rival : il le combat, le fait prisonnier, oblige les vaincus à mettre bas les armes, puis les leur rend en leur proposant de le suivre. 0.50.5
802Il gagne leur cœur par ſa confiance & ſa magnanimité. Il gagne leur cœur par sa confiance et sa magnanimité. 0.80.19999999999999996
803Ces ſoldats ſe rangent ſous ſes drapeaux ; & avec eux, il reprend, ſans perdre un moment, la route de Mexico où il n’avoit pu laiſſer que cent cinquante Eſpagnols qui, avec les Tlaſcaltèques gardoient étroitement l’empereur.Les soldats se rangent sous ses drapeaux, et avec eux il reprend, sans perdre un moment, la route de Mexico, où il n’avait pu laisser que cent cinquante Espagnols qui, avec les Tlascalans, gardaient étroitement l’empereur.0.407407407407407440.5925925925925926
804Il y avoit des mouvemens dans la nobleſſe Mexicaine, qui étoit indignée de la captivité de ſon prince ; & le zèle indiſcret des Eſpagnols, qui dans une fête publique en l’honneur des dieux du pays, renverſèrent les autels & maſſacrèrent les adorateurs & les prêtres, avoit fait prendre les armes au peuple.Il y avait des mouvemens dans la noblesse mexicaine, qui était indignée de la captivité de son prince ; et le zèle indiscret des Espagnols qui, dans une fête publique en l’honneur des dieux du pays, renversèrent les autels et massacrèrent les adorateurs et les prêtres, avait fait prendre les armes au peuple.0.531250.46875
805Les Mexicains avoient des ſuperſtitions barbares ; & leurs prêtres étoient des monſtres, qui faiſoient l’abus le plus affreux du culte abominable qu’ils avoient impoſé à la crédulité de la nation. Les Mexicains avaient des superstitions barbares, et leurs prêtres étaient des monstres qui faisaient l’abus le plus affreux du culte abominable qu’ils avaient imposé à la crédulité de la nation. 0.52380952380952380.47619047619047616
806Elle reconnoiſſoit, comme tous les peuples policés, un être ſuprême, une vie à venir, avec ſes peines & ſes récompenſes : mais ces dogmes ſublimes étoient mêlés d’abſurdités, qui les rendoient incroyables.Elle reconnaissait, comme tous les peuples policés, un être suprême, une vie à venir, avec ses peines et ses récompenses ; mais ces dogmes sublimes étaient mêlés d’absurdités qui les rendaient incroyables.0.40.6
807Dans la religion du Mexique, on attendoit la fin du monde à la fin de chaque ſiècle ; & cette année étoit dans l’empire un tems de deuil & de déſolation.Dans la religion du Mexique, on attendait la fin du monde à la fin de chaque siècle, et cette année était dans l’empire un temps de deuil et de désolation.0.44444444444444440.5555555555555556
808Les Mexicains invoquoient des puiſſances ſubalternes, comme les autres nations en ont invoquées, ſous le nom de génies, de camis, de manitous, d’anges, de fétiches. Les Mexicains invoquaient des puissances subalternes, comme les autres nations en ont invoqué sous le nom de génies, de camis, de manitous,d’anges, de fétiches. 0.333333333333333260.6666666666666667
809La moindre de ces divinités avoit ſes temples, ſes images, ſes fonctions, ſon autorité particulière, & toutes faiſoient des miracles.La moindre de ces divinités avait ses temples, ses images, ses fonctions, son autorité particulière, et toutes faisaient des miracles.0.66666666666666660.33333333333333337
810Ils avaient une eau sacrée dont on faisait des aspersions.
811Ils avoient une eau ſacrée dont on faiſoit des aſperſions.
812On en faiſoit boire à l’empereur. On en faisait boire à l’empereur. 0.60.4
813Les pélerinages, les proceſſions, les dons faits aux prêtres, étoient de bonnes œuvres.Les pèlerinages, les processions, les dons faits aux prêtres étaient de bonnes œuvres.0.60.4
814On connoiſſoit chez eux des expiations, des pénitences, des macérations, des jeûnes.On connaissait chez eux des expiations, des pénitences, des macérations, des jeûnes.0.66666666666666660.33333333333333337
815Quelques-unes de leurs ſuperſtitions leur étoient particulières. Quelques-unes de leurs superstitions leur étaient particulières. 0.333333333333333260.6666666666666667
816Tous les ans ils choisissaient un esclave.
817On l’enfermait dans le temple ; on l’adorait ; on l’encensait, et on finissait par l’égorger en cérémonie.
818Tous les ans ils choiſiſſoient un eſclave.
819On l’enfermoit dans le temple, on l’adoroit, on l’encenſoit, on l’invoquoit, & on finiſſoit par l’égorger en cérémonie.
820Voici encore une ſuperſtition qu’on ne trouvoit pas ailleurs. Voici encore une superstition qu’on ne trouvait pas ailleurs. 0.333333333333333260.6666666666666667
821Les prêtres pétriſſoient en certains jours une ſtatue de pâte qu’ils faiſoient cuire. Les prêtres pétrissaient en certains jours une statue de pâte qu’ils faisaient cuire. 0.50.5
822Ils la plaçoient ſur l’autel, où elle devenoit un dieu.
823Ce jour-là, une foule innombrable de peuple, ſe rendoit dans le temple. Ce jour-là une foule innombrable de peuple se rendait dans le temple. 0.6250.375
824Les prêtres découpaient la statue ; ils en donnaient un morceau à chacun des assistans, qui le mangeait, et se croyait sanctifié après avoir mangé son dieu.
825Les prêtres découpoient la ſtatue.
826Ils en donnoient un morceau à chacun des aſſiſtans, qui le mangeoit, & ſe croyoit ſanctifié après avoir mangé ſon dieu.
827Il vaut mieux manger des dieux que des hommes : mais les Mexicains immoloient auſſi des priſonniers de guerre dans le temple du dieu des batailles. Il vaut mieux manger des dieux que des hommes ; mais les Mexicains immolaient aussi des prisonniers de guerre dans le temple du dieu des batailles. 0.66666666666666660.33333333333333337
828Les prêtres, dit-on, mangeoient enſuite ces priſonniers, & en envoyoient des morceaux à l’empereur & aux principaux ſeigneurs de l’empire.Les prêtres, dit-on, mangeaient ensuite ces prisonniers, et en envoyaient des morceaux à l’empereur et aux principaux seigneurs de l’empire.0.41176470588235290.5882352941176471
829Quand la paix avoit duré quelque tems, les prêtres faiſoient dire à l’empereur que les dieux avoient faim ; & dans la ſeule vue de faire des priſonniers, on recommençoit la guerre.Quand la paix avait duré quelque temps, les prêtres faisaient dire à l’empereur que les dieux avaient faim ; et, dans la seule vue de faire des prisonniers, on recommençait la guerre.0.476190476190476160.5238095238095238
830A tous égards, cette religion étoit atroce & terrible. A tous égards, cette religion était atroce et terrible ; toutes ses cérémonies étaient lugubres et sanglantes. 0.40.6
831Elle tenait sans cesse l’homme dans la crainte.
832Toutes ſes cérémonies étoient lugubres & ſanglantes.
833Elle tenoit ſans ceſſe l’homme dans la crainte.
834Elle devoit rendre les hommes inhumains, & les prêtres toutpuiſſans.Elle devait rendre les hommes inhumains, et les prêtres tout-puissans.0.42857142857142860.5714285714285714
835On ne peut faire un crime aux Eſpagnols d’avoir été révoltés de ces abſurdes barbaries : mais il ne falloit pas les détruire par de plus grandes cruautés ; il ne falloit pas ſe jetter ſur le peuple aſſemblé dans le premier temple de la ville, & l’égorger ; il ne falloit pas aſſaſſiner les nobles pour les dépouiller.On ne peut faire un crime aux Espagnols d’avoir été révoltés de ces absurdes barbaries ; mais il ne fallait pas les détruire par de plus grandes cruautés ; il ne fallait pas se jeter sur le peuple assemblé dans le premier temple de la ville, et l’égorger ; il ne fallait pas assassiner les nobles pour les dépouiller.0.51724137931034490.48275862068965514
836Ces barbaries mirent les armes à la main des Mexicains, et occasionnèrent plusieurs combats plus ou moins sanglans.
837La nouvelle en était parvenue à Cortez ; et quand même il n’en aurait pas été instruit, ce qu’il remarqua sur sa route, ce qu’il aperçut au voisinage de la capitale lui en aurait fait naître le soupçon.
838Tout lui faisait craindre de trouver impraticable l’entrée de la ville, et que, pour l’empêcher d’y arriver, on n’eût rompu les digues qui y conduisaient.
839Si cette précaution d’une exécution facile n’eut pas lieu, ce fut vraisemblablement dans l’espoir d’exterminer à la fois tous les ennemis de la religion et de l’empire.
840Ainsi l’armée, victorieuse de Narvaés, put regagner sans obstacle le poste qu’elle occupait avant son départ.
841Cortès à ſon retour à Mexico, trouva les ſiens aſſiégés dans le quartier où il les avoit laiſſés.
842C’étoit un eſpace aſſez vaſte pour contenir les Eſpagnols & leurs alliés, & entouré d’un mur épais, avec des tours placées de diſtance en diſtance. C’était un espace assez vaste pour contenir les Espagnols et leurs alliés, et entouré d’un mur épais avec des tours placées de distance en distance. 0.421052631578947350.5789473684210527
843On y avoit diſpoſé l’artillerie le mieux qu’il avoit été poſſible ; & le ſervice s’y étoit toujours fait avec autant de régularité & de vigilance que dans une place aſſiégée ou dans le camp le plus expoſé. On y avait disposé l’artillerie du mieux qu’il avait été possible ; et le service s’y était toujours fait avec autant de régularité et de vigilance que dans une place assiégée ou dans le camp le plus exposé. 0.42857142857142860.5714285714285714
844Jamais ni le jour ni la nuit aucun officier, aucun soldat n’avait quitté sa pesante armure ; et cette sévère discipline continua tout le temps qu’on put rester dans la ville.
845A peine les Espagnols commençaient à se réjouir de leur réunion, que leur quartier fut attaqué de tous les côtés.
846Les assaillans étaient en grand nombre, et tous transportés d’une rage égale.
847Vainement l’artillerie abattait-elle des rangs entiers ; ceux qui suivaient remplissaient à l’instant le vide, et étaient eux-mêmes bientôt remplacés par ceux qui avaient moins souffert.
848Cet emportement se soutint du matin au soir.
849Un succès complet paraissait devoir le couronner.
850Déjà le feu avait pris à quelques ouvrages, et d’autres étaient assez endommagés pour ne pas laisser craindre une grande résistance.
851Heureusement pour les assiégés, l’usage où étaient les naturels du pays de ne jamais combattre durant les ténèbres les décida à se retirer à l’entrée de la nuit.
852Cortez était trop éclairé pour ne pas comprendre qu’une guerre défensive ne convenait pas à sa situation.
853Aussi ne tarda-t-il pas à ordonner ou à conduire lui-même des sorties vigoureuses.
854Elles étaient heureuses et très-heureuses partout où ses troupes pouvaient manœuvrer et faire usage de leurs arquebuses.
855Mais aussitôt qu’il leur fallait poursuivre dans les rues ceux des Mexicains qui avaient échappé au carnage, des flèches et des pierres lancées du haut des maisons les empêchaient de recueillir aucun fruit durable de leurs victoires.
856Rarement rentraient-elles dans leurs retranchemens sans avoir essuyé quelque perte.
857Dans une action seule elles laissèrent douze de leurs plus intrépides guerriers sur le champ de bataille, et en ramenèrent soixante de blessés.
858La résolution où paraissaient être et où étaient en effet les Mexicains de répandre jusqu’à la dernière goutte de leur sang plutôt que de souffrir plus long-temps la tyrannie d’un petit nombre d’insolens étrangers, fit juger aux Espagnols qu’ils périraient infailliblement les uns après les autres, s’ils s’opiniâtraient à rester dans la capitale.
859La difficulté était d’en sortir sans perdre leur réputation et sans risquer leur vie.
860Dans la vue de sauver l’une et l’autre, ils annoncèrent à Montézuma que, l’objet pour lequel ils avaient été envoyés étant rempli, il ne leur restait que d’aller rendre compte à leur souverain du succès de leur ambassade.
861La valeur qu’on nous connaît, ajoutèrent-ils, serait plus que suffisante pour assurer notre retraite ; mais il ne nous convient pas de quitter le pays en ennemis.
862Instruisez vos peuples de nos volontés, et que l’exécution n’en soit pas troublée.
863L’empereur trouva l’ouverture qui lui était faite favorable à ses intérêts et dans les principes d’une justice exacte.
864Aussi ne balançat-il pas à se porter pour arbitre entre ses sujets et ses oppresseurs.
865De bons observateurs doutèrent de l’issue de sa médiation, et voici pourquoi.
866Lorsque ce prince était tombé au pouvoir des Espagnols, il avait assuré sa cour que c’était pour s’instruire des mœurs et des usages des régions orientales d’où ces hommes extraordinaires étaient arrivés, qu’il se rendait librement dans celui de ses palais qu’il leur avait assigné pour demeure.
867Tout ce qui se passa depuis parut confirmer la vérité de ses premières paroles.
868Ses officiers lui rendaient leurs services ordinaires.
869Il travaillait avec ses ministres.
870Les conseils se tenaient régulièrement.
871Aucune place civile ou militaire ne restait vacante.
872La marche du gouvernement était toujours la même.
873Le chef de l’état visitait les temples, allait à la chasse, ne montrait aucune inquiétude.
874Les Castillans qui formaient sa garde recevaient ses ordres, et leur général paraissait lui-même plus respectueux et plus soumis qu’aucun des siens.
875Ces apparences ne trompaient pas les gens éclairés ; mais ils se taisaient.
876En parlant, ils auraient craint de se rendre odieux aux Européens, qui alors disposaient de tout, et d’offenser leur maître, qui n’aurait pas pardonné qu’on l’eût jugé capable d’avoir avili la dignité de sa couronne.
877La multitude fut long-temps abusée.
878Ses murmures commencèrent avec ses soupçons.
879On la vit se porter aux dernières violences aussitôt qu’il ne lui fut plus possible de douter de l’humiliation de son souverain.
880Elle allait livrer un nouvel assaut à l’instant même où Montézuma, avec toute la pompe qui, dans les grandes occasions, entourait le trône, se présenta sur les murailles pour parler.
881A sa vue on se prosterne.
882Un silence profond succède à des cris tumultueux.
883Les armes tombent de toutes les mains.
884A peine les plus échauffés se permettent-ils de respirer.
885Mais la fureur, un moment suspendue, ne tarde pas à se ranimer.
886Des traits sans nombre sont lancés sur un ancien objet d’idolâtrie devenu celui d’un mépris universel.
887Atteint par deux flèches et par une pierre, l’infortuné monarque tombe privé de tout sentiment.
888Ce spectacle glace d’effroi les timides Mexicains.
889Une terreur panique les saisit.
890Ils s’éloignent en tumulte, comme si la fuite devait les soustraire au courroux du ciel, qu’ils s’imaginent avoir provoqué en versant le sang de leur souverain.
891D’autres pensées occupent les Espagnols.
892Comme leur sort paraît attaché à la conservation de Montézuma, ils ne négligent aucun des remèdes, aucune des consolations qui peuvent contribuer à sa guérison.
893Tant de soins deviennent inutiles.
894On a le chagrin de lui voir repousser les alimens qui lui sont offerts, de lui voir déchirer l’appareil mis sur ses blessures.
895Il expire enfin le troisième jour, après avoir rejeté avec horreur la religion de l’Europe, et après avoir, dit-on, fait promettre à ses geôliers qu’ils le vengeraient de ses assassins.
896Soit remords, soit crainte, les peuples étaient restés dans une inaction entière tout le temps que l’état de leur empereur les avait tenus dans l’incertitude.
897Sa mort les tira de cette espèce de langueur.
898Ils lui rendirent les honneurs funèbres, ils lui donnèrent un successeur, et recommencèrent les hostilités.
899Leur plus grande espérance était fondée sur la tour d’un temple qui dominait le quartier de leur ennemi, et où ils avaient rassemblé ce qu’il fallait de troupes, d’armes, et de vivres pour faire une longue résistance.
900Cortez, qui se vit perdu, s’il ne se rendait maître d’un poste d’où l’on pouvait incendier ceux qu’il occupait, le fit attaquer sans délai par ce qu’il avait de meilleurs soldats.
901Les voyant repoussés jusqu’à trois fois, il se mit lui-même à leur tête, et bientôt tous les obstacles furent surmontés.
902Mais ce succès l’exposa à un des plus grands dangers qu’il eût jamais courus.
903Deux jeunes Mexicains vinrent à lui comme déserteurs.
904Ils mirent un genou en terre en supplians, le saisirent, et s’élancèrent, comptant le faire périr en l’entraînant avec eux.
905Sa force ou son adresse le débarrassèrent de leurs mains, et ils devinrent les victimes d’une entreprise généreuse et inutile.
906Les Espagnols tirèrent de leur victoire tous les avantages qu’ils avaient pu s’en promettre.
907La brave garnison qu’ils avaient eue à combattre avait été massacrée.
908Les subsistances assemblées pour soutenir un siége étaient passées dans leurs magasins.
909Il ne restait pas pierre sur pierre à l’édifice qui leur avait causé tant d’alarmes.
910Cependant leur position n’était que peu améliorée, et tout leur faisait craindre qu’elle ne devînt bientôt plus fâcheuse.
911Pour en sortir, ils se résolurent à une retraite pour laquelle ils avaient jusqu’alors montré une répugnance invincible ; mais cette espèce de fuite ne convenait pas au nouvel empereur.
912Il craignit que ces étrangers, aussi adroits qu’intrépides, n’allassent soulever des provinces peu affectionnées, ne fussent joints à Tlascala par de nombreuses cohortes, ne reçussent même à travers les mers de puissans renforts de leur patrie, et que l’état ne se trouvât engagé dans une guerre plus désastreuse que celle qui le tourmentait.
913Ces réflexions le décidèrent à faire périr par la faim des ennemis qu’on n’avait pu vaincre ; et il ordonna que tous les passages par où les vivres pourraient leur arriver fussent ou rompus, ou sévèrement gardés.
914Instruits des mesures qu’on prenait contre eux, les Espagnols comprirent que leur ruine était assurée pour peu que leur départ souffrît de retardement.
915L’orgueil national aurait exigé qu’on se mît en marche en plein jour ; mais la nuit fut préférée, parce que l’expérience avait appris que les Mexicains ne se battaient jamais dans les ténèbres.
916L’armée avançait sans avoir trouvé d’obstacle, lorsque la digue qui lui servait de chemin se trouva coupée.
917Un pont-volant, préparé contre cet accident, fut aussitôt jeté.
918Il ne se trouva pas assez solide pour porter l’artillerie, les chevaux, le bagage, et fut enfoncé par leur poids.
919Dans le temps qu’on était occupé à le dégager pour s’en servir ailleurs, les naturels, qui avaient observé en silence les mouvemens de leur ennemi, s’élevant au-dessus de leurs superstitions, fondirent avec fureur sur son arrière-garde, tandis que d’autres naturels, s’élançant de leurs canots sur la chaussée, attaquaient non moins vivement son corps de bataille et son avant-garde.
920Une obscurité profonde enveloppait tous les combattans.
921Chacun d’eux pouvait douter si ce n’était pas un ami que ses traits allaient percer, si ce n’était pas d’un ami qu’il recevait la mort.
922La terre était jonchée de cadavres, les flots étaient teints de sang, qu’on s’arrachait encore les entrailles.
923Le général ne pénétra dans cette eſpèce de fortereſſe qu’après avoir ſurmonté beaucoup de difficultés ; & quand il y fut enfin parvenu les dangers continuoient encore.
924L’acharnement des naturels du pays étoit tel qu’ils haſardoient de pénétrer par les embrâſures du canon, dans l’aſyle qu’ils vouloient forcer.
925Pour ſe tirer d’une ſituation ſi déſeſpérée, les Eſpagnols ont recours à des ſorties.
926Elles ſont heureuſes, ſans être déciſives.
927Les Mexicains montrent un courage extraordinaire.
928Ils ſe dévouent gaiement à une mort certaine.
929On les voit ſe précipiter nus & ſans défenſe dans les rangs de leurs ennemis pour rendre leurs armes inutiles ou pour les leur arracher.
930Tous veulent périr pour délivrer leur patrie de ces étrangers qui prétendoient y régner.
931Le combat le plus ſanglant ſe donne ſur une élévation dont les Américains s’étoient emparés, & d’où ils accabloient de traits plus ou moins meurtriers tout ce qui ſe préſentoit.
932La troupe chargée de les déloger eſt trois fois repouſſée.
933Cortès s’indigne de cette réſiſtance, & quoiqu’aſſez griévement bleſſé veut ſe charger lui-même de l’attaque.
934A peine eſtil en poſſeſſion de ce poſte important, que deux jeunes Mexicains jettent leurs armes & viennent à lui comme déſerteurs.
935Ils mettent un genou à terre, dans la poſture de ſupplians, le ſaiſiſſent & s’élancent avec une extrême vivacité dans l’eſpérance de le faire périr, en l’entraînant avec eux.
936Sa force ou ſon adreſſe le débarraſſent de leurs mains, & ils meurent victimes d’une entrepriſe généreuſe & inutile.
937Cette action, mille autres d’une vigueur pareille, font deſirer aux Eſpagnols qu’on puiſſe trouver des moyens de conciliation.
938Montezuma, toujours priſonnier, conſent à devenir l’inſtrument de l’eſclavage de ſon peuple, & il ſe montre, avec tout l’appareil du trône, ſur la muraille pour engager ſes ſujets à ceſſer les hoſtilités.
939Leur indignation lui apprend que ſon règne eſt fini ; & les traits qu’ils lui lancent le percent d’un coup mortel.
940Un nouvel ordre de choſes ſuit de près cet événement tragique.
941Les Mexicains voient à la fin que leur plan de défenſe, que leur plan d’attaque ſont également mauvais ; & ils ſe bornent à couper les vivres à un ennemi que la ſupériorité de ſa diſcipline & de ſes armes rend invincible.
942Cortès ne s’apperçoit pas plutôt de ce changement de ſyſtême, qu’il penſe à ſe retirer chez les Tlaſcaltèques.
943L’exécution de ce projet exigeoit une grande célérité, un ſecret impénétrable, des meſures bien combinées.
944On ſe met en marche vers le milieu de la nuit.
945L’armée défiloit en ſilence & en ordre ſur une digue, lorſque ſon arrière-garde fut attaquée avec impétuoſité par un corps nombreux, & ſes flancs par des canots diſtribués aux deux côtés de la chauſſée.
946Si les Mexicains, qui avoient plus de forces qu’ils n’en pouvoient faire agir, euſſent eu la précaution de jetter des troupes à l’extrémité des ponts qu’ils avoient ſagement rompus, les Eſpagnols & leurs alliés auroient tous péri dans cette action ſanglante. Si les Américains, qui avaient plus de forces qu’ils n’en pouvaient faire agir, avaient eu la précaution de jeter des troupes à l’extrémité des ponts qu’ils avaient rompus, les Européens et leurs alliés auraient tous vraisemblablement péri dans cette journée mémorable. 0.433333333333333350.5666666666666667
947Leur bonheur voulut que leur ennemi ne ſût pas profiter de tous ſes avantages ; & ils arrivèrent enfin ſur les bords du lac, après des dangers & des fatigues incroyables. Leur bonheur voulut que leur ennemi ne sût pas profiter de tous ses avantages, et ils arrivèrent enfin sur les bords du lac après des dangers et des fatigues incroyables. 0.750.25
948Le désordre où ils étaient les exposait encore à une entière destruction.
949Le déſordre où ils étoient, les expoſoit encore à une défaite entière.
950Une nouvelle faute vint à leur ſecours.Une nouvelle faute vint à leur secours.0.66666666666666660.33333333333333337
951L’aurore permit à peine aux Mexicains de découvrir le champ de bataille dont ils étoient reſtés les maîtres, qu’ils apperçurent parmi les morts un fils & deux filles de Montezuma, que les Eſpagnols emmenoient avec quelques autres priſonniers. L’aurore permit à peine aux Mexicains de découvrir le champ de bataille dont ils étaient restés les maîtres, qu’ils aperçurent parmi les morts un fils et deux filles de Montezuma, que les Espagnols emmenaient avec quelques prisonniers. 0.53846153846153840.46153846153846156
952Ce ſpectacle les glaça d’effroi. Ce spectacle les glaça d’effroi. 0.50.5
953L’idée d’avoir maſſacré les enfans après avoir immolé le père, étoit trop forte, pour que des ames foibles & énervées par l’habitude d’une obéiſſance aveugle, puſſent la ſoutenir. L’idée d’avoir massacré les enfans après avoir immolé le père était trop forte pour que des âmes faibles et énervées par l’habitude d’une obéissance aveugle pussent la soutenir. 0.50.5
954Ils craignirent de joindre l’impiété au régicide ; & ils donnèrent à de vaines cérémonies funèbres, un tems qu’ils devoient au ſalut de leur patrie.Ils craignirent de joindre l’impiété au régicide ; et ils donnèrent à de vaines funérailles un temps qui pouvait et devait être plus utilement employé.0.350.65
955Durant cet intervalle, l’armée battue qui avoit perdu ſon artillerie, ſes munitions, ſes bagages, ſon butin, cinq ou ſix cens Eſpagnols, deux mille Tlaſcaltèques, & à laquelle il ne reſtoit preſque pas un ſoldat qui ne fût bleſſé, ſe remettoit en marche. Durant cet intervalle, l’armée battue, qui avait perdu son artillerie, ses munitions, ses bagages, son butin, cinq ou six cents Espagnols, deux mille Tlascalans, et à laquelle il ne restait presque pas un soldat qui ne fût blessé, se remettait en marche. 0.343750.65625
956On ne tarda pas à la pourſuivre, à la harceler, à l’envelopper enfin dans la vallée d’Otumba. On ne tarda pas à la poursuivre, à la harceler, à l’envelopper enfin dans la vallée d’Otumba. 0.750.25
957Le feu du canon & de la mouſqueterie, le fer des lances, & des épées n’empêchoient pas les Indiens, tout nus qu’ils étoient, d’approcher, & de ſe jetter ſur leurs ennemis avec une grande animoſité. Le feu du canon et de la mousqueterie, le fer des lances et des épées, n’empèchaient pas les Indiens, tout nus qu’ils étaient, d’approcher, et de se jeter sur leurs ennemis avec une grande animosité. 0.47826086956521740.5217391304347826
958La valeur alloit céder au nombre, lorſque Cortès décida de la fortune de cette journée. La valeur allait céder au nombre lorsque Cortez décida de la fortune de cette journée. 0.50.5
959Il avoit entendu dire que dans cette partie du Nouveau-Monde, le ſort des batailles dépendoit de l’étendard royal. Il avait entendu dire que dans cette partie du Nouveau - Monde le sort des batailles dépendait de l’étendard royal. 0.416666666666666740.5833333333333333
960Ce drapeau, dont la forme étoit remarquable, & qu’on ne mettoit en campagne que dans les occaſions les plus importantes, étoit aſſez près de lui. Ce drapeau, dont la forme était remarquable, et qu’on ne mettait en campagne que dans les occasions les plus importantes, était assez près de lui. 0.53333333333333330.4666666666666667
961Il s’élance avec ſes plus braves compagnons, pour le prendre. Il s’élance avec ses plus braves compagnons pour le prendre ; l’un d’eux le saisit et l’emporte dans les rangs des Espagnols. 0.363636363636363650.6363636363636364
962L’un d’eux le ſaiſit & l’emporte dans les rangs des Eſpagnols.
963Les Mexicains perdent courage ; ils prennent la fuite en jettant leurs armes. Les Mexicains perdent courage ; ils prennent la fuite en jetant leurs armes. 0.750.25
964Cortez poursuit sa marche sans obstacle, et arrive chez les Tlascalans, où la victoire qu’il venait de remporter avait fait oublier les disgrâces qui l’avaient précédée.
965Cortès pourſuit ſa marche, & arrive ſans obſtacle chez les Tlaſcaltèques.
966Il n’avoit perdu ni le deſſein, ni l’eſpérance de ſoumettre l’empire du Mexique ; mais il avoit fait un nouveau plan. Il n’avait perdu ni le dessein, ni l’espérance de soumettre l’empire du Mexique ; mais il avait fait un nouveau plan. 0.30769230769230770.6923076923076923
967Il vouloit ſe ſervir d’une partie des peuples, pour aſſujettir l’autre. Il voulait se servir d’une partie des peuples pour assujettir l’autre. 0.363636363636363650.6363636363636364
968La forme du gouvernement, la diſpoſition des eſprits, la ſituation de Mexico, favoriſoient ce projet, & les moyens de l’exécuter.La forme du gouvernement, la disposition des esprits, la situation de Mexico, favorisaient ce projet et les moyens de l’exécuter.0.42857142857142860.5714285714285714
969L’empire étoit électif, & quelques rois ou caciques étoient les électeurs. L’empire était électif, et quelques rois ou caciques étaient les électeurs. 0.55555555555555560.4444444444444444
970Ils choisissaient d’ordinaire un d’entre eux.
971Ils choiſiſſoient d’ordinaire un d’entr’eux.
972On lui faiſoit jurer que tout le tems qu’il ſeroit ſur le trône, les pluies tomberoient à propos, les rivières ne cauſeroient point de ravages, les campagnes n’éprouveroient point de ſtérilité, les hommes ne périroient point par les influences malignes d’un air contagieux. On lui faisait jurer que tout le temps qu’il resterait sur le trône les pluies tomberaient à propos, les rivières ne causeraient point de ravages, les campagnes n’éprouveraient point de stérilité, les hommes ne périraient point par les influences malignes d’un air contagieux. 0.484848484848484860.5151515151515151
973Cet uſage pouvoit tenir au gouvernement théocratique, dont on trouve encore des traces dans preſque toutes les nations de l’univers. Cet usage pouvait tenir au gouvernement théocratique, dont on trouve encore des traces dans presque toutes les nations de l’univers. 0.54545454545454540.4545454545454546
974Peutêtre auſſi le but de ce ſerment bizarre étoit-il de faire entendre au nouveau ſouverain, que les malheurs d’un état venant preſque toujours des déſordres de l’adminiſtration, il devoit régner avec tant de modération & de ſageſſe, qu’on ne pût jamais regarder les calamités publiques comme l’effet de ſon imprudence, ou comme une juſte punition de ſes déréglemens.Peut-être aussi le but de ce serment bizarre était-il de faire entendre au nouveau souverain que, les malheurs d’un état venant presque toujours des désordres de l’administration, il devait régner avec tant de modération et de sagesse, qu’on ne pût jamais regarder les calamités publiques comme l’effet de son imprudence, ou comme une juste punition de ses dérèglemens.0.50.5
975On avoit fait les plus belles loix pour obliger à ne donner la couronne qu’au mérite : mais la ſuperſtition donnoit aux prêtres une grande influence dans les élections.On avait fait les plus belles lois pour obliger à ne donner la couronne qu’au mérite ; mais la superstition donnait aux prêtres une grande influence dans les élections.0.61111111111111120.38888888888888884
976Dès que l’empereur étoit inſtallé, il étoit obligé de faire la guerre, & d’amener des priſonniers aux dieux. Dès que l’empereur était installé, il était obligé de faire la guerre et d’amener des prisonniers aux dieux. 0.53846153846153840.46153846153846156
977Ce prince, quoique électif, étoit fort abſolu, parce qu’il n’y avoit point de loix écrites, & qu’il pouvoit changer les uſages reçus.Ce prince, quoique électif, était fort absolu, parce qu’il n’y avait point de lois écrites, et qu’il pouvait changer les usages reçus.0.47368421052631570.5263157894736843
978Preſque toutes les formes de la juſtice & les étiquettes de la cour étoient conſacrées par la religion.Presque toutes les formes de la justice et les étiquettes de la cour étaient consacrées par la religion.0.333333333333333260.6666666666666667
979Les lois punissaient les crimes qui se punissent partout ; mais les prêtres sauvaient souvent les criminels.
980Les loix puniſſoient les crimes qui ſe puniſſent par-tout : mais les prêtres ſauvoient ſouvent les criminels.
981Il y avoit deux loix propres à faire périr bien des innocens, & qui devoient appeſantir ſur les Mexicains le double joug du deſpotiſme & de la ſuperſtition. Il y avait deux lois propres à faire périr bien des innocens, et qui devaient appesantir sur les Mexicains le double joug du despotisme et de la superstition. 0.40.6
982Elles condamnoient à mort ceux qui auroient bleſſé la ſainteté de la religion, & ceux qui auroient bleſſé la majeſté du prince. Elles condamnaient à mort ceux qui auraient blessé la sainteté de la religion, et ceux qui auraient blessé la majesté du prince. 0.30769230769230770.6923076923076923
983On voit combien des loix ſi peu préciſes facilitoient les vengeances particulières, ou les vues intéreſſées des prêtres & des courtiſans.On voit combien des lois si peu précises facilitaient les vengeances particulières, ou les vues intéressées des prêtres et des courtisans.0.31250.6875
984On ne parvenoit à la nobleſſe, & les nobles ne parvenoient aux dignités que par des preuves de courage, de piété & de patience. On ne parvenait à la noblesse, et les nobles ne parvenaient aux dignités que par des preuves de courage, de piété et de patience. 0.53846153846153840.46153846153846156
985On faiſoit dans les temples un noviciat plus pénible que dans les armées ; & enſuite, ces nobles auxquels il en avoit tant coûté pour l’être, ſe dévouoient aux fonctions les plus viles dans le palais des empereurs.On faisait dans les temples un noviciat plus pénible que dans les armées ; et ensuite ces nobles, auxquels il en avait tant coûté pour l’être, se dévouaient aux fonctions les plus viles dans le palais des empereurs.0.57894736842105270.42105263157894735
986Cortez pensa que dans la multitude des vassaux du Mexique il y en aurait qui secoueraient volontiers le joug, et s’associeraient aux Espagnols.
987Cortès penſa que dans la multitude des vaiſſaux du Mexique, il y en auroit qui ſecoueroient volontiers le joug, & s’aſſocieroient aux Eſpagnols.
988Il avoit vu combien les Mexicains étoient haïs des petites nations dépendantes de leur empire, & combien les empereurs faiſoient ſentir durement leur puiſſance.Il avait vu combien les Mexicains étaient haïs des petites nations dépendantes de leur empire, et combien les empereurs faisaient sentir durement leur puissance.0.50.5
989Il s’étoit apperçu que la plupart des provinces déteſtoient la religion de la capitale, & que dans Mexico même, les grands, les hommes riches, dans qui l’eſprit de ſociété diminuoit la férocité des préjugés & des mœurs du peuple, n’avoient plus que de l’indifférence pour cette religion. Il s’était aperçu que la plupart des provinces détestaient la religion de la capitale, et que, dans Mexico même, les grands, les hommes riches, dans qui l’esprit de société diminuait la férocité des préjugés et des mœurs du peuple, n’avaient plus que de l’indifférence pour cette religion. 0.46428571428571430.5357142857142857
990Pluſieurs d’entre les nobles étoient révoltés d’exercer les emplois les plus humilians auprès de leurs maîtres.Plusieurs d’entre les nobles étaient révoltés d’exercer les emplois les plus humilians auprès de leurs maîtres.0.72727272727272730.2727272727272727
991Depuis six mois Cortez nourrissait en silence ses grands projets, lorsqu’il pensa que le temps était venu de sortir de sa retraite.
992Depuis ſix mois, Cortès mûriſſoit, en ſilence, ſes grands projets, lorſqu’on le vit ſortir de ſa retraite, ſuivi de cinq cens quatrevingt-dix Eſpagnols, de dix mille Tlaſcaltèques, de quelques autres Indiens, amenant quarante chevaux & traînant huit ou neuf pièces de campagne.
993Sa marche vers le centre des états Mexicains fut facile & rapide. Sa marche vers le centre de l’empire du Mexique fut facile et rapide. 0.50.5
994Les petites nations, qui auroient pu la retarder ou l’embarraſſer, furent toutes aiſément ſubjuguées, ou ſe donnèrent librement à lui. Les petites nations qui auraient pu la retarder ou l’embarrasser furent toutes aisément subjuguées ou se donnèrent librement à lui. 0.46666666666666670.5333333333333333
995Plusieurs peuplades qui occupaient les environs de la capitale furent également forcées de subir ses lois, ou se soumirent d’elles-mêmes.
996Ces premiers succès auraient dû, ce semble, ouvrir tous les cœurs à l’espérance.
997Pluſieurs des peuplades qui occupoient les environs de la capitale de l’empire, furent auſſi forcées de ſubir ſes loix ou s’y ſoumirent d’elles-mêmes.
998Des ſuccès propres à étonner, même les plus préſomptueux, auroient dû naturellement livrer tous les cœurs au chef intrépide & prévoyant dont ils étoient l’ouvrage.
999Il n’en fut pas ainſi. Il n’en fut pas ainsi. 0.333333333333333260.6666666666666667
1000Parmi les soldats espagnols il s’en trouvait un assez grand nombre qui avaient trop bien conservé le souvenir des dangers auxquels ils avaient si difficilement échappé.
1001La crainte de ceux qu’il fallait courir encore les précipita dans le plus noir de tous les complots.
1002Ils convinrent entre eux de massacrer leur général, et de déférer le commandement à un officier qui, abandonnant sans peine une entreprise dont un autre avait formé le plan, ne ferait aucune difficulté de les ramener au lieu où ils s’étaient embarqués.
1003Parmi ſes ſoldats Eſpagnols, il s’en trouvoit un aſſez grand nombre qui avoient trop bien conſervé le ſouvenir des dangers auxquels ils avoient ſi difficilement échappé.
1004La crainte de ceux qu’il falloit courir encore les rendit perfides.
1005Ils convinrent entre eux de maſſacrer leur général & de faire paſſer le commandement à un officier, qui, abandonnant des projets qui leur paroiſſoient extravagans, prendroit des meſures ſages pour leur conſervation.
1006La trahiſon alloit s’exécuter, quand le remords conduiſit un des conjurés aux pieds de Cortès. La trahison allait s’exécuter lorsque le remords conduisit un des conjurés aux pieds de Cortez. 0.333333333333333260.6666666666666667
1007Leur chef Villefagna fut aussitôt arrêté, et livré au dernier supplice, mais après qu’on lui eut arraché une liste exacte de ses complices.
1008Il s’agissait de dissiper les inquiétudes que cette découverte devait infailliblement causer.
1009On y réussit en publiant que le scélérat avait déchiré le papier qui contenait le nom des coupables, et emporté au tombeau le secret d’une association si honteuse et si criminelle.
1010Par cet heureux artifice furent conservés avec bienséance des hommes nécessaires, et qui, pour dissiper les défiances que leurs liaisons avaient pu faire naître, ne pouvaient manquer de redoubler de soumission et de courage.
1011Cet orage était à peine dissipé, qu’on vit s’en former un autre.
1012Xicotencatl, qui d’abord avait commandé l’armée de Tlascala, levée pour repousser les Espagnols, conduisait alors les troupes que la république s’était déterminée à mettre sous leurs drapeaux.
1013Soit ressentiment de ses anciennes défaites, soit quelque mécontentement nouveau, il résolut de ne pas concourir au succès d’une entreprise dont le succès lui paraissait devoir couvrir de gloire son vainqueur.
1014La douce voie de la persuasion fut en vain tentée pour le retenir au camp.
1015Le fier Américain n’en fut que plus affermi dans son projet de désertion.
1016Son audace se soutint à l’aspect même des forces envoyées pour le réduire ; et il ne cessa de combattre qu’en cessant de vivre.
1017A sa mort, le petit nombre de soldats de sa nation qu’il avait séduits rentrèrent dans le devoir, et leur conduite fut toujours depuis sans reproche.
1018L’oisiveté forcée où à cette époque languissait l’armée pouvait occasionner de nouveaux soulèvemens.
1019Les circonstances permirent, exigèrent même qu’on la tirât de son inaction.
1020Les observations qu’avait faites Cortez pendant son séjour à Mexico, les énormes pertes qu’il avait essuyées quand il en était sorti, tout l’avait convaincu que la prise de cette grande ville serait difficile, impossible peut-être, si l’on ne parvenait à se rendre maître des lacs qui en faisaient la force.
1021Mais comment acquérir cet empire ?
1022Le hasard voulut qu’il se trouvât parmi les aventuriers espagnols un homme en état de rendre un si important service.
1023Martin Lopez se chargea de construire des bâtimens tels qu’il les fallait, sans d’autres moyens que les voiles, les câbles, les ferremens conservés à la Véra-Cruz, que les bois qu’il lui fut permis d’abattre, que le secours de quatre ou cinq charpentiers mêlés dans les troupes, que les bras de quelques Indiens moins paresseux ou moins ineptes que les autres.
1024Au temps dont nous parlons, les matériaux, préparés à Tlascala, furent portés sous bonne escorte à Tezcuco, la seconde ville de l’empire, située sur les bords des lacs, et devenue toute espagnole.
1025De leur rassemblement sortirent treize brigantins qui permirent de commencer le siége.
1026Tout à Mexico était préparé pour une résistance opiniâtre.
1027Une alliance avec Tlascala avait paru à Quatlavaca, successeur immédiat de Montézuma, la plus sûre voie pour exterminer les Espagnols ; mais jamais il ne put obtenir de la république qu’elle se déclarât contre eux, ni même qu’elle se détachât de leurs intérêts.
1028Réduit aux moyens qui lui étaient propres, il n’en negligea aucun.
1029Les petites nations tributaires de l’empire n’éprouvèrent plus les hauteurs qui les avaient alienées.
1030L’on adoucit ou l’on supprima les impôts, sous lesquels les sujets succombaient.
1031La noblesse cessa d’être avilie par les plus vils offices.
1032L’accès auprès du trône devint facile à tous les ordres de la société.
1033Les fortifications détruites furent réparées, et de nouvelles mieux entendues s’élevèrent.
1034Les arsenaux se remplirent d’armes et les magasins de vivres.
1035La milice, plus nombreuse et plus régulièrement exercée, se forma aux évolutions.
1036Des poignards arrachés à l’ennemi dans des combats précédens, furent attachés à de longues piques pour repousser la cavalerie, qui portait le désordre et le carnage dans tous les rangs.
1037La petite vérole, qui pour la première fois se montrait dans cette partie du Nouveau-Monde, emporta un prince si digne de régner ; mais il fut remplacé par Guatimosin, qui, quoique jeune encore, se livra aux soins du gouvernement avec autant d’assiduité que son prédécesseur, et même plus utilement, parce qu’il avait à un plus haut degré que lui la confiance et l’amour des peuples.
1038Auſſi tôt ce génie hardi, dont les événemens inattendus développoient de plus en plus les reſſources, fait arrêter, juger & punir Villafagna, moteur principal d’un ſi noir complot ; mais après lui avoir arraché une liſte exacte de tous ſes complices.
1039Il s’agiſſoit de diſſiper les inquiétudes que cette découverte pouvoit cauſer.
1040On y réuſſit, en publiant que le ſcélérat a déchiré un papier qui contenoit, ſans doute, le plan de la conſpiration ou le nom des aſſociés, & qu’il a emporté ſon ſecret au tombeau, malgré la rigueur des ſupplices employés pour le lui arracher.
1041Cependant, pour ne pas donner aux troupes le tems de trop réfléchir ſur ce qui vient de ſe paſſer, le général ſe hâta d’attaquer Mexico, le grand objet de ſon ambition & le terme des eſpérances de l’armée.
1042Ce projet préſentoit de grandes difficultés.
1043Des montagnes, qui la plupart avoient mille pieds d’élévation, entouroient une plaine d’environ quarante lieues. Des montagnes, dont la plupart avaient mille pieds d’élévation, entouraient une plaine d’environ quarante lieues, qui depuis quelques mois était le théâtre de la guerre. 0.461538461538461560.5384615384615384
1044La majeure partie de ce vaste espace était occupée par deux lacs qui communiquaient ensemble.
1045A l’extrémité septentrionale du plus étendu s’élevait dans quelques petites îles la plus considérable cité qui existât dans le nouvel hémisphère avant que les Européens l’eussent découvert.
1046On y arrivait par trois chaussées plus ou moins longues, mais toutes larges et solidement construites.
1047La majeure partie de ce vaſte eſpace étoit occupée par des lacs qui communiquoient enſemble.
1048A l’extrémité ſeptentrionale du plus grand, avoit été bâtie, dans quelques petites iſles, la plus conſidérable cité qui exiſtât dans le NouveauMonde, avant que les Européens l’euſſent découvert.
1049On y arrivoit par trois chauſſées plus ou moins longues, mais toutes larges & ſolidement conſtruites.
1050Les habitans des rivages trop éloignés de ces grandes voies, s’y rendoient ſur leurs canots.Les habitans des rivages trop éloignés de ces grandes voies s’y rendaient sur leurs canots.0.70.30000000000000004
1051La ville, entourée d’eau salée, en recevait de douce par un aquéduc qui s’étendait depuis ses murailles jusqu’aux hauteurs de Chapultepeque.
1052Cortez jugea convenable de commencer le siége par la destruction des tuyaux qui formaient la communication.
1053Ses lieutenans exécutèrent ses ordres après avoir dissipé les troupes envoyées pour s’y opposer.
1054Alors les assiégés furent réduits à une boisson malsaine, ou, pour s’en procurer une plus salubre, obligés d’employer des forces qui auraient servi ailleurs utilement.
1055L’attaque régulière de la place suivit de près ce premier succès.
1056Cortez comptait alors sous ses drapeaux huit cent dix-huit fantassins, et quatrevingt-six cavaliers européens successivement arrivés de Cuba, de la Jamaïque, de Saint-Domingue, des Canaries, de la Castille, et que des motifs divers avaient attirés ou fixés auprès de lui.
1057Il avait dix-sept pièces d’artillerie de différens calibres, avec les armes et les munitions qu’exigeaient ses grands projets.
1058Cent mille Américains, impatiens de venger d’anciennes injures, s’étaient rendus dans son camp.
1059Ces troupes formèrent trois divisions, chacune composée de cent cinquante Espagnols de pied, de vingthuit ou trente chevaux, de trente mille auxiliaires, et pourvue d’une ou deux pièces de campagne.
1060Sandoval, qui commandait la première, devait agir sur la chaussée de Tezcuco ; Alvarado, qui conduisait la seconde, sur la chaussée de Tacuba ; et Olid, à laquelle la troisième obéissait, sur la chaussée de Gayoacan.
1061Toutes, par des marches parallèles et bien combinées, devaient, s’il était possible, arriver dans le même temps aux portes de Mexico où aboutissaient les chaussées.
1062Le poste du général était partout.
1063Indépendamment des opérations militaires qu’il dirigea toujours jusque dans les moindres détails, il lui fallait, par des caresses adroitement ménagées, exciter l’indolence si naturelle aux Américains ; contenir par des règlemens sévères les peuples qu’il avait séduits ou entraînés ; rendre dociles à sa voix, aux signaux, aux évolutions, des combattans qui n’étaient pas formés à la discipline ; maintenir une harmonie imperturbable entre des hommes divisés de temps immémorial par des antipathies nationales ; pourvoir à la subsistance d’une très-nombreuse armée dans une contrée ravagée, dépouillée, épuisée.
1064Malgré des soins si multipliés, il crut devoir s’embarquer sur la flottille, après avoir placé sur chacun des grossiers bâtimens qui la formaient vingt-cinq Espagnols, un plus grand nombre de soldats auxiliaires, douze rameurs indiens, et un canon.
1065Quatre mille pirogues s’avancèrent pour l’attaquer.
1066Un calme profond qui régnait alors leur laissait quelque espoir de succès.
1067Mais bientôt une brise, enflant les voiles des brigantins, les poussa sur ces faibles canots, qui, écrasés par ces masses relativement énormes, furent la plupart engloutis ou mis en pièces, tandis que ceux qui avaient échappé à ce malheur voyaient périr leurs défenseurs par le fer ou par le feu de l’ennemi.
1068Le reste, épouvanté, se retira en désordre dans les lieux dont on était parti.
1069Voyant sa domination imperturbablement établie sur le lac, Cortez vola au secours de ceux de ses lieutenans qui étaient le plus pressés sur les chaussées, et, après avoir amélioré leur situation, attacha à chacun des corps à leurs ordres une partie de ses forces navales, dont il avait formé trois petites escadres destinées à agir séparément, ou à se réunir selon les circonstances.
1070Ces dispositions faites, il se mit à la tête de ses meilleures troupes, et par d’heureuses combinaisons arriva aux portes de la capitale, où il franchit quelquesunes des tranchées, détruisit plusieurs des fortifications qui les couvraient.
1071L’impossibilité de surmonter d’autres obstacles qu’on lui opposa rendit la retraite nécessaire ; mais elle était devenue plus que difficile.
1072Julien de Aldereto, chargé de la garde d’un poste qui devait l’assurer, n’avait pas trouvé cette fonction assez honorable ou assez lucrative, et l’avait quittée pour aller cueillir des lauriers ou partager un butin qui devaient illustrer et enrichir ses compagnons.
1073Les Mexicains remarquèrent cette faute énorme, et la mirent à profit.
1074Beaucoup d’entre eux se rendirent par des voies détournées au lieu abandonné, et s’y formèrent avec plus d’art qu’ils n’en avaient montré jusqu’alors.
1075Attaquée par-devant, combattue parderrière, inquiétée sur ses flancs, l’armée, qui se retirait, put se croire sans ressource.
1076La terreur précipita ses auxiliaires dans une ouverture qui occupait toute la largeur de la digue, et ils y périrent par milliers.
1077Les Espagnols montrèrent plus de fermeté ; mais la plupart furent plus ou moins dangereusement blessés.
1078Plusieurs trouvèrent la mort dans cette mémorable action.
1079Quarante même tombèrent vivans au pouvoir du vainqueur.
1080Le sang des malheureux prisonniers coula sur les autels.
1081Leurs têtes furent envoyées dans les villes les plus importantes, comme un témoignage éclatant de la victoire qu’on venait de remporter.
1082Le dieu de la guerre déclara par l’organe de ses ministres qu’apaisé par les holocaustes qui venaient de lui être offerts, il exterminerait en moins de huit jours les ennemis de ses vrais adorateurs, et que la paix, le bonheur, allaient régner d’une extrémité de l’empire à l’autre.
1083Cet oracle trouva une foi entière.
1084Les provinces restées fidèles à Guatimosin lui envoyèrent de nouveaux secours.
1085Celles qui avaient vu d’un œil passif ses infortunes sortirent de leur indifférence.
1086Quelques-unes qui s’étaient déclarées contre lui rentrèrent dans la soumission.
1087Les Indiens même auxiliaires des Espagnols, qui avaient des superstitions semblables à celles des Mexicains, et qui ne croyaient pas moins obstinément qu’eux à l’infaillibilité des prêtres, désertant des étendards sous lesquels ils avaient jusqu’alors combattu, abandonnèrent à leur mauvais sort des alliés dont la ruine leur paraissait si assurée et si prochaine.
1088Cortez, instruit des motifs de cette défection générale, députa aux fugitifs le petit nombre de leurs officiers qui, préférant l’honneur à la vie, avaient persévéré dans leurs premiers engagemens.
1089Ils devaient inviter leurs soldats à suspendre leur marche jusqu’à l’époque fixe et peu éloignée où ils pourraient juger si c’était à de vraies ou à de fausses prédictions qu’ils avaient cédé.
1090La demande parut raisonnable, et l’on s’arrêta où l’on était.
1091Au terme annoncé, il se trouva que les Espagnols, quoique attaqués sans relâche, quoique privés de toute assistance étrangère, n’avaient éprouvé aucun malheur.
1092L’illusion fut alors dissipée ; et les déserteurs, honteux de leur crédulité, rentrèrent au camp avec plus de célérité encore qu’ils n’en étaient depuis peu sortis.
1093Ils ne tardèrent pas à être joints par des milliers d’Indiens qui n’en avaient jamais approché, et que les impostures sacerdotales y poussaient.
1094Le siége fut repris, mais sur un nouveau plan.
1095Dans le premier, les Espagnols, impatiens d’acquérir, impatiens de jouir, avaient pensé pouvoir s’écarter sans inconvénient de la méthode usitée dans l’attaque des places fortes.
1096Leurs travaux se réduisaient à rétablir les ponts qu’ils trouvaient rompus, à combler les tranchées qu’ils trouvaient creusées, à détruire les retranchemens qu’ils trouvaient élevés sur leur route.
1097Quelquefois ils ne surmontaient qu’une partie des obstacles qu’on leur opposait, et quelquefois ils arrivaient en douze heures aux portes de la cité, dont le plus ardent de leurs désirs était de se voir en possession.
1098Quel que fût l’événement, ils étaient réduits à regagner chaque soir leurs camps, placés à l’extrémité des trois chaussées, dans l’espoir de s’y procurer un peu de repos.
1099Les Mexicains ne manquaient jamais de recouvrer la nuit les postes qui leur avaient été enlevés pendant le jour.
1100Un mois s’était écoulé sans que les assaillans, affaiblis par leurs pertes, eussent obtenu aucun avantage permanent.
1101Le vice de ce système frappa Cortez.
1102La circonspection lui parut devoir remplacer l’audace.
1103Il prit le parti d’aller pas à pas, et de ne se porter en avant qu’après avoir mis hors d’insulte, par les bras de ses auxiliaires, les postes dont il s’était emparé avec une plus grande ou une moindre effusion de sang.
1104Cette manière de faire la guerre, inconnue dans le Nouveau-Monde, étonna les Mexicains sans les abattre.
1105Cinquante mille des innombrables défenseurs accourus au secours de leurs dieux et de leur empire avaient péri par le fer ou par le feu ; la famine faisait tous les jours des ravages inexprimables ; des maladies contagieuses moissonnaient ceux qui avaient échappé au glaive et à la disette ; l’ennemi était parvenu au centre de leur capitale, qu’ils ne songeaient pas encore à céder.
1106Tous consentirent à s’ensevelir sous les ruines de leurs temples et de leurs maisons, pourvu que leur magnanime maître s’éloignât pour aller couvrir les provinces.
1107Cortès ſe rendit maître de la navigation par le moyen des petits navires dont on avoit préparé les matériaux à Tlaſcala ; & il fit attaquer les digues par Sandoval, par Alvarado & par Olid, à chacun deſquels il avoit donné un nombre égal de canons, d’Eſpagnols & d’Indiens auxiliaires.
1108Tout étoit diſpoſé de longue main pour une réſiſtance opiniâtre.
1109Les moyens de défenſe avoient été préparés par Quetlavaca, qui avoit remplacé Montezuma ſon frère : mais la petite vérole, portée dans ces contrées par un eſclave de Narvaès, l’avoit fait périr ; & lorſque le ſiège commença, c’étoit Guatimoſin qui tenoit les rênes de l’empire.
1110Les actions de ce jeune prince furent toutes héroïques & toutes prudentes.
1111Le feu de ſes regards, l’élévation de ſes diſcours, l’éclat de ſon courage faiſoient ſur ſes peuples l’impreſſion qu’il deſiroit.
1112Il diſputa le terrein pied à pied ; & jamais il n’en abandonna un pouce qui ne fût jonché des cadavres de ſes ſoldats & teint du ſang de ſes ennemis.
1113Cinquante mille hommes, accourus de toutes les parties de l’empire à la défenſe de leur maître & de leurs dieux, avoient péri par le fer ou par le feu ; la famine faiſoit tous les jours des ravages inexprimables ; des maladies contagieuſes s’étoient jointes à tant de calamités, ſans que ſon ame eût été un inſtant, un ſeul inſtant ébranlée.
1114Les aſſaillans, après cent combats meurtriers & de grandes pertes, étoient parvenus au centre de la place, qu’il ne ſongeoit pas encore à céder.
1115On le fit enfin conſentir à s’éloigner des décombres qui ne pouvoient plus être défendus, pour aller continuer la guerre dans les provinces.
1116Dans la vue de faciliter cette retraite, quelques ouvertures de paix furent faites à Cortès : mais cette noble ruſe n’eut pas le ſuccès qu’elle méritoit ; & un brigantin s’empara du canot où étoit le généreux & infortuné monarque. Dans la vue de faciliter cette retraite, quelques ouvertures de paix furent faites ; mais cette noble ruse n’eut pas le succès qu’elle méritait, et un brigantin s’empara du canot où était le généreux et infortuné monarque. 0.60.4
1117Un financier Eſpagnol imagina que Guatimoſin avoit des tréſors cachés ; & pour le forcer à les déclarer, il le fit étendre ſur des charbons ardens. Un financier espagnol imagina que Guatimosin avait des trésors cachés ; et, pour le forcer à les déclarer, il le fit étendre sur des charbons ardens. 0.52631578947368420.4736842105263158
1118Son favori, expoſé à la même torture, lui adreſſoit de triſtes plaintes :Et moi, lui dit l’empereur, ſuis-je ſur des roſes ? Son favori, exposé à la même torture, lui adressait de tristes plaintes : Et moi, lui dit l’empereur, suis-je sur des roses ? 0.3684210526315790.631578947368421
1119Mot comparable à tous ceux que l’hiſtoire a tranſmis à l’admiration des hommes. mot comparable à tous ceux que l’histoire a transmis à l’admiration des hommes. 0.42857142857142860.5714285714285714
1120Les Mexicains le rediroient à leurs enfans, ſi quelque jour ils pouvoient rendre aux Eſpagnols ſupplice pour ſupplice, noyer cette race d’exterminateurs dans la mer ou dans le ſang. Les Mexicains le rediraient à leurs enfans, si quelque jour ils pouvaient rendre aux Espagnols supplice pour supplice, noyer cette race d’exterminateurs dans la mer ou dans le sang. 0.421052631578947350.5789473684210527
1121Ce peuple auroit peut-être les actes de ſes martyrs, les annales de ſes perſécutions. Ce peuple aurait peutêtre les actes de ses martyrs, les annales de ses persécutions. 0.55555555555555560.4444444444444444
1122On y liroit, ſans doute, que Guatimoſin fut tiré demi-mort d’un gril ardent, & que, trois ans après, il fut pendu publiquement, ſous prétexte d’avoir conſpiré contre ſes tyrans & ſes bourreaux.On y lirait sans doute que Guatimosin fut tiré demi-mort d’un gril ardent, et que, trois ans après, il fut pendu publiquement, sous prétexte d’avoir conspiré contre ses tyrans et ses bourreaux.0.6250.375
1123De tous les événemens militaires dont le Nouveau-Monde a été le théâtre, le siége de Mexico, qui ne se rendit, le 13 août 1521, qu’après quatrevingt-treize jours d’une attaque et d’une défense opiniâtres, fut de beaucoup le plus éclatant.
1124Il s’y fit des deux côtés des actions dignes de fixer l’attention de la postérité la plus reculée.
1125Une exposition simple de ces faits héroïques aurait trouvé une créance universelle.
1126Le merveilleux dont les historiens espagnols ont eu la vanité de les envelopper a jeté une grande défaveur sur leurs récits.
1127Les gens éclairés ont surtout refusé d’ajouter foi aux dénombremens qui portent à quatre cent mille le nombre des combattans de l’un ou de l’autre parti.
1128On nous fera la justice de penser que c’est aussi notre opinion, quoique, privé de meilleurs guides, nous ayons été réduit à adopter dans notre narration les calculs de Cortez, de ses compagnons, de ses admirateurs.
1129On ne connaît aucun écrivain qui ait tenté jusqu’ici d’expliquer comment, dans un pays où l’agriculture était dans l’enfance, et dont les habitans n’étendaient pas leur prévoyance jusqu’au lendemain, purent être rassemblées des subsistances suffisantes pour nourrir tant d’hommes trois mois et plus.
1130Les conquérans imaginèrent de résoudre le problème en disant que les Indiens dévoraient réciproquement les prisonniers qu’ils avaient faits, les ennemis qu’ils avaient tués, et qu’ils en séchaient ou salaient le superflu pour s’en servir dans le besoin.
1131Le lecteur portera de cette ressource le jugement qui lui conviendra.
1132Il aura encore à prononcer sur l’idée qu’il faut se former de l’ancien Mexico.
1133Cette ville, nous dit-on, était superbe.
1134Si l’on en croit les Eſpagnols, Mexico, dont après deux mois & demi d’une attaque vive & régulière, ils s’étoient enfin emparés avec le ſecours de ſoixante ou de cent mille Indiens alliés, & par la ſupériorité de leur diſcipline, de leurs armes & de leurs navires : ce Mexico étoit une ville ſuperbe.
1135Ses murs renfermoient trente mille maiſons, un peuple immenſe, de beaux édifices. Ses murs renfermaient soixante mille maisons, un peuple immense, de beaux édifices. 0.40.6
1136Le palais du chef de l’état, bâti de marbre & de jaſpe, avoit une étendue prodigieuſe. Le palais du chef de l’état, bâti de marbre et de jaspe, avait une étendue prodigieuse. 0.54545454545454540.4545454545454546
1137Des bains, des fontaines, des ſtatues le décoroient. Des bains, des fontaines, des statues le décoraient. 0.333333333333333260.6666666666666667
1138Il étoit rempli de tableaux, qui, quoique faits avec des plumes ſeulement, avoient de la couleur, de l’éclat, de la vérité. Il était rempli de tableaux qui, quoique faits avec des plumes seulement, avaient de la couleur, de l’éclat, de la vérité. 0.61538461538461540.3846153846153846
1139La plupart des grands avoient, ainſi que l’empereur, des ménageries où étoient raſſemblés tous les animaux du nouveau continent. La plupart des grands avaient, ainsi que l’empereur, des ménageries où étaient rassemblés tous les animaux du nouveau continent. 0.461538461538461560.5384615384615384
1140Des plantes de toute eſpèce couvroient leurs jardins. Des plantes de toute espèce couvraient leurs jardins. 0.333333333333333260.6666666666666667
1141Ce que le ſol & le climat avoient de rare & de brillant, étoit un objet de luxe chez une nation riche, où la nature étoit belle & les arts imparfaits. Ce que le sol et le climat avaient de rare et de brillant était un objet de luxe chez une nation riche où la nature était belle et les arts imparfaits. 0.68750.3125
1142Les temples étoient en grand nombre & la plupart magnifiques : mais teints du ſang & tapiſſés des têtes des malheureux qu’on avoit ſacrifiés.Les temples étaient en grand nombre, et la plupart magnifiques, mais teints du sang et tapissés des têtes des malheureux qu’on avait sacrifiés.0.470588235294117640.5294117647058824
1143Une des plus grandes beautés de cette cité impoſante étoit une place, ordinairement remplie de cent mille hommes, couverte de tentes & de magaſins, où les marchands étaloient toutes les richeſſes des campagnes, tous les ouvrages de l’induſtrie des Mexicains. Une des plus grandes beautés de cette cité imposante était une place ordinairement remplie de cent mille hommes, couverte de tentes et de magasins où les marchands étalaient toutes les richesses des campagnes, tous les ouvrages de l’industrie des Mexicains. 0.53846153846153840.46153846153846156
1144Des oiſeaux de toute couleur, des coquillages brillans, des fleurs ſans nombre, des émaux, des ouvrages d’orfévrerie, donnoient à ces marchés un coup-d’œil plus beau & plus éclatant que ne peuvent l’avoir les foires les plus riches de l’Europe.Des oiseaux de toute couleur, des coquillages brillans, des fleurs sans nombre, des émaux, des ouvrages d’orfévrerie donnaient à ces marchés un coup-d’œil plus beau et plus éclatant que ne peuvent l’avoir les foires les plus riches de l’Europe.0.76190476190476190.23809523809523814
1145Cent mille canots alloient ſans ceſſe des rivages à la ville, de la ville aux rivages. Cent mille canots allaient sans cesse des rivages à la ville, de la ville aux rivages. 0.50.5
1146Les lacs étoient bordés de cinquante villes, & d’une multitude de bourgs & de hameaux.Les lacs étaient bordés de cinquante villes, et d’une multitude de bourgs et de hameaux.0.77777777777777780.2222222222222222
1147Le reſte de l’empire, autant que le permettoient les ſites, préſentoit le même ſpectacle : mais avec la différence qu’on trouve par-tout entre la capitale & les provinces. Le reste de l’empire, autant que le permettaient les sites, présentait le même spectacle, mais avec la différence qu’on trouve partout entre la capitale et les provinces. 0.470588235294117640.5294117647058824
1148Ce peuple, qui n’étoit pas d’une antiquité bien reculée, ſans communication avec des nations éclairées, ſans l’uſage du fer, ſans le ſecours de l’écriture, ſans aucun des arts à qui nous devons l’avantage d’en connoître & d’en exercer d’autres, placé ſous un climat où les facultés de l’homme ne ſont pas éveillées par ſes beſoins : ce peuple, nous dit-on, s’étoit élevé à cette hauteur, par ſon ſeul génie.Ce peuple, qui n’était pas d’une antiquité bien reculée, sans communication avec des nations éclairées, sans l’usage du fer, sans le secours de l’écriture, sans aucun des arts à qui nous devons l’avantage d’en connaître et d’en exercer d’autres, placé sous un climat où les facultés de l’homme ne sont pas éveillées par ses besoins, ce peuple, nous dit-on, s’était élevé à cette hauteur par son seul génie.0.59090909090909090.40909090909090906
1149La fauſſeté de cette deſcription pompeuſe, tracée dans des momens de vanité par un vainqueur naturellement porté à l’exagération, ou trompé par la grande ſupériorité qu’avoit un état réguliérement ordonné ſur les contrées ſauvages, dévaſtées juſqu’alors dans l’autre hémiſphère : cette fauſſeté peut être miſe aiſément à la portée de tous les eſprits. La fausseté de cette description pompeuse, tracée dans des momens de vanité par un vainqueur naturellement porté à l’exagération, ou trompé par la grande supériorité qu’avait un état régulièrement ordonné sur les contrées sauvages, dévastées jusqu’alors dans l’autre hémisphère, cette fausseté peut être mise aisément à la portée de tous les esprits. 0.404761904761904770.5952380952380952
1150Pour y parvenir, il ne ſuffiroit pas d’oppoſer l’état actuel du Mexique à l’état où les conquérans prétendent l’avoir trouvé. Pour y parvenir, il ne suffirait pas d’opposer l’état actuel du Mexique à l’état où les conquérans prétendent l’avoir trouvé. 0.71428571428571430.2857142857142857
1151Qui ne connoit les déplorables effets d’une tyrannie deſtructive, d’une longue oppreſſion ? Qui ne connaît les déplorables effets d’une tyrannie destructive, d’une longue oppression ? 0.45454545454545460.5454545454545454
1152Mais qu’on ſe rappelle les ravages que les barbares, ſortis du Nord, exercèrent autrefois dans les Gaules & en Italie. Mais qu’on se rappelle les ravages que les barbares sortis du nord exercèrent autrefois dans les Gaules et en Italie. 0.72727272727272730.2727272727272727
1153Lorsque ce torrent fut écoulé, ne resta-til pas sur la terre de grandes masses qui attestaient, qui attestent encore la puissance des peuples subjugués ?
1154Lorſque ce torrent fut écoulé, ne reſta-t-il pas ſur la terre de grandes maſſes qui atteſtoient, qui atteſtent encore la puiſſance des peuples ſubjugués.
1155La région qui nous occupe, offret-elle de ces magnifiques ruines ? La région qui nous occupe offre-t-elle de ces magnifiques ruines ? 1.00.0
1156Il doit donc paſſer pour démontrer que les édifices publics & particuliers, ſi orgueilleuſement décrits, n’étoient que des amas informes de pierres entaſſées les unes ſur les autres ; que la célèbre Mexico n’étoit qu’une bourgade formée d’une multitude de cabanes ruſtiques répandues irréguliérement ſur un grand eſpace ; & que les autres lieux dont on a voulu exalter la grandeur ou la beauté, étoient encore inférieurs à cette première des cités.Il doit donc passer pour démontré que les édifices publics et particuliers, si orgueilleusement décrits, n’étaient que des amas informes de pierres entassées les unes sur les autres ; que la célèbre Mexico n’était qu’une bourgade formée d’une multitude de cabanes rustiques répandues irrégulièrement sur un grand espace ; et que les autres lieux dont on a voulu exalter la grandeur ou la beauté étaient encore inférieurs à cette première des cités.0.5744680851063830.42553191489361697
1157Les travaux des hommes ont toujours été proportionnés à leur force & aux inſtrumens dont ils ſe ſervoient. Les travaux des hommes ont toujours été proportionnés à leur force et aux instrumens dont ils se servaient. 0.50.5
1158Sans la ſcience de la méchanique & l’invention de ſes machines, point de grands monumens. Sans la science de la mécanique et l’invention de ses machines, point de grands monumens. 0.50.5
1159Sans quarts de cercle & ſans téleſcope, point de progrès merveilleux en aſtronomie, nulle préciſion dans les obſervations. Sans quarts de cercle et sans télescope, point de progrès merveilleux en astronomie, nulle précision dans les observations. 0.40.6
1160Sans fer, point de marteaux, point de tenailles, point d’enclumes, point de forges, point de ſcies, point de haches, point de coignées, aucun ouvrage en métaux qui mérite d’être regardé, nulle maçonnerie, nulle charpente, nulle menuiſerie, nulle architecture, nulle gravure, nulle ſculpture. Sans fer, point de marteaux, point de tenailles, point d’enclumes, point de forges, point de scies, point de haches, point de cognées, aucun ouvrage en métaux qui mérite d’être regardé ; nulle maçonnerie, nulle charpente, nulle menuiserie, nulle architecture, nulle gravure, nulle sculpture. 0.680.31999999999999995
1161Avec ces moyens, quel tems ne faut-il pas à nos ouvriers pour ſéparer de la carrière, enlever & tranſporter un bloc de pierre ? Avec ces moyens, quel temps ne faut-il pas à nos ouvriers pour séparer de la carrière, enlever et transporter un bloc de pierre ! 0.57142857142857140.4285714285714286
1162Quel tems pour l’équarrir ? Quel temps pour l’équarrir ! 0.333333333333333260.6666666666666667
1163Sans nos reſſources, comment en viendroit-on à bout ? Sans nos ressources, comment en viendrait-on à bout ? 0.333333333333333260.6666666666666667
1164Ç’auroit été un homme d’un grand ſens que le ſauvage qui, voyant pour la première fois un de nos grands édifices, l’auroit admiré, non comme l’œuvre de notre force & de notre induſtrie, mais comme un phénomène extraordinaire de la nature qui auroit élevé d’elle-même ces colonnes, percé ces fenêtres, poſé ces entablemens & préparé une ſi merveilleuſe retraite. C’aurait été un homme d’un grand sens que le sauvage qui, voyant pour la première fois un de nos grands édifices, l’aurait admiré, non comme l’œuvre de notre force et de notre industrie, mais comme un phénomène extraordinaire de la nature, qui aurait élevé d’elle-même ces colonnes, percé ces fenêtres, posé ces entablemens et préparé une si merveilleuse retraite. 0.57894736842105270.42105263157894735
1165C’eût été la plus belle des cavernes que les montagnes lui euſſent encore offertes.C’eût été la plus belle des cavernes que les montagnes lui eussent encore offertes.0.85714285714285710.1428571428571429
1166Dépouillons le Mexique de tout ce que des récits fabuleux lui ont prêté, & nous trouverons que ce pays, fort ſupérieur aux contrées ſauvages que les Eſpagnols avoient juſqu’alors parcourues dans le NouveauMonde, n’étoit rien en comparaiſon des peuples civiliſés de l’ancien continent.Dépouillons le Mexique, nommé par les conquérans Nouvelle-Espagne, de tout ce que des récits fabuleux lui ont prêté, et nous trouverons que ce pays, fort supérieur aux contrées sauvages que les Espagnols avaient jusqu’alors parcourues dans le Nouveau-Monde, n’était rien en comparaison des peuples civilisés de l’ancien continent.0.43750.5625
1167Autant qu’on en peut juger à travers les relations confuses et contradictoires qui sont venues jusqu’à nous, le gouvernement féodal fut celui que les Mexicains établirent dans le pays qu’ils venaient d’asservir, soit qu’ils eussent porté ce régime de leur patrie originaire, soit que des compagnons de fortune répugnassent à se donner un maître.
1168Leur chef ne pouvait ni faire la guerre, ni disposer du trésor public, ni décider aucune affaire importante sans l’aveu d’un conseil, qu’il n’avait pas formé et qu’il ne pouvait pas détruire.
1169La couronne était élective.
1170C’était d’abord le corps entier de la noblesse qui la conférait.
1171Avec le temps cette grande prérogative fut usurpée par les six plus puissans seigneurs de l’empire.
1172Rarement le trône sortit-il de la même famille ; mais ce n’était pas toujours l’héritier du roi mort qui lui succédait.
1173Les suffrages se réunissaient communément sur celui de ses proches dont les talens étaient le plus généralement avoués.
1174Ces choix réfléchis donnèrent à l’état des princes habiles, qui, après en avoir rapidement reculé les frontières, finirent par se donner un pouvoir illimité.
1175L’empire étoit ſoumis à un deſpotiſme auſſi cruel que mal combiné.
1176La crainte, cette grande roue des gouvernemens arbitraires, y tenoit lieu de morale & de principes.
1177Le chef de l’état étoit devenu peu-à-peu une eſpèce de divinité ſur laquelle les plus téméraires n’oſoient porter un regard, & dont les plus imprudens ne ſe ſeroient pas permis de juger les actions. C’étaient des espèces de divinités sur lesquelles les plus téméraires n’osaient porter un regard, et dont les plus imprudens ne se seraient pas permis de juger les actions. 0.31818181818181810.6818181818181819
1178On conçoit comment des citoyens achètent tous les jours, par le ſacrifice de leur liberté, les douceurs & les commodités de la vie auxquelles ils ſont accoutumés dès l’enfance : mais que des peuples à qui la nature brute offroit plus de bonheur que la chaîne ſociale qui les uniſſoit, reſtâſſent tranquillement dans la ſervitude, ſans penſer qu’il n’y avoit qu’une montagne ou une rivière à traverſer pour être libres : voilà ce qui ſeroit incompréhenſible, ſi l’on ne ſavoit combien l’habitude & la ſuperſtition dénaturent par-tout l’eſpèce humaine.On conçoit comment des citoyens achètent tous les jours, par le sacrifice de leur liberté, les douceurs et les commodités de la vie auxquelles ils sont accoutumés dès l’enfance ; mais que des peuples à qui la nature brute offrait plus de bonheur que la chaîne sociale qui les unissait restassent tranquillement dans la servitude sans penser qu’il n’y avait qu’une montagne ou une rivière à traverser pour être libres, voilà ce qui serait incompréhensible, si l’on ne savait combien l’habitude et la superstition dénaturent partout l’espèce humaine.0.51666666666666670.4833333333333333
1179Pluſieurs des provinces qu’on pouvoit regarder comme faiſant partie de cette vaſte domination ſe gouvernoient par leurs premières loix & ſelon leurs maximes anciennes. Plusieurs des provinces, qu’on pouvait regarder comme faisant partie de cette vaste domination, se gouvernaient par leurs premières lois et selon leurs maximes anciennes. 0.421052631578947350.5789473684210527
1180Tributaires ſeulement de l’empire, elles continuoient à être régies par leurs caciques. Tributaires seulement de l’empire, elles continuaient à être régies par leurs caciques. 0.66666666666666660.33333333333333337
1181Les obligations de ces grands vaſſaux ſe réduiſoient à couvrir ou à reculer les frontières de l’état lorſqu’ils en recevoient l’ordre ; à contribuer ſans ceſſe aux charges publiques, originairement d’après un tarif réglé, & dans les derniers tems ſuivant les beſoins, l’avidité ou les caprices du deſpote.Les obligations de ces grands vassaux se réduisaient à couvrir ou à reculer les frontières de l’état lorsqu’ils en recevaient l’ordre ; à contribuer sans cesse aux charges publiques, originairement d’après un tarif réglé, et, dans les derniers temps, suivant les besoins, l’avidité ou les caprices du despote.0.47368421052631570.5263157894736843
1182L’adminiſtration des contrées plus immédiatement dépendantes du trône étoit confiée à des grands qui, dans leurs fonctions, étoient ſoulagés par des nobles d’un rang inférieur. L’administration des contrées plus immédiatement dépendantes du trône était confiée à des grands qui, dans leurs fonctions, étaient soulagés par des nobles d’un rang inférieur. 0.61904761904761910.38095238095238093
1183Ces officiers eurent d’abord de la dignité & de l’importance : mais ils n’étoient plus que les inſtrumens de la tyrannie, depuis que le pouvoir arbitraire s’étoit élevé ſur les ruines d’un régime qu’on eût pu appeller féodal.Ces officiers eurent d’abord de la dignité et de l’importance ; mais ils n’étaient plus que les instrumens de la tyrannie, depuis que le pouvoir arbitraire s’était elevé sur les ruines du régime féodal.0.50.5
1184A chacune de ces places étoit attachée une portion de terre, plus ou moins étendue. A chacune de ces places était attachée une portion de terre plus ou moins étendue. 0.71428571428571430.2857142857142857
1185Ceux qui dirigeaient les conseils, qui conduisaient les armées, que leurs postes fixaient à la cour, jouissaient du même avantage.
1186Ceux qui dirigeoient les conſeils, qui conduiſoient les armées, que leurs poſtes fixoient à la cour, jouiſſoient du même avantage.
1187On changeoit de domaine en changeant d’occupation, & l’on le perdoit dès qu’on rentroit dans la vie privée.On changeait de domaine en changeant d’occupation, et on le perdait dès qu’on rentrait dans la vie privée.0.50.5
1188Il existait des possessions plus entières, et qu’on pouvait aliéner ou transmettre à ses descendans.
1189Il exiſtoit des poſſeſſions plus entières, & qu’on pouvoit aliéner ou tranſmettre à ſes deſcendans.
1190Elles étoient en petit nombre & devoient être occupées par les citoyens des claſſes les plus diſtinguées.Elles étaient en petit nombre, et devaient être occupées par les citoyens des classes les plus distinguées.0.38461538461538460.6153846153846154
1191Le peuple n’avoit que des communes. Le peuple n’avait que des communes. 0.50.5
1192Leur étendue étoit réglée ſur le nombre des habitans. Leur étendue était réglée sur le nombre des habitans. 0.57142857142857140.4285714285714286
1193Dans quelques-unes, les travaux ſe faiſoient en ſociété, & les récoltes étoient dépoſées dans des greniers publics, pour être diſtribuées ſelon les beſoins. Dans quelques-unes les travaux se faisaient en société, et les récoltes étaient déposées dans des greniers publics, pour être distribuées selon les besoins. 0.31578947368421050.6842105263157895
1194Dans d’autres, les cultivateurs ſe partageoient les champs & les exploitoient pour leur utilité particulière. Dans d’autres, les cultivateurs se partageaient les champs et les exploitaient pour leur utilité particulière. 0.50.5
1195Dans aucune, il n’étoit permis de diſpoſer du territoire.Dans aucune, il n’était permis de disposer du territoire.0.42857142857142860.5714285714285714
1196Pluſieurs diſtricts, plus ou moins étendus, étoient couverts d’eſpèces de ſerfs attachés à la glèbe, paſſant d’un propriétaire à l’autre, & ne pouvant prétendre qu’à la ſubſiſtance la plus groſſière & la plus étroite.Plusieurs districts, plus ou moins étendus, étaient couverts d’espèces de serfs attachés à la glèbe, passant d’un propriétaire à l’autre, et ne pouvant prétendre qu’à la subsistance la plus grossière et la plus étroite.0.44444444444444440.5555555555555556
1197Des hommes plus avilis encore, c’étaient les esclaves domestiques.
1198Des hommes plus avilis encore ; c’étoient les eſclaves domeſtiques.
1199Leur vie étoit cenſée ſi mépriſable, qu’au rapport d’Herrera, on pouvoit les en priver, ſans craindre d’être jamais recherché par la loi.Leur vie était censée si méprisable, qu’au rapport d’Herréra, on pouvait les en priver, sans craindre d’être jamais recherché par la loi.0.52631578947368420.4736842105263158
1200Tous les ordres de l’état contribuoient au maintien du gouvernement. Tous les ordres de l’état contribuaient au maintien du gouvernement. 0.66666666666666660.33333333333333337
1201Dans les ſociétés un peu avancées les tributs ſe paient avec des métaux. Dans les sociétés un peu avancées les tributs se paient avec des métaux. 0.57142857142857140.4285714285714286
1202Cette meſure commune de toutes les valeurs étoit ignorée des Mexicains, quoique l’or & l’argent fuſſent ſous leurs mains. Cette mesure commune de toutes les valeurs était ignorée des Mexicains, quoique l’or et l’argent fussent sous leurs mains. 0.53846153846153840.46153846153846156
1203Ils avoient, à la vérité, commencé à ſoupçonner l’utilité d’un moyen univerſel d’échange, & déja ils employoient les grains de cacao dans quelques menus détails de commerce : mais leur emploi étoit très-borné & ne pouvoit s’étendre juſqu’à l’acquittement de l’impôt. Ils avaient, à la vérité, commencé à soupçonner l’utilité d’un moyen universel d’échange, et déjà ils employaient les grains de cacao dans quelques menus détails de commerce ; mais leur emploi était très-borné, et ne pouvait s’étendre jusqu’à l’acquittement de l’impôt. 0.58064516129032260.4193548387096774
1204Les redevances dues au fiſc étoient donc toutes ſoldées en nature.Les redevances dues au fisc étaient donc toutes soldées en nature.0.333333333333333260.6666666666666667
1205Comme tous les agens du service public recevaient leur salaire en denrées, on retenait pour leur contribution une partie de ce qui leur était assigné.
1206Comme tous les agens du ſervice public recevoient leur ſalaire en denrées, on retenoit pour leur contribution une partie de ce qui leur étoit aſſigné.
1207Les terres attachées à des offices & celles qu’on poſſédoit en toute propriété, donnoient à l’état une partie de leurs productions.Les terres attachées à des offices, et celles qu’on possédait en toute propriété, donnaient à l’état une partie de leurs productions.0.69230769230769230.3076923076923077
1208Outre l’obligation impoſée à toutes les communautés de cultiver une certaine étendue de ſol pour la couronne, elles lui devoient encore le tiers de leurs récoltes.Outre l’obligation imposée à toutes les communautés de cultiver une certaine étendue de sol pour la couronne, elles lui devaient encore le tiers de leurs récoltes.0.57142857142857140.4285714285714286
1209Les chaſſeurs, les pêcheurs, les potiers, les peintres, tous les ouvriers ſans diſtinction rendoient chaque mois la même portion de leur induſtrie.Les chasseurs, les pêcheurs, les potiers, les peintres, tous les ouvriers sans distinction rendaient chaque mois la même portion de leur industrie.0.43750.5625
1210Les mendians même étoient taxés à des contributions fixes que des travaux ou des aumônes devoient les mettre en état d’acquitter.Les mendians même étaient taxés à des contributions fixes, que des travaux ou des aumônes devaient les mettre en état d’acquitter.0.73333333333333330.2666666666666667
1211Ce que l’état obtenait de ces divers contribuables était réuni dans ses magasins.
1212On tirait de ces grands dépôts de quoi fournir aux besoins ou aux profusions de la cour, et ce que pouvaient exiger les travaux publics ; mais ils étaient surtout vidés durant les guerres offensives ou défensives, qui se renouvelaient sans interruption.
1213Comme les troupes ne recevaient point de solde, il fallait toujours avoir en réserve de quoi les armer, de quoi les vêtir, de quoi les nourrir.
1214Au Mexique, l’agriculture étoit trèsbornée, quoique le plus grand nombre de ſes habitans en fiſſent leur occupation unique. Au Mexique, l’agriculture était très-bornée, quoique le plus grand nombre de ses habitans en fissent leur occupation unique. 0.61538461538461540.3846153846153846
1215Ses ſoins ſe bornoient au maïs & au cacao, & encore récoltoit-on fort peu de ces productions. Ses soins se bornaient au maïs et au cacao, et encore récoltait-on fort peu de ces productions. 0.363636363636363650.6363636363636364
1216S’il en eût été autrement, les premiers Eſpagnols n’auroient pas manqué ſi ſouvent de ſubſiſtances. S’il en eût été autrement, les premiers Espagnols n’auraient pas manqué si souvent de subsistances. 0.42857142857142860.5714285714285714
1217L’imperfection de ce premier des arts pouvoit avoir pluſieurs cauſes. L’imperfection de ce premier des arts pouvait avoir plusieurs causes. 0.333333333333333260.6666666666666667
1218Ces peuples avoient un grand penchant à l’oiſiveté. Ces peuples avaient un grand penchant à l’oisiveté. 0.57142857142857140.4285714285714286
1219Les instrumens dont ils se servaient étaient défectueux.
1220Les inſtrumens dont ils ſe ſervoient étoient défectueux.
1221Ils n’avoient dompté aucun animal qui pût les ſoulager dans leurs travaux. Ils n’avaient dompté aucun animal qui pût les soulager dans leurs travaux. 0.50.5
1222Des peuples errans ou des bêtes fauves ravageoient leurs champs. Des peuples errans ou des bêtes fauves ravageaient leurs champs. 0.71428571428571430.2857142857142857
1223Le gouvernement les opprimoit ſans relâche. Le gouvernement les opprimait sans relâche. 0.40.6
1224Enfin leur constitution physique était singulièrement faible, ce qui venait en partie d’une nourriture mauvaise et insuffisante.
1225Enfin leur conſtitution phyſique étoit ſinguliérement foible, ce qui venoit en partie d’une nourriture mauvaiſe & inſuffiſante.
1226Celle des hommes riches, des nobles & des gens en place avoit pour baſe, outre le produit des chaſſes & des pêches, les poules d’inde, les canards & les lapins, les ſeuls animaux, avec de petits chiens, qu’on eût ſu apprivoiſer dans ces contrées. Celle des hommes riches, des nobles et des gens en place avait pour base, outre le produit des chasses et des pêches, les poules d’Inde, les canards et les lapins, les seuls animaux, avec de petits chiens, qu’on eût su apprivoiser dans ces contrées. 0.59259259259259260.40740740740740744
1227Mais les vivres de la multitude ſe réduiſoient à du maïs, préparé de diverſes manières ; à du cacao délayé dans l’eau chaude & aſſaiſonné avec du miel & du piment ; aux herbes des champs qui n’étoient pas trop dures ou qui n’avoient pas de mauvaiſe odeur. Mais les vivres de la multitude se réduisaient à du maïs, préparé de diverses manières ; à du cacao délayé dans l’eau chaude et assaisonné avec du miel et du piment ; aux herbes des champs qui n’étaient pas trop dures ou qui n’avaient pas de mauvaise odeur. 0.57142857142857140.4285714285714286
1228Elle faisait usage de quelques boissons qui ne pouvaient pas enivrer.
1229Pour les liqueurs fortes, elles étaient si rigoureusement défendues, que pour en user il fallait la permission du gouvernement.
1230On ne l’accordait qu’aux vieillards et aux malades ; seulement, dans quelques solennités et dans les travaux publics, chacun en avait une mesure proportionnée à l’âge : l’ivrognerie était regardée comme le plus odieux des vices ; on rasait publiquement ceux qui en étaient convaincus, et leur maison était abattue.
1231Elle faiſoit uſage de quelques boiſſons qui ne pouvoient pas enivrer.
1232Pour les liqueurs fortes, elles étoient ſi rigoureuſement défendues, que pour en uſer il falloit la permiſſion du gouvernement.
1233On ne l’accordoit qu’aux vieillards & aux malades.
1234Seulement, dans quelques ſolemnités & dans les travaux publics, chacun en avoit une meſure proportionnée à l’âge.
1235L’ivrognerie étoit regardée comme le plus odieux des vices.
1236On raſoit publiquement ceux qui en étoient convaincus, & leur maiſon étoit abattue.
1237S’ils exerçoient quelque office public, ils en étoient dépouillés, & déclarés incapables de jamais poſſéder des charges.S’ils exerçaient quelque office public, ils en étaient dépouillés, et déclarés incapables de jamais posséder des charges.0.57142857142857140.4285714285714286
1238Les Mexicains étoient preſque généralement nus. Les Mexicains étaient presque généralement nus. 0.42857142857142860.5714285714285714
1239Leur corps était peint ; des plumes ombrageaient leur tête.
1240Leur corps étoit peint.
1241Des plumes ombrageoient leur tête.
1242Quelques oſſemens ou de petits ouvrages d’or, ſelon les rangs, pendoient à leur nez & à leurs oreilles. Quelques ossemens ou de petits ouvrages d’or, selon les rangs, pendaient à leur nez et à leurs oreilles. 0.58333333333333340.41666666666666663
1243Les femmes n’avaient pour tout vêtement qu’une espèce de chemise qui descendait jusqu’aux genoux, et qui était ouverte sur la poitrine.
1244Les femmes n’avoient pour tout vêtement qu’une eſpèce de chemiſe qui deſcendoit juſqu’aux genoux & qui étoit ouverte ſur la poitrine.
1245C’étoit dans l’arrangement de leurs cheveux que conſiſtoit leur parure principale. C’était dans l’arrangement de leurs cheveux que consistait leur parure principale. 0.50.5
1246Les perſonnes d’un ordre ſupérieur, l’empereur luimême n’étoient diſtingués du peuple que par une eſpèce de manteau, compoſé d’une pièce de coton quarrée, nouée ſur l’épaule droite.Les personnes d’un ordre supérieur, l’empereur lui-même, n’étaient distingués du peuple que par une espèce de manteau, composé d’une pièce de coton carrée, nouée sur l’épaule droite.0.461538461538461560.5384615384615384
1247Le palais du prince & ceux des grands quoiqu’aſſez étendus & conſtruits de pierre, n’avoient ni commodités, ni élégance, ni même des fenêtres. Le palais du prince et ceux des grands, quoique assez étendus et construits de pierre, n’avaient ni commodités, ni élégance, ni même des fenêtres. 0.64285714285714290.3571428571428571
1248La multitude occupoit des cabanes bâties avec de la terre & couvertes de branches d’arbre. La multitude occupait des cabanes bâties avec de la terre et couvertes de branches d’arbres. 0.60.4
1249Il lui était défendu de les élever au-dessus du rezde-chaussée.
1250Plusieurs familles étaient souvent entassées sous le même toit.
1251Il lui étoit défendu de les élever au-deſſus du rez-de-chauſſée.
1252Pluſieurs familles étoient ſouvent entaſſées ſous le même toit.
1253L’ameublement étoit digne des habitations. L’ameublement était digne des habitations. 0.60.4
1254Dans la plupart, on ne trouvoit pour tapiſſerie que des nattes, pour lit que de la paille, pour ſiège qu’un tiſſu de feuilles de palmier, pour uſtenſiles que des vaſes de terre. Dans la plupart on ne trouvait pour tapisserie que des nattes, pour lit que de la paille, pour siége qu’un tissu de feuilles de palmier, pour ustensiles que des vases de terre. 0.350.65
1255Des toiles & des tapis de coton, travaillés avec plus ou moins de ſoin & employés à divers uſages : c’étoit ce qui diſtinguoit principalement les maiſons riches de celles des gens du commun.Des toiles et des tapis de coton, travaillés avec plus ou moins de soin et employés à divers usages, c’était ce qui distinguait principalement les maisons riches de celles des gens du commun.0.47368421052631570.5263157894736843
1256Si les arts de néceſſité première étoient ſi imparfaits au Mexique, il en faut conclure que ceux d’agrément l’étoient encore plus. Si les arts de nécessité première étaient si imparfaits aux Mexique, il en faut conclure que ceux d’agrément l’étaient encore plus. 0.53333333333333330.4666666666666667
1257La forme & l’exécution du peu de vaſes & de bijoux d’or ou d’argent qui ſont venus juſqu’à nous : tout eſt également barbare. La forme et l’exécution du peu de vases et de bijoux d’or ou d’argent qui sont venus jusqu’à nous, tout est également barbare. 0.53333333333333330.4666666666666667
1258C’eſt la même groſſiéreté dans ces tableaux dont les premiers Eſpagnols parlèrent avec tant d’admiration, & qu’on compoſoit avec des plumes de toutes les couleurs. C’est la même grossièreté dans ces tableaux dont les premiers Espagnols parlèrent avec tant d’admiration, et qu’on composait avec des plumes de toutes les couleurs. 0.50.5
1259Ces peintures n’exiſtent plus ou ſont du moins très-rares : mais elles ont été gravées. Ces peintures n’existent plus, ou sont du moins très-rares ; mais elles ont été gravées. 0.50.5
1260L’artiſte eſt infiniment au-deſſous de ſon ſujet, ſoit qu’il repréſente des plantes, des animaux ou des hommes. L’artiste est infiniment au-dessous de son sujet, soit qu’il représente des plantes, des animaux ou des hommes. 0.31250.6875
1261Il n’y a ni lumière, ni ombre, ni deſſin, ni vérité dans ſon ouvrage. Il n’y a ni lumière, ni ombre, ni dessin, ni vérité dans son ouvrage. 0.6250.375
1262L’architecture n’avoit pas fait de plus grands progrès. L’architecture n’avait pas fait de plus grands progrès. 0.60.4
1263On ne retrouve dans toute l’étendue de l’empire aucun ancien monument qui ait de la majeſté, ni même des ruines qui rappellent le ſouvenir d’une grandeur paſſée. On ne retrouve dans toute l’étendue de l’empire aucun ancien monument qui ait de la majesté, ni même des ruines qui rappellent le souvenir d’une grandeur passée. 0.6250.375
1264Jamais le Mexique ne put ſe glorifier que des chauſſées qui conduiſoient à ſa capitale, que des acqueducs qui y amenoient de l’eau potable d’une diſtance fort conſidérable.Jamais le Mexique ne put se glorifier que des chaussées qui conduisaient à sa capitale, que des aquéducs qui y amenaient de l’eau potable d’une distance fort considérable.0.416666666666666740.5833333333333333
1265On étoit encore plus reculé dans les ſciences que dans les arts ; & c’étoit une ſuite naturelle de la marche ordinaire de l’eſprit humain. On était encore plus reculé dans les sciences que dans les arts ; et c’était une suite naturelle de la marche ordinaire de l’esprit humain. 0.333333333333333260.6666666666666667
1266Il n’étoit guère poſſible qu’un peuple dont la civiliſation n’étoit pas ancienne & qui n’avoit pu recevoir aucune inſtruction de ſes voiſins, eût des connoiſſances un peu étendues. Il n’était guère possible qu’un peuple dont la civilisation n’était pas ancienne, et qui n’avait pu recevoir aucune instruction de ses voisins, eût des connaissances un peu étendues. 0.333333333333333260.6666666666666667
1267Tout ce qu’on pourrait conclure de ses institutions religieuses et politiques, c’est qu’il avait fait quelques pas dans l’astronomie.
1268Tout ce qu’on pourroit conclure de ſes inſtitutions religieuſes & politiques, c’eſt qu’il avoit fait quelques pas dans l’aſtronomie.
1269Combien même il lui auroit fallu de ſiècles pour s’éclairer, puiſqu’il étoit privé du ſecours de l’écriture, puiſqu’il étoit encore très-éloigné de ce moyen puiſſant & peut-être unique de lumière, par l’imperfection de ces hiéroglyphes !Combien même il lui aurait fallu de siècles pour s’éclairer, puisqu’il était privé du secours de l’écriture, puisqu’il était encore trèséloigné de ce moyen puissant et peut-être unique de lumière, par l’imperfection de ses hiéroglyphes !0.50.5
1270C’étoient des tableaux tracés ſur des écorces d’arbre, ſur des peaux de bête fauve, ſur des toiles de coton, & deſtinés à conſerver le ſouvenir des loix, des dogmes, des révolutions de l’empire. C’étaient des tableaux tracés sur des écorces d’arbres, sur des peaux de bêtes fauves, sur des toiles de coton, et destinés à, conserver le souvenir des lois, des dogmes, des révolutions de l’empire. 0.370370370370370350.6296296296296297
1271Le nombre, la couleur, l’attitude des figures : tout varioit ſelon les objets qu’il s’agiſſoit d’exprimer. Le nombre, la couleur, l’attitude des figures, tout variait selon les objets qu’il s’agissait d’exprimer. 0.58333333333333340.41666666666666663
1272Quoique ces ſignes imparfaits ne duſſent pas avoir ce grand caractère qui exclut tout doute raiſonnable, on peut penſer qu’aidés par des traditions de corps & de famille ; ils donnoient quelque connoiſſance des événemens paſſés. Quoique ces signes imparfaits ne dussent pas avoir ce grand caractère qui exclut tout doute raisonnable, on peut penser qu’aidés par des traditions de corps et de famille, ils donnaient quelque connaissance des événemens passés. 0.416666666666666740.5833333333333333
1273L’indifférence des conquérans pour tout ce qui n’avoit pas trait à une avidité inſatiable leur fit négliger la clef de ces dépôts importans. L’indifférence des conquérans pour tout ce qui n’avait pas trait à une avidité insatiable leur fit négliger la clef de ces dépôts importans. 0.71428571428571430.2857142857142857
1274Bientôt leurs moines les regardèrent comme des monumens d’idolâtrie ; & le premier évêque de Mexico, Zummaraga, condamna aux flammes tout ce qu’on en put raſſembler. Bientôt leurs moines les regardèrent comme des monumens d’idolâtrie ; et le premier évêque de Mexico, Zummaraga, condamna aux flammes tout ce qu’on en put rassembler. 0.85714285714285710.1428571428571429
1275Le peu qui échappa de ce fanatique incendie & qui s’eſt conſervé ſous l’un & l’autre hémiſphère, n’a pas diſſipé depuis les ténèbres où la négligence des premiers Eſpagnols nous avoit plongés.Le peu qui s’échappa de ce fanatique incendie, et qui s’est conservé sous l’un et l’autre hémisphère, n’a pas dissipé depuis les ténèbres où la négligence des premiers Espagnols nous avait plongés.0.416666666666666740.5833333333333333
1276On ignore juſqu’à l’époque de la fondation de l’empire. On ignore jusqu’à l’époque de la fondation de l’empire. 0.66666666666666660.33333333333333337
1277A la vérité, les hiſtoriens Caſtillans nous diſent qu’avant le dixième ſiècle ce vaſte eſpace n’étoit habité que par des hordes errantes & tout-à-fait ſauvages. A la vérité, les historiens castillans nous disent qu’avant le dixième siècle ce vaste espace n’était habité que par des hordes errantes et tout-à-fait sauvages. 0.304347826086956540.6956521739130435
1278Ils nous diſent que vers cette époque, des tribus venues du Nord & du Nord-Oueſt, occupèrent quelques parties du territoire & y portèrent des mœurs plus douces. Ils nous disent que vers cette époque des tribus, venues du nord et du nord-ouest, occupèrent quelques parties du territoire, et y portèrent des mœurs plus douces. 0.71428571428571430.2857142857142857
1279Ils nous diſent que trois cens ans après, un peuple encore plus avancé dans la civiliſation & ſorti du voiſinage de la Californie s’établit ſur les bords des lacs & y bâtit Mexico. Ils nous disent que, trois cents ans après, un peuple encore plus avancé dans la civilisation, et sorti du voisinage de la Californie, s’établit sur les bords des lacs, et y bâtit Mexico. 0.45454545454545460.5454545454545454
1280Ils nous diſent que cette dernière nation, ſi ſupérieure aux autres, n’eut durant un aſſez long période, que des chefs plus ou moins habiles, qu’elle élevoit, qu’elle deſtituoit ſelon qu’elle le jugeoit convenable à ſes intérêts. Ils nous disent que cette dernière nation, si supérieure aux autres, n’eut, durant un assez long période, que des chefs plus ou moins habiles, qu’elle élevait, qu’elle destituait selon qu’elle le jugeait convenable à ses intérêts. 0.461538461538461560.5384615384615384
1281Ils nous diſent que l’autorité, juſqu’alors partagée & révocable, fut concentrée dans une ſeule main & devint inamovible, cent trente ou cent quatre-vingt dix-ſept ans, avant l’arrivée des Eſpagnols. Ils nous disent que l’autorité, jusqu’alors partagée et révocable, fut concentrée dans une seule main, et devint inamovible cent trente ou cent quatre-vingt-dix-sept ans avant l’arrivée des Espagnols. 0.50.5
1282Ils nous diſent que les neuf monarques qui portèrent ſucceſſivement la couronne, donnèrent au domaine de l’état une extenſion qu’il n’avoit pas eue ſous l’ancien gouvernement. Ils nous disent que les neuf monarques qui portèrent successivement la couronne donnèrent au domaine de l’état une extension qu’il n’avait pas eue sous l’ancien gouvernement. 0.50.5
1283Mais quelle foi peut-on raiſonnablement accorder à des annales confuſes, contradictoires & remplies des plus abſurdes fables qu’on ait jamais expoſées à la crédulité humaine ? Mais quelle foi peut-on raisonnablement accorder à des annales confuses, contradictoires, et remplies des plus absurdes fables qu’on ait jamais exposées à la crédulité humaine ? 0.60.4
1284Pour croire qu’une ſociété dont la domination étoit ſi étendue, dont les inſtitutions étoient ſi multipliées, dont le rit étoit ſi régulier, avoit une origine auſſi moderne qu’on l’a publié, il faudroit d’autres témoignages que ceux des féroces ſoldats qui n’avoient ni le talent ni la volonté de rien examiner ; il faudroit d’autres garans que des prêtres fanatiques qui ne ſongeoient qu’à élever leur culte ſur la ruine des ſuperſtitions qu’ils trouvoient établies. Pour croire qu’une société dont la domination était si étendue, dont les institutions étaient si multipliées, dont le rit était si régulier, avait une origine aussi moderne qu’on l’a publié, il faudrait d’autres témoignages que ceux des féroces soldats, qui n’avaient ni le talent ni la volonté de rien examiner ; il faudrait d’autres garans que des prêtres fanatiques, qui ne songeaient qu’à élever leur culte sur la ruine des superstitions qu’ils trouvaient établies. 0.52941176470588240.47058823529411764
1285Que ſauroit-on de la Chine, ſi les Portugais avoient pu l’incendier, la bouleverſer ou la détruire comme le Bréſil ? Que saurait-on de la Chine, si les Portugais avaient pu l’incendier, la bouleverser ou la détruire comme le Brésil ? 0.333333333333333260.6666666666666667
1286Parleroit-on aujourd’hui de l’antiquité de ſes livres, de ſes loix & de ſes mœurs ? Parlerait-on aujourd’hui de l’antiquité de ses livres, de ses lois et de ses mœurs ? 0.44444444444444440.5555555555555556
1287Quand on aura laiſſé pénétrer au Mexique quelques philoſophes pour y déterrer, pour y déchiffrer les ruines de ſon hiſtoire, que ces ſavans ne feront, ni des moines, ni des Eſpagnols, mais des Anglois, des François qui auront toute la liberté, tous les découvrir la vérité : peut-être alors la ſaurat-on, ſi la barbarie n’a pas détruit tous les monumens qui pouvoient en marquer la trace.Quand on aura laissé pénétrer au Mexique quelques philosophes pour y déterrer, pour y déchiffrer les ruines de son histoire, que ces savans ne seront ni des moines, ni des Espagnols, mais des Anglais, des Français qui auront toute la liberté, tous les moyens de découvrir la vérité, peut-être alors la saura-t-on, si la barbarie n’a pas détruit tous les monumens qui pouvaient en marquer la trace.0.421052631578947350.5789473684210527
1288Ces recherches ne pourroient pas cependant conduire à une connoiſſance exacte de l’ancienne population de l’empire. Ces recherches ne pourraient pas cependant conduire à une connaissance exacte de l’ancienne population de l’empire. 0.63636363636363640.36363636363636365
1289Elle était immense, disent les conquérans.
1290Elle étoit immenſe, diſent les conquérans.
1291Des habitans couvroient les campagnes ; les citoyens fourmilloient dans les villes ; les armées étoient très-nombreuſes. Des habitans couvraient les campagnes ; les citoyens fourmillaient dans les villes ; les armées étaient très-nombreuses. 0.38461538461538460.6153846153846154
1292Stupides relateurs, n’eſt-ce pas vous qui nous aſſurez que c’étoit un état naiſſant ; que des guerres opiniâtres l’agitoient ſans ceſſe ; qu’on maſſacroit ſur le champ de bataille ou qu’on ſacrifioit aux dieux dans les temples tous les priſonniers ; qu’à la mort de chaque empereur, de chaque cacique, de chaque grand, un nombre de victimes proportionné à leur dignité étoit immolé ſur leur tombe ; qu’un goût dépravé faiſoit généralement négliger les femmes ; que les mères nourriſſoient de leur propre lait leurs enfans durant quatre ou cinq années, & ceſſoient de bonne heure d’être fécondes ; que les peuples gémiſſoient par-tout & ſans relâche ſous les vexations du fiſc ; que des eaux corrompues, que de vaſtes forêts couvroient les provinces ; que les aventuriers Eſpagnols eurent plus à ſouffrir de la diſette que de la longueur des marches, que des traits de l’ennemi.Stupides relateurs, n’est-ce pas vous qui nous assurez que c’était un état naissant ; que des guerres opiniâtres l’agitaient sans cesse ; qu’on massacrait sur le champ de bataille ou qu’on sacrifiait aux dieux dans les temples tous les prisonniers ; qu’à la mort de chaque empereur, de chaque cacique, de chaque grand, un nombre de victimes proportionné à leur dignité étaient immolées sur leur tombe ; qu’un goût dépravé faisait généralement négliger les femmes ; que les mères nourrissaient de leur propre lait leurs enfans durant quatre ou cinq années, et cessaient de bonne heure d’être fécondes ; que les peuples gémissaient partout et sans relâche sous les vexations du fisc ; que des eaux corrompues, que de vastes forêts couvraient les provinces ; que les aventuriers espagnols eurent plus à souffrir de la disette que de la longueur des marches, que des traits de l’ennemi ?0.52127659574468090.4787234042553191
1293Comment concilier des faits, certifiés par tant de témoins, avec cette exceſſive population ſi ſolemnellement atteſtée dans vos orgueilleuſes annales ? Comment concilier des faits certifiés par tant de témoins, avec cette excessive population si solennellement attestée dans vos orgueilleuses annales ? 0.40.6
1294Avant que la ſaine philoſophie eût fixé un regard attentif ſur vos étranges contradictions ; lorſque la haîne qu’on vous portoit faiſoit ajouter une foi entière à vos folles exagérations, l’univers, qui ne voyoit plus qu’un déſert dans le Mexique, étoit convaincu que vous aviez précipité au tombeau des générations innombrables. Avant que la saine philosophie eût fixé un regard attentif sur vos étranges contradictions, lorsque la haine qu’on vous portait faisait ajouter une foi entière à vos folles exagérations, l’univers, qui ne voyait plus qu’un désert dans le Mexique, était convaincu que vous aviez précipité au tombeau des générations innombrables. 0.57894736842105270.42105263157894735
1295Sans doute, vos farouches ſoldats ſe ſouillèrent trop ſouvent d’un ſang innocent ; ſans doute, vos fanatiques miſſionnaires ne s’oppoſèrent pas à ces barbaries comme ils le devoient ; ſans doute, une tyrannie inquiète, une avarice inſatiable enlevèrent à cette infortunée partie du Nouveau-Monde beaucoup de ſes foibles enfans : mais vos cruautés furent moindres que les hiſtoriens de vos ravages n’ont autoriſé les nations à le penſer. Sans doute vos farouches soldats se souillèrent trop souvent d’un sang innocent ; sans doute vos fanatiques missionnaires ne s’opposèrent pas à ces barbaries comme ils le devaient ; sans doute une tyrannie inquiète, une avarice insatiable enlevèrent à cette infortunée partie du NouveauMonde beaucoup de ses faibles enfans ; mais vos cruautés furent moindres que les historiens de vos ravages n’ont autorisé les nations à le penser. 0.42222222222222230.5777777777777777
1296Et c’eſt moi, moi que vous regardez comme le détracteur de votre caractère, qui même en vous accuſant d’ignorance & d’impoſture, deviens, autant qu’il ſe peut, votre apologiſte.Et c’est moi, moi que vous regardez comme le détracteur de votre caractère, qui, même en vous accusant d’ignorance et d’imposture, deviens, autant qu’il se peut, votre apologiste.0.47368421052631570.5263157894736843
1297Aimeriez-vous mieux qu’on ſurfît le nombre de vos aſſaſſinats, que de dévoiler votre ſtupidité & vos contradictions ? Aimeriez-vous mieux qu’on surfît le nombre de vos assassinats que de dévoiler votre stupidité et vos contradictions ? 0.50.5
1298Ici, j’en atteſte le ciel, je ne me ſuis occupé qu’à vous laver du ſang dont vous paroiſſez glorieux d’être couverts ; & par-tout ailleurs où j’ai parlé de vous, que des moyens de rendre à votre nation ſa première ſplendeur & d’adoucir le ſort des peuples malheureux qui vous ſont ſoumis. Ici, j’en atteste le ciel, je ne me suis occupé qu’à vous laver du sang dont vous paraissez glorieux d’être couverts, et partout ailleurs où j’ai parlé de vous, que des moyens de rendre à votre nation sa première splendeur, et d’adoucir le sort des peuples malheureux qui vous sont soumis. 0.58333333333333340.41666666666666663
1299Si vous me découvrez quelque haîne ſecrete ou quelque vue d’intérêt, je m’abandonne à votre mépris. Si vous me découvrez quelque haine secrète ou quelque vue d’intérêt, je m’abandonne à votre mépris. 0.77777777777777780.2222222222222222
1300Ai-je traité les autres dévaſtateurs du NouveauMonde, les François même mes compatriotes, avec plus de ménagement ? Ai-je traité les autres dévastateurs du Nouveau-Monde, les Français même, mes compatriotes, avec plus de ménagement ? 0.60.4
1301Pourquoi donc êtes-vous les ſeuls que j’aie offenſés ? Pourquoi donc êtes-vous les seuls que j’aie offensés ? 0.333333333333333260.6666666666666667
1302C’eſt qu’il ne vous reſte que de l’orgueil. C’est qu’il ne vous reste que de l’orgueil. 0.40.6
1303Devenez puiſſans, vous deviendrez moins ombrageux ; & la vérité, qui vous fera rougir, ceſſera de vous irriter.Devenez puissans, vous deviendrez moins ombrageux ; et la vérité, qui vous fera rougir, cessera de vous irriter.0.63636363636363640.36363636363636365
1304Quelle que fût la population du Mexique, la priſe de la capitale entraîna la ſoumiſſion de l’état entier. Quelle que fût la population du Mexique, la prise de la capitale entraîna la soumission de l’état entier. 0.63636363636363640.36363636363636365
1305Il n’étoit pas auſſi étendu qu’on le croit communément. Il n’était pas aussi étendu qu’on le croit communément. 0.57142857142857140.4285714285714286
1306Sur la mer du Sud, l’Empire ne commençoit qu’à Nicaragua & ſe terminoit à Acapulco : encore une partie des côtes qui baignent cet océan n’avoit-elle jamais été ſubjuguée. Sur la mer du Sud, l’empire ne commençait qu’à Nicaragua, et se terminait à Acapulco : encore une partie des côtes qui baignent cet océan n’avait-elle jamais été subjuguée. 0.59090909090909090.40909090909090906
1307Sur la mer du Nord, rien preſque ne le coupoit depuis la rivière de Tabaſco juſqu’à celle de Panuco : mais dans l’intérieur des terres, Tlaſcala, Tepeaca, Mechoacan, Chiapa, quelques autres diſtricts moins conſidérables, avoient conſervé leur indépendance. Sur la mer du Nord, rien presque ne le coupait depuis la rivière de Tabasco jusqu’à celle de Panuco ; mais, dans l’intérieur des terres, Tlascala, Tepeaca, Mechoacan, Chiapa, quelques autres districts moins considérables avaient conservé leur indépendance. 0.35714285714285720.6428571428571428
1308La liberté leur fut ravie, en moins d’une année, par le conquérant auquel il ſuffiſoit d’envoyer dix, quinze, vingt chevaux pour n’éprouver aucune réſiſtance ; & avant la fin de 1522, les provinces qui avoient repouſſé les loix des Mexicains & rendu la communication de leurs poſſeſſions difficile ou impraticable, firent toutes partie de la domination Eſpagnole. La liberté leur fut ravie, en moins d’une année, par le conquérant auquel il suffisait d’envoyer dix, quinze, vingt chevaux pour n’éprouver aucune résistance ; et avant la fin de 1522, les provinces qui avaient repoussé les lois des Mexicains, et rendu la communication de leurs possessions difficile ou impraticable, firent toute partie de la domination espagnole.0.60606060606060610.3939393939393939
1309Combien il eût été aisé, combien il eût été glorieux, combien il eût été utile aux nouveaux souverains de faire bénir leur domination !
1310Avec le tems, elle reçut encore des accroiſſemens immenſes du côté du Nord.
1311Ils auroient même été plus conſidérables, ſur-tout plus utiles, ſans les barbaries incroyables qui les accompagnoient ou qui les ſuivoient.
1312A peine les Caſtillans ſe virent-ils les maîtres du Mexique, qu’ils s’en partagèrent les meilleures terres, qu’ils réduiſirent en ſervitude le peuple qui les avoit défrichées, qu’ils le condamnèrent à des travaux que ſa conſtitution phyſique, que ſes habitudes ne comportoient pas. Mais ces redoutables aventuriers ne se virent pas plus tôt les maîtres de la vaste région que la fortune leur avait donnée, qu’ils s’en partagèrent les meilleures terres, qu’ils réduisirent en servitude le peuple qui les avait défrichées, qu’ils le condamnèrent à des travaux que sa constitution physique, que ses habitudes ne comportaient pas. 0.333333333333333260.6666666666666667
1313Cette oppreſſion générale excita de grands ſoulevemens. Cette oppression générale excita de grands soulèvemens. 0.42857142857142860.5714285714285714
1314Il n’y eut point de concert, il n’y eut point de chef il n’y eut point de plan ; & ce fut le déſeſpoir ſeul qui produiſit cette grande exploſion. Il n’y eut point de concert, il n’y eut point de chef, il n’y eut point de plan ; et ce fut le désespoir seul qui produisit cette grande explosion. 0.461538461538461560.5384615384615384
1315Le ſort voulut qu’elle tournât contre les trop malheureux Indiens. Le sort voulut qu’elle tournât contre les trop malheureux Indiens. 0.71428571428571430.2857142857142857
1316Un conquérant irrité, le fer & la flamme à la main, ſe porta avec la rapidité de l’éclair d’une extrémité de l’empire à l’autre, & laiſſa par-tout des traces d’une vengeance éclatante dont les détails feroient frémir les ames les plus ſanguinaires. Un tyran irrité, le fer et la flamme à la main, se porta avec la rapidité de l’éclair d’une extrémité de l’empire à l’autre, et laissa partout des traces d’une vengeance éclatante, dont le souvenir durera éternellement. 0.55172413793103450.4482758620689655
1317Il y eut une barbare émulation entre l’officier & le ſoldat à qui immoleroit le plus de victimes ; & le général lui-même ſurpaſſa peut-être en férocité ſes troupes & ſes lieutenans.Il y eut une barbare émulation, entre l’officier et le soldat, à qui immolerait le plus de victimes ; et le général lui-même fut peut-être de tous le plus coupable. 0.44444444444444440.5555555555555556
1318Ce fut de son aveu ou par ses ordres que soixante caciques, que quatre cents nobles furent brûlés vifs le même jour dans une seule province.
1319On poussa même la barbarie jusqu’à forcer les proches et les enfans de ces malheureux d’assister à cette épouvantable tragédie.
1320Cependant, Cortès ne recueillit pas de tant d’inhumanités le fruit qu’il s’en pouvoit promettre. Cependant Cortez ne recueillit pas de tant d’inhumanités le fruit qu’il s’en pouvait promettre. 0.60.4
1321Il commençoit à entrer dans la politique de la cour de Madrid de ne pas laiſſer à ceux de ſes ſujets qui s’étoient ſignalés par quelque importante découverte le tems de s’affermir dans leur domination, dans la crainte bien ou mal fondée qu’ils ne ſongeâſſent à ſe rendre indépendans de la couronne. Il commençait à entrer dans la politique de la cour de Madrid de ne pas laisser à ceux de ses sujets qui s’étaient signalés par quelque importante découverte le temps de s’affermir dans leur domination, dans la crainte bien ou mal fondée qu’ils ne songeassent à se rendre indépendans. 0.46666666666666670.5333333333333333
1322Si le conquérant du Mexique ne donna pas lieu à ce ſyſtême, du moins en fut-il une des premières victimes. Si le conquérant du Mexique ne donna pas lieu à ce système, du moins en fut-il une des premières victimes. 0.80.19999999999999996
1323On diminuoit chaque jour les pouvoirs illimités dont il avoit joui d’abord ; & avec le tems on les réduiſit à ſi peu de choſe, qu’il crut devoir préférer une condition privée aux vaines apparences d’une autorité qu’accompagnoient les plus grands d’égoûts.On diminuait chaque jour les pouvoirs illimités dont il avait joui d’abord ; et avec le temps on les réduisit à si peu de chose, qu’il crut devoir préférer une condition privée aux vaines apparences d’une autorité qu’accompagnaient les plus grands dégoûts.0.60.4
1324Cet Espagnol fut despote et cruel.
1325Ses succès sont flétris par l’injustice de ses projets.
1326Cet Eſpagnol fut deſpote & cruel.
1327Ses ſuccès ſont flétris par l’injuſtice de ſes projets.
1328C’eſt un aſſaſſin couvert de ſang innocent : mais ſes vices ſont de ſon tems ou de ſa nation, & ſes vertus ſont à lui. C’est un assassin couvert de sang innocent : mais ses vices sont de son temps ou de sa nation, et ses vertus sont à lui. 0.3684210526315790.631578947368421
1329Placez cet homme chez les peuples anciens ; donnez-lui une autre patrie, une autre éducation, un autre esprit, d’autres mœurs, une autre religion ; mettez-le à la tête de la flotte qui s’avança contre Xerxès ; comptez-le parmi les Spartiates qui se présentèrent au détroit des Thermopyles, ou supposez-le parmi ces généreux Bataves qui s’affranchirent de la tyrannie de ses compatriotes, et Cortez sera un grand homme.
1330Placez cet homme chez les peuples anciens.
1331Donnez-lui une autre patrie, une autre éducation, un autre eſprit, d’autres mœurs, une autre religion.
1332Mettez-le à la tête de la flotte qui s’avança contre Xerxès.
1333Comptez-le parmi les Spartiates qui ſe préſentèrent au détroit des Thermopiles, ou ſuppoſez-le parmi ces généreux Bataves qui s’affranchirent de la tyrannie de ſes compatriotes, & Cortès ſera un grand homme.
1334Ses qualités ſeront héroïques, ſa mémoire ſera ſans reproche. Ses qualités seront héroïques, sa mémoire sera sans reproche. 0.50.5
1335Céſar né dans le quinzième ſiècle & général au Mexique eût été plus méchant que Cortès. César, né dans le quinzième siècle et général au Mexique, eût été plus méchant que Cortez. 0.53846153846153840.46153846153846156
1336Pour excuſer les fautes qui lui ont été reprochées, il faut ſe demander à ſoi-même ce qu’on peut attendre de mieux d’un homme qui fait les premiers pas dans des régions inconnues & qui eſt preſſé de pourvoir à ſa ſûreté. Pour excuser les fautes qui lui ont été reprochées, il faut se demander à soi-même ce qu’on peut attendre de mieux d’un homme qui fait les premiers pas dans des régions inconnues, et qui est pressé de pourvoir à sa sûreté. 0.57692307692307690.42307692307692313
1337Il serait bien injuste de le confondre avec le fondateur paisible qui connaît la contrée et qui dispose à son gré des moyens, de l’espace et du temps.
1338Depuis que le Mexique eut subi le joug des Castillans, cette vaste contrée ne fut plus exposée à l’invasion.
1339Il ſeroit bien injuſte de le confondre avec le fondateur paiſible qui connoît la contrée & qui diſpoſe à ſon gré des moyens, de l’eſpace & du tems.
1340Depuis que le Mexique eut ſubi le joug des Caſtillans, cette vaſte contrée ne fut plus expoſée à l’invaſion.
1341Aucun ennemi voiſin ou éloigné ne ravagea ſes provinces. Aucun ennemi voisin ou éloigné ne ravagea ses provinces. 0.57142857142857140.4285714285714286
1342La paix dont elle jouiſſoit ne fut extérieurement troublée que par des pirates. La paix dont elle jouissait ne fut extérieurement troublée que par des pirates. 0.66666666666666660.33333333333333337
1343Dans la mer du Sud, les entrepriſes de ces brigands ſe bornèrent à la priſe d’un petit nombre de vaiſſeaux : mais au Nord, ils pillèrent une fois Campeche, deux fois Vera-Crux, & ſouvent ils portèrent la déſolation ſur des côtes moins connues, moins riches & moins défendues.Dans la mer du Sud, les entreprises de ces brigands se bornèrent à la prise d’un petit nombre de vaisseaux : mais au nord ils pillèrent une fois Campèche, deux fois Véra-Cruz, et souvent ils portèrent la désolation sur des côtes moins connues, moins riches et moins défendues.0.55172413793103450.4482758620689655
1344Pendant que la navigation & les rivages de cette opulente région ſont en proie aux corſaires & aux eſcadres des nations révoltées de l’ambition de l’Eſpagne, ou ſeulement jalouſes de ſa ſupériorité, les Chichemecas troublent l’intérieur de l’empire. Pendant que la navigation et les rivages de cette opulente région sont en proie aux corsaires et aux escadres des nations révoltées de l’ambition de l’Espagne, ou seulement jalouses de sa supériorité, les Chichemecas troublent l’intérieur de l’empire. 0.480.52
1345C’étoient, ſi l’on en croit Herrera & Torquemada, les peuples qui occupoient les meilleures plaines de la contrée avant l’arrivée des Mexicains. C’étaient, si l’on en croit Herréra, les peuples qui occupaient les meilleures plaines de la contrée avant l’arrivée des Mexicains. 0.60.4
1346Pour éviter les fers que leur préparoit le conquérant, ils ſe réfugièrent dans des cavernes & dans des montagnes où s’accrut leur férocité naturelle & où ils menoient une vie entiérement animale. Pour éviter les fers que leur préparait le conquérant, ils se réfugièrent dans des cavernes et dans des montagnes, où s’accrut leur férocité naturelle, et où ils menaient une vie entièrement animale. 0.66666666666666660.33333333333333337
1347La nouvelle révolution qui venoit de changer l’état de leur ancienne patrie ne les diſpoſa pas à des mœurs plus douces ; & ce qu’ils virent ou qu’ils apprirent du caractère Eſpagnol leur inſpira une haîne implacable contre une nation ſi fière & ſi oppreſſive. La nouvelle révolution qui venait de changer l’état de leur ancienne patrie ne les disposa pas à des mœurs plus douces ; et ce qu’ils virent ou qu’ils apprirent du caractère espagnol leur inspira une haine implacable contre une nation si fière et si oppressive. 0.60714285714285710.3928571428571429
1348Cette paſſion, toujours terrible dans des ſauvages, ſe manifeſta par les ravages qu’ils portèrent dans tous les établiſſemens qu’on formoit à leur voiſinage, par les cruautés qu’ils exerçoient ſur ceux qui entreprenoient d’y ouvrir des mines. Cette passion, toujours terrible dans des sauvages, se manifesta par les ravages qu’ils portèrent dans tous les établissemens qu’on formait à leur voisinage, par les cruautés qu’ils exerçaient sur ceux qui entreprenaient d’y ouvrir des mines. 0.35714285714285720.6428571428571428
1349Inutilement, pour les contenir ou les réprimer, il fut établi des forts & des garniſons ſur la frontière, leur rage ne diſcontinua pas juſqu’en 1592. Inutilement, pour les contenir ou les réprimer, il fut établi des forts et des garnisons sur la frontière ; leur rage ne discontinua pas jusqu’en 1592. 0.50.5
1350A cette époque, le capitaine Caldena leur perſuada de mettre fin aux hoſtilités. A cette époque le capitaine Caldena leur persuada de mettre fin aux hostilités. 0.55555555555555560.4444444444444444
1351Dans la vue de rendre durables ces sentimens pacifiques, le gouvernement leur fit bâtir des habitations, les .
1352Dans la vue de rendre durables ces ſentimens pacifiques, le gouvernement leur fit bâtir des habitations, les raſſembla dans pluſieurs bourgades, & envoya au milieu d’eux quatre cens familles Tlaſcaltèques dont l’emploi devoit être de former à quelques arts, à quelques cultures un peuple qui juſqu’alors n’avoit été couvert que de peaux n’avoit vécu que de chaſſe ou des productions ſpontanées de la nature. rassembla dans plusieurs bourgades, et envoya de Tlascala au milieu d’eux quatre cents familles, dont l’emploi devait être de former à quelques arts, à quelques cultures un peuple qui jusqu’alors n’avait été couvert que de peaux, n’avait vécu que de chasse ou des productions spontanées de la nature. 0.41860465116279080.5813953488372092
1353Ces mesures, quoique sages, ne réussirent que tard.
1354Ces meſures, quoique ſages, ne réuſſirent que tard.
1355Les Chichemecas ſe refuſèrent long-tems à l’inſtruction qu’on avoit entrepris de leur donner, repouſſèrent même toute liaiſon avec des inſtituteurs bienfaiſans & Américains. Les Chichemecas se refusèrent long-temps à l’instruction qu’on avait entrepris de leur donner, repoussèrent même toute liaison avec des instituteurs bienfaisans et américains. 0.304347826086956540.6956521739130435
1356Ce ne fut qu’en 1608 que l’Eſpagne fut déchargée du ſoin de les habiller & de les nourrir.Ce ne fut qu’en 1608 que l’Espagne fut déchargée du soin de les habiller et de les nourrir.0.50.5
1357Dans la première année du dix-septième siècle, plusieurs tribus de Guadalajara, qui sollicitaient vainement depuis long-temps quelque adoucissement à leur sort trop infortuné, prirent enfin la résolution de massacrer tous les Espagnols répandus sur leur territoire.
1358Le carnage allait commencer lorsque l’évêque de la capitale, Alfonse de la Mota, envoya aux mécontens des agens de confiance pour les assurer que leurs griefs seraient redressés, et, pour gage de sa parole, leur fit remettre quelques marques de sa dignité.
1359Au nom d’un prélat généralement révéré, les Indiens s’arrêtèrent, et, après une courte délibération, lui firent dire que dans la lune suivante ils l’instruiraient de leurs intentions.
1360C’était chez ces peuples un ancien usage de mettre dans les affaires importantes un mois d’intervalle entre la résolution et l’exécution.
1361Le hasard voulut que dans ces circonstances arrivât dans ce pays un corps de troupes castillanes qui parcourait les provinces pour les contenir ou les faire rentrer dans l’ordre.
1362Instruits ou non de ce qui s’était passé, ces soldats féroces dirigèrent leur marche sur des hommes qu’ils croyaient ou feignaient de croire révoltés.
1363Ceuxci, pensant qu’on les trahissait, reprirent les armes qu’ils avaient quittées, et allaient eux-mêmes commencer les hostilités, si un de leurs chefs ne leur eût adressé ces paroles : « N’avons-nous pas la mitre de notre pasteur et de celui de nos oppresseurs ? Faisons-en notre étendard. S’ils respectent autant que nous cette enseigne, le sang ne sera pas versé. S’ils la dédaignent, le ciel sera pour nous, et la victoire nous est assurée. »
1364Sur cette promesse, l’armée indienne se mit en mouvement, aussi éloignée de laisser paraître de la crainte que de montrer un air menaçant.
1365Le général Espagnol n’eut pas plus tôt aperçu la mitre, qu’il descendit de cheval, se prosterna devant elle, et la baisa respectueusement.
1366Les siens, tous les siens sans exception, suivirent son exemple.
1367La concorde entre les deux nations fut rétablie par la médiation du pontife ; et l’audience royale elle-même donna sa sanction à tout ce qui avait été arrêté.
1368Des fêtes religieuses trèsmultipliées et très-solennelles suivirent un accommodement regardé comme l’ouvrage de la religion.
1369Dix-huit ans après, Mexico voit ſe heurter avec le plus grand éclat la puiſſance civile & la puiſſance eccléſiaſtique. Seize ans après Mexico, voit se heurter avec le plus grand éclat la puissance civile et la puissance ecclésiastique. 0.61538461538461540.3846153846153846
1370Un homme convaincu de mille crimes cherche au pied des autels l’impunité de tous ſes forfaits. Un homme convaincu de mille crimes cherche au pied des autels l’impunité de tous ses forfaits. 0.88888888888888880.11111111111111116
1371Le vice-roi Gelves l’en fait arracher. Le vice-roi Gelves l’en fait arracher. 1.00.0
1372Cet acte d’une juſtice néceſſaire paſſe pour un attentat contre la divinité même. Cet acte d’une justice nécessaire passe pour un attentat contre la Divinité même. 0.45454545454545460.5454545454545454
1373La foudre de l’excommunication eſt lancée. La foudre de l’excommunication est lancée. 0.750.25
1374Le peuple se soulève.
1375Le peuple ſe ſoulève.
1376Le clergé ſéculier & régulier prend les armes. Le clergé séculier et régulier prend les armes. 0.66666666666666660.33333333333333337
1377On brûle le palais du commandant ; on enfonce le poignard dans le ſein de ſes gardes, de ſes amis, de ſes partiſans. On brûle le palais du commandant ; on enfonce le poignard dans le sein de ses gardes, de ses amis, de ses partisans. 0.63636363636363640.36363636363636365
1378Lui-même il eſt mis aux fers & embarqué pour l’Europe avec ſoixante-dix gentilshommes qui n’ont pas craint d’embraſſer ſes intérêts. Lui-même il est mis aux fers et embarqué pour l’Europe avec soixante-dix gentilshommes qui n’ont pas craint d’embrasser ses intérêts. 0.60.4
1379L’archevêque, auteur de tant de calamités & dont la vengeance n’eſt pas encore aſſouvie, ſuit ſa victime avec le deſir & l’eſpoir de l’immoler. L’archevêque, auteur de tant de calamités, et dont la vengeance n’est pas encore assouvie, suit sa victime avec le désir et l’espoir de l’immoler. 0.3750.625
1380Après avoir quelque tems balancé, la cour ſe décide enfin pour le fanatiſme. Après avoir quelque temps balancé, la cour se décide enfin pour le fanatisme. 0.44444444444444440.5555555555555556
1381Le défenſeur des droits du trône & de l’ordre eſt condamné à un oubli entier ; & ſon ſucceſſeur autoriſé à conſacrer ſolemnellement toutes les entrepriſes de la ſuperſtition, & plus particuliérement la ſuperſtition des aſyles.Le défenseur des droits du trône et de l’ordre est condamné à un oubli entier ; et son successeur autorisé à consacrer solennellement toutes les entreprises de la superstition, et plus particulièrement la superstition des asiles.0.30769230769230770.6923076923076923
1382Le mot aſyle, pris dans toute ſon étendue, pourroit ſignifier tout lieu, tout privilège, toute diſtinction qui garantit un coupable de l’exercice impartial de la juſtice. Le mot asile, pris dans toute son étendue, pourrait signifier tout lieu, tout privilége, toute distinction qui garantit un coupable de l’exercice impartial de la justice. 0.44444444444444440.5555555555555556
1383Car qu’eſt-ce qu’un titre qui affoiblit ou ſuſpend l’autorité de la loi ? Car qu’est-ce qu’un titre qui affaiblit ou suspend l’autorité de la loi ? 0.40.6
1384un asile.
1385un aſyle.
1386Qu’eſt-ce que la priſon qui dérobe le criminel à la priſon commune de tous les malfaiteurs ? Qu’est-ce que la prison qui dérobe le criminel à la prison commune de tous les malfaiteurs ? 0.55555555555555560.4444444444444444
1387un asile.
1388un aſyle.
1389Qu’eſt-ce qu’une retraite où le créancier ne peut aller ſaiſir le débiteur frauduleux ? Qu’est-ce qu’une retraite où le créancier ne peut aller saisir le débiteur frauduleux ? 0.63636363636363640.36363636363636365
1390un asile.
1391un aſyle.
1392Qu’eſt-ce que l’enceinte où l’on peut exercer ſans titre toutes les fonctions de la ſociété, & cela dans une contrée où le reſte des citoyens n’en obtient le droit qu’à prix d’argent ? Qu’est-ce que l’enceinte où l’on peut exercer sans titre toutes les fonctions de la société, et cela dans une contrée où le reste des citoyens n’en obtient le droit qu’à prix d’argent ? 0.70.30000000000000004
1393un asile.
1394un aſyle.
1395Qu’eſt-ce qu’un tribunal auquel on peut appeller d’une ſentence définitive prononcée par un autre tribunal cenſé le dernier de la loi ? Qu’est-ce qu’un tribunal auquel on peut appeler d’une sentence définitive prononcée par un autre tribunal censé le dernier de la loi ? 0.42857142857142860.5714285714285714
1396un asile.
1397un aſyle.
1398Qu’eſt-ce qu’un privilège excluſif, pour quelque motif qu’il ait été ſollicité & obtenu ? Qu’est-ce qu’un privilége exclusif, pour quelque motif qu’il ait été sollicité et obtenu ? 0.50.5
1399un asile.
1400un aſyle.
1401Dans un empire où les citoyens partageant inégalement les avantages de la ſociété n’en partagent pas les fardeaux proportionnellement à ces avantages, qu’eſt-ce que les diverſes diſtinctions qui ſoulagent les uns aux dépens des autres ? Dans un empire où les citoyens, partageant inégalement les avantages de la société, n’en partagent pas les fardeaux proportionnellement à ces avantages, qu’est-ce que les diverses distinctions qui soulagent les uns aux dépens des autres ? 0.57142857142857140.4285714285714286
1402des asiles.
1403des aſyles.
1404On connoît l’aſyle du tyran, l’aſyle du prêtre, l’aſyle du miniſtre, l’aſyle du noble, l’aſyle du traitant, l’aſyle du commerçant. On connaît l’asile du tyran, l’asile du prêtre, l’asile du ministre, l’asile du noble, l’asile du traitant, l’asile du commerçant. 0.45454545454545460.5454545454545454
1405Je nommerais presque toutes les conditions de la société.
1406Je nommerois preſque toutes les conditions de la ſociété.
1407Quelle eſt en effet celle qui n’a pas un abri en faveur d’un certain nombre de malverſations qu’elle peut commettre avec impunité ?Quelle est en effet celle qui n’a pas un abri en faveur d’un certain nombre de malversations qu’elle peut commettre avec impunité ?0.72727272727272730.2727272727272727
1408Cependant les plus dangereux des aſyles ne ſont pas ceux où l’on ſe ſauve, mais ceux que l’on porte avec ſoi, qui ſuivent le cou- & qui l’entourent, qui lui ſervent de bouclier & qui forment entre lui & moi une enceinte au centre de laquelle il eſt placé, & d’où il peut m’inſulter ſans que le châtiment puiſſe l’atteindre. Cependant les plus dangereux des asiles ne sont pas ceux où l’on se sauve, mais ceux que l’on porte avec soi, qui suivent le coupable et qui l’entourent, qui lui servent de bouclier, et qui forment entre lui et moi une enceinte au centre de laquelle il est placé, et d’où il peut m’insulter sans que le châtiment puisse l’atteindre. 0.39393939393939390.6060606060606061
1409Tels ſont l’habit & le caractère eccléſiaſtiques. Tels sont l’habit et le caractère ecclésiastiques. 0.40.6
1410L’un et l’autre étaient autrefois une sorte d’asile où l’impunité des forfaits les plus crians était presque assurée.
1411L’un & l’autre étoient autrefois une ſorte d’aſyle où l’impunité des forfaits les plus criants étoit preſqu’aſſurée .
1412Ce privilège eſt-il bien éteint ? Ce privilége est-il bien éteint ? 0.50.5
1413J’ai vu ſouvent conduire des moines & des prêtres dans les priſons : mais je n’en ai preſque jamais vu ſortir pour aller au lieu public des exécutions.J’ai vu souvent conduire des moines et des prêtres dans les prisons ; mais je n’en ai presque jamais vu sortir pour aller au lieu public des exécutions.0.58823529411764710.4117647058823529
1414Eh quoi ! parce qu’un homme par ſon état eſt obligé à des mœurs plus ſaintes, il obtiendra des ménagemens, une commiſération qu’on refuſera au coupable qui n’eſt pas lié par la même obligation... Eh quoi ! parce qu’un homme par son état est obligé à des mœurs plus saintes, il obtiendra des ménagemens, une commisération qu’on refusera au coupable qui n’est pas lié par la même obligation.0.56521739130434780.4347826086956522
1415....
1416Mais le reſpect dû à ſes fonctions, à ſon vêtement, à ſon caractère ? Mais le respect dû à ses fonctions, à son vêtement, à son caractère ?0.55555555555555560.4444444444444444
1417...
1418...
1419Mais la juſtice due également & ſans diſtinction à tous les citoyens ... Mais la justice due également et sans distinction à tous les citoyens... 0.44444444444444440.5555555555555556
1420Si le glaive de la loi ne ſe promène pas indifféremment par-tout ; s’il vacille, s’il s’élève ou s’abaiſſe ſelon la tête qu’il rencontre ſur ſon paſſage, la ſociété eſt mal ordonnée. Si le glaive de la loi ne se promène pas indifféremment partout ; s’il vacille, s’il s’élève ou s’abaisse selon la tête qu’il rencontre sur son passage, la société est mal ordonnée. 0.54166666666666660.45833333333333337
1421Alors il exiſte, ſous un autre nom, ſous une autre forme, un privilège déteſtable, un abri interdit aux uns & réſervé aux autres.Alors il existe sous un autre nom, sous une autre forme, un privilége détestable, un abri interdit aux uns et réservé aux autres.0.461538461538461560.5384615384615384
1422Mais ces aſyles, quoique généralement contraires à la proſpérité des ſociétés, ne fixeront pas ici notre attention. Mais ces asiles, quoique généralement contraires à la prospérité des sociétés, ne fixeront pas ici notre attention. 0.45454545454545460.5454545454545454
1423Il s’agira uniquement de ceux qu’ont offert, qu’offrent encore aujourd’hui les temples dans pluſieurs parties du globe.Il s’agira uniquement de ceux qu’ont offerts, qu’offrent encore aujourd’hui les temples dans plusieurs parties du globe.0.72727272727272730.2727272727272727
1424Ces refuges furent connus des anciens. Ces refuges furent connus des anciens. 1.00.0
1425Dans la Grèce encore à demi-barbare, on penſa que la tyrannie ne pouvoit être réfrénée que par la religion. Dans la Grèce encore à demi-barbare, on pensa que la tyrannie ne pouvait être réfrénée que par la religion. 0.70.30000000000000004
1426Les ſtatues d’Hercule, de Theſée, de Pirithoüs parurent propres à inſpirer de la terreur aux ſcélérats, lorſqu’ils n’eurent plus à redouter leurs maſſues. Les statues d’Hercule, de Thésée, de Pirithoüs, parurent propres à inspirer de la terreur aux scélérats, lorsqu’ils n’eurent plus à redouter leurs massues. 0.40.6
1427Mais auſſi-tôt que l’aſyle inſtitué en faveur de l’innocence ne ſervit plus qu’au ſalut du coupable, aux intérêts & à la vanité des conſervateurs du privilège, ces retraites furent abolies.Mais aussitôt que l’asile institué en faveur de l’innocence ne servit plus qu’au salut du coupable, aux intérêts et à la vanité des conservateurs du privilége, ces retraites furent abolies.0.45454545454545460.5454545454545454
1428D’autres peuples, à l’imitation des Grecs, établirent des aſyles. D’autres peuples, à l’imitation des Grecs, établirent des asiles. 0.750.25
1429Mais le citoyen ne ſe jettoit dans le ſein des dieux que pour ſe ſouſtraire à la main armée qui le pourſuivoit. Mais le citoyen ne se jetait dans le sein des dieux que pour se soustraire à la main armée qui le poursuivait. 0.38461538461538460.6153846153846154
1430Là, il invoquoit la loi ; il appelloit le peuple à ſon ſecours. Là, il invoquait la loi, il appelait le peuple à son secours. 0.363636363636363650.6363636363636364
1431Ses concitoyens accouroient. Ses concitoyens accouraient. 0.333333333333333260.6666666666666667
1432Le magistrat approchait ; il était interrogé.
1433S’il avait abusé de l’asile, il était doublement puni.
1434Le magiſtrat approchoit.
1435Il étoit interrogé.
1436S’il avoit abuſé de l’aſyle, il étoit doublement puni.
1437Il recevoit le châtiment & du forfait qu’il avoit commis, & de la profanation du lieu où il s’étoit ſauvé.Il recevait le châtiment et du forfait qu’il avait commis, et de la profanation du lieu où il s’était sauvé.0.50.5
1438Romulus voulut peupler ſa ville, & il en fit un aſyle. Romulus voulut peupler sa ville, et il en fit un asile. 0.6250.375
1439Quelques temples devinrent des aſyles ſous la république. Quelques temples devinrent des asiles sous la république. 0.50.5
1440Après la mort de Céſar, les Triumvirs voulurent que ſa chappelle fût un aſyle. Après la mort de César, les triumvirs voulurent que sa chapelle fût un asile. 0.416666666666666740.5833333333333333
1441Dans les siècles suivans, la bassesse des peuples érigea souvent les statues des tyrans en asiles.
1442C’est de là que l’esclave insultait son maître.
1443Dans les ſiècles ſuivans, la baſſeſſe des peuples érigea ſouvent les ſtatues des tyrans en aſyles.
1444C’eſt de-là que l’eſclave inſultoit ſon maître.
1445C’eſt de-là que le perſécuteur du repos public ſoulevoit la canaille contre les gens de bien.C’est de là que le persécuteur du repos public soulevait la canaille contre les gens de bien.0.333333333333333260.6666666666666667
1446Cette horrible inſtitution de la barbarie & du paganiſme cauſoit des maux inexprimables, lorſque le chriſtianiſme, monté ſur le trône de l’empire ne rougit pas de l’adopter & même de l’étendre. Cette horrible institution de la barbarie et du paganisme causait des maux inexprimables, lorsque le christianisme, monté sur le trône de l’empire, ne rougit pas de l’adopter, et même de l’étendre. 0.52380952380952380.47619047619047616
1447Bientôt, les ſuites de cette politique eccléſiaſtique ſe firent cruellement ſentir. Bientôt les suites de cette politique ecclésiastique se firent cruellement sentir. 0.363636363636363650.6363636363636364
1448Les loix perdirent leur autorité. Les lois perdirent leur autorité. 0.50.5
1449L’ordre ſocial étoit interverti. L’ordre social était interverti. 0.333333333333333260.6666666666666667
1450Alors le magiſtrat attaqua les aſyles avec courage ; le prêtre les défendit avec opiniâtreté. Alors le magistrat attaqua les asiles avec courage ; le prêtre les défendit avec opiniâtreté. 0.55555555555555560.4444444444444444
1451Ce fut durant plusieurs siècles une guerre vive et pleine d’animosité.
1452Ce fut durant pluſieurs ſiècles, une guerre vive & pleine d’animoſité.
1453Le parti qui prévaloit ſous un règne ferme ſuccomboit ſous un prince ſuperſticieux. Le parti qui prévalait sous un règne ferme succombait sous un prince superstitieux. 0.363636363636363650.6363636363636364
1454Quelquefois cet asile était général, et quelquefois il était restreint.
1455Quelquefois cet aſyle étoit général, & quelquefois il étoit reſtreint.
1456Anéanti dans un tems, réintégré dans un autre.Anéanti dans un temps, réintégré dans un autre.0.60.4
1457Ce qui doit ſurprendre dans une inſtitution ſi viſiblement contraire à l’équité naturelle, à la loi civile, à la ſainteté de la religion, à l’eſprit de l’évangile, au bon ordre de la ſociété : c’eſt ſa durée ; c’eſt la diverſité des édits des empereurs, la contradiction des canons, l’entêtement de pluſieurs évêques ; c’eſt ſur-tout l’extravagance des juriſconſultes, ſur l’étendue de l’aſyle ſelon le titre des égliſes. Ce qui doit surprendre dans une institution si visiblement contraire à l’équité naturelle, à la loi civile, à la sainteté de la religion, à l’esprit de l’Évangile, au bon ordre de la société, c’est sa durée ; c’est la diversité des édits des empereurs, la contradiction des canons, l’entêtement de plusieurs évêques ; c’est surtout l’extravagance des jurisconsultes sur l’étendue de l’asile selon le titre des églises. 0.40425531914893620.5957446808510638
1458Si c’eſt une grande égliſe, l’aſyle aura tant de pieds de franchiſe hors de ſon enceinte ; ſi c’eſt une moindre égliſe, la franchiſe de l’enceinte ſera moins étendue ; moins encore ſi c’eſt une chapelle ; la même que l’égliſe ſoit conſacrée ou ne le ſoit pas.Si c’est une grande église, l’asile aura tant de pieds de franchise hors de son enceinte ; si c’est une moindre église, la franchise de l’enceinte sera moins étendue ; moins encore si c’est une chapelle ; la même, que l’église soit consacrée ou ne le soit pas.0.360.64
1459Il eſt bien étrange que dans une longue ſuite de générations, pas un monarque, pas un eccléſiaſtique, pas un magiſtrat, pas un ſeul homme n’ait rappellé à ſes contemporains les beaux jours du chriſtianiſme. Il est bien étrange que, dans une longue suite de générations, pas un monarque, pas un ecclésiastique, pas un magistrat, pas un seul homme n’ait rappelé à ses contemporains les beaux jours du christianisme. 0.416666666666666740.5833333333333333
1460Autrefois, auroit-il pu leur dire, autrefois le pécheur étoit arrêté pendant des années à la porte du temple où il exploit ſa faute expoſé aux injures de l’air, en préſence de tous les fidèles, de tous les citoyens. Autrefois, aurait-il pu leur dire, autrefois le pécheur était arrêté pendant des années à la porte du temple, où il expiait sa faute exposé aux injures de l’air, en présence de tous les fidèles, de tous les citoyens. 0.560.43999999999999995
1461L’entrée de l’égliſe ne lui étoit accordée que pas à pas. L’entrée de l’église ne lui était accordée que pas à pas. 0.50.5
1462Il n’approchait du sanctuaire qu’à mesure que sa pénitence s’avançait.
1463Il n’approchoit du ſanctuaire qu’à meſure que ſa pénitence s’avançoit.
1464Et aujourd’hui un ſcélérat, un concuſſionnaire, un voleur, un aſſaſſin couvert de ſang ne trouve pas ſeulement les portes de nos temples ouvertes ; il y trouve encore protection, impunité, aliment & ſécurité.Et aujourd’hui un scélérat, un concussionnaire, un voleur, un assassin couvert de sang, ne trouve pas seulement les portes de nos temples ouvertes, il y trouve encore protection, impunité, aliment et sécurité.0.476190476190476160.5238095238095238
1465Mais ſi l’aſſaſſin avoit plongé le poignard dans le ſein d’un citoyen ſur les marches même de l’autel, que feriez-vous ? Mais si l’assassin avait plongé le poignard dans le sein d’un citoyen sur les marches mêmes de l’autel, que feriez-vous ? 0.46666666666666670.5333333333333333
1466Le lieu de la scène sanglante deviendra-t-il son asile ?
1467Le lieu de la ſcène ſanglante deviendra-t-il ſon aſyle ?
1468Voilà certes un privilège bien commode pour les ſcélérats. Voilà, certes, un privilége bien commode pour les scélérats. 0.50.5
1469Pourquoi tueront-ils dans les rues, dans les maiſons, ſur les grands chemins où ils peuvent être ſaiſis ? Pourquoi tueront-ils dans les rues, dans les maisons, sur les grands chemins, où ils peuvent être saisis ? 0.54545454545454540.4545454545454546
1470Que ne tuent-ils dans les égliſes ? Que ne tuent-ils dans les églises ? 0.333333333333333260.6666666666666667
1471Jamais il n’y eut un exemple plus révoltant du mépris des loix & de l’ambition eccléſiaſtique que cette immunité des temples. Jamais il n’y eut un exemple plus révoltant du mépris des lois et de l’ambition ecclésiastique que cette immunité des temples. 0.66666666666666660.33333333333333337
1472Il étoit reſervé à la ſuperſtition de rendre dans ce monde l’Etre ſuprême protecteur des mêmes crimes qu’il punit dans une autre vie par des peines éternelles. Il était réservé à la superstition de rendre dans ce monde l’Être suprême protecteur des mêmes crimes qu’il punit dans une autre vie par des peines éternelles. 0.57894736842105270.42105263157894735
1473On doit eſpérer que l’excès du mal fera ſentir la néceſſité du remède.On doit espérer que l’excès du mal fera sentir la nécessité du remède.0.40.6
1474Cette heureuſe révolution arrivera plus tard ailleurs qu’au Mexique, où les peuples ſont plongés dans une ignorance plus profonde encore que dans les autres régions ſoumiſes à la Caſtille. Cette heureuse révolution arrivera plus tard ailleurs qu’au Mexique, où les peuples sont plongés dans une ignorance plus profonde encore que dans les autres régions soumises à la Castille. 0.6315789473684210.368421052631579
1475En 1732, les élémens conjurés engloutirent une des plus riches flottes qui fuſſent jamais ſorties de cette opulente partie du Nouveau-Monde. En 1632, les élémens conjurés engloutirent une des plus riches flottes qui fussent jamais sorties de cette opulente partie du Nouveau-Monde. 0.750.25
1476Le désespoir fut universel dans les deux hémisphères.
1477Le déſeſpoir fut univerſel dans les deux hémiſphères.
1478Chez un peuple plongé dans la ſuperſtition, tous les événemens ſont miraculeux ; & le courroux du ciel fut généralement regardé comme la cauſe unique d’un grand déſaſtre, que l’inexpérience du pilote & d’autres cauſes tout auſſi naturelles pouvoient fort bien avoir amené. Chez un peuple plongé dans la superstition tous les événemens sont miraculeux ; et le courroux du ciel fut généralement regardé comme la cause unique d’un grand désastre, que l’inexpérience du pilote et d’autres causes tout aussi naturelles pouvaient fort bien avoir amené. 0.55555555555555560.4444444444444444
1479Un auto da fé parut le plus ſûr moyen de recouvrer les bontés divines ; & trentehuit malheureux périrent dans les flammes, victimes d’un aveuglement ſi déplorable.Un auto-da-fé parut le plus sûr moyen de recouvrer les bontés divines ; et trente-huit malheureux périrent dans les flammes, victimes d’un aveuglement si déplorable.0.68421052631578950.3157894736842105
1480Il me ſemble que j’aſſiſte à cette horrible expiation. Il me semble que j’assiste à cette horrible expiation. 0.50.5
1481Je la vois, je m’écrie : « Monstres exé- « crables, arrêtez ! Quelle liaison y a-t-il entre le « malheur que vous avez éprouvé et le crime « imaginaire ou réel de ceux que vous détenez « dans vos prisons ? S’ils ont des opinions qui « les rendent odieux aux yeux de l’Éternel, c’est « à lui à lancer la foudre sur leurs têtes. Il les « a soufferts pendant un grand nombre d’années ; « il les souffre, et vous les tourmentez. Quand « il aurait à les condamner à des peines sans fin « au jour terrible de sa vengeance, est-ce à vous « d’accélérer leurs supplices ? Pourquoi leur ravir « le moment d’une résipiscence qui les attend « peut-être dans la caducité, dans le danger, « dans la maladie ? Mais, infâmes que vous êtes, « prêtres dissolus, moines impudiques, vos cri- « mes ne suffisaient-ils pas pour exciter le cour- « roux du ciel ? Corrigez-vous, prosternez-vous « au pied des autels, couvrez-vous de sacs et « de cendres ; implorez la miséricorde d’en-haut « au lieu de traîner sur un bûcher des innocens « dont la mort, loin d’effacer vos forfaits, en « accroîtra le nombre de trente-huit autres qui « ne vous seront jamais remis. Pour apaiser « Dieu, vous brûlez des hommes ! Êtes-vous des « adorateurs de Moloch ? » Mais ils ne m’entendent pas ; et les malheureuses victimes de leur superstitieuse barbarie ont été précipitées dans les flammes.
1482Je la vois, je m’écrie : “ Monſtres „ exécrables, arrêtez.
1483Quelle liaiſon y a-t-il „ entre le malheur que vous avez éprouvé „ & le crime imaginaire ou réel de ceux que „ vous détenez dans vos priſons ?
1484S’ils ont „ des opinions qui les rendent odieux aux „ yeux de l’Eternel, c’eſt à lui à lancer la „ foudre ſur leurs têtes ?
1485Il les a ſoufferts „ pendant un grand nombre d’années ; il les „ ſouffre, & vous les tourmentez.
1486Quand il „ auroit à les condamner à des peines ſans fin „ au jour terrible de ſa vengeance, eſt-ce à „ vous d’accélérer leurs ſupplices ?
1487Pourquoi „ leur ravir le moment d’une réſipiſcence „ qui les attend peut-être dans la caducité, „ dans le danger, dans la maladie ?
1488Mais, „ infâmes que vous êtes, prêtres diſſolus, „ moines impudiques, vos crimes ne ſuffi- „ ſoient-ils pas pour exciter le courroux du „ ciel ?
1489Corrigez-vous, proſternez-vous „ aux pieds des autels ; couvrez-vous de „ ſacs & de cendres ; implorez la miſéricorde „ d’en haut, au lieu de traîner ſur un bûcher „ des innocens dont la mort, loin d’effacer „ vos forfaits, en accroîtra le nombre de „ trente-huit autres qui ne vous ſeront ja- „ mais remis.
1490Pour appaiſer Dieu, vous „ brûlez des hommes !
1491Etes-vous des adora- „ teurs de Moloch ?
1492„ Mais ils ne m’entendent pas ; & les malheureuſes victimes de leur ſuperſtitieuſe barbarie ont été précipitées dans les flammes.
1493Une calamité d’un autre genre affligea peu après le nouveau Mexique, limitrophe & dépendant de l’ancien. Une calamité d’un autre genre affligea peu après le nouveau Mexique. 0.66666666666666660.33333333333333337
1494C’est une région immense, bornée au sud par la Nouvelle-Espagne, au septentrion par des déserts inconnus, à l’ouest par la mer Vermeille, à l’est par la Louisiane.
1495Les géographes ne sont pas d’accord sur sa position, mais ils en placent tous la plus grande partie sous la zone tempérée.
1496Aussi le ciel y est-il communément serein ; aussi l’air y est-il communément pur.
1497Ni le froid ni le chaud n’y sont excessifs.
1498Les sécheresses y sont rares, et rarement les pluies y tombent-elles en torrens.
1499La nature n’y a été ni prodigue, ni avare de ses dons.
1500Sur ce sol très-inégal sont répandues un grand nombre de faibles tribus errantes ou sédentaires, qui, comme les autres petites nations du Nouveau-Monde, vivent de leur chasse et de leur pêche.
1501On y a trouvé dans la plupart un peu de l’énergie des sauvages du nord, un peu de l’apathie de ceux du midi.
1502Ces contrées restèrent long-temps inconnues aux dévastateurs de l’Amérique.
1503Cette vaſte contrée, ſituée pour la plus grande partie dans la Zone tempérée, fut aſſez long-tems inconnue aux dévaſtateurs de l’Amérique.
1504Le miſſionnaire Ruys y pénétra le premier en 1580. Le missionnaire Ruys y pénétra le premier en 1580. 0.50.5
1505Il fut bientôt ſuivi par le capitaine Eſpajo, & enfin par Jean d’Onâte, qui, par une ſuite de travaux commencés en 1599 & terminés en 1611, parvint à ouvrir des mines, à multiplier les troupeaux & les ſubſiſtances, à établir ſolidement la domination Eſpagnole. Il fut bientôt suivi par le capitaine Espejo, et enfin par Jean d’Onate, qui, par une suite de travaux commencés en 1599, et terminés en 1611, parvint à former quelques petits établissemens. 0.35714285714285720.6428571428571428
1506On les voyait se multiplier, surtout se perfectionner, lorsque la division se mit entre ceux qui les avaient entrepris.
1507Des troubles civils dérangent, en 1652, l’ordre qu’il a établi.
1508Dans le cours de ces animoſités, le commandant Roſas eſt aſſaſſiné, & ceux de ſes amis qui tentent de venger ſa mort, périſſent après lui. Dans le cours de ces animosités, le commandant Rosas fut assassiné ; et ceux de ses amis qui tentèrent de venger sa mort périrent après lui. 0.350.65
1509Les atrocités continuèrent jusqu’à l’arrivée tardive de Pagnalosse.
1510Les atrocités continuent juſqu’à l’arrivée tardive de Pagnaloſſe.
1511Ce chef intrépide & ſévère, avoit preſque étouffé la rebellion, lorſque, dans l’accès d’une juſte indignation, il donne un ſoufflet à un moine turbulent qui lui parloit avec inſolence, qui oſoit même le menacer. Ce chef intrépide et sévère avait presque étouffé la rébellion, lorsque, dans l’accès d’une juste indignation, il donna un soufflet à un moine turbulent qui lui parlait avec insolence, qui osait même le menacer. 0.40.6
1512Auſſi-tôt les cordeliers, maîtres du pays, l’arrêtent. Aussitôt les cordeliers, maîtres du pays, l’arrêtent. 0.66666666666666660.33333333333333337
1513Il eſt excommunié, livré à l’inquiſition, & condamné à des amendes conſidérables. Il est excommunié, livré à l’inquisition, et condamné à des amendes considérables. 0.50.5
1514Inutilement, il preſſe la cour de venger l’autorité royale violée en ſa perfonne, le crédit de ſes ennemis l’emporte ſur ſes ſollicitations. Inutilement il presse la cour de venger l’autorité royale violée en sa personne ; le crédit de ses ennemis l’emporte sur ses sollicitations. 0.52941176470588240.47058823529411764
1515Leur rage & leur influence lui font même craindre un ſort plus funeſte ; & pour ſe dérober à leurs poignards, pour ſe ſouſtraire à leurs intrigues, il ſe réfugie en Angleterre, abandonnant les rênes du gouvernement à qui voudra ou pourra s’en ſaiſir. Leur rage et leur influence lui font même craindre un sort plus funeste ; et, pour se dérober à leurs poignards, pour se soustraire à leurs intrigues, il se réfugie en Angleterre, abandonnant les rênes du gouvernement à qui voudra ou pourra s’en saisir. 0.61538461538461540.3846153846153846
1516Cette retraite plonge encore la province dans de nouveaux malheurs ; & ce n’eſt qu’après dix ans d’anarchie & de carnage, que tout rentre enfin dans l’ordre & la ſoumiſſion.Cette retraite plonge encore la province dans de nouveaux malheurs ; et ce n’est qu’après dix ans d’anarchie et de carnage que tout rentre enfin dans l’ordre et la soumission.0.71428571428571430.2857142857142857
1517Eſt-il rien de plus abſurde que cette autorité des moines en Amérique ? Est-il rien de plus absurde que cette autorité des moines en Amérique ? 0.42857142857142860.5714285714285714
1518Ils y ſont ſans lumières & ſans mœurs ; leur indépendance y foule aux pieds leurs conſtitutions & leurs vœux ; leur conduite eſt ſcandaleuſe ; leurs maiſons ſont autant de mauvais lieux, & leurs tribunaux de pénitence autant de boutiques de commerce. Ils y sont sans lumières et sans mœurs : leur indépendance y foule aux pieds leurs constitutions et leurs vœux ; leur conduite est scandaleuse ; leurs maisons sont autant de mauvais lieux, et leurs tribunaux de pénitence autant de boutiques de commerce. 0.59090909090909090.40909090909090906
1519C’eſt-là que, pour une pièce d’argent, ils tranquilliſent la conſcience du ſcélérat ; c’eſt-là qu’ils inſinuent la corruption au fond des ames innocentes, & qu’ils entraînent les femmes & les filles dans la débauche ; ce ſont autant de ſimoniaques qui trafiquent publiquement des choſes ſaintes. C’est là que, pour une pièce d’argent, ils tranquillisent la conscience du scélérat ; c’est là qu’ils insinuent la corruption au fond des âmes innocentes, et qu’ils entraînent les femmes et les filles dans la débauche ; ce sont autant de simoniaques qui trafiquent publiquement des choses saintes. 0.43750.5625
1520Le christianisme qu’ils enseignent est souillé de toutes sortes d’absurdités.
1521Le chriſtianiſme qu’ils enſeignent eſt ſouillé de toutes ſortes d’abſurdités.
1522Captateurs d’héritages, ils trompent, ils volent, ils ſe parjurent. Captateurs d’héritages, ils trompent, ils volent, ils se parjurent. 0.83333333333333340.16666666666666663
1523Ils avilissent les magistrats ; ils les croisent dans leurs opérations.
1524Ils aviliſſent les magiſtrats ; ils les croiſent dans leurs opérations.
1525Il n’y a point de forfaits qu’ils ne puiſſent commettre impunément. Il n’y a point de forfait qu’ils ne puissent commettre impunément ; ils inspirent aux peuples l’esprit de la révolte. 0.38461538461538460.6153846153846154
1526Ils inſpirent aux peuples l’eſprit de la révolte.
1527Ce ſont autant de fauteurs de la ſuperſtition, la cauſe de tous les troubles qui ont agité ces contrées lointaines. Ce sont autant de fauteurs de la superstition, la cause de la plupart des troubles qui ont agité ces contrées lointaines. 0.50.5
1528Tant qu’ils y ſubſiſteront, ils y entretiendront l’anarchie, par la confiance auſſi aveugle qu’illimitée qu’ils ont obtenue des peuples, & par la puſillanimité qu’ils ont inſpirée aux dépoſitaires de l’autorité dont ils diſpoſent par leurs intrigues. Tant qu’ils y subsisteront, ils y entretiendront l’anarchie par la confiance aussi aveugle qu’illimitée qu’ils ont obtenue des peuples, et par la pusillanimité qu’ils ont inspirée aux dépositaires de l’autorité, dont ils disposent par leurs intrigues. 0.476190476190476160.5238095238095238
1529De quelle ſi grande utilité ſont-ils donc ? De quelle si grande utilité sont-ils donc ? 0.40.6
1530Seroient-ils délateurs ? Seraient-ils délateurs ? 0.333333333333333260.6666666666666667
1531Une sage administration n’a pas besoin de ce moyen.
1532Les ménagerait-on comme un contre-poids à la puissance des vice-rois ?
1533Une ſage adminiſtration n’a pas beſoin de ce moyen.
1534Les ménageroit-on comme un contrepoids à la puiſſance des vices-rois ?
1535C’eſt une terreur panique. C’est une terreur panique. 0.50.5
1536Seroient-ils tributaires des grands ? Seraient-ils tributaires des grands ? 0.50.5
1537C’eſt un vice qu’il faut faire ceſſer. C’est un vice qu’il faut faire cesser. 0.50.5
1538Sous quelque face qu’on considère les choses, les moines sont des misérables qui scandalisent et qui fatiguent trop les possessions espagnoles du NouveauMonde pour les y laisser subsister plus longtemps.
1539Le nouveau Mexique a encore plus besoin que les autres colonies d’être déchargé de ce fardeau.
1540C’est un pays plutôt parcouru qu’occupé par les conquérans.
1541Ce n’est que de loin en loin qu’on y trouve quelques misérables sortis successivement de la Nouvelle-Espagne.
1542Le soin des troupeaux qu’ils ont amenés de leur première patrie empêche seul que leur vie ne soit tout-à-fait sauvage.
1543La religion, les lois, l’agriculture, les usages de l’Europe, ne sont réellement établis qu’auprès de Santa-Fé, élevée sur les bords fertiles et rians du fleuve Norte.
1544Les naturels, qui y sont établis en grand nombre dans une circonférence de trente à quarante lieues, nous paraissent les seuls sujets soumis et utiles que deux siècles de possession aient acquis à la cour de Madrid.
1545Mais le pays sortira-t-il un jour enfin du néant où on l’a trouvé, du néant où on l’a laissé ?
1546Il est difficile de l’espérer.
1547Les provinces de l’intérieur, absolument privées de rivières navigables, n’attireront jamais, quoique la plupart susceptibles d’une excellente culture, une grande population, qui n’aurait aucun moyen pour exporter le superflu de ses productions ; et le sol voisin du golfe du Mexique est trop stérile pour être mis jamais en valeur.
1548Si ces contrées reçoivent quelque amélioration , ce ne pourra être que par les mines.
1549Depuis long-temps nous entendons parler de leur multiplicité, de leur abondance.
1550Où sont-elles placées ?
1551Avec quel succès sont-elles exploitées ?
1552Personne ne le sait ou ne le dit.
1553Est-ce réserve, est-ce indolence de la part des Espagnols ?
1554Le lecteur en jugera.
1555Sous quelque face qu’on conſidère les choſes, les moines ſont des miſérables qui ſcandaliſent & qui fatiguent trop le Mexique pour les y laiſſer ſubſiſter plus long-tems.
1556La ſoumiſſion, l’ordre y furent de nouveau & plus généralement troublés en 1693, par une loi qui interdiſoit aux Indiens l’uſage des liqueurs fortes. En 1693 l’ordre fut généralement troublé dans l’ancien Mexique par une loi qui interdisait aux Indiens l’usage des liqueurs fortes. 0.40.6
1557La défense ne pouvait pas avoir pour objet celles de l’Europe, d’un prix nécessairement trop haut pour que des hommes constamment opprimés, constamment dépouillés, en fissent jamais usage ; c’était uniquement du pulque que le gouvernement cherchait à les détacher.
1558La défenſe ne pouvoit pas avoir pour objet celles de l’Europe, d’un prix néceſſairement trop haut, pour que des hommes conſtamment opprimés, conſtamment dépouillés, en fiſſent jamais uſage.
1559C’étoit uniquement du pulque que le gouvernement cherchoit à les détacher.
1560On tire cette boiſſon d’une plante connue au Mexique ſous le nom de maguey, & ſemblable à un aloës pour la forme. On tire cette boisson d’une plante connue au Mexique sous le nom de maguey, et semblable à un aloës pour la forme. 0.71428571428571430.2857142857142857
1561Ses feuilles, raſſemblées autour du collet de la racine, ſont épaiſſes, charnues, preſque droites, longues de pluſieurs pieds, creuſées en gouttières, épineuſes ſur le dos, & terminées par une pointe très-acérée. Ses feuilles, rassemblées autour du collet de la racine, sont épaisses, charnues, presque droites, longues de plusieurs pieds, creusées en gouttière, épineuses sur le dos, et terminées par une pointe très-acérée. 0.44444444444444440.5555555555555556
1562La tige qui ſort du milieu de cette touffe s’élève deux fois plus haut, & porte à ſon ſommet ramifié des fleurs jaunâtres. La tige qui sort du milieu de cette touffe s’élève deux fois plus haut, et porte à son sommet ramifié des fleurs jaunâtres. 0.66666666666666660.33333333333333337
1563Leur calice à ſix diviſions eſt chargé d’autant d’étamines. Leur calice, à six divisions, est chargé d’autant d’étamines. 0.55555555555555560.4444444444444444
1564Il adhère par le bas au piſtil qui devient avec lui une capſule à trois loges remplie de ſemences. Il adhère par le bas au pistil, qui devient avec lui une capsule à trois loges remplies de semences. 0.333333333333333260.6666666666666667
1565Le maguey croît par-tout dans le Mexique, & ſe multiplie facilement de bouture. Le maguey croît partout dans le Mexique, et se multiplie facilement de bouture : on en fait des haies. 0.77777777777777780.2222222222222222
1566On en fait des haies.
1567Ses diverſes parties ont chacune leur utilité. Ses diverses parties ont chacune leur utilité. 0.66666666666666660.33333333333333337
1568Les racines ſont employées pour faire des cordes ; les tiges donnent du bois ; les pointes des feuilles ſervent de clous ou d’aiguilles ; les feuilles elles-mêmes ſont bonnes pour couvrir les toits ; on les fait auſſi rouir, & l’on en retire un fil propre à fabriquer divers tiſſus.Les racines sont employées pour faire des cordes ; les tiges donnent du bois ; les pointes des feuilles servent de clous ou d’aiguilles ; les feuilles elles-mêmes sont bonnes pour couvrir les toits ; on les fait aussi rouir, et l’on en retire un fil propre à fabriquer divers tissus.0.78571428571428570.2142857142857143
1569Mais le produit le plus eſtimé du maguey eſt une eau douce & tranſparente qui ſe ramaſſe dans un trou creuſé avec un inſtrument dans le milieu de la touffe, après qu’on en a arraché les bourgeons & les feuilles intérieures. Mais le produit le plus estimé du maguey est une eau douce et transparente, qui se ramasse dans un trou creusé avec un instrument dans le milieu de la touffe, après qu’on en a arraché les bourgeons et les feuilles intérieures. 0.520.48
1570Tous les jours, ce trou profond de trois ou quatre pouces ſe remplit, tous les jours on le vuide ; & cette abondance dure une année entière, quelquefois même dixhuit mois. Tous les jours ce trou, profond de trois ou quatre pouces, se remplit, tous les jours on le vide ; et cette abondance dure une année entière, quelquefois même dixhuit mois. 0.81250.1875
1571Cette liqueur épaiſſie forme un véritable ſucre : mais mêlée avec de l’eau de fontaine & dépoſée dans de grands vaſes, elle acquiert au bout de quatre ou cinq jours de fermentation, le piquant & preſque le goût du cidre. Cette liqueur épaissie forme un véritable sucre ; mais, mêlée avec de l’eau de fontaine, et déposée dans de grands vases, elle acquiert au bout de quatre ou cinq jours de fermentation le piquant et presque le goût du cidre. 0.560.43999999999999995
1572Si l’on y ajoute des écorces d’orange & de citron, elle devient enivrante. Si l’on y ajoute des écorces d’orange et de citron, elle devient enivrante. 1.00.0
1573Cette propriété la rend plus agréable aux Mexicains, qui, ne pouvant ſe conſoler de la perte de leur liberté, cherchent à s’étourdir ſur l’humiliation de leur ſervitude. Cette propriété la rend plus agréable aux Mexicains, qui, ne pouvant se consoler de la perte de leur liberté, cherchent à s’étourdir sur l’humiliation de leur servitude. 0.64705882352941180.3529411764705882
1574Auſſi eſt-ce vers les maiſons où l’on diſtribue le pulque que ſont continuellement tournés les regards de tous les Indiens. Aussi est-ce vers les maisons où l’on distribue le pulque que sont continuellement tournés les regards de tous les Indiens. 0.46666666666666670.5333333333333333
1575Ils y passent les jours, les semaines ; ils y laissent la subsistance de leur famille, trèssouvent le peu qu’ils ont de vêtemens.
1576Ils y paſſent les jours, les ſemaines ; ils y laiſſent la ſubſiſtance de leur famille, très-ſouvent le peu qu’ils ont de vêtemens.
1577Le miniſtère Eſpagnol, averti de ces excès, en voulut arrêter le cours. Le ministère espagnol, averti de ces excès, en voulut arrêter le cours. 0.55555555555555560.4444444444444444
1578Le remède fut mal choiſi. Le remède fut mal choisi. 0.50.5
1579Au lieu de ramener les peuples aux bonnes mœurs par des ſoins paternels, par le moyen ſi efficace de l’enſeignement, on eut recours à la funeſte voie des interdictions. Au lieu de ramener les peuples aux bonnes mœurs par des soins paternels, par le moyen si efficace de l’enseignement, on eut recours à la funeste voie des interdictions. 0.61111111111111120.38888888888888884
1580Les eſprits s’échauffèrent, les ſéditions ſe multiplièrent, les actes de violence ſe répétèrent d’une extrémité de l’empire à l’autre. Les esprits s’échauffèrent, les séditions se multiplièrent, les actes de violence se répétèrent d’une extrémité de l’empire à l’autre. 0.66666666666666660.33333333333333337
1581Il fallut céder. Il fallut céder. 1.00.0
1582Le gouvernement retira ſes actes prohibitifs : mais il voulut que l’argent le dédommageât du ſacrifice qu’il faiſoit de ſon autorité. Le gouvernement retira ses actes prohibitifs : mais il voulut que l’argent le dédommageât du sacrifice qu’il faisait de son autorité. 0.60.4
1583Le pulque fut aſſujetti à des impoſitions qui rendent annuellement au fiſc onze ou douze cens mille livres.Le pulque fut assujetti à des impositions qui rendent annuellement au fisc onze ou douze cent mille livres.0.416666666666666740.5833333333333333
1584Une nouvelle ſcène, d’un genre plus particulier, s’ouvrit vingt-cinq ou trente ans plus tard au Mexique. Une nouvelle scène d’un genre plus particulier s’ouvrit vingt-cinq ou trente ans plus tard au Mexique. 0.72727272727272730.2727272727272727
1585Dans cette importante poſſeſſion, la police étoit négligée au point qu’une nombreuſe bande de voleurs parvint à s’emparer de toutes les routes. Dans cette importante possession, la police était négligée au point qu’une nombreuse bande de voleurs parvint à s’emparer de toutes les routes. 0.64705882352941180.3529411764705882
1586Sans un paſſeport d’un des chefs de ces bandits, aucun citoyen n’oſoit ſortir de ſon domicile. Sans un passe-port d’un des chefs de ces bandits, aucun citoyen n’osait sortir de son domicile. 0.416666666666666740.5833333333333333
1587Soit indifference, soit faiblesse, soit corruption, le magistrat ne prenait aucune mesure pour faire cesser une si grande calamité.
1588Soit indifférence, ſoit foibleſſe, ſoit corruption, le magiſtrat ne prenoit aucune meſure pour faire ceſſer une ſi grande calamité.
1589Enfin la cour de Madrid, réveillée par les cris de tout un peuple, chargea Valeſquès du ſalut public. Enfin la cour de Madrid, réveillée par les cris de tout un peuple, chargea Vélasquez du salut public. 0.63636363636363640.36363636363636365
1590Cet homme juſte, ferme, ſévère, indépendant des tribunaux & du vice-roi, réuſſit enfin à rétablir l’ordre & à lui donner des fondemens qui depuis n’ont pas été ébranlés.Cet homme juste, ferme, sévère, indépendant des tribunaux et du vice-roi, réussit enfin à rétablir l’ordre et à lui donner des fondemens qui depuis n’ont pas été ébranlés.0.68421052631578950.3157894736842105
1591Une guerre entrepriſe contre les peuples de Cinaloa, de Sonora, de la nouvelle Navarre, a été le dernier événement remarquable qui ait agité l’empire. Une guerre entreprise contre les peuples de Cinaloa, de Sonora, de la nouvelle Navarre, a été le dernier événement remarquable qui ait agité l’empire. 0.83333333333333340.16666666666666663
1592Ces provinces, ſituées entre l’ancien & le nouveau Mexique, ne faiſoient point partie des états de Montezuma. Ces provinces, situées entre l’ancien et le nouveau Mexique, ne faisaient point partie des états de Montézuma. 0.70.30000000000000004
1593Ce ne fut qu’en 1540, que les dévaſtateurs du Nouveau-Monde y pénétrèrent ſous les ordres de Vaſquès Coronado. Ce ne fut qu’en 1540 que les dévastateurs du Nouveau-Monde y pénétrèrent sous les ordres de Vasquès Coronado. 0.50.5
1594Ils y trouvèrent de petites nations qui vivoient de pêche ſur les bords de l’océan, de chaſſe dans l’intérieur des terres ; & qui, quand ces moyens de ſubſiſtance leur manquoient, n’avoient de reſſource que les productions ſpontanées de la nature. Ils y trouvèrent de petites nations qui vivaient de pêche sur les bords de l’Océan, de chasse dans l’intérieur des terres ; et qui, quand ces moyens de subsistance leur manquaient, n’avaient de ressources que les productions spontanées de la nature. 0.44444444444444440.5555555555555556
1595Dans cette région, on ne connoiſſoit ni vêtemens, ni cabanes. Dans cette région, on ne connaissait ni vêtemens ni cabanes. 0.60.4
1596Des branches d’arbre pour ſe garantir des ardeurs d’un ſoleil brûlant ; des roſeaux liés les uns aux autres pour ſe mettre à couvert des torrens de pluie : c’eſt tout ce que les habitans avoient imaginé contre l’inclémence des ſaiſons. Des branches d’arbres pour se garantir des ardeurs d’un soleil brûlant, des roseaux liés les uns aux autres pour se mettre à couvert des torrens de pluie, c’est tout ce que les habitans avaient imaginé contre l’inclémence des saisons. 0.53846153846153840.46153846153846156
1597Durant les froids les plus rigoureux, ils dormoient à l’air libre, autour des feux qu’ils avoient allumés.Durant les froids les plus rigoureux, ils dormaient à l’air libre, autour des feux qu’ils avaient allumés.0.750.25
1598Ce pays, ſi pauvre en apparence, renfermoit des mines. Ce pays, si pauvre en apparence, renfermait des mines. 0.57142857142857140.4285714285714286
1599Quelques Eſpagnols entreprirent de les exploiter. Quelques Espagnols entreprirent de les exploiter. 0.50.5
1600Elles ſe trouvèrent abondantes, & ce pendant leurs avides propriétaires ne s’enrichiſſoient pas. Elles se trouvèrent abondantes ; et cependant leurs avides propriétaires ne s’enrichissaient pas. 0.6250.375
1601Comme on étoit réduit à tirer de la Vera-Crux, à dos de mulet, par une route difficile & dangereuſe de ſix à ſept cens lieues, le vif argent, les étoffes, la plupart des choſes néceſſaires pour la nourriture & pour les travaux, tous ces objets avoient à leur terme une valeur ſi conſidérable, que l’entrepriſe la plus heureuſe rendoit à peine de quoi les payer.Comme on était réduit à tirer de la Véra-Cruz, à dos de mulet, par une route difficile et dangereuse de six à sept cents lieues, le vif-argent, les étoffes, la plupart des choses nécessaires pour la nourriture et pour les travaux, tous ces objets avaient à leur terme une valeur si considérable, que l’entreprise la plus heureuse rendait à peine de quoi les payer.0.350.65
1602Il falloit tout abandonner, ou faire d’autres arrangemens. Il fallait tout abandonner, ou faire d’autres arrangemens. 0.66666666666666660.33333333333333337
1603On s’arrêta au dernier parti. On s’arrêta au dernier parti. 1.00.0
1604Le jéſuite Ferdinand Conſang fut chargé, en 1746, de reconnoître le golfe de la Californie, qui borde ces vaſtes contrées. Le jésuite Ferdinand Consang fut chargé, en 1746, de reconnaître le golfe de la Californie qui borne ces vastes contrées. 0.333333333333333260.6666666666666667
1605Après cette navigation, conduite avec intelligence, la cour de Madrid connut les côtes de ce continent, les ports que la nature y a formés, les lieux ſablonneux & arides qui ne ſont pas ſuſceptibles de culture, les rivières qui, par la fertilité qu’elles répandent ſur leurs bords, invitent à y établir des peuplades. Après cette navigation, conduite avec intelligence, la cour de Madrid connut les côtes de ce continent, les ports que la nature y a formés, les lieux sablonneux et arides qui ne sont pas susceptibles de culture, les rivières qui, par la fertilité qu’elles répandent sur leurs bords, invitent à y établir des peuplades. 0.80645161290322580.19354838709677424
1606Rien, à l’avenir, ne devoit empêcher que les navires, partis d’Acapulco, n’entrâſſent dans la mer Vermeille, ne portâſſent facilement dans les provinces limitrophes des miſſionnaires, des ſoldats, des mineurs, des vivres, des marchandiſes, tout ce qui eſt néceſſaire aux colonies, & n’en revinſſent chargés de métaux.Rien à l’avenir ne devait empêcher que les navires partis d’Acapulco n’entrassent dans la mer Vermeille, ne portassent facilement dans les provinces limitrophes des missionnaires, des soldats, des mineurs, des vivres, des marchandises, tout ce qui est nécessaire aux colonies, et n’en revinssent chargés de métaux.0.485714285714285770.5142857142857142
1607Cependant c’étoit un préliminaire indiſpenſable de gagner les naturels du pays par des actes d’humanité, ou de les ſubjuguer par la force des armes. Cependant c’était un préliminaire indispensable de gagner les naturels du pays par des actes d’humanité, ou de les subjuguer par la force des armes. 0.53846153846153840.46153846153846156
1608Mais comment ſe concilier des hommes dont on vouloit faire des bêtes de ſomme, ou qui devoient être enterrés vivans dans les entrailles de la terre ? Mais comment se concilier des hommes dont on voulait faire des bêtes de somme, ou qui devaient être enterrés vivans dans les entrailles de la terre ? 0.56250.4375
1609Auſſi le gouvernement ſe décida-t-il pour la violence. Aussi le gouvernement se décida-t-il pour la violence. 0.60.4
1610La guerre ne fut différée que par l’impoſſibilité où étoit un fiſc obéré d’en faire la dépenſe. La guerre ne fut différée que par l’impossibilité où était un fisc obéré d’en faire la dépense. 0.42857142857142860.5714285714285714
1611On trouva enfin, en 1768, un crédit de douze cens mille livres, & les hoſtilités commencèrent. On trouva enfin, en 1768, un crédit de douze cent mille livres, et les hostilités commencèrent. 0.6250.375
1612Quelques hordes de sauvages se soumirent après une légère résistance.
1613Une seule de ces petites nations se défendit vaillamment, et on la poursuivit sans relâche avec le projet de l’exterminer.
1614Quelques hordes de ſauvages ſe ſoumirent après une légère réſiſtance.
1615II n’en fut pas ainſi des Apaches, la plus belliqueuſe de ces nations, la plus paſſionnée pour l’indépendance.
1616On les pourſuivit ſans relâche pendant trois ans, avec le projet de les exterminer.
1617Grand Dieu, exterminer des hommes ! Grand Dieu ! exterminer des hommes ! 1.00.0
1618Parleroit-on autrement des loups ? Parlerait-on autrement des loups ? 0.333333333333333260.6666666666666667
1619Les exterminer, & pourquoi ? Les exterminer ! et pourquoi ? 1.00.0
1620Parce qu’ils avoient l’ame fière, parce qu’ils ſentoient le droit naturel qu’ils avoient à la liberté, parce qu’ils ne vouloient pas être eſclaves. parce qu’ils avaient l’âme fière, parce qu’ils sentaient le droit naturel qu’ils avaient à la liberté, parce qu’ils ne voulaient pas être esclaves. 0.50.5
1621Et nous ſommes des peuples civiliſés, & nous ſommes chrétiens ?Et nous sommes des peuples civilisés ! et nous sommes chrétiens !0.40.6
1622Le glaive, ne trouvant plus de sang à verser, s’arrêta en 1771.
1623Alors on avait reconnu que l’or et l’argent n’étaient pas moins communs dans cette région que dans les plus renommées de celles qui avaient été anciennement asservies.
1624Deux ou trois mille Espagnols y accoururent aussitôt pour puiser à cette nouvelle source de richesses.
1625D’autres ne tardèrent pas à les suivre.
1626Leur nombre augmentrea très-rapidement, si, comme tous les rapports paraissent le confirmer, la réalité répond aux apparences.
1627Encore quelques années, et ces vastes contrées verront se former dans leur sein une population et une activité proportionnées aux trésors qu’elles renferment.
1628Une surveillance immédiate, toujours plus énergique qu’une surveillance éloignée, paraissant propre à accélérer ces prospérités, la cour de Madrid a formé un gouvernement particulier de Cinaloa, de Sonora, de la Nouvelle-Navarre, et y a ajouté la Californie, qui n’est séparée de ces trois grandes provinces que par le golfe très-étroit de la mer Vermeille.
1629Le chef du nouveau département n’a pas été entouré de la même pompe, revêtu de prérogatives aussi honorables que le vice-roi du Mexique, qui voyait avec regret un territoire si étendu sortir de sa dépendance ; mais les lois lui accordent une autorité égale, et son éloignement de la métropole lui en assure une beaucoup plus étendue.
1630Voyons à quel degré de prospérité s’est élevée la plus importante conquête que les Espagnols ont faite dans le Nouveau-Monde malgré les énormes pertes que des ennemis étrangers lui ont fait essuyer, malgré les troubles domestiques qui lui ont si souvent déchiré le sein.
1631Le Mexique est situé dans l’Amérique septentrionale, entre le septième et le trentième degré de latitude du nord.
1632Il est borné au nord par la Louisiane, au midi par la mer du Sud, au couchant par la mer Vermeille, à l’orient par le golfe du Mexique et par l’isthme de Darien.
1633On lui donne plus de huit cents lieues du nord-ouest au sud-ouest ; mais sa largeur, qui est fort irrégulière, n’est que de deux cent cinquante.
1634Le pays est coupé dans toute sa longueur par une chaîne de montagnes qui heureusement sont moins hautes , moins larges, moins froides et moins stériles que les Cordilières du Pérou, dont elles paraissent la continuation.
1635Cette région est trop étendue et trop inégale pour que le climat y puisse être partout le même.
1636Elle est glaciale en plusieurs endroits, embrasée dans d’autres, mais le plus généralement d’une température agréable.
1637Si l’on y respire un air malsain dans quelques gorges profondes, sur des plages basses, auprès des rivières qui débordent périodiquement, partout ailleurs il est salubre.
1638Ceux de ses habitans qui ont des mœurs réglées arrivent au terme prescrit par la nature sans avoir éprouvé d’autres incommodités que celles auxquelles la triste humanité est exposée sur le reste du globe.
1639La cour de Madrid ne vit pas plus tôt sa domination imperturbablement établie dans ces vastes contrées, qu’elle en confia le gouvernement à un chef unique.
1640Sous son inspection furent établies trois audiences qui devaient rendre la justice et avoir aussi quelque part à l’administration.
1641On attacha sept provinces à la juridiction de Guadalajara, huit à celle de Guatimala, et sept à celle de Mexico.
1642Le pays qu’on venait d’asservir voyait bien errer dans ses forêts plusieurs de nos quadrupèdes sauvages, quelques-uns même qui lui étaient propres ; mais il n’avait aucun des animaux domestiques qui servent si utilement à la nourriture , au labourage, aux besoins inséparables d’une société un peu compliquée.
1643On les tira des îles déjà soumises à la Castille, qui elles-mêmes les avaient reçus naguère de l’ancien hémisphère.
1644Tous dégénérèrent très-rapidement.
1645L’éloignement où étoient les anciennes & les nouvelles conquêtes du centre de l’autorité, fit juger qu’elles languiroient juſqu’à ce qu’on leur eût accordé une adminiſtration indépendante.
1646On leur donna donc un commandant particulier, qui, avec un titre moins impoſant que celui du vice-roi de la NouvelleEſpagne, jouit des mêmes prérogatives.
1647II faut voir maintenant à quel degré de proſpérité s’eſt élevé le Mexique, malgré les énormes pertes que des ennemis étrangers lui ont fait eſſuyer, malgré les troubles domeſtiques qui lui ont ſi ſouvent déchiré le ſein.
1648La grande Cordelière, après avoir traverſé toute l’Amérique Méridionale, s’abaiſſe & ſe retrécit dans l’iſtme de Panama ; ſuit dans la même forme les provinces de CoſtaRicca, de Nicaragua, de Guatimala ; s’élargit, s’élève de nouveau dans le reſte du Mexique, mais ſans approcher jamais de la hauteur prodigieuſe qu’elle a dans le Pérou.
1649Ce changement eſt ſur-tout remarquable vers la mer du Sud.
1650Les rives y ſont très-profondes, & n’offrent un fonds que fort près de terre, tandis que dans la mer du Nord on le trouve à une très-grande diſtance du continent.
1651Auſſi les rades ſont-elles auſſi bonnes, auſſi multipliées dans la première de ces mers, qu’elles ſont rares & mauvaiſes dans l’autre.
1652Le climat d’une région ſituée preſqu’entiérement dans la Zone Torride, eſt alternativement humide & chaud.
1653Ces variations ſont plus ſenſibles & plus communes dans les contrées baſſes, marécageuſes, remplies de forêts & incultes de l’Eſt, que dans les parties de l’empire qu’une nature bienfaiſante a traitées plus favorablement.
1654La qualité du ſol eſt auſſi très-différente.
1655Il eſt quelquefois ingrat, quelquefois fertile, ſelon qu’il eſt montueux, uni ou ſubmergé.
1656Les Eſpagnoſs ne ſe virent pas plutôt les maîtres de cette riche & vaſte région, qu’ils s’empreſſèrent d’y édifier des villes dans les lieux qui leur paroiſſoient le plus favorables au maintien de leur autorité, dans ceux qui leur promettoient de plus grands avantages de leur conquête.
1657Ceux des Européens qui vouloient s’y fixer obtenoient une poſſeſſion aſſez étendue : mais ils étoient réduits à chercher des cultivateurs que la loi ne leur donnoit pas.
1658Un autre ordre de choſes s’obſervoit dans les campagnes.
1659Elles étoient la plupart diſtribuées aux conquérans pour prix de leur ſang ou de leurs ſervices.
1660L’étendue de ces domaines, qui n’étoient accordés que pour deux ou trois générations, étoit proportionnée au grade & à la faveur.
1661On y attacha, comme ſerfs, un nombre plus ou moins grand de Mexicains.
1662Cortès en eut vingt-trois mille dans les provinces de Mexico, de Tlaſcala, de Mechoacan & de Oaxaca, avec cette diſtinction qu’ils devoient être l’apanage de ſa famille à perpétuité.
1663Il faut que l’oppreſſion ait été moindre dans ces poſſeſſions héréditaires que dans le reſte de l’empire, puiſqu’en 1746 on y comptoit encore quinze mille neuf cens quarante Indiens, dix-huit cens Eſpagnols, métis du mulâtres, & ſeize cens eſclaves noirs.
1664Le pays n’avoit aucun des animaux néceſſaires pour la ſubſiſtance de ſes nouveaux habitans, pour le labourage & pour les autres beſoins inſéparables d’une ſociété un peu compliquée.
1665On les fit venir des iſles déja ſoumiſes à la Caſtille qui elles-mêmes les avoient naguère reçus de notre hémiſphère.
1666Ils propagèrent avec une incroyable célérité.
1667Tous dégénérèrent ; & comment, affoiblis par le trajet des mers, privés de leur nourriture originaire, livrés à des mains incapables de les élever & de les ſoigner : comment n’auroientils pas ſouffert des altérations ſenſibles ? Eh ! comment, affaiblis par le trajet des mers, privés de leur nourriture originaire, livrés à des mains incapables de les élever et de les soigner, comment n’auraient-ils pas souffert une altération sensible ? 0.458333333333333260.5416666666666667
1668Cependant, comme leur propagation ne diminuait pas, on se flatta qu’avec le temps ils redeviendraient ce qu’ils devaient être.
1669Cette espérance ne fut pas toutefois trompée.
1670Le bœuf, le porc, la chèvre, le cheval, recouvrèrent peu à peu en partie ce qu’ils avaient perdu.
1671La brebis eut une destinée moins heureuse.
1672Son lait et sa chair furent toujours d’une qualité inférieure, et pendant long-temps il ne fut pas possible de mettre sa toison en œuvre.
1673Depuis même que des béliers ont été envoyés d’Europe pour régénérer cette espèce abâtardie, sa dépouille n’a pu être employée que dans quelques étoffes d’un tissu trèsgrossier et de peu de durée.
1674La plus marquée fut celle qu’éprouva la brebis.
1675Mendoza fit venir des béliers d’Eſpagne pour renouveller des races abâtardies ; & depuis cette époque, les toiſons ſe trouvèrent de qualité ſuffiſante pour ſervir d’aliment à pluſieurs manufactures aſſez importantes.
1676La multiplication des troupeaux amena une grande augmentation dans les cultures. L’introduction des troupeaux devait amener une grande augmentation dans les cultures. 0.44444444444444440.5555555555555556
1677Celle du maïs était la seule connue au Mexique, comme dans le reste du Nouveau-Monde.
1678Les grains de l’ancien lui furent associés.
1679Ils ne réussirent pas dans les premières années.
1680Leurs semences, jetées au hasard sur des terres mal préparées, se convertissaient en mauvaises herbes.
1681Une végétation trop rapide et trop vigoureuse ne leur laissait pas le temps de mûrir, ni même de former des épis.
1682Cette surabondance de sucs diminua peu à peu, et l’on vit prospérer le froment et l’orge, mais moins heureusement que dans le pays de leur origine.
1683Les premières relations qu’on eut sur le Mexique célébraient toutes, avec plus ou moins d’exagération, les jardins du chef et des principaux membres de l’empire.
1684Les fleurs et les simples qui les couvraient formaient, selon leurs auteurs, un des plus délicieux tableaux que l’œil pût contempler.
1685Mais ils conviennent généralement qu’on n’y voyait ni racines, ni légumes.
1686Ces objets même n’étaient cultivés nulle part.
1687Les grands, comme le peuple, n’avaient en ce genre que ce que la nature seule, secondée par l’union continuelle de la chaleur et de l’humidité, faisait croître dans les campagnes.
1688Les conquérans portèrent dans leur nouvelle acquisition les richesses qui abondaient dans les potagers d’Europe ; et ces plantes utiles et salutaires n’y perdirent rien de ce qui les faisait rechercher dans nos climats.
1689Entre les arbres fruitiers qui furent introduits au Mexique, les orangers, les citronniers, les figuiers, les pêchers, les abricotiers furent ceux qui se multiplièrent le plus, et qui réussirent le mieux.
1690La pomme, la poire, la prune, la cerise , y perdirent beaucoup de leur goût et de leur parfum.
1691Dans la vue d’assurer un débouché aux plus importantes denrées de la métropole, il fut défendu à la colonie de planter la vigne et l’olivier.
1692On permit, en 1706, aux descendans de Cortez et aux jésuites d’en essayer la culture, liberté qui devint depuis générale.
1693Cette faveur, car c’est ainsi qu’on osa nommer un acte de justice étroite, n’eut aucune suite.
1694Le sol et le climat ont opiniâtrément repoussé ces productions.
1695Au maïs, qui avoit toujours fait la principale nourriture des Mexicains, on aſſocia les grains de nos contrées.
1696Dans l’origine, ils ne réuſſirent pas.
1697Leurs ſemences jettées au haſard dans des ronces, ne donnèrent d’abord que des herbes épaiſſes & ſtériles.
1698Un végétation trop rapide & trop vigoureuſe ne leur laiſſoit pas le tems de mûrir, ni même de ſe former : mais cette ſurabondance de ſucs diminua peuà-peu ; & l’on vit enfin proſpérer la plupart de nos grains, de nos légumes & de nos fruits.
1699Si la vigne & l’olivier ne furent pas naturaliſés dans cette partie du Nouveau-Monde, ce fut le gouvernement qui l’empêcha, dans la vue de laiſſer des débouchés aux productions de la métropole.
1700Peut-être le ſol & le climat auroient-ils eux-mêmes repouſſé ces précieuſes plantes.
1701Du moins eſt-on autoriſé à le penſer quand on voit que les eſſais que vers 1706 il fut permis aux jéſuites & aux héritiers de Cortès de tenter, ne furent pas heureux, & que les expériences qu’on a tentées depuis ne l’ont pas été beaucoup davantage.
1702Le coton, le tabac, le cacao, le ſucre, quelques autres productions réuſſirent généralement : mais faute de bras ou d’activité, ces objets furent concentrés dans une circulation intérieure. Le coton, le tabac, le cacao, le sucre, sont cultivés avec plus ou moins de succès dans le Mexique ; mais, faute de bras ou d’activité, ces productions furent toujours concentrées dans la circulation intérieure. 0.449999999999999960.55
1703Il n’y a que le jalap, la vanille, l’indigo & la cochenille qui entrent dans le commerce de la Nouvelle-Eſpagne avec les autres nations.Le pays ne fournit au commerce extérieur que du jalap, de la vanille, de l’indigo et de la cochenille.0.416666666666666740.5833333333333333
1704Le jalap eſt un des purgatifs les plus employés dans la médecine. Le jalap est un des purgatifs les plus employés dans la médecine. 0.80.19999999999999996
1705Il tire ſon nom de la ville de Xalapa, aux environs de laquelle il croît abondamment. Il tire son nom de la ville de Xalapa, aux environs de laquelle il croît abondamment. 0.8750.125
1706Sa racine, la ſeule partie qui ſoit d’uſage, eſt tubéreuſe, groſſe, alongée en forme de navet, blanche à l’intérieur & remplie d’un ſuc laiteux. Sa racine, la seule partie qui soit d’usage, est tubéreuse, grosse, allongée en forme de navet, blanche à l’intérieur, et remplie d’un suc laiteux. 0.43478260869565210.5652173913043479
1707La plante qu’elle produit a été long-tems inconnue. La plante qu’elle produit a été long-temps inconnue. 0.71428571428571430.2857142857142857
1708On ſait maintenant que c’eſt un liſeron ſemblable pour le port à celui de nos haies. On sait maintenant que c’est un liseron semblable pour le port à celui de nos haies. 0.333333333333333260.6666666666666667
1709Sa tige eſt grimpante, anguleuſe, légérement velue. Sa tige est grimpante, anguleuse, légèrement velue. 0.57142857142857140.4285714285714286
1710Ses feuilles diſpoſées alternativement ſont aſſez grandes, veloutées en-deſſus, ridées en-deſſous, marquées de ſept nervures, quelquefois entières en cœur, quelquefois partagées en pluſieurs lobes plus ou moins diſtincts. Ses feuilles, disposées alternativement, sont assez grandes, veloutées en dessus, ridées en dessous, marquées de sept nervures, quelquefois entières en cœur, quelquefois partagées en plusieurs lobes plus ou moins distincts. 0.50.5
1711Les fleurs qui naiſſent par bouquets le long de la tige ont un calice glanduleux à ſa baſe, diviſé profondément en cinq parties & accompagné de deux feuilles florales. Les fleurs qui naissent par bouquets le long de la tige ont un calice glanduleux à sa base, divisé profondément en cinq parties, et accompagné de deux feuilles florales. 0.6315789473684210.368421052631579
1712La corolle grande, conformée en cloche, blanchâtre en-dehors, d’un pourpre foncé à l’intérieur, ſupporte cinq étamines blanches de longueur inégale. La corolle, grande, conformée en cloche, blanchâtre en dehors, d’un pourpre foncé à l’intérieur, supporte cinq étamines blanches de longueur inégale. 0.77777777777777780.2222222222222222
1713Le germen placé dans le milieu & ſurmonté d’un ſeul ſtyle, devient, en mûriſſant une capſule ronde, renfermant dans une ſeule loge quatre ſemences rouſſes & très-velues.Le germe, placé dans le milieu et surmonté d’un seul style, devient, en mûrissant, une capsule ronde, renfermant dans une seule loge quatre semences rousses et très-velues.0.333333333333333260.6666666666666667
1714Cette plante se trouve non-seulement dans le voisinage de Xalapa, mais encore sur les sables de la Véra-Cruz.
1715Cette plante ſe trouve non-ſeulement dans le voiſinage de Xalapa, mais encore ſur les ſables de la Vera-Crux.
1716On la cultive facilement. On la cultive facilement. 1.00.0
1717Le poids des racines eſt depuis douze juſqu’à vingt livres. Le poids des racines est depuis douze jusqu’à vingt livres. 0.50.5
1718On les coupe par tranches pour les faire ſécher. On les coupe par tranches pour les faire sécher. 0.60.4
1719Elles acquièrent alors une couleur brune, un œil réſineux. Elles acquièrent alors une couleur brune, un œil résineux. 0.66666666666666660.33333333333333337
1720Leur goût est un peu âcre et cause des nausées.
1721Leur goût eſt un peu âcre & cauſe des nauſées.
1722Le meilleur jalap eſt compact, réſineux, brun, difficile à rompre & inflammable. Le meilleur jalap est compacte, résineux, brun, difficile à rompre et inflammable. 0.58333333333333340.41666666666666663
1723On ne le donne qu’à une doſe très-petite, parce qu’il eſt très-actif & purge violemment. On ne le donne qu’à une dose très-petite, parce qu’il est très-actif et purge violemment. 0.70.30000000000000004
1724Son extrait réſineux fait par l’eſprit-de-vin eſt employé aux mêmes uſages, mais avec plus de précaution . Son extrait résineux fait par l’esprit-de-vin est employé aux mêmes usages, mais avec plus de précaution. 0.363636363636363650.6363636363636364
1725L’Europe en conſomme annuellement ſept mille cinq cens quintaux qu’elle paie 972,000 livres.L’Europe en consomme annuellement sept à huit mille quintaux, qu’elle paie onze à douze cent mille livres.0.54545454545454540.4545454545454546
1726La vanille eſt une plante qui, comme le lierre, s’accroche aux arbres qu’elle rencontre, les couvre preſqu’entiérement & s’élève par leur ſecours. La vanille est une plante qui, comme le lierre, s’accroche aux arbres qu’elle rencontre, les couvre presque entièrement, et s’élève par leur secours. 0.6250.375
1727Sa tige, de la groſſeur du petit doigt, eſt verdâtre, charnue, preſque cylindrique, noueuſe par intervalle, & ſarmenteuſe comme celle de la vigne. Sa tige, de la grosseur du petit doigt, est verdâtre, charnue, presque cylindrique, noueuse par intervalles, et sarmenteuse comme celle de la vigne. 0.388888888888888840.6111111111111112
1728Chaque nœud eſt garni d’une feuille alterne, aſſez épaiſſe, de forme ovale, longue de huit pouces & large de trois. Chaque nœud est garni d’une feuille alterne, assez épaisse, de forme ovale, longue de huit pouces et large de trois. 0.73333333333333330.2666666666666667
1729Il pouſſe auſſi des racines qui pénétrant l’écorce des arbres en tirent une nourriture ſuffiſante pour ſoutenir quelque tems la plante en vigueur, lorſque par accident le bas de la tige eſt endommagé ou même ſéparé de la racine principale. Il pousse aussi des racines qui, pénétrant l’écorce des arbres, en tirent, une nourriture suffisante pour soutenir quelque temps la plante en vigueur, lorsque, par accident le bas de la tige est endédommagé, ou même séparé de la tige principale. 0.41379310344827580.5862068965517242
1730Cette tige, parvenue à une certaine hauteur, ſe ramifie, s’étend ſur les côtés & ſe couvre de bouquets de fleurs aſſez grandes, blanches en-dedans, verdâtres en-dehors. Cette tige, parvenue à une certaine hauteur, se ramifie, s’étend sur les côtés, et se couvre de bouquets de fleurs assez grandes, blanches en dedans, verdâtres en dehors. 0.650.35
1731Cinq des diviſions de leur calice ſont longues, étroites & ondulées. Cinq des divisions de leur calice sont longues, étroites et ondulées. 0.57142857142857140.4285714285714286
1732La ſixième, plus intérieure, préſente la forme d’un cornet. La sixième, plus intérieure, présente la forme d’un cornet. 0.50.5
1733Le piſtil qu’elles couronnent ſupporte une ſeule étamine. Le pistil qu’elles couronnent supporte une seule étamine. 0.3750.625
1734Il devient, en mûriſſant, un fruit charnu, compoſé comme une gouſſe de ſept à huit pouces de longueur, qui s’ouvre en trois valves chargées de menues ſemences.Il devient, en mûrissant, un fruit charnu, composé comme une gousse de sept à huit pouces de longueur, qui s’ouvre en trois valves chargées de menues semences.0.52631578947368420.4736842105263158
1735Cette plante croît naturellement dans les terreins incultes, toujours humides, ſouvent inondés & couverts de grands arbres ; d’où l’on peut inférer que ces terreins ſont les plus propres à ſa culture. Cette plante croît naturellement dans les terrains incultes, toujours humides, souvent inondés et couverts de grands arbres ; d’où l’on peut inférer que ces terrains sont les plus propres à sa culture. 0.750.25
1736Pour la multiplier, il ſuffit de piquer au pied des arbres quelques rameaux ou ſarmens qui prennent racine & s’élèvent en peu de tems. Pour la multiplier, il suffit de piquer au pied des arbres quelques rameaux ou sarmens, qui prennent racine et s’élèvent en peu de temps. 0.61538461538461540.3846153846153846
1737Quelques cultivateurs, pour préſerver leurs plants de la pourriture, préfèrent de les attacher aux arbres même à un pied de terre. Quelques cultivateurs, pour préserver leurs plants de la pourriture, préfèrent de les attacher aux arbres, même à un pied de terre. 0.83333333333333340.16666666666666663
1738Ces plants ne tardent pas à pouſſer des filets qui, deſcendant en ligne droite, vont s’enfoncer dans la terre & y former des racines.Ces plants ne tardent pas à pousser des filets qui, descendant en ligne droite, vont s’enfoncer dans la terre et y former des racines.0.73333333333333330.2666666666666667
1739La récolte des gouſſes commence vers la fin de ſeptembre, & dure environ trois mois. La récolte des gousses commence vers la fin de septembre, et dure environ trois mois. 0.55555555555555560.4444444444444444
1740L’aromate qui leur eſt particulier ne s’acquiert que par la préparation. L’aromate qui leur est particulier ne s’acquiert que par la préparation. 0.750.25
1741Elle conſiſte à enfiler pluſieurs gouſſes, à les tremper un moment dans une chaudière d’eau bouillante pour les blanchir. Elle consiste à enfiler plusieurs gousses, à les tremper un moment dans une chaudière d’eau bouillante pour les blanchir. 0.61538461538461540.3846153846153846
1742On les ſuſpend enſuite dans un lieu expoſé à l’air libre & aux rayons du ſoleil. On les suspend ensuite dans un lieu exposé à l’air libre et aux rayons du soleil. 0.38461538461538460.6153846153846154
1743Il découle alors de leur extrémité une liqueur viſqueuſe, ſurabondante, dont on facilite la ſortie par une preſſion légère, réitérée deux ou trois fois le jour. Il découle alors de leur extrémité une liqueur visqueuse, surabondante, dont on facilite la sortie par une pression légère, réitérée deux ou trois fois le jour. 0.46666666666666670.5333333333333333
1744Pour retarder la dessication, qui doit se faire lentement, on les enduit, à plusieurs reprises, d’huile, qui conserve leur mollesse et les préserve des insectes.
1745Pour retarder la deſſiccation qui doit ſe faire lentement, on les enduit à pluſieurs repriſes d’huile, qui conſerve leur molleſſe & les préſerve des inſectes.
1746On les entoure auſſi d’un fil de coton pour empêcher qu’elles ne s’ouvrent. On les entoure aussi d’un fil de coton pour empêcher qu’elles ne s’ouvrent. 0.8750.125
1747Lorſqu’elles ſont ſuffiſamment deſſéchées, on les paſſe dans des mains ointes d’huile, & on les met dans un pot verniſſé pour les conſerver fraîchement.Lorsqu’elles sont suffisamment desséchées, on les passe dans des mains ointes d’huile, et on les met dans un pot vernissé pour les conserver fraîchement.0.31578947368421050.6842105263157895
1748Voilà tout ce qu’on ſait ſur la vanille particuliérement deſtinée à parfumer le chocolat dont l’uſage a paſſé des Mexicains aux Eſpagnols, & des Eſpagnols aux autres peuples ; & encore ces notions, tout-à-fait modernes, ſont-elles dues à un naturaliſte François. Voilà tout ce qu’on sait sur la vanille, particulièrement destinée à parfumer le chocolat, dont l’usage a passé des Mexicains aux Espagnols, et des Espagnols aux autres peuples ; et encore ces notions, tout-à-fait modernes, sont-elles dues à un naturaliste français. 0.44827586206896550.5517241379310345
1749Il n’eft pas poſſible que malgré l’indifférence qu’ils ont montrée juſqu’ici pour l’hiſtoire de la nature, les maîtres de cette partie du Nouveau-Monde n’aient des connoiſſances plus approfondies. Il n’est pas possible que, malgré l’indifférence qu’ils ont montrée jusqu’ici pour l’histoire de la nature, les maîtres de cette partie du Nouveau-Monde n’aient des connaissances plus approfondies. 0.50.5
1750S’ils ne les ont pas communiquées, c’eſt ſans doute qu’ils ont voulu ſe réſerver excluſivement cette production quoiqu’il n’en vienne annuellement en Europe que cinquante quintaux & qu’elle n’y ſoit pas vendue au-deſſus de 431,568 livres. S’ils ne les ont pas communiquées, c’est sans doute qu’ils ont voulu se réserver exclusivement cette production, quoiqu’il n’en vienne annuellement en Europe que cinquante à soixante quintaux, et quelle n’y soit pas vendue au-dessus de cinq à six cent mille livres. 0.53571428571428570.4642857142857143
1751Le tems de la révélation des lumières arrivera un jour, & alors la vanille ſera auſſi généralement connue que l’eſt maintenant l’indigo.Le temps de la révélation des lumières arrivera un jour, et alors la vanille sera aussi généralement connue que l’est maintenant l’indigo.0.57142857142857140.4285714285714286
1752L’indigotier eſt une plante droite & aſſez touffue. L’indigotier est une plante droite et assez touffue. 0.60.4
1753De ſa racine s’élève une tige ligneuſe, caſſante, haute de deux pieds, ramifiée dès ſon origine, blanche à l’intérieur & couverte d’une écorce griſâtre. De sa racine s’élève une tige ligneuse, cassante, haute de deux pieds, ramifiée dès son origine, blanche à l’intérieur, et couverte d’une écorce grisâtre. 0.63636363636363640.36363636363636365
1754Les feuilles ſont alternes, compoſées de pluſieurs folioles, diſpoſées ſur deux rangs le long d’une côte commune, terminée par une foliole impaire & garnie à ſa baſe de deux petites membranes que l’on nomme ſtipules. Les feuilles sont alternes, composées de plusieurs folioles disposées sur deux rangs le long d’une côte commune, terminée par une foliole impaire, et garnie à sa base de deux petites membranes que l’on nomme stipules. 0.58620689655172410.4137931034482759
1755A l’extrémité de chaque rameau ſe trouvent des épis de fleurs rougeâtres, papillionacées, aſſez petites & compoſées de quantité de pétales. A l’extrémité de chaque rameau se trouvent des épis de fleurs rougeâtres, papilionacées, assez petites, et composées de quantité de pétales. 0.60.4
1756Les étamines, au nombre de dix, et le pistil surmonté d’un seul style, sont disposés comme dans la plupart des fleurs légumineuses.
1757Les étamines au nombre de dix, & le piſtil ſurmonté d’un ſeul ſtyle, ſont diſpoſés comme dans la plupart des fleurs légumineuſes.
1758Le piſtil ſe change en une petite gouſſe arrondie, légérement courbe, d’un pouce de longueur & d’une ligne & demie de largeur, remplie de ſemences cylindriques, luiſantes & rembrunies.Le pistil se change en une petite gousse arrondie, légèrement courbe, d’un pouce de longueur et d’une ligne et demie de largeur, remplie de semences cylindriques, luisantes et rembrunies.0.6250.375
1759Cette plante veut une terre légère, bien labourée & qui ne ſoit jamais inondée. Cette plante veut une terre légère, bien labourée, et qui ne soit jamais inondée. 0.8750.125
1760L’on préfère pour cette raiſon des lieux qui ont de la pente, parce que cette poſition préſerve les champs du ſéjour des pluies qui flétriroient l’indigotier, & des inondations qui le couvriroient d’un limon nuiſible. L’on préfère pour cette raison des lieux qui ont de la pente, parce que cette position préserve les champs du séjour des pluies, qui flétriraient l’indigotier, et des inondations, qui le couvriraient d’un limon nuisible. 0.416666666666666740.5833333333333333
1761Les terreins bas & plats peuvent être encore employés pour cette culture, ſi l’on pratique des rigoles & des foſſés pour l’écoulement des eaux, & ſi l’on a la précaution de ne planter qu’après la ſaiſon des pluies qui occaſionnent ſouvent des débordemens. Les terrains bas et plats peuvent être encore employés pour cette culture, si l’on pratique des rigoles et des fossés pour l’écoulement des eaux, et si l’on a la précaution de ne planter qu’après la saison des pluies, qui occasionnent souvent des débordemens. 0.58333333333333340.41666666666666663
1762On jette la graine dans de petites foſſes faites avec la houe, de deux ou trois pouces de profondeur, éloignées d’un pied les unes des autres, & en ligne droite le plus qu’il eſt poſſible. On jette la graine dans de petites fosses faites avec la houe, de deux ou trois pouces de profondeur, éloignées d’un pied les unes des autres, et en ligne droite le plus qu’il est possible. 0.70588235294117650.2941176470588235
1763Il faut avoir une attention continuelle à arracher les mauvaiſes herbes qui étoufferoient aiſément l’indigotier. Il faut avoir une attention continuelle à arracher les mauvaises herbes, qui étoufferaient aisément l’indigotier. 0.53846153846153840.46153846153846156
1764Quoiqu’on le puisse semer en toutes les saisons, on préfère communément le printemps.
1765Quoiqu’on le puiſſe ſemer en toutes les ſaiſons, on préfère communément le printems.
1766L’humidité fait lever la plante dans trois ou quatre jours. L’humidité fait lever la plante dans trois ou quatre jours. 1.00.0
1767Elle eſt mûre au bout de deux mois. Elle est mûre au bout de deux mois. 0.750.25
1768On la coupe avec des couteaux courbés en ſerpettes, lorſqu’elle commence à fleurir ; & les coupes continuent de ſix en ſix ſemaines, ſi le tems eſt un peu pluvieux. On la coupe avec des couteaux courbés en serpettes lorsqu’elle commence à fleurir, et les coupes continuent de six en six semaines, si le temps est un peu pluvieux. 0.449999999999999960.55
1769Sa durée eſt d’environ deux ans. Sa durée est d’environ deux ans. 0.750.25
1770Après ce terme elle dégénère. Après ce terme elle dégénère. 1.00.0
1771On l’arrache, & on la renouvelle.On l’arrache et on la renouvelle.1.00.0
1772Comme cette plante épuiſe bientôt le ſol, parce qu’elle ne pompe pas aſſez d’air & de roſée par ſes feuilles pour humecter la terre, il eſt avantageux au cultivateur d’avoir un vaſte eſpace qui demeure couvert d’arbres, juſqu’à ce qu’il convienne de les abattre, pour faire occuper leur place par l’indigo : car il faut ſe repréſenter les arbres comme des ſiphons par leſquels la terre & l’air ſe communiquent réciproquement leur ſubſtance fluide & végétative, des ſiphons où les vapeurs & les ſucs s’attirant tour-à-tour, ſe mettent en équilibre. Comme cette plante épuise bientôt le sol, parce qu’elle ne pompe pas assez d’air et de rosée par ses feuilles pour humecter la terre, il est avantageux au cultivateur d’avoir un vaste espace qui demeure couvert d’arbres jusqu’à ce qu’il convienne de les abattre pour faire occuper leur place par l’indigo ; car il faut se représenter les arbres comme des siphons par lesquels la terre et l’air se communiquent réciproquement leur substance fluide et végétative, des siphons où les vapeurs et les sucs, s’attirant tour à tour, se mettent en équilibre. 0.54098360655737710.4590163934426229
1773Ainſi, tandis que la ſève de la terre monte par les racines juſqu’aux branches, les feuilles aſpirent l’air & les vapeurs qui circulant par les fibres de l’arbre redeſcendent dans la terre, & lui rendent en roſée ce qu’elle perd en ſève. Ainsi, tandis que la sève de la terre monte par les racines jusqu’aux branches, les feuilles aspirent l’air et les vapeurs, qui, circulant par les fibres de l’arbre, redescendent dans la terre et lui rendent en rosée ce qu’elle perd en sève. 0.50.5
1774C’eſt pour obéir à cette influence réciproque, qu’au défaut des arbres qui conſervent les champs vierges pour y ſemer de l’indigo, on couvre ceux qui ſont uſés par cette plante de patates ou de lianes, dont les branches rampantes conſervent la fraîcheur de la terre, & dont les feuilles brûlées renouvellent la fertilité.C’est pour obéir à cette influence réciproque qu’au défaut des arbres qui conservent les champs vierges pour y semer de l’indigo on, couvre ceux qui sont usés par cette plante de patates ou de lianes, dont les branches rampantes conservent la fraîcheur de la terre, et dont les feuilles brûlées renouvellent la fertilité.0.68750.3125
1775On diſtingue pluſieurs eſpèces d’indigo, mais on n’en cultive que deux.
1776Le franc dont nous venons de parler, & le bâtard qui en diffère par ſa tige beaucoup plus élevée, plus ligneuſe & plus durable ; par ſes folioles plus longues & plus étroites ; par ſes gouſſes plus courbes ; par ſes ſemences noirâtres. On distingue plusieurs espèces d’indigo ; mais on n’en cultive que deux : le franc, dont nous venons de parler ; et le bâtard, qui en diffère par sa tige beaucoup plus élevée, plus ligneuse et plus durable, par ses folioles plus longues et plus étroites, par ses gousses plus courbes, par ses semences noirâtres. 0.461538461538461560.5384615384615384
1777Quoique l’un obtienne un plus haut prix, il eſt communément avantageux de cultiver l’autre, parce qu’on le renouvelle moins ſouvent, qu’il eſt plus peſant, qu’il donne plus de feuilles dont le produit eſt cependant moindre, à volume égal. Quoique l’un obtienne un plus haut prix, il est communément avantageux de cultiver l’autre, parce qu’on le renouvelle moins souvent, qu’il est plus pesant, qu’il donne plus de feuilles, dont le produit est cependant moindre, à volume égal. 0.77272727272727270.2272727272727273
1778On trouve un plus grand nombre de terres propres au premier ; le ſecond réuſſit mieux dans celles qui ſont plus expoſées à la pluie. On trouve un plus grand nombre de terres propres au premier ; le second réussit mieux dans celles qui sont plus exposées à la pluie. 0.53333333333333330.4666666666666667
1779Tous deux ſont ſujets à de grands accidens dans le premier âge. Tous deux sont sujets à de grands accidens dans le premier âge. 0.57142857142857140.4285714285714286
1780Ils ſont quelquefois brûlés par l’ardeur du ſoleil ou étouffés ſous une toile dont un ver particulier à ces régions les entoure. Ils sont quelquefois brûlés par l’ardeur du soleil, ou étouffés sous une toile dont un ver particulier à ces régions les entoure. 0.69230769230769230.3076923076923077
1781On en voit dont le pied ſèche & tombe par la piquûre d’un autre ver fort commun, ou dont les feuilles qui font leur prix ſont dévorées en vingt-quatre heures par les chenilles. On en voit dont le pied sèche et tombe par la piqûre d’un autre ver fort commun, ou dont les feuilles, qui font leur prix, sont dévorées en vingt-quatre heures par les chenilles. 0.72222222222222220.2777777777777778
1782Ce dernier accident trop ordinaire a fait dire que les cultivateurs d’indigo ſe couchoient riches & ſe levoient ruinés.Ce dernier accident, trop ordinaire, a fait dire que les cultivateurs d’indigo se couchaient riches et se levaient ruinés.0.54545454545454540.4545454545454546
1783Cette production doit être ramaſſée avec précaution, de peur qu’en la ſecouant on ne faſſe tomber la farine attachée aux feuilles, qui eſt très-précieuſe. Cette production doit être ramassée avec précaution, de peur qu’en la secouant on ne fasse tomber la farine attachée aux feuilles, qui est trèsprécieuse. 0.50.5
1784On la jette dans la trempoire. On la jette dans la trempoire. 1.00.0
1785C’eſt une grande cuve, remplie d’eau. C’est une grande cuve remplie d’eau. 0.66666666666666660.33333333333333337
1786Il s’y fait une fermentation qui, dans vingt-quatre heures au plus tard, arrive au degré qu’on deſire. Il s’y fait une fermentation qui, dans vingt-quatre heures au plus tard, arrive au degré qu’on désire. 0.81818181818181820.18181818181818177
1787On ouvre alors un robinet pour faire couler l’eau dans une ſeconde cuve, appellée la batterie. On ouvre alors un robinet pour faire couler l’eau dans une seconde cuve, appelée la batterie. 0.63636363636363640.36363636363636365
1788On nettoie auſſi-tôt la trempoire afin de lui faire recevoir de nouvelles plantes, & de continuer le travail ſans interruption.On nettoie aussitôt la trempoire, afin de lui faire recevoir de nouvelles plantes, et de continuer le travail sans interruption.0.750.25
1789L’eau qui a paſſé dans la batterie ſe trouve imprégnée d’une terre très-ſubtile qui conſtitue ſeule la fécule ou ſubſtance bleue que l’on cherche, & qu’il faut ſéparer du ſel inutile de la plante, parce qu’il fait ſurnager la fécule. L’eau qui a passé dans la batterie se trouve imprégnée d’une terre très-subtile, qui constitue seule la fécule ou substance bleue que l’on cherche, et qu’il faut séparer du sel inutile de la plante, parce qu’il fait surnager la fécule. 0.46666666666666670.5333333333333333
1790Pour y parvenir, on agite violemment l’eau avec des ſeaux de bois percés & attachés à un long manche. Pour y parvenir, on agite violemment l’eau avec des seaux de bois percés et attachés à un long manche. 0.83333333333333340.16666666666666663
1791Cet exercice exige la plus grande précaution. Cet exercice exige la plus grande précaution. 1.00.0
1792Si on ceſſoit trop tôt de battre, on perdroit la partie colorante qui n’auroit pas encore été ſéparée du ſel. Si on cessait trop tôt de battre, on perdrait la partie colorante qui n’aurait pas encore été séparée du sel. 0.333333333333333260.6666666666666667
1793Si au contraire, on continuoit de battre la teinture après l’entière ſéparation, les parties ſe rapprocheroient, formeroient une nouvelle combinaiſon ; & le ſel par ſa réaction ſur la fécule, exciteroit une ſeconde fermentation qui altéreroit la teinture, en noirciroit la couleur, & feroit ce qu’on appelle indigo brûlé. Si, au contraire, on continuait de battre la teinture après l’entière séparation, les parties se rapprocheraient, formeraient une nouvelle combinaison, et le sel, par sa réaction sur la fécule, exciterait une seconde fermentation qui altérerait la teinture, en noircirait la couleur, et ferait ce qu’on appelle indigo brûlé. 0.365853658536585360.6341463414634146
1794Ces accidens ſont prévenus par une attention ſuivie aux moindres changemens que ſubit la teinture, & par la précaution que prend l’ouvrier d’en puiſer un peu, de tems en tems, avec un vaſe propre. Ces accidens sont prévenus par une attention suivie aux moindres changemens que subit la teinture, et par la précaution que prend l’ouvrier d’en puiser un peu de temps en temps avec un vase propre. 0.45454545454545460.5454545454545454
1795Lorſqu’il s’apperçoit que les molécules colorées ſe raſſemblent en ſe ſéparant du reſte de la liqueur, il fait ceſſer le mouvement des ſeaux pour donner le tems à la fécule bleue de ſe précipiter au fond de la cuve, où on la laiſſe ſe raſſeoir juſqu’à ce que l’eau ſoit totalement éclaircie. Lorsqu’il s’aperçoit que les molécules colorées se rassemblent en se séparant du reste de la liqueur, il fait cesser le mouvement des seaux pour donner le temps à la fécule bleue de se précipiter au fond de la cuve, où on la laisse se rasseoir jusqu’à ce que l’eau soit totalement éclaircie. 0.394736842105263160.6052631578947368
1796On débouche alors ſucceſſivement des trous percés à différentes hauteurs, par leſquels cette eau inutile ſe répand en-dehors.On débouche alors successivement des trous percés à différentes hauteurs, par lesquels cette eau inutile se répand en dehors.0.60.4
1797La fécule bleue qui eſt reſtée au fond de la batterie, ayant acquis la conſiſtance d’une boue liquide, on ouvre des robinets qui la font paſſer dans le repoſoir. La fécule bleue qui est restée au fond de la batterie ayant acquis la consistance d’une boue liquide, on ouvre des robinets qui la font passer dans le reposoir. 0.52631578947368420.4736842105263158
1798Après qu’elle s’eſt encore dégagée de beaucoup d’eau ſuperflue dans cette troiſième & dernière cuve, on la fait égoutter dans des ſacs ; d’où, quand il ne filtre plus d’eau au travers de la toile, cette matière devenue plus épaiſſe, eſt miſe dans des caiſſons où elle achève de perdre ſon humidité. Après qu’elle s’est encore dégagée de beaucoup d’eau superflue dans cette troisième et dernière cuve, on la fait égoutter dans des sacs, d’où, quand il ne filtre plus d’eau au travers de la toile, cette matière, devenue plus épaisse, est mise dans des caissons, où elle achève de perdre son humidité. 0.51515151515151510.48484848484848486
1799Au bout de trois mois, l’indigo eſt en état d’être vendu.Au bout de trois mois, l’indigo est en état d’être vendu.0.85714285714285710.1428571428571429
1800Les blanchiſſeuſes l’emploient pour donner une couleur bleuâtre au linge. Les blanchisseuses l’emploient pour donner une couleur bleuâtre au linge. 0.71428571428571430.2857142857142857
1801Les peintres s’en ſervent dans leurs détrempes. Les peintres s’en servent dans leurs détrempes. 0.60.4
1802Les teinturiers ne ſauroient faire de beau bleu ſans indigo. Les teinturiers ne sauraient faire de beau bleu sans indigo. 0.57142857142857140.4285714285714286
1803Les anciens le tiroient de l’Inde Orientale. Les anciens le tiraient de l’Inde orientale. 0.60.4
1804Il a été tranſplanté, dans des tems modernes, en Amérique. Il a été transplanté, dans des temps modernes, en Amérique. 0.42857142857142860.5714285714285714
1805Sa culture eſſayée ſucceſſivement en différens endroits, paroît fixée à la Caroline, à la Géorgie, à la Floride, à la Louyſiane, à Saint-Domingue & au Mexique. Sa culture, essayée successivement en différens endroits, paraît fixée à la Caroline, à la Géorgie, à la Floride, à la Louisiane, à Saint-Domingue et au Mexique. 0.55555555555555560.4444444444444444
1806Ce dernier, le plus recherché de tous, eſt connu ſous le nom de Guatimala, parce qu’il croît ſur le territoire de cette cité fameuſe. Ce dernier, le plus recherché de tous, est connu sous le nom de Guatimala, parce qu’il croît sur le territoire de cette cité fameuse. 0.66666666666666660.33333333333333337
1807On ſe l’y procure d’une manière qui mérite d’être remarquée.On se l’y procure d’une manière qui mérite d’être remarquée.0.8750.125
1808Dans ces belles contrées où chaque propriété a quinze ou vingt lieues d’étendue, une portion de ce vaſte eſpace eſt employé tous les ans à la culture de l’indigo. Dans ces belles contrées où chaque propriété a quinze ou vingt lieues d’étendue, une portion de ce vaste espace est employée tous les ans à la culture de l’indigo. 0.61111111111111120.38888888888888884
1809Pour l’obtenir, les travaux ſe réduiſent à brûler les arbuſtes qui couvrent les campagnes, à donner aux terres un ſeul labour fait avec négligence. Pour l’obtenir, les travaux se réduisent à brûler les arbustes qui couvrent les campagnes, à donner aux terres un seul labour fait avec négligence. 0.6250.375
1810Ces opérations ont lieu dans le mois de mars, ſaiſon où il ne pleut que trèsrarement dans ce délicieux climat. Ces opérations ont lieu dans le mois de mars, saison où il ne pleut que trèsrarement dans ce délicieux climat. 0.81818181818181820.18181818181818177
1811Un homme à cheval jette enſuite la graine de cette plante de la même manière qu’on ſème le bled en Europe. Un homme à cheval jette ensuite la graine de cette plante de la même manière qu’on sème le blé en Europe. 0.6250.375
1812Perſonne ne s’occupe plus de cette riche production juſqu’à la récolte.Personne ne s’occupe plus de cette riche production jusqu’à la récolte.0.57142857142857140.4285714285714286
1813Il arrive de-là que l’indigo lève dans un endroit & qu’il ne lève point dans d’autres ; que celui qui eſt levé eſt ſouvent étouffé par les plantes paraſites dont des ſarclages faits à propos l’auroient débarraſſé. Il arrive de là que l’indigo lève dans un endroit et qu’il ne lève pas dans d’autres ; que celui qui est levé est souvent étouffé par les plantes parasites dont des sarclages faits à propos l’auraient débarrassé. 0.458333333333333260.5416666666666667
1814Auſſi les Eſpagnols recueillent-ils moins d’indigo ſur 3 ou 4 lieues de terrein que les nations rivales dans quelques arpens bien travaillés. Aussi les Espagnols recueillent-ils moins d’indigo sur trois ou quatre lieues de terrain que les nations rivales dans quelques arpens bien travaillés. 0.53846153846153840.46153846153846156
1815Auſſi leur indigo, quoique fort ſupérieur à tous les autres n’a-t-il pas toute la perfection dont il ſeroit ſuſceptible. Aussi leur indigo, quoique fort supérieur à tous les autres, n’a-t-il pas toute la perfection dont il serait susceptible. 0.416666666666666740.5833333333333333
1816L’Europe en reçoit annuellement ſix mille quintaux, qu’elle paie 7,626,960 liv.L’Europe en reçoit annuellement six à sept mille quintaux, qu’elle paie huit ou neuf millions de livres.0.54545454545454540.4545454545454546
1817Cette proſpérité augmenteroit infailliblement, ſi la cour de Madrid mettoit les naturels du pays en état de cultiver l’indigo pour leur propre compte. Cette prospérité augmenterait infailliblement, si la cour de Madrid mettait les naturels du pays en état de cultiver l’indigo pour leur propre compte. 0.58823529411764710.4117647058823529
1818Cet intérêt perſonnel, ſubſtitué à un intérêt étranger, les rendroit plus actifs, plus intelligens ; & il eſt vraiſemblable que l’abondance & la bonté de l’indigo du Mexique banniroient, avec le tems, celui des autres colonies de tous les marchés.Cet intérêt personnel, substitué à un intérêt étranger, les rendrait plus actifs, plus intelligens ; et il est vraisemblable que l’abondance et la bonté de l’indigo du Mexique banniraient, avec le temps, celui des autres colonies de tous les marchés.0.458333333333333260.5416666666666667
1819La cochenille, à laquelle nous devons nos belles couleurs de pourpre & d’écarlate, n’a exiſté juſqu’ici qu’au Mexique. La cochenille, à laquelle nous devons nos belles couleurs de pourpre et d’écarlate, n’a existé jusqu’ici qu’au Mexique. 0.71428571428571430.2857142857142857
1820J’avois avancé d’après les meilleurs auteurs, même Eſpagnols, que la nature de cette couleur étoit inconnue avant le commencement du ſiècle. J’avais avancé, d’après les meilleurs auteurs, même espagnols, que la nature de cette couleur était inconnue avant le commencement du siècle. 0.52941176470588240.47058823529411764
1821En remontant aux originaux, j’ai trouvé qu’Acoſta, en 1530, & Herrera, en 1601, l’avoient auſſi bien décrite que nos modernes naturaliſtes. En remontant aux originaux, j’ai trouvé qu’Acosta, en 1530, et Herréra, en 1601, l’avaient aussi bien décrite que nos modernes naturalistes. 0.50.5
1822Je me retracte donc ; & je ſuis bien fâché de ne m’être pas trompé plus ſouvent dans ce que j’ai écrit des Eſpagnols. Je me rétracte donc ; et je suis bien fâché de ne m’être pas trompé plus souvent dans ce que j’ai écrit des Espagnols. 0.60.4
1823Grace à l’ignorance des voyageurs & à la légéreté avec laquelle ils conſidèrent les productions de la nature dans tous les règnes, ſon hiſtoire ſe remplit de fauſſetés qui paſſent d’un ouvrage dans un autre, & que des auteurs qui ſe copient ſucceſſivement, tranſmettent d’âge en âge. Grâce à l’ignorance des voyageurs et à la légèreté avec laquelle ils considèrent les productions de la nature dans tous les règnes, son histoire se remplit de faussetés qui passent d’un ouvrage dans un autre, et que des auteurs qui se copient successivement transmettent d’âge en âge. 0.53333333333333330.4666666666666667
1824On n’examine guère ce qu’on croit bien ſavoir ; & c’eſt ainſi qu’après avoir propagé les erreurs, les témoignages qui retardent l’obſervation en prolongent encore la durée. On n’examine guère ce qu’on croit bien savoir ; et c’est ainsi qu’après avoir propagé les erreurs, les témoignages qui retardent l’observation en prolongent encore la durée. 0.61111111111111120.38888888888888884
1825Un autre inconvénient, c’eſt que les philoſophes perdent un tems précieux à élever des ſyſtêmes qui nous en impoſent juſqu’à ce que les prétendus faits qui leur ſervoient de baſe aient été démentis.Un autre inconvénient, c’est que les philosophes perdent un temps précieux à élever des systèmes qui nous en imposent jusqu’à ce que les prétendus faits qui leur servaient de base aient été démentis.0.360.64
1826La cochenille est un insecte de la grosseur et de la forme d’une punaise.
1827Les deux sexes y sont distincts comme dans la plupart des autres animaux.
1828La cochenille eſt un inſecte de la groſſeur & de la forme d’une punaiſe.
1829Les deux ſexes y ſont diſtincts, comme dans la plupart des autres animaux.
1830La femelle, fixée ſur un point de la plante preſqu’au moment de ſa naiſſance, y reſte toujours attachée par une eſpèce de trompe & ne préſente qu’une croute preſque hémiſphérique qui recouvre toutes les autres parties. La femelle, fixée sur un point de la plante presqu’au moment de sa naissance, y reste toujours attachée par une espèce de trompe, et ne présente qu’une croûte presque hémisphérique qui recouvre toutes les autres parties. 0.423076923076923130.5769230769230769
1831Cette enveloppe change deux fois en vingt-cinq jours & eſt enduite d’une pouſſière blanche, graſſe, impénétrable à l’eau. Cette enveloppe change deux fois en vingt-cinq jours, et est enduite d’une poussière blanche, grasse, impénétrable à l’eau. 0.66666666666666660.33333333333333337
1832A ce terme, qui eſt l’époque de la puberté, le mâle, beaucoup plus petit & dont la forme eſt plus dégagée, ſort d’un tuyau farineux, à l’aide d’aîles dont il eſt pourvu. A ce terme, qui est l’époque de la puberté, le mâle, beaucoup plus petit, et dont la forme est plus dégagée, sort d’un tuyau farineux, à l’aide d’ailes dont il est pourvu. 0.82352941176470580.17647058823529416
1833Il voltige au-deſſus des femelles immobiles & s’arrête ſur chacune d’elles. Il voltige au-dessus des femelles immobiles, et s’arrête sur chacune d’elles. 0.6250.375
1834La même femelle eſt ainſi viſitée par pluſieurs mâles qui périſſent bientôt après la fécondation. La même femelle est ainsi visitée par plusieurs mâles, qui périssent bientôt après la fécondation. 0.461538461538461560.5384615384615384
1835Son volume augmente ſenſiblement juſqu’à ce qu’une goutte de liqueur, échappée de deſſous elle, annonce la ſortie prochaine des œufs qui ſont en grand nombre. Son volume augmente sensiblement jusqu’à ce qu’une goutte de liqueur, échappée de dessous elle, annonce la sortie prochaine des œufs, qui sont en grand nombre. 0.60.4
1836Les petits rompent leur enveloppe en naiſſant & ſe répandent bientôt ſur la plante pour choiſir une place favorable & pour s’y fixer. Les petits rompent leur enveloppe en naissant, et se répandent bientôt sur la plante pour choisir une place favorable et pour s’y fixer. 0.6250.375
1837Ils cherchent ſur-tout à ſe mettre à l’abri du vent d’Eſt. Ils cherchent surtout à se mettre à l’abri du vent d’est. 0.55555555555555560.4444444444444444
1838Auſſi l’arbriſſeau ſur lequel ils vivent, vu de ce côté-là, paroît-il tout vert ; tandis qu’il eſt blanc du côté oppoſé ſur lequel les inſectes ſe ſont portés de préférence.Aussi l’arbrisseau sur lequel ils vivent, vu de ce côté-là, paraît-il tout vert, tandis qu’il est blanc du côté opposé sur lequel les insectes se sont portés de préférence.0.380952380952380930.6190476190476191
1839Cet arbriſſeau, connu ſous le nom de nopal, de raquette & de figue d’Inde, a environ cinq pieds de haut. Cet arbrisseau, connu sous le nom de nopal, de raquette et de figuier d’Inde, a environ cinq pieds de haut. 0.58333333333333340.41666666666666663
1840Sa tige eſt charnue, large, applatie, veloutée, un peu âpre, couverte de houppes d’épine répandues ſymétriquement ſur ſa ſurface. Sa tige est charnue, large, aplatie, veloutée, un peu âpre, couverte de houppes d’épine répandues symétriquement sur sa surface. 0.50.5
1841Elle ſe ramifie beaucoup & ſe retrécit, ainſi que les rameaux, dans chacun de ſes points de diviſion : ce qui donne aux diverſes portions de la plante, ainſi étranglée, la forme d’une feuille ovale, épaiſſe & épineuſe. Elle se ramifie beaucoup, et se rétrécit, ainsi que les rameaux, dans chacun de ses points de division ; ce qui donne aux diverses portions de la plante ainsi étranglée la forme d’une feuille ovale, épaisse et épineuse. 0.52173913043478260.4782608695652174
1842Cette plante n’a point d’autres feuilles. Cette plante n’a point d’autres feuilles. 1.00.0
1843Ses fleurs éparſes ſur les jeunes tiges ſont compoſées d’un calice écailleux qui ſupporte beaucoup de pétales & d’étamines. Ses fleurs, éparses sur les jeunes tiges, sont composées d’un calice écailleux qui supporte beaucoup de pétales et d’étamines. 0.50.5
1844Le piſtil, ſurmonté d’un ſeul ſtyle & caché dans le fond du calice, devient avec lui un fruit bon à manger, ſemblable à une figue, rempli de ſemences nichées dans une pulpe rougeâtre.Le pistil, surmonté d’un seul style, et caché dans le fond du calice, devient avec lui un fruit bon à manger, semblable à une figue, rempli de semences nichées dans une pulpe rougeâtre.0.56521739130434780.4347826086956522
1845Il y a plusieurs espèces de nopal.
1846Il y a pluſieurs eſpèces de nopal.
1847Ceux qui ont la tige liſſe les épines nombreuſes & trop rapprochées ne ſont point propres à l’éducation de la cochenille. Ceux qui ont la tige lisse, les épines nombreuses et trop rapprochées, ne sont point propres à l’éducation de la cochenille. 0.66666666666666660.33333333333333337
1848Elle ne réuſſit bien que ſur celui qui a peu d’épines & une ſurface veloutée, propre à lui donner une aſſiette plus aſſurée. Elle ne réussit bien que sur celui qui a peu d’épines et une surface veloutée, propre à lui donner une assiette plus assurée. 0.35714285714285720.6428571428571428
1849Il craint les vents, les pluies froides & la trop grande humidité. Il craint les vents, les pluies froides et la trop grande humidité. 1.00.0
1850La méthode de le recéper n’eſt pas avantageuſe. La méthode de le recéper n’est pas avantageuse. 0.333333333333333260.6666666666666667
1851On gagne plus à le replanter tous les ſix ans en mettant pluſieurs portions de tiges dans des foſſes aſſez profondes, diſpoſées en quinconce ou en quarré, à ſix ou huit pieds de diſtance. On gagne plus à le replanter tous les six ans, en mettant plusieurs portions de tiges dans des fosses assez profondes, disposées en quinconce ou en carré, à six ou huit pieds de distance. 0.476190476190476160.5238095238095238
1852Un terrein ainſi planté, connu ſous le nom de nopalerie, n’a ordinairement qu’un ou deux arpens d’étendue, rarement trois. Un terrain ainsi planté, connu sous le nom de nopalerie, n’a ordinairement qu’un ou deux arpens d’étendue, rarement trois. 0.71428571428571430.2857142857142857
1853Chaque arpent produit juſqu’à deux quintaux de cochenille, & un homme ſuffit pour le cultiver. Chaque arpent produit jusqu’à deux quintaux de cochenille, et un homme suffit pour le cultiver. 0.66666666666666660.33333333333333337
1854Il doit ſarcler ſouvent, mais avec précaution, pour ne pas déranger l’inſecte qui ne ſurvit pas à ſon déplacement. Il doit sarcler souvent, mais avec précaution, pour ne pas déranger l’insecte, qui ne survit pas à son déplacement. 0.30769230769230770.6923076923076923
1855Il détruira encore avec ſoin les animaux deſtructeurs, dont le plus redoutable eſt une chenille qui fait des traînées dans l’intérieur même de la plante, & attaque l’inſecte en-deſſous.Il détruira encore avec soin les animaux destructeurs, dont le plus redoutable est une chenille qui fait des traînées dans l’intérieur même de la plante, et attaque l’insecte en dessous.0.50.5
1856Dix-huit mois après la plantation, on couvre le nopal de cochenilles : mais pour les distribuer plus réguliérement ſur toute la plante, & empêcher qu’elles ne ſe nuiſent par leur rapprochement, on attache aux épines, de diſtance en diſtance, de petits nids faits avec la bourre de coco, ouverts du côté de l’Oueſt, remplis de douze à quinze mères prêtes à pondre. Dix-huit mois après la plantation, on couvre le nopal de cochenilles ; mais pour les distribuer plus régulièrement sur toute la plante, et empêcher qu’elles ne se nuisent par leur rapprochement, on attache aux épines, de distance en distance, de petits nids faits avec la bourre de coco, ouverts du côté de l’ouest, remplis de douze à quinze mères prêtes à pondre. 0.75757575757575760.24242424242424243
1857Les petits qui en ſortent s’attachent au nopal, & parviennent à leur plus grande conſiſtance en deux mois qui ſont la durée de leur vie. Les petits qui en sortent s’attachent au nopal, et parviennent à leur plus grande consistance en deux mois, qui sont la durée de leur vie. 0.64285714285714290.3571428571428571
1858On en fait alors la récolte qui ſe renouvelle tous les deux mois depuis octobre juſqu’en mai. On en fait alors la récolte, qui se renouvelle tous les deux mois, depuis octobre jusqu’en mai. 0.6250.375
1859Elle peut être moins avantageuſe s’il y a un mêlange d’une autre cochenille de moindre prix, ou s’il y a abondance de mâles dont on fait peu de cas, parce qu’ils ſont plus petits & qu’ils tombent avant le tems. Elle peut être moins avantageuse, s’il y a un mélange d’une autre cochenille de moindre prix, ou s’il y a abondance de mâles, dont on fait peu de cas, parce qu’ils sont plus petits, et qu’ils tombent avant le temps. 0.72222222222222220.2777777777777778
1860Cette récolte doit précéder de quelques jours le moment de la ponte, ſoit pour prévenir la perte des œufs qui ſont riches en couleur, ſoit pour empêcher les petits de ſe répandre ſur une plante déja épuiſée, qui a beſoin de quelques mois de repos. Cette récolte doit précéder de quelques jours le moment de la ponte, soit pour prévenir la perte des œufs qui sont riches en couleur, soit pour empêcher les petits de se répandre sur une plante déjà épuisée, qui a besoin de quelques mois de repos. 0.680.31999999999999995
1861En commençant par le bas, on détache ſucceſſivement les cochenilles avec un couteau, & on les fait tomber dans un baſſin placé au-deſſous, dont un des bords applati s’applique exactement contre la plante que l’on nettoie enſuite avec le même couteau ou avec un linge.En commençant par le bas, on détache successivement les cochenilles avec un couteau, et on les fait tomber dans un bassin placé audessous, dont un des bords, aplati, s’applique exactement contre la plante, que l’on nettoie ensuite avec le même couteau ou avec un linge.0.58333333333333340.41666666666666663
1862Immédiatement avant la ſaiſon des pluies, pour prévenir la deſtruction totale des cochenilles qui pourroit être occaſionnée par l’intempérie de l’air, on coupe les branches de nopal chargées d’inſectes encore jeunes. Immédiatement avant la saison des pluies, pour prévenir la destruction totale des cochenilles, qui pourrait être occasionnée par l’intempérie de l’air, on coupe les branches du nopal chargées d’insectes encore jeunes. 0.59090909090909090.40909090909090906
1863On les ſerre dans les habitations, où elles conſervent leur fraîcheur comme toutes les plantes qu’on nomme graſſes. On les serre dans les habitations, où elles conservent leur fraîcheur comme toutes les plantes qu’on nomme grasses. 0.50.5
1864Les cochenilles y croissent pendant la mauvaise saison.
1865Les cochenilles y croiſſent pendant la mauvaiſe ſaiſon.
1866Dès qu’elle eſt paſſée, on les met ſur des arbres extérieurs où la fraîcheur vivifiante de l’air leur fait bientôt faire leurs petits.Dès qu’elle est passée, on les met sur des arbres extérieurs, où la fraîcheur vivifiante de l’air leur fait bientôt faire leurs petits.0.750.25
1867La cochenille ſylveſtre, eſpèce différente de la cochenille fine ou meſteque dont on vient de parler, mais cultivée dans les mêmes lieux & ſur la même plante, n’exige pas les mêmes ſoins & les mêmes précautions. La cochenille sylvestre, espèce différente de la cochenille fine ou mestèque, dont on vient de parler, mais cultivée dans les mêmes lieux et sur la même plante, n’exige pas les mêmes soins et les mêmes précautions. 0.57142857142857140.4285714285714286
1868Elle a la vie moins délicate, réſiſte mieux aux injures de l’air. Elle a la vie moins délicate, résiste mieux aux injures de l’air. 0.71428571428571430.2857142857142857
1869Sa récolte eſt conſéquemment moins variable pour le produit & peut ſe faire toute l’année. Sa récolte est conséquemment moins variable pour le produit, et peut se faire toute l’année. 0.55555555555555560.4444444444444444
1870Elle diffère de l’autre en ce qu’elle eſt plus petite, plus vorace, moins chargée en couleur, enveloppée d’un coton qu’elle étend à deux lignes autour d’elle. Elle diffère de l’autre en ce qu’elle est plus petite, plus vorace, moins chargée en couleur, enveloppée d’un coton qu’elle étend à deux lignes autour d’elle. 0.93750.0625
1871Elle ſe multiplie plus facilement, ſe répand plus loin & plus vîte ſans aucun ſecours étranger ; de ſorte qu’une nopalerie en eſt bientôt couverte. Elle se multiplie plus facilement, se répand plus loin et plus vite sans aucun secours étranger ; de sorte qu’une nopalerie en est bientôt couverte. 0.58823529411764710.4117647058823529
1872Comme son produit est plus sûr, que son prix équivaut aux deux tiers de celui de la mestèque, et qu’elle se propage sur toutes les espèces de nopal, on peut la cultiver avec succès, mais séparément.
1873parce que son voisinage affamerait l’autre, qui serait aussi étouffée sous son duvet.
1874Comme ſon produit eſt plus ſûr, que ſon prix équivaut aux deux tiers de celui de la meſteque, & qu’elle ſe propage ſur toutes les eſpèces de nopal, on peut la cultiver avec ſuccès, mais ſéparément, parce que ſon voiſinage affameroit l’autre qui ſeroit auſſi étouffée ſous ſon duvet.
1875On retrouve cette eſpèce au Pérou ſur un nopal très-épineux qui y eſt fort commun.On retrouve cette espèce au Pérou sur un nopal très-épineux, qui y est fort commun.0.60.4
1876Les cochenilles n’ont pas été plutôt recueillies, qu’on les plonge dans l’eau chaude pour les faire mourir. Les cochenilles n’ont pas été plus tôt recueillies, qu’on les plonge dans l’eau chaude pour les faire mourir. 0.83333333333333340.16666666666666663
1877Il y a différentes manières de les ſécher. Il y a différentes manières de les sécher. 0.50.5
1878La meilleure eſt de les expoſer pendant pluſieurs jours au ſoleil, où elles prennent une teinte de brun roux, ce que les Eſpagnols appellent renegrida. La meilleure est de les exposer pendant plusieurs jours au soleil, où elles prennent une teinte de brun roux, ce que les Espagnols appellent renegrida. 0.52941176470588240.47058823529411764
1879La ſeconde eſt de les mettre au four, où elles prennent une couleur griſâtre, veinée de pourpre, ce qui leur fait donner le nom de jafpeada. La seconde est de les mettre au four, où elles prennent une couleur grisâtre, veinée de pourpre ; ce qui leur fait donner le nom de jaspeada. 0.56250.4375
1880Enfin, la plus imparfaite, qui eſt celle que les Indiens pratiquent le plus communément, conſiſte à les mettre ſur des plaques avec leurs gâteaux de maïs : elles s’y brûlent ſouvent. Enfin la plus imparfaite, qui est celle que les Indiens pratiquent le plus communément, consiste à les mettre sur des plaques avec leurs gâteaux de maïs : elles s’y brûlent souvent. 0.61111111111111120.38888888888888884
1881On les appelle negra.On les appelle negra.1.00.0
1882Quoique la cochenille appartienne au règne animal qui eſt l’eſpèce la plus périſſable, elle ne ſe gâte jamais. Quoique la cochenille appartienne au règne animal, qui est l’espèce la plus périssable, elle ne se gâte jamais. 0.50.5
1883Sans autre attention que celle de l’enfermer dans une boëte, on la garde des ſiècles entiers avec toute ſa vertu.Sans autre attention que celle de l’enfermer dans une boîte, on la garde des siècles entiers avec toute sa vertu.0.50.5
1884Cette riche production réuſſiroit vraiſemblablement dans différentes parties du Mexique : mais juſqu’à nos jours, il n’y a eu guère que la province d’Oaxaca qui s’en ſoit ſérieuſement occupée.
1885Les récoltes ont été plus abondantes ſur un terrein aride, où le nopal ſe plaît, que ſur un ſol naturellement fécond ; elles ont éprouvé moins d’accidens dans les expoſitions agréablement tempérées, que dans celles où le froid & le chaud ſe faiſoient ſentir davantage. Cette riche production réussit mieux sur un terrain aride, où le nopal se plaît, que sur un sol naturellement fécond ; elle éprouve moins d’accidens dans des expositions agréablement tempérées que dans celles où le froid et le chaud se font sentir davantage.0.41935483870967750.5806451612903225
1886Les Mexicains connoiſſoient la cochenille avant la deſtruction de leur empire. Les Mexicains connurent la cochenille longtemps avant la destruction de leur empire. 0.42857142857142860.5714285714285714
1887Ils s’en ſervoient pour peindre leurs maiſons & pour teindre leur coton. Ils s’en servaient pour peindre leurs maisons et pour teindre leur coton. 0.50.5
1888On voit dans Herrera que, dès 1523, le miniſtère ordonnoit à Cortès de la multiplier. On lit dans Herréra que, dès 1523, le ministère ordonnait à Cortez de la multiplier. 0.38461538461538460.6153846153846154
1889Les conquérans repouſſèrent ce travail comme ils mépriſoient tous les autres ; & il reſta tout entier aux Indiens. Les conquérans repoussèrent ce travail comme ils dédaignaient tous les autres ; et il resta tout entier aux Indiens. 0.40.6
1890Eux ſeuls s’y livrent encore : mais trop ſouvent avec les fonds avancés par les Eſpagnols, à des conditions plus ou moins uſuraires. Eux seuls continuèrent à s’y livrer, mais trop souvent avec les fonds avancés par les Espagnols, à des conditions plus ou moins usuraires.0.333333333333333260.6666666666666667
1891Le fruit de leur induſtrie eſt tout porté dans la capitale de la province, qui ſe nomme auſſi Oaxaca.
1892Cette ville où l’on arrive par de beaux chemins, & où l’on jouit d’un printems continuel, s’élève au milieu d’une plaine ſpacieuſe, couverte de jolis hameaux & bien cultivée.
1893Ses rues ſont larges, tirées au cordeau, & formées par des maiſons un peu baſſes, mais agréablement bâties.
1894Ses places, ſon aqueduc, ſes édifices publics ſont d’aſſez bon goût.
1895Elle a quelques manufactures de ſoie & de coton.
1896Les marchandiſes d’Aſie & celles d’Europe y ſont d’un uſage général.
1897Nous avons eu occaſion de voir pluſieurs voyageurs que les circonſtances avoient conduits à Oaxaca.
1898Tous nous ont aſſuré que de tous les établiſſemens formés par les Eſpagnols dans le NouveauMonde , c’étoit celui où l’eſprit de ſociété avoit fait le plus de progrès.
1899Tant d’avantages paroiſſent une ſuite du commerce de la cochenille.
1900Indépendamment de ce que conſomment l’Amérique & les Philippines, l’Europe reçoit tous les ans quatre mille quintaux de cochenille fine, deux cens quintaux de granille, cent quintaux de pouſſière de cochenille, & trois cens quintaux de cochenille ſylveſtre, qui, rendus dans ſes ports, ſont vendus 8,610,140 liv.Indépendamment de ce que consomment l’Amérique et l’Asie, l’Europe reçoit tous les ans quatre mille quintaux de cochenille fine, deux cents quintaux de granille, cent quintaux de poussière de cochenille, et trois cents quintaux de cochenille sylvestre, qui, rendus dans ses ports, sont vendus neuf à dix millions de livres.0.44827586206896550.5517241379310345
1901Cette riche production n’a crû juſqu’ici qu’au profit de l’Eſpagne. Cette riche production n’a crû jusqu’ici qu’au profit de l’Espagne. 0.60.4
1902Puisse ce genre de culture, puissent les autres cultures, sans en excepter aucune, occuper toutes les nations.
1903M. Thiery, botaniſte François, bravant plus de dangers qu’on n’en ſauroit imaginer, l’a enlevée à Oaxaca même, & l’a tranſplantée à Saint-Domingue, où il la cultive avec une perſévérance digne de ſon premier courage.
1904Ses premiers ſuccès ont ſurpaſſé ſon attente, & tout porte à eſpérer que la ſuite répondra à de ſi heureux commencemens.
1905Puiſſe ce genre de culture, puiſſent les autres s’étendre plus loin encore & occuper de nouvelles nations.
1906Eh ! ne ſommes-nous pas tous frères ? Eh ! ne sommes-nous pas tous frères ? 0.333333333333333260.6666666666666667
1907enfans du même père, ne ſommes-nous pas appellés à une deſtinée commune ? Enfans du même père, ne sommes-nous pas appelés à une destinée commune ? 0.45454545454545460.5454545454545454
1908Faut-il que je traverſe la proſpérité de mon ſemblable, parce que la nature a placé une rivière ou une montagne entre lui & moi ? Faut-il que je traverse la prospérité de mon semblable parce que la nature a placé une rivière ou une montagne entre lui et moi ? 0.50.5
1909Cette barrière m’autoriſet-elle à le haïr, à le perſécuter ? Cette barrière m’autorise-t-elle à le haïr, à le persécuter ? 0.42857142857142860.5714285714285714
1910O combien cette prédilection excluſive pour des ſociétés particulières, a coûté de calamités au globe, combien il lui en coûtera dans la ſuite, ſi la ſaine philoſophie n’éclaire enfin des eſprits trop long-tems égarés par des ſentimens factices ! O combien cette prédilection exclusive pour des sociétés particulières a coûté de calamités au globe ! combien il lui en coûtera dans la suite, si la saine philosophie n’éclaire enfin des esprits trop long-temps égarés par des sentimens factices ! 0.346153846153846150.6538461538461539
1911Ma voix est trop faible sans doute pour dissiper le prestige.
1912Ma voix eſt trop foible, ſans doute, pour diſſiper le preſtige.
1913Mais il naîtra, n’en doutons point, il naîtra des écrivains, dont le raiſonnement & l’éloquence perſuaderont tôt ou tard aux générations futures, que le genre humain eſt plus que la patrie, ou plutôt que le bonheur de l’une eſt étroitement lié à la félicité de l’autre.Mais il naîtra, n’en doutons point, il naîtra des écrivains dont le raisonnement et l’éloquence persuaderont tôt ou tard aux générations futures que le genre humain est plus que la patrie, ou plutôt que le bonheur de l’une est étroitement lié à la félicité de l’autre.0.80769230769230770.1923076923076923
1914Aux grandes exportations dont on a parlé, il faut ajouter l’envoi que fait le Mexique de dix mille trois cens cinquante quintaux de bois de campêche, qui produiſent 112,428 liv. Aux grandes exportations dont on a parlé il faut ajouter l’envoi que fait le Mexique de onze à douze mille quintaux de bois de Campêche ; de trois à quatre cents quintaux de brésillet ; de cinquante quintaux de carmin ; de six à sept quintaux d’écaille ; de cinquante à soixante quintaux de rocou ; de trente à quarante quintaux de salsepareille ; de quarante à cinquante quintaux de baume ; de cinq à six quintaux de sangdragon ; de quelques cuirs en poil : objets peu importans, et qui, rendus dans la métropole, ne valent pas plus de quatre ou cinq cent mille livres.0.322580645161290260.6774193548387097
1915; de trois cens dix quintaux de breſillet, qui produiſent 4,266 liv.
1916; de quarante-ſept quintaux de carmin, qui produiſent 81,000 liv.
1917; de ſix quintaux d’écaille, qui produiſent 24,300 liv.
1918; de quarante-ſept quintaux de rocou, qui produiſent 21,600 liv.
1919; de trente quintaux de ſalſe-pareille, qui produiſent 4,147 liv.
1920; de quarante quintaux de baume, qui produiſent 45,920 liv.
1921; de cinq quintaux de ſang de dragon, qui produiſent 270 liv.
1922; de cent cuirs en poil, qui produiſent 1,620 liv.
1923Mais, comme ſi la nature n’avoit pas fait aſſez pour l’Eſpagne, en lui accordant preſque gratuitement tous les tréſors de la terre que les autres nations ne doivent qu’aux travaux les plus rudes, elle lui a encore prodigué, ſur-tout au Mexique, l’or & l’argent qui ſont le véhicule ou le ſigne de toutes les productions.Mais, comme si la nature n’avait pas fait assez pour l’Espagne en lui accordant presque gratuitement tous les trésors de la terre que les autres nations ne doivent qu’aux travaux les plus rudes, elle lui a encore prodigué, surtout au Mexique, l’or et l’argent, qui sont le véhicule ou le signe de toutes les productions.0.51724137931034490.48275862068965514
1924Tel eſt ſur nous l’empire de ces brillans & funeſtes métaux, qu’ils ont balancé l’infamie & l’exécration que méritoient les dévaſtateurs de l’Amérique. Tel est sur nous l’empire de ces brillans et funestes métaux, qu’ils ont balancé l’infamie et l’exécration que méritaient les dévastateurs de l’Amérique. 0.50.5
1925Les noms du Mexique, du Pérou, du Potoſi, ne nous font pas friſſonner ; & nous ſommes des hommes ! Les noms du Mexique, du Pérou, du Potosi, ne nous font pas frissonner, et nous sommes des hommes ! 0.44444444444444440.5555555555555556
1926Aujourd’hui même que l’eſprit de juſtice & le ſentiment de l’humanité ſont devenus l’ame de nos écrits, la règle invariable de nos jugemens ; un navigateur qui deſcendroit dans nos ports avec un vaiſſeau chargé de richeſſes notoirement acquiſes par des moyens auſſi barbares, ne paſſeroit-il pas de ſon bord dans ſa maiſon, au milieu du bruit général de nos acclamations ? Aujourd’hui même que l’esprit de justice et le sentiment de l’humanité sont devenus l’âme de nos écrits, la règle invariable de nos jugemens, un navigateur qui descendrait dans nos ports avec un vaisseau chargé de richesses notoirement acquises par des moyens aussi barbares ne passerait-il pas de son bord dans sa maison au milieu du bruit général de nos acclamations ? 0.476190476190476160.5238095238095238
1927Quelle est donc cette sagesse dont notre siècle s’enorgueillit si fort ?
1928Quelle eſt donc cette ſageſſe dont notre ſiècle s’enorgueillit ſi fort ?
1929Qu’eſt-ce donc que cet or, qui nous ôte l’idée du crime & l’horreur du ſang ? Qu’est-ce donc que cet or qui nous ôte l’idée du crime et l’horreur du sang ? 0.55555555555555560.4444444444444444
1930Sans doute qu’un moyen d’échange entre les nations, un ſigne repréſentatif de toutes les ſortes de valeurs, une évaluation commune de tous les travaux, a quelques avantages. Sans doute qu’un moyen d’échange entre les nations, un signe représentatif de toutes les sortes de valeurs, une évaluation commune de tous les travaux a quelques avantages. 0.6250.375
1931Mais ne vaudroit-il pas mieux que les nations fuſſent demeurées ſédentaires, iſolées, ignorantes & hoſpitalières, que de s’être empoiſonnées de la plus féroce de toutes les paſſions ?Mais ne vaudrait-il pas mieux que les nations fussent demeurées sédentaires, isolées, ignorantes et hospitalières, que de s’être empoisonnées de la plus féroce de toutes les passions ?0.31578947368421050.6842105263157895
1932L’origine des métaux n’a pas été toujours bien connue. L’origine des métaux n’a pas été toujours bien connue. 1.00.0
1933On a cru long-tems qu’ils étoient auſſi anciens que le monde. On a cru long-temps qu’ils étaient aussi anciens que le monde. 0.44444444444444440.5555555555555556
1934On penſe aujourd’hui, avec plus de raiſon, qu’ils ſe forment ſucceſſivement. On pense aujourd’hui, avec plus de raison, qu’ils se forment successivement. 0.333333333333333260.6666666666666667
1935Il n’eſt pas poſſible en effet de douter que la nature ne ſoit dans une action continuelle, & que ſes reſſorts ne ſoient auſſi puiſſans ſous nos pieds que ſur notre tête.Il n’est pas possible en effet de douter que la nature ne soit dans une action continuelle, et que ses ressorts ne soient aussi puissans sous nos pieds que sur notre tête.0.31578947368421050.6842105263157895
1936Chaque métal, ſuivant les chymiſtes, a pour principe une terre qui le conſtitue, & qui lui eſt particulière. Chaque métal, suivant les chimistes, a pour principe une terre qui le constitue, et qui lui est particulière. 0.40.6
1937Il ſe montre à nous, tantôt ſous la forme qui le caractériſe, & tantôt ſous des formes variées, dans leſquelles il n’y a que des yeux exercés qui puiſſent le reconnoître. Il se montre à nous, tantôt sous la forme qui le caractérise, et tantôt sous des formes variées, dans lesquelles il n’y a que des yeux exercés qui puissent le reconnaître. 0.52631578947368420.4736842105263158
1938Dans le premier cas, on l’appelle vierge, & dans le ſecond minéraliſé.Dans le premier cas, on l’appelle vierge ; et dans le second, minéralisé.0.42857142857142860.5714285714285714
1939Soit vierges, ſoit minéraliſés, les métaux ſont quelquefois épars par fragmens, dans les couches horizontales ou inclinées de la terre. Soit vierges, soit minéralisés, les métaux sont quelquefois épars par fragmens dans les couches horizontales ou inclinées de la terre. 0.69230769230769230.3076923076923077
1940Ce n’eſt pas le lieu de leur origine. Ce n’est pas le lieu de leur origine. 0.50.5
1941Ils y ont été entraînés par les embraſemens, les inondations, les tremblemens qui bouleverſent ſans interruption notre miſérable planète. Ils y ont été entraînés par les embrasemens, les inondations, les tremblemens qui bouleversent sans interruption notre misérable planète. 0.461538461538461560.5384615384615384
1942Ordinairement on les trouve, tantôt en veines ſuivies, & tantôt en maſſes détachées, dans le ſein des rochers & des montagnes où ils ont été formés.Ordinairement on les trouve tantôt en veines suivies, et tantôt en masses détachées, dans le sein des rochers et des montagnes où ils ont été formés.0.66666666666666660.33333333333333337
1943Selon les conjectures des naturaliſtes, dans ces grands atteliers toujours échauffés, s’élèvent perpétuellement des exhalaiſons. Selon les conjectures des naturalistes, dans ces grands ateliers toujours échauffés s’élèvent perpétuellement des exhalaisons. 0.45454545454545460.5454545454545454
1944Ces liqueurs ſulfureuſes & ſalines, agiſſent ſur les molécules métalliques, les atténuent, les diviſent, & les mettent en état de voltiger dans les cavités de la terre. Ces liqueurs sulfureuses et salines agissent sur les molécules métalliques, les atténuent, les divisent, et les mettent en état de voltiger dans les cavités de la terre. 0.50.5
1945Elles se réunissent.
1946Elles ſe réuniſſent.
1947Devenues trop peſantes pour ſe ſoutenir dans l’air, elles tombent & s’entaſſent les unes ſur les autres. Devenues trop pesantes pour se soutenir dans l’air, elles tombent et s’entassent les unes sur les autres. 0.333333333333333260.6666666666666667
1948Si, dans leurs différens mouvemens, elles n’ont pas rencontré d’autres corps, elles forment des métaux purs. Si dans leurs différens mouvemens elles n’ont pas rencontré d’autres corps, elles forment des métaux purs. 0.90.09999999999999998
1949Il n’en eſt pas de même, ſi elles ſe ſont combinées avec des matières étrangères.Il n’en est pas de même si elles se sont combinées avec des matières étrangères.0.55555555555555560.4444444444444444
1950La nature, qui ſembloit vouloir les cacher, n’a pu les dérober à l’avidité de l’homme. La nature, qui semblait vouloir les cacher, n’a pu les dérober à l’avidité de l’homme. 0.80.19999999999999996
1951En multipliant les obſervations, on eſt parvenu à connoître les lieux où ſe trouvent les mines. En multipliant les observations, on est parvenu à connaître les lieux où se trouvent les mines. 0.53846153846153840.46153846153846156
1952Ce ſont, pour l’ordinaire, des montagnes, où les plantes croiſſent foiblement & jauniſſent vîte ; où les arbres ſont petits & tortueux ; où l’humidité des roſées, des pluies, des neiges même ne ſe conſerve pas ; où s’élèvent des exhalaiſons ſulfureuſes & minérales ; où les eaux ſont chargées de ſels vitrioliques ; où les ſables contiennent des parties métalliques. Ce sont pour l’ordinaire des montagnes où les plantes croissent faiblement et jaunissent vite ; où les arbres sont petits et tortueux ; où l’humidité des rosées, des pluies, des neiges même, ne se conserve pas ; où s’élèvent des exhalaisons sulfureuses et minérales ; où les eaux sont chargées de sels vitrioliques ; où les sables contiennent des parties métalliques. 0.50.5
1953Quoique chacun de ces signes, pris solitairement, soit équivoque, il est rare qu’ils se réunissent tous sans que le terrain renferme quelque mine.
1954Quoique chacun de ces ſignes, pris ſolitairement, ſoit équivoque, il eſt rare qu’ils ſe réuniſſent tous, ſans que le terrein renferme quelque mine.
1955Mais à quelles conditions tirons-nous cette richeſſe ou ce poiſon des abîmes où la nature l’avoit renfermé ? Mais à quelles conditions tirons-nous cette richesse ou ce poison des abîmes où la nature l’avait renfermé ? 0.53846153846153840.46153846153846156
1956Il faut percer des rochers à une profondeur immenſe ; creuſer des canaux ſouterreins qui garantiſſent des eaux qui affluent & qui menacent de toutes parts ; entraîner dans d’immenſes galeries des forêts coupées en étais ; ſoutenir les voûtes de ces galeries, contre l’énorme peſanteur des terres qui tendent ſans ceſſe à les combler & à enfouir ſous leur chûte les hommes avares & audacieux qui les ont conſtruites ; creuſer des canaux & des aqueducs ; inventer ces machines hydrauliques ſi étonnantes & ſi variées, & toutes les formes diverſes de fourneaux ; courir le danger d’être étouffé ou conſumé par une exalaiſon qui s’enflamme à la lueur des lampes qui éclairent le travail ; & périr enfin d’une phtiſie qui réduit la vie de l’homme à la moitié de ſa durée. Il faut percer des rochers à une profondeur immense ; creuser des canaux souterrains qui garantissent des eaux qui affluent et qui menacent de toutes parts ; entraîner dans d’immenses galeries des forêts coupées en étais ; soutenir les voûtes de ces galeries contre l’énorme pesanteur des terres qui tendent sans cesse à les combler, et à enfouir sous leur chute les hommes avares et audacieux qui les ont construites ; creuser des canaux et des aquéducs ; inventer ces machines hydrauliques si étonnantes et si variées, et toutes les formes diverses de fourneaux ; courir le danger d’être étouffé ou consumé par une exhalaison qui s’enflamme à la lueur des lampes qui éclairent le travail, et périr enfin d’une phthisie qui réduit la vie de l’homme à la moitié de sa durée. 0.62820512820512820.3717948717948718
1957Si l’on examine combien tous ces travaux ſuppoſent d’obſervations, de tentatives & d’eſſais, on reculera l’origine du monde bien au-delà de ſon antiquité connue. Si l’on examine combien tous ces travaux supposent d’observations, de tentatives et d’essais, on reculera l’origine du monde bien au-delà de son antiquité connue. 0.58823529411764710.4117647058823529
1958Nous montrer l’or, le fer, le cuivre, l’étain & l’argent employés par les premiers hommes, c’eſt nous bercer d’un menſonge qui ne peut en impoſer qu’à des enfans.Nous montrer l’or, le fer, le cuivre, l’étain et l’argent employés par les premiers hommes, c’est nous bercer d’un mensonge qui ne peut en imposer qu’à des enfans.0.68421052631578950.3157894736842105
1959Lorſque le travail de la minéralogie eſt fini, celui de la métallurgie commence. Lorsque le travail de la minéralogie est fini, celui de la métallurgie commence. 0.71428571428571430.2857142857142857
1960Son objet eſt de ſéparer les métaux les uns des autres, & de les dégager des matières étrangères qui les enveloppent.Son objet est de séparer les métaux les uns des autres, et de les dégager des matières étrangères qui les enveloppent.0.70.30000000000000004
1961Pour ſéparer l’or des pierres qui le contiennent, il ſuffit de les écraſer & de les réduire en poudre. Pour séparer l’or des pierres qui le contiennent, il suffit de les écraser et de les réduire en poudre. 0.50.5
1962On triture enſuite la matière pulvériſée avec du vif argent, qui s’unit avec ce précieux métal, mais ſans s’unir, ni avec le roc, ni avec le ſable, ni avec la terre qui s’y trouvoient mêlés. On triture ensuite la matière pulvérisée avec du vif-argent qui s’unit avec ce précieux métal, mais sans s’unir, ni avec le roc, ni avec le sable, ni avec la terre qui s’y trouvaient mêlés. 0.476190476190476160.5238095238095238
1963Avec le ſecours du feu, on diſtille enſuite le mercure, qui, en partant, laiſſe l’or au fond du vaſe dans l’état d’une poudre qu’on purifie à la coupelle. Avec le secours du feu on distille ensuite le mercure, qui, en partant, laisse l’or au fond du vase dans l’état d’une poudre qu’on purifie à la coupelle. 0.56521739130434780.4347826086956522
1964L’argent vierge n’exige pas d’autres préparations.L’argent vierge n’exige pas d’autres préparations.1.00.0
1965Mais quand l’argent eſt combiné avec des ſubſtances étrangères, ou avec des métaux d’une nature différente, il faut une grande capacité & une expérience conſommée pour le purifier. Mais, quand l’argent est combiné avec des substances étrangères, ou avec des métaux d’une nature différente, il faut une grande capacité et une expérience consommée pour le purifier. 0.66666666666666660.33333333333333337
1966Tout autoriſe à penſer qu’on n’a pas ce talent dans le Nouveau-Monde.
1967Auſſi eſt-il généralement reçu, que des mineurs Allemands ou Suédois, trouveroient dans le minéral déja exploité, plus de richeſſes que l’Eſpagnol n’en a déja tirées. Tout autorise à penser qu’on n’a pas ce talent dans le NouveauMonde ; aussi est-il généralement reçu que des mineurs allemands ou suédois trouveraient dans le minéral déjà exploité plus de richesses que l’Espagnol n’en a déjà tiré. 0.333333333333333260.6666666666666667
1968Ils éleveroient leur fortune ſur des mines, qu’un défaut d’intelligence a fait rejetter comme inſuffiſantes pour payer les dépenſes qu’elles exigeoient.Ils éleveraient leur fortune sur des mines qu’un défaut d’intelligence a fait rejeter comme insuffisantes pour payer les dépenses qu’elles exigeaient.0.388888888888888840.6111111111111112
1969Avant l’arrivée des Caſtillans, les Mexicains n’avoient d’or que ce que les torrens en détachoient des montagnes ; ils avoient moins d’argent encore, parce que les haſards qui pouvoient en faire tomber dans leurs mains, étoient infiniment plus rares.
1970Ces métaux n’étoient pas pour eux un moyen d’échange, mais de pur ornement & de ſimple curioſité.
1971Ils y étoient peu attachés.
1972Auſſi prodiguèrent-ils d’abord le peu qu’ils en avoient à une nation étrangère qui en faiſoit ſon idole ; auſſi en jettoient-ils aux pieds de ſes chevaux, qui, en mâchant leurs mords, devoient paroître s’en nourrir.
1973Mais, lorſque les hoſtilités entre les deux peuples eurent commencé, & à meſure que l’animoſité augmentoit, ces perfides tréſors furent jettés en partie dans les lacs & dans les rivières, pour en priver un ennemi implacable qui ſembloit n’avoir paſſé tant de mers que pour en obtenir la poſſeſſion.
1974Ce fut ſur-tout dans la capitale & à ſon voiſinage qu’on prit ce parti.
1975Après la ſoumiſſion, le conquérant parcourut l’empire pour ſatisfaire ſa paſſion dominante .
1976Les temples, les palais, les maiſons des particuliers, les moindres cabanes : tout fut viſité, tout fut dépouillé.
1977Cette ſource épuiſée, il fallut recourir aux mines.
1978Celles qui pouvoient donner des plus grandes eſpérances ſe trouvoient dans des contrées qui n’avoient jamais ſubi le joug Mexicain. Celles qui dans la nouvelle Espagne pouvaient donner de plus grandes espérances se trouvaient dans des contrées qui n’avaient jamais subi le joug mexicain. 0.31578947368421050.6842105263157895
1979Nuno de Guſman fut chargé en 1530, de les aſſervir. Nuno de Gusman fut chargé en 1530 de les asservir. 0.333333333333333260.6666666666666667
1980Ce que ce capitaine devoit à un nom illuſtre ne l’empêcha pas de ſurpaſſer en férocité tous les aventuriers, qui juſqu’alors avoient inondé de ſang les infortunées campagnes du Nouveau-Monde. Ce que ce capitaine devait à un nom illustre ne l’empêcha pas de surpasser en férocité tous les aventuriers qui jusqu’alors avaient inondé de sang les infortunées campagnes du Nouveau-Monde. 0.476190476190476160.5238095238095238
1981Sur des milliers de cadavres, il vint à bout, en moins de deux ans, d’établir une domination très-étendue, dont on forma l’audience de Guadalaxara. Sur des milliers de cadavres il vint à bout, en moins de deux ans, d’établir une domination très-étendue, dont on forma l’audience de Guadalaxara. 1.00.0
1982Ce fut toujours la partie de la Nouvelle-Eſpagne la plus abondante en métaux. Ce fut toujours la partie de la nouvelle Espagne la plus abondante en métaux. 0.50.5
1983Ces richeſſes ſont ſur-tout communes dans la Nouvelle-Galice, dans la NouvelleBiſcaye, & principalement dans le pays de Zacatecas. Ces richesses sont surtout communes dans la Nouvelle-Galice, dans la NouvelleByscaie, et principalement dans le pays de Zacatecas.0.45454545454545460.5454545454545454
1984Du ſein de ces arides montagnes ſort la plus grande partie des 80,000,000 liv.
1985qu’on fabrique annuellement dans les monnoies du Mexique.
1986La circulation intérieure, les Indes Orientales, les iſles nationales & la contrebande, abſorbent près de la moitié de ce numéraire.
1987On en porte dans la métropole 44,196,047 liv.
1988à quoi il faut ajouter cinq mille ſix cens trente-quatre quintaux de cuivre qui ſont vendus en Europe 453,600 l.
1989Dans les premières années qui ſuivirent la conquête, tous les paiemens ſe faiſoient avec des lingots d’argent, avec des morceaux d’or, dont le poids & la valeur avoient reçu la ſanction du gouvernement.
1990Le beſoin d’une monnoie régulière ne tarda pas à ſe faire ſentir, & vers 1542 ces premiers métaux furent convertis en eſpèces de différentes grandeurs.
1991On en fabriqua même de cuivre, mais les Indiens les dédaignèrent.
1992Forcés d’en recevoir, ils les jettoient avec mépris dans les lacs & dans les rivières.
1993En moins d’un an il en diſparut pour plus d’un million ; & ce fut une néceſſité de renoncer à un moyen d’échange qui révoltoit les dernières claſſes du peuple.
1994Quoique l’éducation des troupeaux, les cultures & l’exploitation des mines ſoient reſtées, au Mexique, fort loin du terme où une nation active n’eût pas manqué de les porter, les manufactures y ſont dans un plus grand déſordre encore. Quoique l’éducation des troupeaux, les cultures et l’exploitation des mines soient restées au Mexique fort loin du terme où une nation active n’eût pas manqué de les porter, les manufactures y sont dans un plus grand désordre encore. 0.750.25
1995Celles de laine & de coton ſont aſſez généralement répandues : mais comme elles ſont entre les mains des Indiens, des métis, des mulâtres, & qu’elles ne ſervent qu’aux vêtemens des gens peu riches, leur imperfection ſurpaſſe tout ce qu’on peut dire. Celles de laine et de coton sont assez généralement répandues ; mais comme elles sont entre les mains des Indiens, des métis, des mulâtres, et qu’elles ne servent qu’aux vêtemens des gens peu riches, leur imperfection surpasse tout ce qu’on peut dire. 0.71428571428571430.2857142857142857
1996Il ne s’en est formé de moins défectueuse qu’à Queretaro.
1997Il ne s’en eſt formé de moins défectueuſes qu’à Quexetaco où l’on fabrique d’aſſez beaux draps.
1998Mais c’eſt ſur-tout dans la province de Tlaſcala que les travaux ſont animés. Mais c’est surtout dans la province de Tlascala que les travaux sont animés. 0.333333333333333260.6666666666666667
1999Sa poſition entre Vera-Crux & Mexico, la douceur du climat, la beauté du pays, la fertilité des terres y ont fixé la plupart des ouvriers qui paſſoient de l’ancien dans le Nouveau-Monde. Sa position entre Véra-Cruz et Mexico, la douceur du climat, la beauté du pays, la fertilité des terres, y ont fixé la plupart des ouvriers qui passaient de l’ancien dans le Nouveau-Monde. 0.64705882352941180.3529411764705882
2000On en a vu ſortir ſucceſſivement des étoffes de ſoie, des rubans, des galons, des dentelles, des chapeaux qu’ont conſommés ceux des métis, ceux des Eſpagnols qui n’étoient pas en état de payer les marchandiſes apportées d’Europe. On en a vu sortir successivement des étoffes de soie, des rubans, des galons, des dentelles, des chapeaux, qu’ont consommés ceux des métis, ceux des Espagnols qui n’étaient pas en état de payer les marchandises apportées d’Europe. 0.439999999999999950.56
2001C’eſt losAngèles, ville étendue, riche & peuplée qui eſt le centre de cette induſtrie. C’est Puébla-de-los-Angelès, ville étendue, riche et peuplée, qui est le centre de cette industrie. 0.416666666666666740.5833333333333333
2002Toute la faïence, la plupart des verres et des cristaux qui se vendent dans l’empire sortent de ses ateliers.
2003Toute la fayence, la plupart des verres & des cryſtaux qui ſe vendent dans l’empire, ſortent de ſes atteliers.
2004Le gouvernement y fait même fabriquer des armes à feu.Le gouvernement y fait même fabriquer des armes à feu.1.00.0
2005L’indolence des peuples qui habitent la Nouvelle-Eſpagne, doit être une des principales cauſes qui ont retardé les proſpérités de cette région fameuſe, mais elle n’eſt pas la ſeule ; & la difficulté des communications doit avoir beaucoup ajouté à cette inertie. L’indolence des peuples qui habitent la Nouvelle-Espagne doit être une des principales causes qui ont retardé les prospérités de cette region fameuse ; mais elle n’est pas la seule ; et la difficulté des communications doit avoir beaucoup ajouté à cette inertie. 0.52173913043478260.4782608695652174
2006La circulation eſt continuellement arrêtée par toutes les entraves qu’a pu imaginer une adminiſtration injuſte & fiſcale. La circulation est continuellement arrêtée par toutes les entraves qu’a pu imaginer une administration injuste et fiscale. 0.461538461538461560.5384615384615384
2007Il y a au plus deux rivières qui puiſſent porter de foibles canots, & aucune n’a même ce genre d’utilité dans toutes les ſaiſons. Il y a au plus deux rivières qui puissent porter de faibles canots, et aucune n’a même ce genre d’utilité dans toutes les saisons. 0.53846153846153840.46153846153846156
2008On ne voit quelques traces de chemin qu’auprès des grandes villes ; par-tout ailleurs, il faut voiturer les denrées ou les marchandiſes à dos de mulet, & ſur la tête des Indiens tout ce qui eſt fragile. On ne voit quelques traces de chemin qu’auprès des grandes villes ; partout ailleurs il faut voiturer les denrées ou les marchandises à dos de mulet, et sur la tête des Indiens tout ce qui est fragile. 0.750.25
2009Dans la plupart des provinces, la police fixe au voyageur ce qu’il doit payer pour le logement, les chevaux, les guides, pour la nourriture ; & cet uſage, tout barbare qu’on le trouvera, eſt encore préférable à ce qui ſe pratique dans les lieux où la liberté paroît plus reſpectée.Dans la plupart des provinces, la police fixe au voyageur ce qu’il doit payer pour le logement, les chevaux, les guides, pour la nourriture ; et cet usage, tout barbare qu’on le trouvera, est encore préférable à ce qui se pratique dans les lieux où la liberté paraît plus respectée.0.70370370370370370.2962962962962963
2010Ces obſtacles à la proſpérité publique ont été fortifiés par le joug rigoureux ſous lequel des maîtres oppreſſeurs tenoient les Indiens chargés de tous les travaux pénibles. Ces obstacles à la prospérité publique ont été fortifiés par le joug rigoureux sous lequel des maîtres oppresseurs tenaient les Indiens chargés de tous les travaux pénibles. 0.550.44999999999999996
2011Le mal eſt devenu plus grand par la diminution des bras employés au ſervice de la cupidité Européenne.Le mal est devenu plus grand par la diminution des bras employés au service de la cupidité européenne.0.72727272727272730.2727272727272727
2012Les premiers pas des Caſtillans au Mexique furent ſanglans. Les premiers pas des Castillans au Mexique furent sanglans. 0.333333333333333260.6666666666666667
2013Le carnage s’étendit durant le mémorable ſiège de Mexico ; & il fut pouſſé au-delà de tous les excès dans les expéditions entrepriſes pour remettre dans les fers des peuples déſeſpérés qui avoient tenté de briſer leurs chaînes. Le carnage s’étendit durant le mémorable siége de Mexico ; et il fut poussé audelà de tous les excès dans les expéditions entreprises pour remettre dans les fers des peuples désespérés qui avaient tenté de briser leurs chaînes. 0.52173913043478260.4782608695652174
2014L’introduction de la petite-vérole, accrut la dépopulation, qui fut encore bientôt après augmentée par les épidémies de 1545 & de 1576, dont la première coûta huit cens mille habitans à l’empire, & la ſeconde deux millions, ſi l’on veut adopter les calculs du crédule, de l’exagérateur Torquemada. L’introduction de la petite-vérole accrut la dépopulation, qui fut encore bientôt après augmentée par les épidémies de 1545 et de 1576, dont la première coûta huit cent mille habitans à l’empire, et la seconde deux millions, si l’on veut adopter les calculs du crédule, de l’exagérateur Torquémada. 0.840.16000000000000003
2015Il eſt même démontré que ſans aucune cauſe accidentelle, le nombre des indigènes s’eſt inſenſiblement réduit à très-peu de choſe. Il est même démontré que, sans aucune cause accidentelle, le nombre des indigènes s’est insensiblement réduit à très-peu de chose. 0.421052631578947350.5789473684210527
2016Selon les registres de 1600, il y avait cinq cent mille Indiens tributaires dans le diocèse de Mexico ; et il n’y en restait plus que cent dixneuf mille six cent onze en 1741.
2017Selon les regiſtres de 1600, il y avoit cinq cens mille Indiens tributaires dans le diocèſe de Mexico ; & il n’y en reſtoit plus que cent dix-neuf mille ſix cens onze, en 1741.
2018Il y en avoit deux cens cinquantecinq mille dans le diocèſe de los-Angèles ; & il n’en reſtoit que quatre-vingt-huit mille deux cens quarante. Il y en avait deux cent cinquante-cinq mille dans le diocèse de los-Angelès ; et il n’en restait que quatre-vingthuit mille deux cent quarante. 0.45454545454545460.5454545454545454
2019Il y en avait cent cinquante mille dans le diocèse de Guaxaca, et il n’en restait plus que quarante-quatre mille deux cent vingt-deux.
2020On n’a pas les mêmes détails sur les autres parties de l’empire, mais trèsvraisemblablement ils ne diffèrent que peu de ceux que nous venons de transcrire.
2021Il y en avoit cent cinquante mille dans le diocèſe de Oaxaca ; & il n’en reſtoit plus que quarante-quatre mille deux cens vingt-deux.
2022Nous ignorons les révolutions arrivées dans les ſix autres égliſes : mais il eſt vraiſemblable qu’elles ont été partout les mêmes.
2023L’uſage où étoient où ſont encore les Eſpagnols, les métis, les mulâtres, les nègres de prendre ſouvent leurs femmes parmi les Indiennes, tandis qu’aucune de ces races n’y a jamais ou preſque jamais choiſi des maris, a contribué ſans doute à l’affoibliſſement de cette nation : mais cette influence a dû être aſſez bornée ; & ſi nous ne nous trompons, une tyrannie permanente a produit des effets beaucoup plus étendus.L’usage où étaient, où sont encore les Espagnols, les métis, les mulâtres, les nègres, de prendre souvent leurs femmes parmi les Indiennes, tandis qu’aucune de ces races n’y a jamais ou presque jamais choisi des maris, a contribué sans doute à l’affaiblissement de cette nation ; mais il est démontré que ces races étrangères ne se sont pas autant accrues que le peuple aborigène a diminué. 0.32653061224489790.6734693877551021
2024L’eussent-elles égalé en nombre, elles ne l’auraient pas remplacé dans les travaux.
2025On ne diſſimulera pas qu’à meſure que le peuple origène voyoit diminuer ſa population, celle des races étrangères augmentoit dans une progreſſion très-remarquable.
2026En 1600, le diocèſe de Mexico ne comptoit que ſept mille de ces familles ; & leur nombre s’éleva en 1741 à cent dix-neuf mille cinq cens onze.
2027Le diocèſe de los-Angèles n’en comptoit que quatre mille ; & il s’éleva à trente mille ſix cens.
2028Le diocèſe de Oaxaca n’en comptoit que mille ; & il s’éleva à ſept mille deux cens quatre-vingt-ſeize.
2029Cependant les anciens habitans n’ont été qu’imparfaitement remplacés par les nouveaux.
2030La culture des terres & l’exploitation des mines étoient l’occupation ordinaire des Indiens. La culture des terres et l’exploitation des mines étaient l’occupation ordinaire des Indiens. 0.77777777777777780.2222222222222222
2031Les Eſpagnols, les métis, les mulâtres, les noirs même ont dédaigné, la plupart, ces grands objets. Les Espagnols, les métis, les mulâtres, les noirs même ont dédaigné, la plupart, ces grands objets. 0.80.19999999999999996
2032Plusieurs vivent dans l’oisiveté.
2033Pluſieurs vivent dans l’oiſiveté.
2034Un plus grand nombre donnent quelques momens aux arts & au commerce. Un plus grand nombre donnent quelques momens aux arts et au commerce. 1.00.0
2035Le reſte eſt employé au ſervice des gens riches.Le reste est employé au service des gens riches.0.333333333333333260.6666666666666667
2036C’eſt ſur-tout dans la capitale de l’empire qu’on eſt révolté de ce dernier ſpectacle. C’est surtout dans la capitale de l’empire qu’on est révolté de ce dernier spectacle. 0.40.6
2037Mexico, qui put quelque temps douter si les Espagnols étaient un essaim de brigands ou un peuple conquérant, avait été presque totalement détruit par les combats multipliés et opiniâtres qui s’étaient livrés dans ses murs mêmes durant un siége des plus singuliers dont l’histoire ait conservé le souvenir.
2038Cortez jugea cependant le chef-lieu de l’état qu’il venait de renverser propre à être aussi le centre de celui qu’il se proposait de fonder.
2039Seulement il pensa que la nouvelle cité devait être autant supérieure à l’ancienne que le gouvernement qui allait se former serait au-dessus de celui qui venait de finir.
2040Échauffé par cette idée, il traça lui-même le plan d’une ville immense, où il voulut que tout fût digne du monarque qu’il représentait, de la nation dont il était membre, et de la réputation qu’il avait acquise.
2041La difficulté était de la peupler.
2042On y réussit en déterminant à y continuer leur séjour les combattans que le fer, que la famine, que la contagion avaient épargnés.
2043Ceux des auxiliaires dont l’attachement pour la Castille n’était pas douteux leur furent associés.
2044Quelques Mexicains des plus distingués et des plus actifs se chargèrent de bâtir des rues entières et d’y attirer des habitans.
2045La plupart des aventuriers acceptèrent les meilleurs quartiers, et, à l’exemple de leur général, élevèrent des demeures magnifiques pour eux et pour leurs familles.
2046On tint en réserve de vastes espaces pour les hommes avides que l’appât d’une grande fortune ne manquerait pas d’attirer, et de plus grands encore pour les places, pour les fontaines, pour les églises, pour les couvens, pour les édifices publics de tous les genres que la succession des temps amènerait.
2047Le succès ne se fit pas attendre.
2048Le nouveau Mexico devint très-rapidement et est resté jusqu’à nos jours la ville de l’autre hémisphère la plus belle, la plus opulente, et la plus peuplée.
2049Mexico, qui put, quelque tems, douter ſi les Caſtillans étoient un eſſaim de brigands ou un peuple conquérant, ſe vit preſque totalement détruit par les cruelles guerres dont il fut le théâtre.
2050Cortès ne tarda pas à le rebâtir d’une manière fort ſupérieure à ce qu’il étoit avant ſon déſaſtre.
2051La ville s’élève au milieu d’un grand lac dont les rives offrent des ſites heureux qui ſeroient charmans, ſi l’art y ſecondoit un peu la nature.
2052Sur le lac même, l’œil contemple avec ſurpriſe & ſatisfaction des iſles flottantes.
2053Ce ſont des radeaux formés avec des roſeaux entrelacés & aſſez ſolides pour porter de fortes couches de terre, & même des habitations légérement conſtruites.
2054Quelques Indiens font là leur demeure & y cultivent une aſſez grande abondance de légumes.
2055Ces jardins ſinguliers n’occupent pas toujours le même eſpace.
2056Ils changent de ſituation, lorſque ce changement convient à leurs poſſeſſeurs.
2057Des levées fort larges & bâties ſur pilotis conduiſent à la cité.
2058Cinq ou ſix canaux portent à ſon centre & dans ſes plus beaux quartiers toutes les productions de la campagne.
2059Une eau ſalubre qu’on tire d’une montagne éloignée ſeulement de cinq à ſix mille toiſes eſt diſtribuée dans toutes les maiſons & même à leurs différens étages par des aqueducs très-bien entendus.
2060L’air qu’on reſpire dans cette ville eſt trèstempéré.
2061On y peut porter toute l’année des vêtemens de laine.
2062Les moindres précautions ſuffiſent pour n’avoir rien à ſouffrir de la chaleur.
2063Charles-Quint demandoit à un Eſpagnol qui arrivoit de Mexico combien il y avoit de tems entre l’hiver & l’été : autant, répondit-il avec vérité & avec eſprit, qu’il en faut pour paſſer du ſoleil à l’ombre.
2064L’avantage qu’a cette cité d’être le cheflieu de la Nouvelle-Eſpagne en a ſucceſſivement multiplié les habitans.
2065En 1777, le nombre des naiſſances s’y éleva à cinq mille neuf cens quinze & celui des morts à cinq mille onze ; d’où l’on peut conclure que ſa population ne s’éloigne guère de deux cens mille ames. En 1777 le nombre des naissances s’y éleva à cinq mille neuf cent quinze, et celui des morts à cinq mille onze ; d’où on peut inférer que sa population approche de deux cent mille âmes.0.421052631578947350.5789473684210527
2066Malheureusement les eaux, qui, dans la saison des pluies, tombent en torrens des montagnes, et font sortir de leur lit les lacs qui entourent Mexico, y causent souvent de grands ravages.
2067Tous les citoyens ne ſont pas opulens : mais pluſieurs le ſont plus peutêtre qu’en aucun lieu du globe.
2068Ces richeſſes accumulées très-rapidement eurent bientôt une influence remarquable.
2069La plupart des choſes, qui ſont ailleurs de fer ou de cuivre, furent d’argent ou d’or.
2070On fit ſervir ces brillans métaux à l’ornement des valets, des chevaux, des meubles les plus communs, aux plus vils offices.
2071Les mœurs, qui ſuivent toujours le cours du luxe, ſe montèrent au ton de cette magnificence romaneſque.
2072Les femmes, dans leur intérieur, furent ſervies par des milliers d’eſclaves, & ne parurent en public qu’avec un cortège réſervé parmi nous à la majeſté du trône.
2073Les hommes ajoutoient à ces profuſions des profuſions encore plus grandes pour des négreſſes qu’ils élevoient publiquement au rang de leurs maîtreſſes.
2074Ce luxe ſi effréné dans les actions ordinaires de la vie, paſſoit toutes les bornes à l’occaſion de la moindre fête.
2075L’orgueil général étoit alors en mouvement, & chacun prodiguoit les millions pour juſtifier le ſien.
2076Les crimes néceſſaires pour ſoutenir ces extravagances étoient effacés d’avance : la ſuperſtition déclaroit ſaint & juſte tout homme qui donneroit beaucoup aux égliſes.
2077Tout prit l’empreinte d’une oſtentation, inconnue juſqu’alors dans les deux hémiſphères.
2078Les citoyens ne ſe contentèrent plus d’une habitation modeſte placée ſur des rues larges & bien alignées.
2079Il fallut, à la plupart, des hôtels qui eurent plus d’étendue que de commodités ou d’élégance.
2080On multiplia les édifices publics, ſans que preſqu’aucun rappellât à l’eſprit les beaux jours de l’architecture, pas même les bons tems gothiques.
2081Les places principales eurent toutes la même forme, la même régularité, une fontaine ſemblable avec des ornemens de mauvais goût.
2082Des arbres mal choiſis & d’un vilain feuillage ôtèrent aux promenades ce que des allées bien diſtribuées & des eaux jailliſſantes auroient pu leur donner d’agrément.
2083Dans les cinquante-cinq couvens qu’une crédulité digne de pitié avoit fondés, on en voyoit fort peu qui ne révoltâſſent par les vices de leur conſtruction.
2084Les innombrables temples où les tréſors du globe entier étoient entaſſés, manquoient généralement de majeſté & n’inſpiroient pas à ceux qui les fréquentoient des idées & des ſentimens dignes de l’Être-ſuprême qu’on y venoit adorer.
2085Dans cette multitude d’immenſes conſtructions, il n’y a que deux monumens dignes de fixer l’attention d’un voyageur.
2086L’un eſt le palais du vice-roi où s’aſſemblent auſſi les tribunaux, où l’on fabrique la monnoie, où eſt le dépôt du vifargent.
2087Un peuple, que la famine pouſſoit au déſeſpoir, le brûla en 1692.
2088On l’a rebâti depuis ſur un meilleur plan.
2089C’eſt un quarré qui a quatre tours & ſept cens cinquante pieds de long ſur ſix cens quatre-vingt-dix de large.
2090La cathédrale commencée en 1573 & finie en 1667 feroit également honneur aux meilleurs artiſtes.
2091Sa longueur eſt de quatre cens pieds, ſa largeur de cent quatre-vingtquinze ; & elle a coûté 9,460,800 liv.
2092Malheureuſement, ces édifices n’ ont pas la ſolidité qu’on leur deſireroit.
2093On a vu que Mexico eſt ſitué dans un lac conſidérable qu’une langue de terre fort étroite diviſe en deux parties, l’une remplie d’eaux douces & l’autre d’eaux ſalées.
2094Ces eaux paroiſſent également ſortir d’une haute montagne ſituée à peu de diſtance de la ville, avec cette différence que les dernières doivent traverſer des mines qui leur communiquent leur qualité.
2095Mais indépendamment de ces ſources régulières, il exiſte un peu plus loin quatre petits lacs qui, dans le tems des orages, ſe déchargent quelquefois dans le grand avec une violence deſtructive.
2096Les anciens habitans avoient été toujours expoſés à des inondations qui leur faiſoient payer fort cher les avantages que leur procuroit l’emplacement qu’ils avoient choiſi pour en faire le centre de leur puiſſance. Ses anciens habitans furent toujours exposés à ces inondations, qui leur faisaient acheter fort cher les avantages que leur procurait l’emplacement qu’ils avaient choisi pour en faire le centre de leur puissance. 0.43478260869565210.5652173913043479
2097Aux calamités inſéparables de ces débordemens trop répétés ſe joignit pour leur vainqueur le chagrin de voir ſes bâtimens plus peſans s’enfoncer, quoiqu’élevés ſur pilotis, en fort peu de tems, de quatre, de cinq, de ſix pieds dans un terrein qui n’avoit pas aſſez de ſolidité pour les porter.Aux calamités inséparables de ces débordemens trop répétés se joignit, pour leur vainqueur, le chagrin de voir ses bâtimens plus pesans s’enfoncer, quoique élevés sur pilotis, en fort peu de temps, de quatre, cinq, et six pieds, dans un terrain qui n’avait pas assez de solidité pour les porter.0.44117647058823530.5588235294117647
2098On essaya à plusieurs reprises de détourner ces torrens destructeurs ; mais les artistes qui s’en chargèrent n’avaient ni le génie ni les connaissances qu’exigeait une entreprise de sa nature si difficile.
2099On eſſaya à pluſieurs repriſes de détourner des torrens ſi terribles : mais les directeurs de ces grands ouvrages n’avoient pas des connoiſſances ſuffiſantes pour employer les méthodes les plus efficaces, ni les agens ſubalternes aſſez de zèle pour ſuppléer par leurs efforts à l’incapacité des chefs.
2100L’ingénieur Martinès eut, en 1607, l’idée d’un grand canal qui parut généralement préférable à tous les moyens mis en uſage juſqu’à cette époque. L’ingénieur Martinès eut en 1607 l’idée d’un grand canal qui parut généralement préférable à tous les moyens mis en usage jusqu’à cette époque. 0.72222222222222220.2777777777777778
2101Pour fournir à cette dépenſe, on exigea le centième du prix des maiſons, des terres, des marchandiſes : impôt inconnu dans le Nouveau-Monde. Pour fournir à cette dépense, on exigea le centième du prix des maisons, des terres, des marchandises ; impôt inconnu dans le NouveauMonde. 0.60.4
2102Quatre cens ſoixante-onze mille cent cinquantequatre Indiens furent occupés pendant ſix mois à ce travail, & l’entrepriſe fut jugée enſuite impraticable.Quatre cent soixante-onze mille cent cinquante-quatre Indiens furent occupés pendant six mois à ce travail, et l’entreprise fut jugée ensuite impraticable.0.50.5
2103Le besoin d’un meilleur plan que celui qui avait échoué ne se fit pas attendre.
2104Il devint plus urgent que jamais en 1629.
2105L’inondation fit à cette époque de si grands ravages, qu’il ne resta sur pied ni cabane, ni palais, ni monument public.
2106Des ruines, c’était tout ce qui restait des travaux d’un siècle ; et, pour nous servir des propres termes d’une relation avouée par le gouvernement, on était réduit à chercher Mexico dans Mexico même.
2107Dans la ville seule, trente mille Indiens, vingt mille Espagnols furent les victimes de ce désastre, ou de la peste et de la famine qui le suivirent.
2108La cour fatiguée de la diverſité des opinions & des troubles qu’elle occaſionnoit, arrêta en 1631 que Mexico ſeroit abandonné & qu’on conſtruiroit ailleurs une nouvelle capitale. La cour de Madrid, désespérant de trouver un remède à tant de maux, arrêta en 1631 que Mexico serait abandonné, et qu’on construirait ailleurs une nouvelle capitale. 0.31818181818181810.6818181818181819
2109L’avarice qui ne voulait rien sacrifier, la volupté qui craignait d’interrompre ses plaisirs, la paresse qui redoutait les soins, toutes les passions se réunirent pour faire changer les résolutions du ministère, et leur espérance ne fut pas trompée.
2110L’avarice qui ne vouloit rien ſacrifier ; la volupté qui craignoit d’interrompre ſes plaiſirs ; la pareſſe qui redoutoit les ſoins : toutes les paſſions ſe réunirent pour faire changer les réſolutions du miniſtère, & leur eſpérance ne fut pas trompée.
2111Il ſe paſſa un ſiècle & plus, ſans que le gouvernement s’occupât de l’obligation de prévenir des malheurs dont les peuples avoient à gémir ſans ceſſe. Il se passa un siècle et plus sans que le gouvernement s’occupât de l’obligation de prévenir des malheurs dont les peuples avaient à gémir sans cesse. 0.44444444444444440.5555555555555556
2112A la fin les esprits se réveillèrent.
2113A la fin, les eſprits ſe ſont réveillés.
2114On s’eſt déterminé en 1763 à couper une montagne où l’on s’étoit contenté juſqu’alors de faire quelques excavations ; & depuis les eaux ont eu tout l’écoulement que la ſûreté publique pouvoit exiger. On se détermina en 1763 à couper une montagne où l’on s’était contenté jusqu’alors de faire quelques excavations, et depuis les eaux eurent tout l’écoulement que la sûreté publique pouvait exiger. 0.54545454545454540.4545454545454546
2115C’eſt le commerce qui s’eſt chargé de ce grand ouvrage pour 4,320,000. Ce fut le commerce qui se chargea de ce grand ouvrage pour 4,000,000 de liv. 0.3750.625
2116Lui-même il voulut supporter tout ce que cette entreprise coûterait de plus, et que, si on faisait des économies, elles tournassent au profit du fisc.
2117Cette générosité ne fut pas une vertu d’ostentation.
2118liv.
2119Lui-même il a voulu ſupporter tout ce que cette entrepriſe coûteroit de plus, & que ſi on faiſoit des économies, elles tournâſſent au profit du fiſc.
2120Cette généroſité n’a pas été une vertu d’oſtentation.
2121Il en a coûté 1,890,000 livres aux négocians pour avoir ſervi leur patrie.Il en coûta un million cinq à six cent mille livres aux négocians pour avoir servi leur patrie.0.333333333333333260.6666666666666667
2122On médite d’autres travaux. On médite d’autres travaux. 1.00.0
2123Le projet de deſſécher le grand lac qui entoure Mexico paroît arrêté ; & les gens de l’art demandent 8,100,000 liv. Le projet de dessécher le grand lac qui entoure Mexico paraît arrêté ; et les gens de l’art demandent huit à neuf millions pour conduire le nouveau plan à un heureux terme. 0.421052631578947350.5789473684210527
2124pour conduire le nouveau plan à un heureux terme.
2125C’eſt beaucoup. C’est beaucoup. 0.333333333333333260.6666666666666667
2126Mais qu’eſt-ce que l’argent, quand il s’agit de la ſalubrité de l’air, de la conſervation des hommes, de la multiplication des denrées ? Mais, qu’est-ce que l’argent quand il s’agit de la salubrité de l’air, de la conservation des hommes, de la multiplication des denrées ? 0.461538461538461560.5384615384615384
2127O que les maîtres du monde feront de biens, qu’ils ſeront honorés lorſque l’or qu’ils prodiguent à un luxe giganteſque, à d’avides favoris, à de vains caprices, ſera conſacré à l’amélioration de leur empire ! O que les maîtres du monde feront de bien ! qu’ils seront honorés lorsque l’or qu’ils prodiguent à un luxe gigantesque, à d’avides favoris, à de vains caprices, sera consacré à l’amélioration de leur empire ! 0.63636363636363640.36363636363636365
2128Un hôpital ſain, conſtruit avec intelligence & bien adminiſtré ; la ceſſation de la mendicité ou l’emploi de l’indigence ; l’extinction de la dette de l’état ; une impoſition modérée & équitablement répartie ; la réforme des loix par la confection d’un code ſimple & clair : ces inſtitutions feroient plus pour leur gloire que des palais magnifiques ; que la conquête d’une province, après des batailles gagnées ; que tous les bronzes, tous les marbres & toutes les inſcriptions de la flatterie.Un hôpital sain, construit avec intelligence et bien administré ; la cessation de la mendicité ou l’emploi de l’indigence ; l’extinction de la dette de l’état ; une imposition modérée et équitablement répartie ; la réforme des lois par la confection d’un code simple et clair : ces institutions feraient plus pour leur gloire que des palais magnifiques, que la conquête d’une province après des batailles gagnées, que tous les bronzes, tous les marbres et toutes les inscriptions de la flatterie.0.58333333333333340.41666666666666663
2129Si la cour de Madrid, à qui cet eſpoir eſt ſpécialement permis, fait pour Mexico ce qu’elle s’eſt propoſé, elle verra bien-tôt cette cité fameuſe, le ſiège du gouvernement, le lieu de la fabrication des monnoies, le ſéjour des plus grands propriétaires, le centre de toutes les affaires importantes ; elle la verra prendre un plus grand eſſor encore, communiquer aux provinces de ſa dépendance l’impulſion qu’elle aura reçue, donner de l’activité à l’induſtrie, à la circulation intérieures, & par une ſuite néceſſaire étendre ou multiplier les liaiſons étrangères.Si la cour de Madrid, à qui cet espoir est spécialement permis, fait pour Mexico ce qu’elle s’est proposé, elle verra bientôt cette cité fameuse, le siége du gouvernement, le lieu de la fabrication des monnaies, le séjour des plus grands propriétaires, le centre de toutes les affaires importantes ; elle la verra prendre un plus grand essor encore, communiquer aux provinces de sa dépendance l’impulsion qu’elle aura reçue, donner de l’activité à l’industrie, à la circulation intérieures , et, par une suite nécessaire, étendre ou multiplier les liaisons étrangères.0.50.5
2130La plus connue de celles que le Mexique entretient par la mer du Sud a été formée avec les iſles Philippines.La plus connue de celles que le Mexique entretient par la mer du Sud a été formée avec les îles Philippines.0.80.19999999999999996
2131Lorſque la cour de Madrid, dont les ſuccès étendoient de plus en plus l’ambition, eut conçu le plan d’un grand établiſſement en Aſie, elle s’occupa ſérieuſement des moyens de le faire réuſſir. Lorsque la cour de Madrid, dont les succès étendaient de plus en plus l’ambition, eut conçu le plan d’un grand établissement en Asie, elle s’occupa sérieusement des moyens de le faire réussir. 0.43478260869565210.5652173913043479
2132Ce projet devoit rencontrer de grandes difficultés. Ce projet devait rencontrer de grandes difficultés. 0.66666666666666660.33333333333333337
2133Les richeſſes de l’Amérique attiroient ſi puiſſamment les Eſpagnols qui conſentoient à s’expatrier, qu’il ne paroiſſoit pas poſſible d’engager même les plus miſérables à s’aller fixer aux Philippines ; à moins qu’on ne conſentît a leur faire partager ces tréſors. Les richesses de l’Amérique attiraient si puissamment les Espagnols qui consentaient à s’expatrier, qu’il ne paraissait pas possible d’engager même les plus misérables à s’aller fixer aux Philippines, à moins qu’on ne consentît à leur faire partager ces trésors. 0.3750.625
2134On ſe détermina à ce ſacrifice. On se détermina à ce sacrifice. 0.40.6
2135La colonie naiſſante fut autoriſée à envoyer tous les ans dans le Nouveau-Monde des marchandiſes de l’Inde pour y être échangées contre des métaux.La colonie naissante fut autorisée à envoyer tous les ans dans le Nouveau-Monde des marchandises de l’Inde pour y être échangées contre des métaux.0.60.4
2136Tous les étrangers, tous les habitans même du Nouveau-Monde sont exclus de ce négoce.
2137Il n’est permis qu’aux Espagnols inscrits à l’hôtel-deville de Manille.
2138C’est dans une assemblée, présidée par le gouverneur, que la part de chaque citoyen est fixée.
2139Elle est proportionnée à la naissance, aux places, à la faveur.
2140Ceux que la misère met hors d’état d’exercer leur droit, ceux qui ne veulent pas courir le risque de l’exercer, cèdent à un prix convenu leur place à des colons plus riches ou plus hardis.
2141Ces hommes entreprenans empruntent pour ce voyage, qui dure un an, les sommes dont ils ont besoin à un intérêt de vingt-cinq ou trente pour cent.
2142Les dépôts des legs pieux sont leur ressource la plus ordinaire.
2143Depuis trois siècles, les gardiens de ces largesses destinées au soulagement de l’humanité souffrante les font servir à l’accroissement de leur scandaleuse opulence.
2144Cette liberté illimitée eut des ſuites ſi conſidérables qu’elle excita la jalouſie de la métropole.
2145On parvint à calmer un peu les eſprits, en bornant un commerce qu’on croyoit & qui étoit en effet immenſe.
2146Ce qu’il devoit être permis d’en faire dans la ſuite fut partagé en douze mille actions égales.
2147Chaque chef de famille en avoit une & les gens en place un nombre proportionné à leur élévation.
2148Les communautés religieuſes furent compriſes dans l’arrangement, ſuivant l’étendue de leur crédit ou l’opinion qu’on avoit de leur utilité.
2149Les vaiſſeaux qui partoient d’abord de l’iſle de Cebu & enſuite de celle de Luçon, prirent, dans les premiers tems, la route du Pérou. Les vaisseaux, qui partaient d’abord de l’île de Cébu, et ensuite de celle de Luçon, prirent dans les premiers temps la route du Pérou. 0.41176470588235290.5882352941176471
2150La longueur de cette navigation étoit exceſſive. La longueur de cette navigation était excessive. 0.333333333333333260.6666666666666667
2151On découvrit des vents aliſés qui ouvroient au Mexique un chemin plus court ; & cette branche de commerce ſe porta ſur ces côtes où il s’eſt fixé.On découvrit des vents alisés qui ouvraient au Mexique un chemin plus court ; et cette branche de commerce se porta sur ces côtes, où il s’est fixé.0.57894736842105270.42105263157894735
2152On expédie tous les ans du port de Manille un vaiſſeau d’environ deux mille tonneaux.
2153Selon les loix actuellement arrêtées & qui ont ſouvent varié, ce bâtiment ne devroit porter que quatre mille balles de marchandiſes, & on le charge au-moins du double.
2154Les frais de conſtruction, d’armement, de navigation, toujours infiniment plus conſidérables qu’ils ne devroient l’être, ſont ſupportés par le gouvernement qui ne reçoit pour tout dédommagement que 75,000 piaſtres ou 405,000 liv.
2155par navire.
2156Le départ eſt fixé au mois de juillet. Le départ du navire expédié tous les ans du port de Manille est fixé au mois de juillet. 0.40.6
2157Après s’être débarraſſé d’une foule d’iſles & de rochers, toujours incommodes, quelquefois dangereux, le galion fait route au Nord juſqu’au trentième degré de latitude. Après s’être débarrassé d’une foule d’îles et de rochers, toujours incommodes, quelquefois dangereux, le galion fait route au nord jusqu’au trentième degré de latitude. 0.70.30000000000000004
2158Là commencent à régner des vents aliſés qui le mènent à ſa deſtination. Là commencent à régner des vents alisés qui le mènent à sa destination. 0.54545454545454540.4545454545454546
2159On penſe aſſez généralement que s’il avançoit plus loin, il trouveroit des vents plus forts & plus réguliers qui précipiteroient ſa marche : mais il eſt défendu ſous les peines les plus graves à ceux qui le commandent de s’écarter de la ligne qu’on leur a tracée.On pense assez généralement que, s’il avançait plus loin, il trouverait des vents plus forts et plus réguliers qui précipiteraient sa marche ; mais il est défendu, sous les peines les plus graves, à ceux qui le commandent de s’écarter de la ligne qu’on leur a tracée.0.57142857142857140.4285714285714286
2160Telle eſt ſans doute la raiſon qui, pendant deux ſiècles, a empêché les Eſpagnols de faire la moindre découverte ſur un océan qui auroit offert tant d’objets d’inſtruction & d’utilité à des nations plus éclairées ou moins circonſpectes. Telle est sans doute la raison qui, pendant deux siècles, a empêché les Espagnols de faire la moindre découverte sur un océan qui aurait offert tant d’objets d’instruction et d’utilité à des nations plus éclairées ou moins circonspectes ; mais pourquoi ce peuple, autrefois si actif, ne le redeviendrait-il pas ? 0.433333333333333350.5666666666666667
2161Si c’était à des marchands qu’il fallût inspirer ce nouvel esprit, ce seraient des mines, ce seraient des perles, ce seraient des diamans qu’il leur faudrait promettre : l’intérêt a toujours été, l’intérêt sera toujours le grand mobile de leur profession.
2162De l’or, de l’or, et de l’or encore, voilà le terme de leurs espérances.
2163Pourvu que le pilote conduise leurs navires dans les ports où se fera le meilleur débit de leurs marchandises, dans les ports où ils recevront des retours plus riches, tout est bien.
2164Le navigateur qui s’écarterait un moment de ce but si cher à leur cœur, serait à leurs yeux un fou indigne de toute confiance.
2165Les gouvernemens eux-mêmes eurent trop long-temps des idées presque aussi bornées.
2166Ils ne voyaient dans leurs expéditions lointaines qu’une augmentation de puissance, qu’une augmentation de fortune ; ils n’y voyaient que des richesses qui les mettaient en état de faire massacrer quelques milliers d’hommes pour agrandir d’une ville ou d’une province un territoire qui les accablait déjà de son étendue.
2167Ce n’est qu’après plusieurs siècles d’aveuglement que la lumière a commencé à luire.
2168Quelques souverains, plus éclairés que leurs semblables, ont enfin compris qu’il serait moins dispendieux de tirer leurs sujets, de tirer le globe même entier de la barbarie que d’entretenir cinq cents assassins en campagne, que de donner une fête d’un jour, que de fournir aux révoltantes profusions d’un favori sans mérite.
2169Aussitôt ont été ordonnées des navigations sur les mers les plus éloignées, sur les mers les plus orageuses, sur les mers les plus inconnues.
2170L’amour de la gloire, qu’une politique soupçonneuse avait éteint ou comprimé dans toutes les âmes, s’est exalté dans les instrumens destinés à ces entreprises.
2171Ils ont compté pour rien les plus rudes travaux, la perte de la santé, le risque de la vie, lorsqu’il s’est agi de dissiper les ténèbres, dont la paresse, l’orgueil, la superstition voulaient perpétuer la durée.
2172Un succès plus ou moins grand a couronné une audace digne de tant d’estime.
2173L’univers s’est agrandi ; la figure de la terre a été connue.
2174L’astronomie, diverses branches de physique, les principes de morale, ces objets et beaucoup d’autres ont acquis une extension, une perfection nouvelles.
2175L’enthousiasme s’est étendu ; il est arrivé jusqu’à la cour de Madrid, que la situation de ses domaines met plus à portée que ses guides ou ses rivaux d’étendre la sphère de nos connaissances.
2176Cependant elle n’a jusqu’ici rien changé à la marche de son galion des Philippines.
2177Le voyage dure ſix mois ; parce que le vaiſſeau eſt ſurchargé d’équipages & de marchandiſes, & que ceux qui le montent, navigateurs timides, font toujours trèspeu de voile pendant la nuit, & ſouvent, quoique ſans néceſſité, n’en font point du tout.Le voyage dure encore six mois, parce que le vaisseau est surchargé d’équipages et de marchandises, et que ceux qui le montent, navigateurs timides, font toujours très-peu de voile pendant la nuit, et souvent, quoique sans nécessité, n’en font point du tout.0.50.5
2178Le port d’Acapulco, où le vaiſſeau aborde, a deux embouchures, dont une petite iſle forme la ſéparation. Le port d’Acapulco, où le vaisseau aborde, a deux embouchures, dont une petite île forme la séparation. 0.53846153846153840.46153846153846156
2179On y entre de jour par un vent de mer, & l’on en ſort de nuit par un vent de terre. On y entre de jour par un vent de mer, et l’on en sort de nuit par un vent de terre. 0.750.25
2180Un mauvais fort, cinquante ſoldats, quarante-deux pièces de canon, & trente-deux hommes du corps de l’artillerie le défendent. Un mauvais fort, cinquante soldats, quarantedeux pièces de canon, et trente-deux hommes du corps de l’artillerie le défendent. 0.83333333333333340.16666666666666663
2181Il eſt également étendu, ſûr & commode. Il est également étendu, sûr et commode. 0.50.5
2182Le baſſin qui forme cette belle rade eſt entouré de hautes montagnes ſi arides, qu’elles manquent même d’eau. Le bassin qui forme cette belle rade est entouré de hautes montagnes, arides, privées d’eau, et remplies de volcans qui occasionnent de fréquens tremblemens de terre. 0.363636363636363650.6363636363636364
2183Son air embrâſé ; lourd & mal-ſain, n’eſt habituellement reſpiré que par quatre cens familles de Chinois, de mulâtres & de nègres, qui forment trois compagnies de milice. Son air embrasé, lourd et malsain, n’est habituellement respiré que par quatre cents familles de Chinois, de mulâtres et de nègres, qui forment trois compagnies de milice. 0.50.5
2184Cette foible & malheureuſe population eſt groſſie à l’arrivée du galion par les négocians de toutes les provinces du Mexique, qui viennent échanger leur argent & leur cochenille contre les épiceries , les mouſſelines, les porcelaines, les toiles peintes, les ſoieries, les aromates, les ouvrages d’orfévrerie de l’Aſie.Cette faible et malheureuse population est grossie à l’arrivée du galion par les négocians de toutes les provinces du Mexique, qui viennent échanger leur argent et leur cochenille contre les épiceries, les mousselines, les porcelaines, les toiles peintes, les soieries, les aromates, les ouvrages d’orfévrerie de l’Asie.0.58064516129032260.4193548387096774
2185L’étendue de ces échanges ne fut pas originairement fixée.
2186Cette liberté illimitée ne tarda pas à exciter la jalousie de la métropole.
2187Pour calmer les esprits, on réduisit le privilége à très-peu de chose.
2188Ce commerce a été depuis tantôt resserré, tantôt étendu, sans qu’il soit possible d’assigner les motifs de ces variations.
2189Au temps où nous écrivons, la loi ne permet qu’un vaisseau de six cents tonneaux, et il est toujours de dix-huit cents ou de deux mille ; la loi ne permet qu’une vente de cinq cent mille piastres, ou de deux millions cinq cent mille livres, et elle s’élève constamment à deux millions de piastres ou à dix millions de livres.
2190Les droits de la douane ne sont pas plus respectés.
2191A ce marché eſt audacieuſement conſommée dans le Nouveau-Monde, la fraude audacieuſement commencée dans l’ancien.
2192Les ſtatus ont borné la vente à 2,700,000 liv.
2193& elle paſſe 10,800,000 livres.
2194Tout l’argent provenant de ces échanges devroit dix pour cent au gouvernement ; & les fauſſes déclarations le privent des trois quarts du revenu que devroient lui former ſes douanes.
2195Après un ſéjour d’environ trois mois, le galion reprend la route des Philippines avec quelques compagnies d’infanterie deſtinées à recruter la garniſon de Manille. Après un séjour d’environ trois mois, le galion reprend la route des Philippines avec quelques compagnies d’infanterie destinées à recruter la garnison de Manille. 0.66666666666666660.33333333333333337
2196Il a été intercepté trois fois par les Anglais dans sa traversée, qui, par la faveur continuelle du vent d’est, ne dure que deux mois.
2197Il a été intercepté trois fois par les Anglois dans ſa traverſée.
2198Ce fut Cawendish qui s’en empara en 1587, Rogers en 1709, & Anſon en 1742. Ce fut Cawendish qui s’en empara en 1587, Rogers en 1709, et Anson en 1742. 0.66666666666666660.33333333333333337
2199La moindre partie des richeſſes dont il eſt chargé s’arrête dans la colonie. La moindre partie des richesses dont il est chargé s’arrête dans la colonie. 0.6250.375
2200Le reſte eſt diſtribué aux nations qui avoient contribué à former ſa cargaiſon.Le reste est distribué aux nations qui avaient contribué à former sa cargaison.0.333333333333333260.6666666666666667
2201L’eſpace immenſe que les galions avoient à parcourir, fit deſirer un port où ils puſſent ſe radouber & ſe rafraîchir. L’espace immense que les galions avaient à parcourir fit désirer un port où ils pussent se radouber et se rafraîchir. 0.44444444444444440.5555555555555556
2202On le trouva ſur la route d’Acapulco aux Philippines, dans un archipel connu ſous le nom d’iſles Marianes.On le trouva sur la route d’Acapulco aux Philippines, dans un archipel connu sous le nom d’îles Marianes.0.66666666666666660.33333333333333337
2203Ces iſles forment une chaîne qui s’étend depuis le treizième degré juſqu’au vingtdeuxième. Ces îles forment une chaîne qui s’étend depuis le treizième degré jusqu’au vingt-deuxième. 0.60.4
2204Pluſieurs ne ſont que des rochers : mais on en compte neuf qui ont de l’étendue. Plusieurs ne sont que des rochers ; mais on en compte neuf qui ont de l’étendue. 0.60.4
2205C’eſt-là que la nature riche & belle offre une verdure éternelle, des fleurs d’un parfum exquis, des eaux de cryſtal tombant en caſcade, des arbres chargés de fleurs & de fruits en même tems, des ſituations pittoreſques que l’art n’imitera jamais.C’est là que la nature riche et belle offre une verdure éternelle, des fleurs d’un parfum exquis, des eaux de cristal tombant en cascade, des arbres chargés de fleurs et de fruits en même temps, des situations pittoresques que l’art n’imitera jamais.0.593750.40625
2206Dans cet archipel, ſitué ſous la Zone Torride, l’air eſt pur, le ciel ſerein & le climat aſſez tempéré.Dans cet archipel, situé sous la zone torride, l’air est pur, le ciel serein et le climat assez tempéré.0.53333333333333330.4666666666666667
2207On y voyoit autrefois des peuples nombreux. On y voyait autrefois des peuples nombreux. 0.50.5
2208Rien n’indique d’où ils étoient ſortis. Rien n’indique d’où ils étaient sortis. 0.333333333333333260.6666666666666667
2209Sans doute, qu’ils avoient été jettés par quelque tempête ſur ces côtes, mais depuis ſi long-tems, qu’ils avoient oublié leur origine, qu’ils ſe croyoient les ſeuls habitans du monde.Sans doute qu’ils avaient été jetés par quelque tempête sur ces côtes, mais depuis si long-temps, qu’ils avaient oublié leur origine, qu’ils se croyaient les seuls habitans du monde.0.42857142857142860.5714285714285714
2210Quelques habitudes, la plupart ſemblables à celles des autres ſauvages de la mer du Sud, leur tenoient lieu de culte, de loix de gouvernement. Quelques habitudes, la plupart semblables à celles des autres sauvages de la mer du Sud, leur tenaient lieu de culte, de lois, de gouvernement. 0.46666666666666670.5333333333333333
2211Ils couloient leurs jours dans une indolence perpétuelle ; & c’étoit aux bananes, aux noix de coco, ſur-tout au rima, qu’ils devoient ce malheur ou cet avantage.Ils coulaient leurs jours dans une indolence perpétuelle ; et c’était aux bananes, aux noix de coco, surtout au rima, qu’ils devaient ce malheur ou cet avantage.0.58823529411764710.4117647058823529
2212Le rima, célébré par quelques voyageurs ſous le nom d’arbre à pain, n’eſt pas encore bien connu des botaniſtes. Le rima, célébré par quelques voyageurs sous le nom d’arbre à pain, n’est pas encore bien connu des botanistes. 0.61538461538461540.3846153846153846
2213C’eſt un arbre dont la tige élevée & droite ſe diviſe vers la cime en pluſieurs branches. C’est un arbre dont la tige élevée et droite se divise vers la cime en plusieurs branches. 0.45454545454545460.5454545454545454
2214Ses feuilles ſont alternes, grandes, fermes, épaiſſes, ſinuées profondément vers les bords latéraux. Ses feuilles sont alternes, grandes, fermes, épaisses, sinuées profondément vers les bords latéraux. 0.58333333333333340.41666666666666663
2215Les plus jeunes, avant leur développement, ſont enfermées dans une membrane qui ſe deſſèche & laiſſe en tombant une impreſſion circulaire autour de la tige. Les plus jeunes, avant leur développement , sont enfermées dans une membrane qui se dessèche, et laisse en tombant une impression circulaire autour de la tige. 0.50.5
2216Elles rendent, ainſi que les autres parties de l’arbre, une liqueur laiteuſe très-tenace. Elles rendent, ainsi que les autres parties de l’arbre, une liqueur laiteuse très-tenace. 0.6250.375
2217De l’aiſſelle des feuilles ſupérieures ſort un corps ſpongieux, long de ſix pouces, tout couvert de petites fleurs mâles très-ſerrées. De l’aisselle des feuilles supérieures sort un corps spongieux, long de six pouces, tout couvert de petites fleurs mâles très-serrées. 0.421052631578947350.5789473684210527
2218Plus bas, on trouve d’autres corps chargés de fleurs femelles, dont le piſtil devient une baie alongée remplie d’une amande. Plus bas on trouve d’autres corps chargés de fleurs femelles, dont le pistil devient une baie allongée remplie d’une amande. 0.68750.3125
2219Ces baies, portées ſur un axe commun, ſont ſi rapprochées, qu’elles ſe confondent & forment, par leur aſſemblage, un fruit très-gros & haut de dix pouces de longueur, hériſſé de pointes groſſes, courtes & émouſſées. Ces baies, portées sur un axe commun, sont si rapprochées, qu’elles se confondent et forment par leur assemblage un fruit très-gros et haut de dix pouces de longueur, hérissé de pointes grosses, courtes et émoussées. 0.53846153846153840.46153846153846156
2220Il paroît qu’il exiſte deux eſpèces ou variétés du rima. Il paraît qu’il existe deux espèces ou variétés du rima. 0.333333333333333260.6666666666666667
2221L’un a le fruit intérieurement pulqueux, rempli d’amandes bonnes à manger, qui ont la forme & le goût de la châtaigne. L’un a le fruit intérieurement pulpeux, rempli d’amandes bonnes à manger, qui ont la forme et le goût de la châtaigne. 0.84615384615384610.15384615384615385
2222Le fruit de l’autre eſt plus petit : il n’a point d’amandes, parce qu’elles avortent lorſqu’il eſt parfaitement mûr. Le fruit de l’autre est plus petit ; il n’a point d’amandes, parce qu’elles avortent lorsqu’il est parfaitement mûr. 0.76923076923076930.23076923076923073
2223Sa chair est molle, doucereuse et malsaine.
2224Sa chair eſt molle, doucereuſe & malſaine.
2225Mais quand on le cueille un peu avant ſa maturité, il a le goût d’artichaut, & on le mange comme du pain, ce qui lui a fait donner le nom de fruit à pain. Mais, quand on le cueille un peu avant sa maturité, il a le goût de l’artichaut, et on le mange comme du pain ; ce qui lui a fait donner le nom de fruit à pain. 0.69230769230769230.3076923076923077
2226Ceux qui veulent le conſerver une ou pluſieurs années, le coupent par tranches & le font ſécher au four ou au ſoleil.Ceux qui veulent le conserver une ou plusieurs années le coupent par tranches, et le font sécher au four ou au soleil.0.416666666666666740.5833333333333333
2227On trouve dans l’hiſtoire des Marianes trois choſes qui paroiſſent dignes d’être remarquées.On trouve dans l’histoire des Marianes trois choses qui paraissent dignes d’être remarquées.0.45454545454545460.5454545454545454
2228L’uſage du feu y étoit totalement ignoré. L’usage du feu y était totalement ignoré. 0.42857142857142860.5714285714285714
2229Aucun de ces volcans terribles, dont les veſtiges deſtructeurs ſont ineffaçablement gravés ſur la ſurface du globe ; aucun de ces phénomènes céleſtes qui allument ſouvent des flammes dévorantes & inattendues dans tous les climats ; aucun de ces haſards heureux qui, par frottement ou par colliſion, font ſortir de brillantes étincelles de tant de corps : rien n’avoit donné aux paiſibles habitans des Marianes, la moindre idée d’un élément ſi familier aux autres nations. Aucun de ces volcans terribles dont les vestiges destructeurs sont ineffaçablement gravés sur la surface du globe ; aucun de ces phénomènes célestes qui allument souvent des flammes dévorantes et inattendues dans tous les climats ; aucun de ces hasards heureux qui, par frottement ou par collision, font sortir de brillantes étincelles de tant de corps, rien n’avait donné aux paisibles habitans des Marianes la moindre idée d’un élément si familier aux autres nations. 0.54166666666666660.45833333333333337
2230Pour le leur faire connoître, il falloit que le reſſentiment des premiers Eſpagnols, arrivés ſur ces côtes ſauvages, brûlât quelques centaines de cabanes.Pour le leur faire connaître, il fallait que le ressentiment des premiers Espagnols arrivés sur ces côtes sauvages brûlât quelques centaines de cabanes.0.388888888888888840.6111111111111112
2231Cet uſage du feu n’étoit guère propre à leur en donner une idée favorable, à leur faire deſirer de le reproduire. Cet usage du feu n’était guère propre à leur en donner une idée favorable, à leur faire désirer de le reproduire ; aussi le prirent-ils pour un animal qui s’attachait au bois et qui s’en nourrissait. 0.42857142857142860.5714285714285714
2232Auſſi le prirent-ils pour un animal qui s’attachoit au bois & qui s’en nourriſſoit.
2233Ceux que l’ignorance d’un objet ſi nouveau avoit porté à en approcher s’étant brûlés, leurs cris inſpirèrent de la terreur aux autres qui n’oſèrent plus le regarder que de très-loin. Ceux que l’ignorance d’un objet si nouveau avait portés à en approcher s’étant brûlés, leurs cris inspirèrent de la terreur aux autres, qui n’osèrent plus le regarder que de très-loin. 0.550.44999999999999996
2234Ils appréhendèrent la morſure de cette bête féroce, qu’ils croyoient capable de les bleſſer par la ſeule violence de ſa reſpiration. Ils appréhendèrent la morsure de cette bête féroce, qu’ils croyaient capable de les blesser par la seule violence de sa respiration. 0.3750.625
2235Cependant, ils revinrent par degrés de la conſternation dont ils avoient été frappés ; leur erreur ſe diſſipa peu-à-peu, & on les vit s’accoutumer enfin à un bien précieux dont tous les autres peuples connus étoient dans une poſſeſſion immémoriale.Cependant ils revinrent par degrés de la consternation dont ils avaient été frappés ; leur erreur se dissipa peu à peu, et on les vit s’accoutumer enfin à un bien précieux dont tous les autres peuples connus étaient dans une possession immémoriale.0.480.52
2236Un autre spectacle digne d’attention, c’était la supériorité que le sexe le plus délicat avait prise sur le plus fort dans les Marianes.
2237Un autre ſpectacle digne d’attention, c’étoit la ſupériorité que le ſexe le plus délicat avoit pris ſur le plus fort dans les Marianes.
2238L’aſcendant y étoit tel, que les femmes jouiſſoient d’une puiſſance illimitée dans leur intérieur ; qu’on ne pouvoit diſpoſer de rien ſans leur aveu, & qu’elles avoient la libre diſpoſition de tout ; que dans aucun cas, même celui d’une infidélité publiquement connue, on n’étoit pas autoriſé à manquer aux égards qui leur étoient dus ; que pour peu qu’elles jugeâſſent elles-mêmes qu’un époux n’avoit pas aſſez de douceur, de complaiſance & de ſoumiſſion, un nouveau choix leur étoit permis ; que ſi elles ſe croyoient trahies, elles pouvoient piller la cabane, couper les arbres du parjure, ou faire commettre ces dégâts par leurs parens ou par leurs compagnes.L’ascendant y était tel, que les femmes jouissaient d’une puissance illimitée dans leur intérieur ; qu’on ne pouvait disposer de rien sans leur aveu, et qu’elles avaient la libre disposition de tout ; que dans aucun cas, même celui d’une infidélité publiquement connue, on n’était pas autorisé à manquer aux égards qui leur étaient dus ; que pour peu qu’elles jugeassent elles-mêmes qu’un époux n’avait pas assez de douceur, de complaisance et de soumission, un nouveau choix leur était permis ; que, si elles se croyaient trahies, elles pouvaient piller la cabane, couper les arbres du parjure, ou faire commettre ces dégâts par leurs parens ou par leurs compagnes.0.486111111111111160.5138888888888888
2239Mais, comment des coutumes ſi bizarres avoient-elles pu s’établir & s’enraciner ? Mais comment des coutumes si bizarres avaientelles pu s’établir et s’enraciner ? 0.50.5
2240Si l’on en croit les relations anciennes ou modernes, les hommes de cet archipel étoient noirs, laids, mal faits ; ils avoient la plupart une maladie hideuſe de la peau, malgré l’uſage journalier du bain. Si l’on en croit les relations anciennes ou modernes, les hommes de cet archipel étaient noirs, laids, mal faits : ils avaient la plupart une maladie hideuse de la peau, malgré l’usage journalier du bain. 0.69565217391304350.30434782608695654
2241Les femmes, au contraire, avoient un teint aſſez clair, des traits réguliers, un air aiſé, quelques graces, le goût du chant & de la danſe. Les femmes, au contraire, avaient un teint assez clair, des traits réguliers, un air aisé, quelques grâces, le goût du chant et de la danse. 0.6250.375
2242Eſt-il étonnant qu’avec tant de moyens de plaire, elles aient acquis un empire abſolu & inébranlable ? Est-il étonnant qu’avec tant de moyens de plaire elles aient acquis un empire absolu et inébranlable ? 0.63636363636363640.36363636363636365
2243Ce qui eſt vraiment extraordinaire, c’eſt qu’il y ait eu des contrées, & ſur-tout des contrées ſauvages, où l’on ait trouvé une différence ſi marquée entre les deux ſexes. Ce qui est vraiment extraordinaire, c’est qu’il y ait eu des contrées, et surtout des contrées sauvages, où l’on ait trouvé une différence si marquée entre les deux sexes. 0.50.5
2244L’unanimité des hiſtoriens pourra-t-elle jamais étouffer les doutes que doit faire naître une narration ſi peu vraiſemblable ?L’unanimité des historiens pourrat-elle jamais étouffer les doutes que doit faire naître une narration si peu vraisemblable ?0.61538461538461540.3846153846153846
2245Les témoignages réunis de tant d’écrivains qu’on voudra, ne ſauroient prévaloir contre une loi bien connue, générale & conſtante de la nature. Les témoignages réunis de tant d’écrivains qu’on voudra ne sauraient prévaloir contre une loi bien connue, générale et constante de la nature. 0.71428571428571430.2857142857142857
2246Or, par-tout, excepté aux iſles Marianes, on a trouvé & l’on a dû trouver la femme ſoumiſe à l’homme. Or partout, excepté aux îles Marianes, on a trouvé et l’on a dû trouver la femme soumise à l’homme. 0.73333333333333330.2666666666666667
2247Si l’on veut que je me prête à cette exception, il faut l’appuyer d’une autre : c’eſt que dans cette contrée, les femmes l’emportoient ſur les hommes, non-ſeulement en intelligence, mais en force de corps. Si l’on veut que je me prête à cette exception, il faut l’appuyer d’une autre : c’est que dans cette contrée les femmes l’emportaient sur les hommes, non-seulement en intelligence, mais en force de corps. 0.650.35
2248Si l’on ne m’aſſure pas l’un de ces faits, je nie l’autre ; à moins toutefois que quelque dogme ſuperſtitieux n’ait rendu leurs perſonnes ſacrées. Si l’on ne m’assure pas l’un de ces faits, je nie l’autre ; à moins toutefois que quelque dogme superstitieux n’ait rendu leurs personnes sacrées ; car il n’y a rien que la superstition ne dénature, point d’usage si monstrueux qu’elle n’établisse, point de forfaits auxquels elle ne détermine, point de sacrifices qu’elle n’obtienne. 0.32142857142857140.6785714285714286
2249Car il n’y a rien que la ſuperſtition ne dénature, point d’uſage ſi monſtrueux qu’elle n’établiſſe, point de forfaits auxquels elle ne détermine, point de ſacrifices qu’elle n’obtienne.
2250Si elle dit à l’homme, Dieu veut que tu te mutiles, il ſe mutilera.
2251Si elle lui dit, Dieu veut que tu aſſaſſines ton fils, il l’aſſaſſinera.
2252Si elle lui a dit, aux iſles Marianes, Dieu veut que tu rampes devant la femme, il rampera devant la femme. Si elle dit à l’homme, Dieu veut que tu te mutiles, il se mutilera ; si elle lui dit, Dieu veut que tu assassines ton fils, il l’assassinera ; si elle lui a dit, aux îles Marianes, Dieu veut que tu rampes devant la femme, il rampera devant la femme. 0.43750.5625
2253La beauté, les talens & l’eſprit, dans toutes les contrées du monde ſauvages ou policées, proſterneront un homme aux pieds d’une femme : mais ces avantages particuliers à quelques femmes n’établiront nulle part la tyrannie générale du ſexe foible ſur le ſexe robuſte. La beauté, les talens et l’esprit, dans toutes les contrées du monde, sauvages ou policées, prosterneront un homme aux pieds d’une femme ; mais ces avantages particuliers à quelques femmes n’établiront nulle part la tyrannie générale du sexe foible sur le sexe robuste. 0.63333333333333330.3666666666666667
2254L’homme commande à la femme, même dans les pays où la femme commande à la nation. L’homme commande à la femme, même dans les pays où la femme commande à la nation. 1.00.0
2255Le phénomène des iſles Marianes ſeroit dans l’ordre moral ce que l’équilibre de deux poids inégaux, ſuſpendus à des bras égaux de levier, ſeroit dans l’ordre phyſique. Le phénomène des îles Marianes serait dans l’ordre moral ce que l’équilibre de deux poids inégaux, suspendus à des bras égaux de lévier, serait dans l’ordre physique. 0.61111111111111120.38888888888888884
2256Aucune ſorte d’autorité ne doit nous amener à la croyance d’une abſurdité. Aucune sorte d’autorité ne doit nous amener à la croyance d’une absurdité. 0.55555555555555560.4444444444444444
2257Mais, dira-t-on, ſi les femmes ont mérité là cette autorité par quelques ſervices importans dont la mémoire s’eſt perdue ? Mais, dira-t-on, si les femmes ont mérité là cette autorité par quelques services importans dont la mémoire s’est perdue ? 0.64285714285714290.3571428571428571
2258eh bien ! l’homme reconnoiſſant le premier jour, aura été ingrat le ſecond.Eh bien ! l’homme reconnaissant le premier jour, aura été ingrat le second.0.50.5
2259La troiſième choſe remarquable dans les Marianes, c’étoit un proſs ou canot, dont la forme ſingulière a toujours fixé l’attention des navigateurs les plus éclairés.La troisième chose remarquable dans les Marianes, c’était un pros ou canot, dont la forme singulière a toujours fixé l’attention des navigateurs les plus éclairés.0.41176470588235290.5882352941176471
2260Ces peuples occupaient des îles séparées par des intervalles considérables.
2261Ces peuples occupoient des iſles ſéparées par des intervalles conſidérables.
2262Quoique ſans moyens & ſans deſir d’échanges, ils vouloient communiquer entre eux. Quoique sans moyens et sans désir d’échanges, ils voulaient communiquer entre eux. 0.44444444444444440.5555555555555556
2263Ils y réuſſirent avec le ſecours d’un bâtiment d’une ſûreté entière, quoique très-petit ; propre à toutes les évolutions navales, malgré la ſimplicité de ſa conſtruction ; ſi facile à manier, que trois hommes ſuffiſoient pour toutes les manœuvres ; recevant le vent de côté, mérite abſolument néceſſaire dans ces parages ; ayant l’avantage unique d’aller & de venir, ſans jamais virer de bord & en changeant ſeulement la voile ; d’une telle marche qu’il faiſoit douze ou quinze milles en moins d’une heure, & qu’il alloit quelquefois plus vîte que le vent. Ils y réussirent avec le secours d’un bâtiment d’une sûreté entière, quoique trèspetit, propre à toutes les évolutions navales, malgré la simplicité de sa construction ; si facile à manier, que trois hommes suffisaient pour toutes les manœuvres ; recevant le vent de côté, mérite absolument nécessaire dans ces parages ; ayant l’avantage unique d’aller et de venir sans jamais virer de bord, et en changeant seulement la voile ; d’une telle marche, qu’il faisait douze ou quinze mille en moins d’une heure, et qu’il allait quelquefois plus vite que le vent. 0.57142857142857140.4285714285714286
2264De l’aveu de tous les connoiſſeurs, ce proſs appellé volant à cauſe de ſa légéreté, eſt le plus parfait bateau qui ait jamais été imaginé ; & l’invention n’en ſauroit être diſputée aux habitans des Marianes, puiſqu’on n’en a trouvé le modèle dans aucune mer du monde.De l’aveu de tous les connaisseurs, ce pros, appelé volant à cause de sa légèreté, est le plus parfait bateau qui ait jamais été imaginé ; et l’invention n’en saurait être disputée aux habitans des Marianes, puisqu’on n’en a trouvé le modèle dans aucune mer du monde.0.52941176470588240.47058823529411764
2265S’il étoit raiſonnable de prononcer ſur le génie d’une nation par un art iſolé, on ne pourroit s’empêcher d’avoir la plus grande opinion de ces ſauvages qui, avec des outils groſſiers & ſans le ſecours du fer, ont obtenu à la mer des effets que des moyens multipliés n’ont pu procurer aux peuples les plus éclairés. S’il était raisonnable de prononcer sur le génie d’une nation par un art isolé, on ne pourrait s’empêcher d’avoir la plus grande opinion de ces sauvages qui, avec des outils grossiers et sans le secours du fer, ont obtenu à la mer des effets que des moyens multipliés n’ont pu procurer aux peuples les plus éclairés. 0.60526315789473680.39473684210526316
2266Mais, pour asseoir un jugement solide, il faudrait d’autres preuves qu’un talent que le hasard peut avoir donné, et ces preuves ne sont consignées dans aucune histoire.
2267Mais pour aſſeoir un jugement ſolide, il faudroit d’autres preuves qu’un talent que le haſard peut avoir donné ; & ces preuves ne ſont conſignées dans aucune hiſtoire.
2268Les iſles Marianes furent découvertes, en 1521, par Magellan. Les îles Marianes furent découvertes en 1521 par Magellan. 0.60.4
2269Ce célèbre navigateur les nomma iſles des Larrons, parce que leurs ſauvages habitans, qui n’avoient pas la moindre notion du droit de propriété, inconnu dans l’état de nature, enlevèrent ſur ſes vaiſſeaux quelques bagatelles qui tentèrent leur curioſité. Ce célèbre navigateur les nomma îles des Larrons, parce que leurs sauvages habitans, qui n’avaient pas la moindre notion du droit de propriété, inconnu dans l’état de nature, enlevèrent sur ses vaisseaux quelques bagatelles qui tentèrent leur curiosité. 0.55555555555555560.4444444444444444
2270On négligea long-tems de s’établir dans cet archipel où il n’y avoit aucune de ces riches mines qui enflammoient alors les Eſpagnols. On négligea long-temps de s’établir dans cet archipel, où il n’y avait aucune de ces riches mines qui enflammaient alors les Espagnols. 0.50.5
2271Ce fut en 1668 seulement que les vaisseaux qui y relâchaient de temps en temps, en allant du Mexique aux Indes orientales, y déposèrent quelques missionnaires.
2272Ce fut en 1668 ſeulement que les vaiſſeaux qui y relâchoient de tems en tems, en allant du Mexique aux Indes Orientales, y dépoſèrent quelques miſſionnaires.
2273Dix ans après, la cour de Madrid jugea que les voies de la perſuaſion ne lui donnoient pas aſſez de ſujets ; & elle appuya par des ſoldats les prédications de ſes apôtres.Dix ans après, la cour de Madrid jugea que les voies de la persuasion ne lui donnaient pas assez de sujets, et elle appuya par des soldats les prédications de ses apôtres.0.47368421052631570.5263157894736843
2274Des ſauvages iſolés, que guidoit un farouche inſtinct ; auxquels l’arc & la flèche étoient même inconnus, qui n’avoient pour toute défenſe que de gros bâtons : ces ſauvages ne pouvoient pas réſiſter aux armes & aux troupes de l’Europe. Des sauvages isolés que guidait un farouche instinct, auxquels l’arc et la flèche étaient même inconnus, qui n’avaient pour toute défense que de gros bâtons, ces sauvages ne pouvaient pas résister aux armes et aux troupes de l’Europe. 0.35714285714285720.6428571428571428
2275Cependant la plupart d’entre eux ſe firent maſſacrer plutôt que de ſe ſoumettre. Cependant la plupart d’entre eux se firent massacrer plutôt que de se soumettre. 0.3750.625
2276Un grand nombre furent la victime des maladies honteuſes que leurs inhumains vainqueurs leur avoient portées. Un grand nombre furent la victime des maladies honteuses que leurs inhumains vainqueurs leur avaient portées. 0.70.30000000000000004
2277Ceux qui avoient échappé à tous ces déſaſtres prirent le parti déſeſpéré de faire avorter leurs femmes, pour ne pas laiſſer après eux des enfans eſclaves. Ceux qui avaient échappé à tous ces désastres prirent le parti désespéré de faire avorter leurs femmes, pour ne pas laisser après eux des enfans esclaves. 0.52941176470588240.47058823529411764
2278La population diminua, dans tout l’archipel, au point qu’il fallut, il y a vingtcinq ou trente ans, en réunir les foibles reſtes dans la ſeule iſle de Guam.La population diminua dans tout l’archipel, au point qu’il fallut, il y a quarante ou cinquante ans, en réunir les faibles restes dans la seule île de Guam.0.52941176470588240.47058823529411764
2279Elle a quarante lieues de circonférence. Elle a quarante lieues de circonférence. 1.00.0
2280Son port, ſitué dans la partie occidentale & défendu par une batterie de huit canons, eſt formé d’un côté par une langue de terre qui s’avance deux lieues dans la mer, & de l’autre par un recif de même étendue qui l’embraſſe preſque circulairement. Son port, situé dans la partie occidentale et défendu par une batterie de huit canons, est formé d’un côté par une langue de terre qui s’avance deux lieues dans la mer, et de l’autre par un rescif de même étendue qui l’embrasse presque circulairement. 0.66666666666666660.33333333333333337
2281Quatre vaiſſeaux peuvent y mouiller à l’abri de tous les vents, excepté de celui d’Oueſt qui ne ſouffle jamais violemment dans ces parages.Quatre vaisseaux peuvent y mouiller à l’abri de tous les vents, excepté de celui d’ouest, qui ne souffle jamais violemment dans ces parages0.57142857142857140.4285714285714286
2282A quatre lieues de la rade, ſur les bords de la mer, dans une ſituation heureuſe, s’élève l’agréable bourgade d’Agana. A quatre lieues de la rade, sur les bords de la mer, dans une situation heureuse, s’élève l’agréable bourgade d’Agana. 0.61538461538461540.3846153846153846
2283C’eſt dans ce chef-lieu de la colonie & dans vingt-un petits hameaux, diſtribués autour de l’iſle, que ſont répartis quinze cens habitans, reſtes infortunés d’un peuple autrefois nombreux.C’est dans ce chef-lieu de la colonie et dans vingt-un petits hameaux, distribués autour de l’île, que sont répartis quinze cents habitans, restes infortunés d’un peuple autrefois nombreux.0.52173913043478260.4782608695652174
2284L’intérieur de Guam ſert d’aſyle & de pâture aux chèvres, aux porcs, aux bœufs, aux volailles qu’au tems de la conquête y portèrent les Eſpagnols, & qui depuis ſont devenus ſauvages. L’intérieur de Guam sert d’asile et de pâture aux chèvres, aux porcs, aux bœufs, aux volailles qu’au temps de la conquête y portèrent les Espagnols, et qui depuis sont devenus sauvages. 0.50.5
2285Ces animaux, qu’il faut tuer à coup de fuſil ou prendre au piège, formoient la principale nourriture des Indiens & de leurs oppreſſeurs, lorſque tout-à-coup les choſes ont changé de face.Ces animaux, qu’il faut tuer à coups de fusil ou prendre au piége, formaient la principale nourriture des Indiens et de leurs oppresseurs, lorsque tout à coup les choses ont changé de face.0.54166666666666660.45833333333333337
2286Un homme actif, humain, éclairé a compris enfin que la population ne ſe rétabliroit pas, qu’elle s’affoibliroit même encore, à moins qu’il ne réuſſît à rendre ſon iſle agricole. Un homme actif, humain, éclairé, a compris enfin que la population ne se rétablirait pas, qu’elle s’affaiblirait même encore, à moins qu’il ne réussît à rendre son île agricole. 0.54545454545454540.4545454545454546
2287Cette idée élevée l’a fait cultivateur lui-même. Cette idée élevée l’a fait cultivateur lui-même. 1.00.0
2288A ſon exemple, les naturels du pays ont défriché les terres dont il leur avoit aſſuré la propriété. A son exemple, les naturels du pays ont défriché les terres dont il leur avait assuré la propriété. 0.60.4
2289Leurs champs ſe ſont couverts de riz, de cacao, de maïs, de ſucre, d’indigo, de coton, de fruits, de légumes, dont, depuis un ſiècle ou deux, on leur laiſſoit ignorer l’uſage. Leurs champs se sont couverts de riz, de cacao, de maïs, de sucre, d’indigo, de coton, de fruits, de légumes, dont, depuis un siècle ou deux, on leur laissait ignorer l’usage. 0.54545454545454540.4545454545454546
2290Le ſuccès a augmenté leur docilité. Le succès a augmenté leur docilité. 0.50.5
2291Ces enfans d’une nature brute, dans qui la tyrannie & la ſuperſtition avoient achevé de dégrader l’homme, ont exercé, dans des atteliers, quelques arts de néceſſité première, & fréquenté, ſans une répugnance trop marquée, les écoles ouvertes pour leur inſtruction. Ces enfans d’une nature brute, dans qui la tyrannie et la superstition avaient achevé de dégrader l’homme, ont exercé dans des ateliers quelque arts de nécessité première, et fréquenté, sans une répugnance trop marquée, les écoles ouvertes pour leur instruction. 0.61538461538461540.3846153846153846
2292Leurs jouiſſances ſe ſont multipliées avec leurs occupations ; & ils ont été enfin heureux dans un des meilleurs pays du monde : tant il eſt vrai qu’il n’y a rien dont on ne vienne à bout avec de la douceur & par la bienfaiſance, puiſque ces vertus peuvent éteindre le reſſentiment dans l’ame même du ſauvage.Leurs jouissances se sont multipliées avec leurs occupations, et ils ont été enfin heureux dans un des meilleurs pays du monde ; tant, il est vrai, qu’il n’y a rien dont on ne vienne à bout avec de la douceur et par la bienfaisance, puisque ces vertus peuvent éteindre le ressentiment dans l’âme même du sauvage.0.58064516129032260.4193548387096774
2293Cette révolution ineſpérée a été l’ouvrage de M. Tobias qui, en 1772, gouvernoit encore les Marianes. Cette révolution inespérée a été l’ouvrage de M. Tobias, qui, en 1772, gouvernait encore les Marianes. 0.63636363636363640.36363636363636365
2294Puiſſe ce vertueux & reſpectable Eſpagnol obtenir un jour ce qui combleroit ſa félicité, la conſolation de voir diminuer la paſſion de ſes enfans chéris pour le vin de cocotier, & de voir augmenter leur goût pour le travail !Puisse ce vertueux et respectable Espagnol obtenir un jour ce qui comblerait sa félicité, la consolation de voir diminuer la passion de ses enfans chéris pour le vin de cocotier, et de voir augmenter leur goût pour le travail !0.48148148148148140.5185185185185186
2295Si, dès l’origine, les Eſpagnols avoient eu les vues raiſonnables du ſage Tobias, les Marianes auroient été civiliſées & cultivées. Si, dès l’origine, les Espagnols avaient eu les vues raisonnables du sage Tobias, les Marianes auraient été civilisées et cultivées. 0.44444444444444440.5555555555555556
2296Ce double avantage auroit procuré à cet archipel une ſûreté qu’il ne ſauroit ſe promettre d’une garniſon de cent cinquante hommes concentrée dans Guam.Ce double avantage aurait procuré à cet archipel une sûreté qu’il ne saurait se promettre d’une garnison de cent cinquante hommes concentrée dans Guam.0.57894736842105270.42105263157894735
2297Tranquilles pour leurs poſſeſſions, les conquérans ſe ſeroient livrés à l’amour des découvertes qui étoient alors le génie dominant de la nation. Tranquilles pour leurs possessions, les conquérans se seraient livrés à l’amour des découvertes, qui était alors le génie dominant de la nation. 0.60.4
2298Secondés par le talent de leurs nouveaux ſujets pour la navigation, leur activité auroit porté les arts utiles & l’eſprit de ſociété dans les nombreuſes iſles qui couvrent l’océan Pacifique & plus loin encore. Secondés par le talent de leurs nouveaux sujets pour la navigation, leur activité aurait porté les arts utiles et l’esprit de société dans les nombreuses îles qui couvrent l’Océan pacifique, et plus loin encore. 0.54545454545454540.4545454545454546
2299L’univers eût été, pour ainſi dire, agrandi par de ſi glorieux travaux. L’univers eût été, pour ainsi dire, agrandi par de si glorieux travaux. 0.77777777777777780.2222222222222222
2300Sans doute que toutes les nations commerçantes auroient tiré, avec le tems, quelque utilité des relations formées avec ces régions, juſqu’alors inconnues, puiſqu’il eſt impoſſible qu’un peuple s’enrichiſſe ſans que les autres participent à ſes proſpérités : mais la cour de Madrid auroit toujours joui plutôt & plus conſtamment des productions de ſes nouveaux établiſſemens. Sans doute que toutes les nations commerçantes auraient tiré, avec le temps, quelque utilité des relations formées avec ces régions jusqu’alors inconnues, puisqu’il est impossible qu’un peuple s’enrichisse sans que les autres participent à ses prospérités ; mais la cour de Madrid aurait toujours joui plus tôt et plus constamment des productions de ses nouveaux établissemens. 0.425000000000000040.575
2301Si nous ne nous trompons, cet ordre de choſes valoit mieux pour l’Eſpagne qu’une combinaiſon qui réduit les Marianes à fournir des rafraîchiſſemens aux galions qui retournent du Mexique aux Philippines, comme la Californie à ceux qui vont des Philippines au Mexique.Si nous ne nous trompons, cet ordre de choses valait mieux pour l’Espagne qu’une combinaison qui réduit les Marianes à fournir des rafraîchissemens aux galions qui retournent du Mexique aux Philippines, comme la Californie à ceux qui vont des Philippines au Mexique.0.56521739130434780.4347826086956522
2302La Californie eſt proprement une longue pointe de terre qui ſort des côtes ſeptentrionales de l’Amérique, & s’avance entre l’Eſt & le Sud juſqu’à la Zone Torride. La Californie est proprement une longue pointe de terre qui sort des côtes septentrionales de l’Amérique et s’avance entre l’est et le sud jusqu’à la zone torride. 0.550.44999999999999996
2303Elle eſt baignée des deux côtés par la mer Pacifique. Elle est baignée des deux côtés par la mer Pacifique. 0.80.19999999999999996
2304La partie connue de cette péninſule a trois cens lieues de longueur, ſur dix, vingt, trente & quarante de large.La partie connue de cette péninsule a trois cents lieues de longueur sur dix, vingt, trente et quarante de large.0.58333333333333340.41666666666666663
2305Il eſt impoſſible que dans un ſi grand eſpace, la nature du ſol & la température de l’air ſoient par-tout les mêmes. Il est impossible que dans un si grand espace la nature du sol et la température de l’air soient partout les mêmes. 0.40.6
2306On peut dire cependant, qu’en général le climat y eſt ſec & chaud à l’excès ; le terrein nud, pierreux, montueux, ſablonneux, ſtérile par conſéquent, & peu propre au labourage & à la multiplication des beſtiaux. On peut dire cependant qu’en général le climat y est sec et chaud à l’excès ; le terrain nu, pierreux, montueux, sablonneux, stérile par conséquent, et peu propre au labourage et à la multiplication des bestiaux. 0.407407407407407440.5925925925925926
2307Parmi le petit nombre d’arbres qu’on y trouve, le plus utile eſt le pita-haya, dont les fruits ſont la principale nourriture des Californiens.Parmi le petit nombre d’arbres qu’on y trouve, le plus utile est le pita-haya, dont les fruits sont la principale nourriture des Californiens.0.84615384615384610.15384615384615385
2308C’eſt une eſpèce de cierge qui, comme les autres, n’a point de feuilles. C’est une espèce de cierge ou cactus qui, comme les autres, n’a point de feuilles. 0.54545454545454540.4545454545454546
2309Ses tiges droites & cannelées ont les côtes chargées d’épines & ſupportent immédiatement des fleurs blanchâtres, ſemblables à celles du nopal ſur lequel vit la cochenille, mais beaucoup plus alongées. Ses tiges droites et cannelées, ont les côtes chargées d’épines et supportent immédiatement des fleurs blanchâtres, semblables à celles du nopal sur lequel vit la cochenille, mais beaucoup plus allongées. 0.650.35
2310Les fruits qui ſuccèdent à ſes fleurs ont à leur ſurface des inégalités produites par la baſe ſubſiſtante des écailles du calice. Les fruits qui succèdent à ses fleurs ont à leur surface des inégalités produites par la base subsistante des écailles du calice. 0.43750.5625
2311Ils ſont de la groſſeur d’un œuf de poule, rouges en-dehors & remplis intérieurement d’une pulpe blanche bonne à manger, plus douce & plus délicate que celle de la figue ordinaire. Ils sont de la grosseur d’un œuf de poule, rouges en-dehors et remplis intérieurement d’une pulpe blanche, bonne à manger, plus douce et plus délicate que celle de la figue ordinaire. 0.850.15000000000000002
2312On trouve dans cette pulpe des petites ſemences noires & luiſantes.On trouve dans cette pulpe des petites semences noires et luisantes.0.50.5
2313La mer, plus riche que la terre, offre des poiſſons de toutes ſortes, dans la plus grande abondance & du goût le plus exquis. La mer, plus riche que la terre, offre des poissons de toutes sortes dans la plus grande abondance et du goût le plus exquis. 0.66666666666666660.33333333333333337
2314Mais ce qui rend le golfe de la Californie plus digne d’attention, ce ſont les perles, qui, dans la ſaiſon favorable, y attirent de diverſes provinces du Mexique des hommes avides auxquels on a impoſé la loi de donner au gouvernement le quint de leur pêche.Mais ce qui rend le golfe de la Californie plus digne d’attention, ce sont les perles, qui, dans la saison favorable, y attirent de diverses provinces du Mexique des hommes avides, auxquels on a imposé la loi de donner au gouvernement le quint de leur pêche.0.73913043478260860.26086956521739135
2315Les Californiens ſont bien faits & fort robuſtes. Les Californiens sont bien faits et fort robustes. 0.50.5
2316Une pusillanimité extrême, l’inconstance, la paresse, la stupidité, et même l’insensibilité, forment leur caractère.
2317Ce sont des enfans en qui la raison n’est pas encore développée.
2318Ils sont plus basanés que les Mexicains.
2319Une puſillanimité extrême, l’inconſtance, la pareſſe, la ſtupidité, & même l’inſenſibilité, forment leur caractère.
2320Ce ſont des enfans, en qui la raiſon n’eſt pas encore développée.
2321Ils ſont plus baſannés que les Mexicains.
2322Cette différence de couleur prouve que la vie policée de la ſociété, renverſe ou change entiérement l’ordre & les loix de la nature, puiſqu’on trouve ſous la Zone Tempérée un peuple ſauvage plus noir que ne le ſont les nations civiliſées de la Zone Torride.Cette différence de couleur prouve que la vie policée de la société renverse ou change entièrement l’ordre et les lois de la nature, puisqu’on trouve sous la zone tempérée un peuple sauvage plus noir que ne le sont les nations civilisées de la zone torride.0.53333333333333330.4666666666666667
2323Avant qu’on eût pénétré chez les Californiens, ils n’avoient aucune pratique de religion ; & leur gouvernement étoit tel qu’on devoit l’attendre de leur ignorance. Avant qu’on eût pénétré chez les Californiens, ils n’avaient aucune pratique de religion, et leur gouvernement était tel qu’on devait l’attendre de leur ignorance. 0.60.4
2324Chaque nation étoit un aſſemblage de pluſieurs cabanes, plus ou moins nombreuſes, toutes unies entre elles par des alliances, mais ſans aucun chef. Chaque nation était un assemblage de plusieurs cabanes, plus ou moins nombreuses, toutes unies entre elles par des alliances, mais sans aucun chef. 0.38461538461538460.6153846153846154
2325L’obéiſſance filiale n’y étoit pas même connue, quoique ce ſentiment ſoit, ſinon plus vif, du moins plus pur dans l’état de nature que dans celui de ſociété.L’obéissance filiale n’y était pas même connue, quoique ce sentiment soit, sinon plus vif, du moins plus pur dans l’état de nature que dans celui de société.0.388888888888888840.6111111111111112
2326En effet, les ſecours qu’une police régulière aſſure à tous les individus chez les nations civiliſées, les jeunes ſauvages ne les attendent que de leur père. En effet, les secours qu’une police régulière assure à tous les individus chez les nations civilisées, les jeunes sauvages ne les attendent que de leur père. 0.55555555555555560.4444444444444444
2327C’eſt lui qui pourvoit à leur ſubſiſtance, quand ils ſont enfans ; c’eſt lui qui veille à leur ſûreté. C’est lui qui pourvoit à leur subsistance quand ils sont enfans, c’est lui qui veille à leur sûreté. 0.363636363636363650.6363636363636364
2328Comment ne rechercheraient-ils pas sa bienveillance ?
2329comment n’éviteraient-ils pas avec soin ce qui pourrait les priver de son appui ?
2330Comment ne rechercheroient-ils pas ſa bienveillance ?
2331comment n’éviteroient-ils pas avec ſoin ce qui pourroit les priver de ſon appui ?
2332Un reſpect qui n’eſt point exigé ne ſauroit guère s’affoiblir dans des enfans qu’une habitude animale plus encore que le beſoin ramène toujours dans la cabane qui les a vu naître, & dont ils ne s’éloignent jamais à de grandes diſtances. Un respect qui n’est point exigé ne saurait guère s’affaiblir dans des enfans qu’une habitude animale, plus encore que le besoin, ramène toujours dans la cabane qui les a vus naître, et dont ils ne s’éloignent jamais à de grandes distances. 0.51851851851851850.4814814814814815
2333Les ſéparations que l’éducation, l’induſtrie, le commerce occaſionnent ſi fréquemment parmi nous, & qui ne peuvent que relâcher les liens de la parenté, les ſauvages ne les connoiſſent point. Les séparations que l’éducation, l’industrie, le commerce, occasionnent si fréquemment parmi nous, et qui ne peuvent que relâcher les liens de la parenté, les sauvages ne les connaissent point. 0.421052631578947350.5789473684210527
2334Ils reſtent à côté de celui qui leur a donné l’exiſtence, tant qu’il vit. Ils restent à côté de celui qui leur a donné l’existence, tant qu’il vit. 0.6250.375
2335Comment s’écarteraient-ils de l’obéissance ?
2336Rien ne leur est impérieusement ordonné.
2337Comment s’écarteroient-ils de l’obéiſſance ?
2338Rien ne leur eſt impérieuſement ordonné.
2339Point d’être plus libre que le petit ſauvage. Point d’être plus libre que le petit sauvage. 0.66666666666666660.33333333333333337
2340Il naît émancipé. Il naît émancipé. 1.00.0
2341Il va, il vient, il ſort, il rentre, il découche ſans qu’on lui demande ce qu’il a fait, ce qu’il eſt devenu. Il va, il vient, il sort, il rentre, il découche sans qu’on lui demande ce qu’il a fait, ce qu’il est devenu. 0.69230769230769230.3076923076923077
2342Jamais on ne s’aviſeroit d’employer l’autorité de la famille pour le ramener, s’il lui plaiſoit de diſparoître. Jamais on ne s’aviserait d’employer l’autorité de la famille pour le ramener, s’il lui plaisait de disparaître. 0.50.5
2343Rien de ſi commun dans les villes que les mauvais pères. Rien de si commun dans les villes que les mauvais pères. 0.80.19999999999999996
2344Il n’y en a point au fond des forêts. Il n’y en a point au fond des forêts. 1.00.0
2345Plus les ſociétés ſont opulentes, & plus il y a de luxe, moins la voix du ſang s’y fait entendre. Plus les sociétés sont opulentes, et plus il y a de luxe, moins la voix du sang s’y fait entendre. 0.50.5
2346Le dirai-je ? Le diraije ? 1.00.0
2347La ſévérité de notre éducation, ſa variété, ſa durée, ſes fatigues aliènent la tendreſſe de nos enfans. la sévérité de notre éducation, sa variété, sa durée, ses fatigues, aliènent la tendresse de nos enfans. 0.50.5
2348Il n’y a que l’expérience qui les reconcilie avec nous. Il n’y a que l’expérience qui les réconcilie avec nous. 1.00.0
2349Nous ſommes obligés d’attendre long-tems la reconnoiſſance de nos ſoins & l’oubli de nos réprimandes. Nous sommes obligés d’attendre long-temps la reconnaissance de nos soins et l’oubli de nos réprimandes. 0.363636363636363650.6363636363636364
2350Le ſauvage n’en entendit jamais dans la bouche de ſes parens. Le sauvage n’en entendit jamais dans la bouche de ses parens. 0.6250.375
2351Jamais il n’en fut châtié. Jamais il n’en fut châtié. 1.00.0
2352Lorſqu’il ſut frapper l’animal dont il avoit à ſe nourrir, il n’eut preſque plus rien à apprendre. Lorsqu’il sut frapper l’animal dont il avait à se nourrir, il n’eut presque plus rien à apprendre. 0.42857142857142860.5714285714285714
2353Ses paſſions étant naturelles, il les ſatisfait ſans redouter l’œil des ſiens. Ses passions étant naturelles, il les satisfait sans redouter l’œil des siens. 0.363636363636363650.6363636363636364
2354Mille motifs contraignent nos parens à s’oppoſer aux nôtres. Mille motifs contraignent nos parens à s’opposer aux nôtres. 0.71428571428571430.2857142857142857
2355Croit-on qu’il n’y ait point d’enfant parmi nous à qui le deſir de jouir promptement d’une grande fortune ne faſſe trouver la vie de leurs pères trop longue ? Croit-on qu’il n’y ait point d’enfans parmi nous à qui le désir de jouir promptement d’une grande fortune ne fasse trouver la vie de leurs pères trop longue ? 0.70.30000000000000004
2356J’aimerais à me le persuader.
2357J’aimerois à me le perſuader.
2358Le cœur du ſauvage à qui ſon père n’a rien à laiſſer eſt étranger à cette eſpèce de parricide.Le cœur du sauvage, à qui son père n’a rien à laisser, est étranger à cette espèce de parricide.0.42857142857142860.5714285714285714
2359Dans nos foyers, les pères âgés radotent ſouvent au jugement de leurs enfans. Dans nos foyers, les pères âgés radotent souvent au jugement de leurs enfans. 0.85714285714285710.1428571428571429
2360Il n’en eſt pas ainſi dans la cabane du ſauvage. Il n’en est pas ainsi dans la cabane du sauvage. 0.333333333333333260.6666666666666667
2361On y parle peu, & l’on y a une haute opinion de la prudence des pères. On y parle peu, et l’on y a une haute opinion de la prudence des pères. 1.00.0
2362Ce ſont leurs leçons qui ſuppléent au défaut d’obſervations ſur les ruſes des animaux, ſur les forêts giboyeuſes, ſur les côtes poiſſonneuſes, ſur les ſaiſons & ſur les tems propres à la chaſſe & à la pêche. Ce sont leurs leçons qui suppléent au défaut d’observations sur les ruses des animaux, sur les forêts giboyeuses, sur les côtes poissonneuses, sur les saisons et sur les temps propres à la chasse et à la pêche. 0.30769230769230770.6923076923076923
2363Le vieillard raconte-t-il quelques particularités de ſes guerres ou de ſes voyages ?
2364rappelle-t-il les combats qu’il a livrés, les périls qu’il a courus, les embuches qu’il a évitées ?
2365s’élève-t-il à l’explication des phénomènes les plus ſimples de la nature ?
2366le ſoir, dans une nuit étoilée, à l’entrée de la cabane, leur trace-t-il du doigt le cours des aſtres qui brillent au-deſſus de leur tête, d’après les connoiſſances bornées qu’il en a ? Le vieillard raconte-t-il quelques particularités de ses guerres ou de ses voyages ; rappelle-t-il les combats qu’il a livrés, les périls qu’il a courus ; les embûches qu’il a évitées ; s’élève-t-il à l’explication des phénomènes les plus simples de la nature ; le soir, dans une nuit étoilée, à l’entrée de la cabane, leur tracet-il du doigt le cours des astres qui brillent audessus de leur tête d’après les connaissances bornées qu’il en a, il est admiré. 0.333333333333333260.6666666666666667
2367il eſt admiré.
2368S’il ſurvient une tempête, quelque révolution ſur la terre, dans les airs, ſur les eaux, quelque événement agréable ou fâcheux ? S’il survient une tempête, quelque révolution sur la terre, dans les airs, sur les eaux, quelque événement agréable ou fâcheux, tous s’écrient, notre père nous l’avait prédit ! et la soumission pour ses conseils, la vénération pour sa personne, en sont augmentées. 0.42857142857142860.5714285714285714
2369tous s’écrient, notre père nous l’avoit prédit ; & la ſoumiſſion pour ſes conſeils, la vénération pour ſa perſonne en ſont augmentés.
2370Lorſqu’il approche de ſes derniers momens, l’inquiétude & la douleur ſe peignent ſur les viſages, les larmes coulent à ſa mort, & un long ſilence règne autour de ſa couche. Lorsqu’il approche de ses derniers momens l’inquiétude et la douleur se peignent sur les visages, les larmes coulent à sa mort, et un long silence règne autour de sa couche. 0.58333333333333340.41666666666666663
2371On le dépose dans la terre, et l’endroit de sa sépulture est sacré.
2372On le dépoſe dans la terre, & l’endroit de ſa ſépulture eſt ſacré.
2373On lui rend des honneurs annuels ; & dans les circonſtances importantes ou douteuſes, on va quelquefois interroger ſa cendre. On lui rend des honneurs annuels ; et, dans les circonstances importantes ou douteuses, on va quelquefois interroger sa cendre. 0.50.5
2374Hélas ! les enfans ſont livrés à tant de diſtractions parmi nous, que les pères en ſont promptement oubliés. Hélas ! les enfans sont livrés à tant de distractions parmi nous, que les pères en sont promptement oubliés. 0.72727272727272730.2727272727272727
2375Ce n’est pas toutefois que je préférasse l’état sauvage à l’état civilisé.
2376Ce n’eſt pas toutefois que je préférâſſe l’état ſauvage à l’état civiliſé.
2377C’eſt une proteſtation que j’ai déja faite plus d’une fois. C’est une protestation que j’ai déjà faite plus d’une fois. 0.55555555555555560.4444444444444444
2378Mais plus j’y réfléchis, plus il me ſemble que depuis la condition de la nature la plus brute juſqu’à l’état le plus civiliſé, tout ſe compenſe à-peu-près, vices & vertus, biens & maux phyſiques. Mais plus j’y réfléchis, plus il me semble que, depuis la condition de la nature la plus brute jusqu’à l’état le plus civilisé, tout se compense à peu près, vices et vertus, biens et maux physiques. 0.416666666666666740.5833333333333333
2379Dans la forêt, ainſi que dans la ſociété, le bonheur d’un individu peut être moins ou plus grand que celui d’un autre individu : mais je ſoupçonne que la nature a poſé des limites à celui de toute portion conſidérable de l’eſpèce humaine, au-delà deſquelles il y a à-peu-près autant à perdre qu’à gagner.Dans la forêt, ainsi que dans la société, le bonheur d’un individu peut être moins ou plus grand que celui d’un autre individu ; mais je soupçonne que la nature a posé des limites à celui de toute portion considérable de l’espèce humaine, au-delà desquelles il y a à peu près autant à perdre qu’à gagner.0.51724137931034490.48275862068965514
2380Le Mexique n’eut pas été plutôt réduit & pacifié, que Cortès forma le projet d’ajouter à ſa conquête la Californie. Le Mexique n’eut pas été plus tôt réduit et pacifié, que Cortez forma le projet d’ajouter à sa conquête la Californie. 0.68750.3125
2381Lui-même, il ſe chargea, en 1526 de l’expédition, mais elle ne fut pas heureuſe. Lui-même il se chargea, en 1526, de l’expédition ; mais elle ne fut pas heureuse. 0.50.5
2382Celles qui ſe ſuccédèrent rapidement, pendant deux ſiècles, eurent le même ſort, ſoit que les particuliers en ſupportâſſent les frais, ſoit qu’elles ſe fiſſent aux dépens du gouvernement ; & cette continuité de revers n’eſt pas inexplicable.Celles qui se succédèrent rapidement pendant deux siècles eurent le même sort, soit que les particuliers en supportassent les frais, soit qu’elles se fissent aux dépens du gouvernement ; et cette continuité de revers n’est pas inexplicable.0.416666666666666740.5833333333333333
2383L’uſage de lever les vues, les plans, les cartes des lieux qu’on parcouroit n’étoit pas alors fort commun. L’usage de lever les vues, les plans, les cartes des lieux qu’on parcourait, n’était pas alors fort commun. 0.57142857142857140.4285714285714286
2384Si quelque aventurier plus intelligent ou plus laborieux que ſes compagnons écrivoit une relation de ſon voyage, cet écrit étoit rarement placé dans les dépôts publics. Si quelque aventurier, plus intelligent ou plus laborieux que ses compagnons, écrivait une relation de son voyage, cet écrit était rarement placé dans les dépôts publics. 0.6250.375
2385L’y mettaiton, enseveli dans la poussière, il était oublié.
2386L’y mettoit-on ?
2387Enſeveli dans la pouſſière, il étoit oublié.
2388L’impreſſion auroit remédié à cet inconvénient, mais la crainte que les étrangers ne fuſſent inſtruits de ce qu’on croyoit important de leur cacher, faiſoit rejetter ce moyen de communication. L’impression aurait remédié à cet inconvénient, mais la crainte que les étrangers ne fussent instruits de ce qu’on croyait important de leur cacher faisait rejeter ce moyen de communication. 0.45454545454545460.5454545454545454
2389De cette manière, les peuples n’acquéroient aucune expérience. De cette manière les peuples n’acquéraient aucune expérience. 0.60.4
2390Les abſurdités ſe perpétuoient ; & les derniers entrepreneurs échouèrent par les mêmes fautes qui avoient empêché le ſuccès des premiers.Les absurdités se perpétuaient ; et les derniers entrepreneurs échouèrent par les mêmes fautes qui avaient empêché le succès des premiers.0.46666666666666670.5333333333333333
2391On avoit entiérement renoncé à l’acquiſition de la Californie, lorſque les Jéſuites demandèrent en 1697, qu’il leur fût permis de l’entreprendre. On avait entièrement renoncé à l’acquisition de la Californie, lorsque les jésuites demandèrent, en 1697, qu’il leur fût permis de l’entreprendre. 0.60.4
2392Dès qu’ils eurent obtenu le conſentement du gouvernement, ils commencèrent l’exécution du plan de légiſlation qu’ils avoient formé, d’après des notions exactes de la nature du ſol, du caractère des habitans, de l’influence du climat. Dès qu’ils eurent obtenu le consentement du gouvernement, ils commencèrent l’exécution du plan de législation qu’ils avaient formé d’après des notions exactes de la nature du sol, du caractère des habitans, de l’influence du climat. 0.69565217391304350.30434782608695654
2393Le fanatiſme ne guidoit point leurs pas. Le fanatisme ne guidait point leurs pas. 0.333333333333333260.6666666666666667
2394Ils arrivèrent chez les ſauvages qu’ils vouloient civiliſer, avec des curioſités qui puſſent les amuſer, des grains deſtinés à les nourrir, des vêtemens propres à leur plaire. Ils arrivèrent chez les sauvages, qu’ils voulaient civiliser, avec des curiosités qui pussent les amuser, des grains destinés à les nourrir, des vêtemens propres à leur plaire. 0.363636363636363650.6363636363636364
2395La haîne de ces peuples pour le nom Eſpagnol, ne tint pas contre ces démonſtrations de bienveillance. La haine de ces peuples pour le nom espagnol ne tint pas contre ces démonstrations de bienveillance. 0.55555555555555560.4444444444444444
2396Ils y répondirent autant que leur peu de sensibilité et leur inconstance le pouvaient permettre.
2397Ils y répondirent autant que leur peu de ſenſibilité & leur inconſtance le pouvoient permettre.
2398Ces vices furent vaincus en partie, par les religieux inſtituteurs qui ſuivoient leur projet avec la chaleur & l’opiniâtreté particulières à leur corps. Ces vices furent vaincus en partie par les religieux instituteurs, qui suivaient leur projet avec la chaleur et l’opiniâtreté particulières à leur corps. 0.71428571428571430.2857142857142857
2399Ils ſe firent charpentiers, maçons, tiſſerands, cultivateurs, & réuſſirent par ces moyens à donner la connoiſſance, & juſqu’à un certain point, le goût des premiers arts à ces peuples ſauvages. Ils se firent charpentiers, maçons, tisserands, cultivateurs, et réussirent par ces moyens à donner la connaissance et, jusqu’à un certain point, le goût des premiers arts à ces peuples sauvages. 0.50.5
2400On les a tous réunis ſucceſſivement. On les a tous réunis successivement. 0.333333333333333260.6666666666666667
2401En 1745 ils formaient quarante-trois villages, séparés par la stérilité du terrain et la disette d’eau.
2402En 1745, ils formoient quarante-trois villages, ſéparés par la ſtérilité du terrein & la diſette d’eau.
2403La ſubſiſtance de ces bourgades a pour baſe le bled & les légumes qu’on y cultive, les fruits & les animaux domeſtiques de l’Europe, qu’on travaille tous les jours à y multiplier. La subsistance de ces bourgades a pour base le blé et les légumes qu’on y cultive, les fruits et les animaux domestiques de l’Europe, qu’on travaille tous les jours à y multiplier. 0.57894736842105270.42105263157894735
2404Les Indiens ont chacun leur champ & la propriété de ce qu’ils récoltent : mais telle eſt leur peu de prévoyance, qu’ils diſſiperoient en un jour ce qu’ils auroient recueilli, ſi leur miſſionnaire ne s’en chargeoit pour le leur diſtribuer à propos. Les Indiens ont chacun leur champ et la propriété de ce qu’ils récoltent ; mais telle est leur peu de prévoyance, qu’ils dissiperaient en un jour ce qu’ils auraient recueilli, si leur missionnaire ne s’en chargeait pour le leur distribuer à propos. 0.50.5
2405Ils fabriquent déja quelques étoffes groſſières. Ils fabriquent déjà quelques étoffes grossières. 0.60.4
2406Ce qui peut leur manquer, eſt acheté avec les perles qu’ils pêchent dans le golfe, avec le vin, aſſez approchant de celui de Madère, qu’ils vendent à la Nouvelle-Eſpagne & aux galions, & dont l’expérience a appris qu’il étoit important de leur interdire l’uſage.Ce qui peut leur manquer est acheté avec les perles qu’ils pêchent dans le golfe, avec le vin, assez approchant de celui de Madère, qu’ils vendent à la NouvelleEspagne et aux galions, et dont l’expérience a appris qu’il était important de leur interdire l’usage.0.680.31999999999999995
2407Une douzaine de loix fort ſimples, ſuffiſent pour conduire cet état naiſſant. Une douzaine de lois fort simples suffisent pour conduire cet état naissant. 0.333333333333333260.6666666666666667
2408Le miſſionnaire choiſit pour les faire obſerver, l’homme le plus intelligent du village ; & celui-ci peut infliger le fouet & la priſon, les ſeuls châtimens que l’on connoiſſe.Le missionnaire choisit pour les faire observer l’homme le plus intelligent du village, et celui-ci peut infliger le fouet et la prison, les seuls châtimens que l’on connaisse.0.40.6
2409Trop de ſcènes cruelles & deſtructives ont juſqu’ici affligé nos regards, pour qu’il ne nous ſoit pas permis de les arrêter un moment ſur des travaux inſpirés par l’humanité & dirigés par la bienfaiſance. Trop de scènes cruelles et destructives ont jusqu’ici affligé nos regards pour qu’il ne nous soit pas permis de les arrêter un moment sur des travaux inspirés par l’humanité et dirigés par la bienfaisance. 0.45454545454545460.5454545454545454
2410Toutes les autres conquêtes ont été faites par les armes. Toutes les autres conquêtes ont été faites par les armes. 1.00.0
2411Nous n’avons vu que des hommes qui égorgeoient des hommes ou qui les chargeoient de chaînes. Nous n’avons vu que des hommes qui égorgeaient des hommes ou qui les chargeaient de chaînes. 0.42857142857142860.5714285714285714
2412Les contrées que nous avons parcourues ont été ſucceſſivement autant de théâtres de la perfidie, de la férocité, de la trahiſon, de l’avarice & de tous les crimes auxquels on eſt porté par la réunion & la violence des paſſions effrénées. Les contrées que nous avons parcourues ont été successivement autant de théâtres de la perfidie, de la férocité, de la trahison, de l’avarice, et de tous les crimes auxquels on est porté par la réunion et la violence des passions effrénées. 0.6315789473684210.368421052631579
2413Notre plume, ſans ceſſe trempée dans le ſang, n’a tracé que des lignes ſanglantes. Notre plume, sans cesse trempée dans le sang, n’a tracé que des lignes sanglantes. 0.416666666666666740.5833333333333333
2414La contrée où nous sommes entrés est la seule que la raison ait conquise.
2415Asseyonsnous, et respirons.
2416La contrée où nous ſommes entrés eſt la ſeule que la raiſon ait conquiſe.
2417Aſſeyons-nous & reſpirons.
2418Que le ſpectacle de l’innocence & de la paix diſſipe les idées lugubres dont nous avons été juſqu’à préſent obſédés, & ſoulage un moment notre ame des ſentimens douloureux qui l’ont ſi conſtamment oppreſſée, flétrie, déchirée. Que le spectacle de l’innocence et de la paix dissipe les idées lugubres dont nous avons été jusqu’à présent obsédés, et soulage un moment notre âme des sentimens douloureux qui l’ont si constamment oppressée, flétrie, déchirée. 0.36666666666666670.6333333333333333
2419Hélas !
2420La jouiſſance nouvelle que j’éprouve durera trop peu pour qu’elle me ſoit enviée. Hélas ! la jouissance nouvelle que j’éprouve durera trop peu pour qu’elle me soit enviée. 0.55555555555555560.4444444444444444
2421Lecteurs, bientôt ces grandes cataſtrophes qui bouleverſent ce globe & dont la peinture vous plaît, par les ſecouſſes violentes que vous en recevez, & par les larmes moitié délicieuſes, moitié amères qu’elles arrachent de vos yeux ſouilleront la ſuite de ces déplorables annales. Lecteurs, bientôt ces grandes catastrophes qui bouleversent ce globe, et dont la peinture vous plaît par les secousses violentes que vous en recevez, et par les larmes moitié délicieuses, moitié amères, qu’elles arrachent de vos yeux, souilleront la suite de ces déplorables annales. 0.57142857142857140.4285714285714286
2422Etes-vous méchant ? Êtes-vous méchans ? 0.333333333333333260.6666666666666667
2423êtesvous bons ? êtes-vous bons ? 1.00.0
2424Si vous étiez bons, vous vous refuſeriez, ce me ſemble, au récit des calamités ; ſi vous étiez méchans, vous l’entendriez ſans pleurer. Si vous étiez bons, vous vous refuseriez, ce me semble, au récit des calamités ; si vous étiez méchans, vous l’entendriez sans pleurer. 0.53846153846153840.46153846153846156
2425Cependant vous pleurez. Cependant vous pleurez. 1.00.0
2426Vous voulez être heureux, & c’eſt du malheur qu’il faut vous entretenir pour vous intéreſſer. Vous voulez être heureux, et c’est du malheur qu’il faut vous entretenir pour vous intéresser. 0.63636363636363640.36363636363636365
2427Je crois en entrevoir la raiſon. Je crois en entrevoir la raison. 0.50.5
2428Les peines des autres vous conſolent des vôtres, & l’eſtime de vous-même s’accroît par la compaſſion que vous leur accordez.Les peines des autres vous consolent des vôtres, et l’estime de vous-mêmes s’accroît par la compassion que vous leur accordez.0.333333333333333260.6666666666666667
2429Il n’y a dans toute la Californie que deux garniſons de trente hommes chacune, & un ſoldat auprès de chaque miſſionnaire. Il n’y a dans toute la Californie que deux garnisons de trente hommes chacune, et un soldat auprès de chaque missionnaire. 0.45454545454545460.5454545454545454
2430Ces troupes étoient choiſies par les légiſlateurs & à leurs ordres, quoique payées par le gouvernement. Ces troupes étaient choisies par les législateurs et à leurs ordres, quoique payées par le gouvernement. 0.45454545454545460.5454545454545454
2431La cour de Madrid n’avoit pas vu d’inconvénient à laiſſer ces foibles moyens à des prêtres qui avoient acquis ſa confiance, & on l’avoit bien convaincue que c’étoit le ſeul expédient qui pût préſerver ſes nouvelles conquêtes d’une oppreſſion entiérement deſtructive.La cour de Madrid n’avait pas vu d’inconvénient à laisser ces faibles moyens à des prêtres qui avaient acquis sa confiance, et on l’avait bien convaincue que c’était le seul expédient qui pût préserver ses nouvelles conquêtes d’une oppression entièrement destructive.0.44117647058823530.5588235294117647
2432Tel étoit l’état des choſes, lorſqu’en 1767 la cour de Madrid chaſſa de la Californie les Jéſuites, comme elle les expulſoit de ſes autres provinces.
2433Ces miſſionnaires avoient formé le projet de pouſſer leurs travaux ſur les deux rives de la mer juſqu’à la chaîne de montagnes qui lie la Californie à la Nouvelle-Eſpagne. Tel était l’état des choses lorsque la cour de Madrid chassa de la Californie, comme de ses autres possessions, les jésuites qui avaient formé le projet de pousser leurs travaux sur les deux rives de la mer jusqu’à la chaîne de montagnes qui lie la péninsule au Mexique. 0.32142857142857140.6785714285714286
2434Le ministère espagnol a-t-il adopté ce beau plan ?
2435qui le sait ?
2436Réussira-t-il à l’exécuter ?
2437qui peut le prévoir ?
2438Ce qui est connu, c’est que les religieux instituteurs n’eurent pas été plus tôt solennellement proscrits, qu’ils furent accusés dans l’un et l’autre hémisphère d’avoir fait partout un abus énorme de l’autorité qu’ils avaient usurpée.
2439On leur reprocha en particulier d’avoir décrié la Californie pour détourner le gouvernement de songer jamais à la prendre sous sa juridiction immédiate.
2440Le plus grand de leurs crimes fut d’avoir caché que le pays était rempli de métaux précieux.
2441Aucune expérience n’a encore prouvé qu’il y ait en effet des mines.
2442Mais la démonstration en eûtelle été acquise, quel est l’homme de bien qui ne pensât que les missionnaires avaient rempli un devoir sacré en n’immolant pas à des richesses fictives des nations qui se reposaient sur eux de leur destinée ?
2443Quoi qu’il en soit, la Californie sert de lieu de relâche aux vaisseaux qui vont des Philippines au Mexique.
2444Ils vouloient élever l’empire dont ils multiplioient les ſujets à un degré de puiſſance qui lui permît de voir d’un œil tranquille la navigation des Ruſſes & la découverte du paſſage que les Anglois cherchent depuis ſi long-tems au Nord-Oueſt.
2445Loin d’avoir abandonné ces grands projets, le miniſtère Eſpagnol leur a donné, dit-on plus d’étendue.
2446Les deux mondes ne doivent pas même tarder à les voir exécutés, à moins que des événemens imprévus n’y oppoſent des obſtacles inſurmontables.
2447En attendant que ces vaſtes ſpéculations ſoient ou détruites ou réaliſées, la Californie ſert de lieu de relâche aux vaiſſeaux qui vont des Philippines au Mexique.
2448Le cap Saint-Lucas, ſitué à l’extrémité méridionale de la péninſule eſt le lieu où ils s’arrêtent. Le cap Saint-Lucas, situé à l’extrémité méridionale de la péninsule, est le lieu où ils s’arrêtent. 0.61538461538461540.3846153846153846
2449Ils y trouvent un bon port, des rafraîchiſſemens & des ſignaux qui les avertiſſent s’il a paru quelque ennemi dans ces parages les plus dangereux pour eux. Ils y trouvent un bon port, des rafraîchissemens et des signaux qui les avertissent s’il a paru quelque ennemi dans ces parages, les plus dangereux pour eux. 0.57142857142857140.4285714285714286
2450Ce fut en 1734 que le galion y aborda pour la première fois. Ce fut en 1734 que le galion y aborda pour la première fois. 1.00.0
2451Ses ordres & ſes beſoins l’y ont toujours amené depuis.Ses ordre et ses besoins l’y ont toujours amené depuis.0.3750.625
2452Le ſyſtême adopté par tous les gouvernemens de l’Europe, de tenir les colonies dans la dépendance la plus abſolue de la métropole, a toujours rendu ſuſpectes à beaucoup de politiques Eſpagnols les liaiſons du Mexique avec l’Aſie. Le système adopté par tous les gouvernemens de l’Europe, de tenir les colonies dans la dependance la plus absolue de la métropole, a toujours rendu suspectes à beaucoup de politiques espagnols les liaisons du Mexique avec l’Asie. 0.45454545454545460.5454545454545454
2453Combien les maximes d’Alberoni étaient différentes !
2454Cet homme, né de lui-même, était parvenu, par des événemens presque romanesques, à mettre la cour de Madrid dans sa dépendance.
2455Soit inquiétude naturelle, soit sentiment de ses forces, il voulut redonner aux conseils qu’il dirigeait l’influence dans les affaires générales qu’ils avaient perdue depuis plus d’un siècle.
2456Le souverain, le ministère, la nation, tout se prêta à cette illusion ou à cet espoir.
2457Les ressorts de l’état furent remontés.
2458Une machine, qu’on croyait généralement usée, reprit ses fonctions ; peut-être même ses mouvemens furent-ils trop rapides.
2459Cette impulsion intérieure fut secondée au-dehors par des intrigues compliquées, et cependant vivement conduites.
2460Les meilleurs esprits se remplirent d’incertitude et de défiance.
2461On vit se brouiller les puissances liées de temps immémorial par des intérêts communs ; les puissances divisées par des haines éternelles se rapprochèrent.
2462L’activité, l’audace, l’ambition du seul Alberoni assemblaient ces nuages, qui menaçaient nos régions d’un bouleversement universel, des plus étonnantes révolutions.
2463L’ancien monde ne suffisait pas aux magnifiques spéculations d’un homme qui avançait toujours tant qu’il voyait quelque chose au-delà de ce qu’il avait vu.
2464Le nouveau entra pour beaucoup dans ses immenses combinaisons.
2465Loin de penser qu’il fallût borner les relations de la nouvelle Espagne avec les Philippines, il voulait donner à cette liberté une extension illimitée.
2466Loin de penſer comme eux, Alberoni vouloit donner à cette liberté une extenſion illimitée.
2467Il lui paroiſſoit trèsſage de faire habiller les deux Amériques par les Indes. Il lui paraissait très-sage de faire habiller les deux Amériques par les Indes. 0.50.5
2468Les colons, diſoit-il, ſeroient vêtus plus agréablement, à meilleur marché, d’une manière plus analogue au climat. Les colons, disait-il, seraient vêtus plus agréablement, à meilleur marché, d’une manière plus analogue au climat. 0.76923076923076930.23076923076923073
2469Les guerres de l’Europe ne les expoſeroient pas à manquer ſouvent des choſes les plus néceſſaires. Les guerres de l’Europe ne les exposeraient pas à manquer souvent des choses les plus nécessaires. 0.363636363636363650.6363636363636364
2470Ils ſeroient plus riches, plus affectionnés à la patrie principale, plus en état de ſe défendre contre les ennemis qu’elle leur attire. Ils seraient plus riches, plus affectionnés à la patrie principale, plus en état de se défendre contre les ennemis qu’elle leur attire. 0.83333333333333340.16666666666666663
2471Ces ennemis eux-mêmes ſeroient moins redoutables, parce qu’ils perdroient peu-à-peu les forces que l’approviſionnement du Mexique & du Pérou leur procure. Ces ennemis euxmêmes seraient moins redoutables, parce qu’ils perdraient peu à peu les forces que l’approvisionnement du Mexique et du Pérou leur procure. 0.53333333333333330.4666666666666667
2472Enfin l’Eſpagne, en percevant ſur les marchandiſes des Indes les mêmes droits qu’elle perçoit ſur celles que fourniſſent, ſes rivaux, ne perdroit aucune branche de ſes revenus. Enfin l’Espagne, en percevant sur les marchandises des Indes les mêmes droits qu’elle perçoit sur celles que fournissent ses rivaux, ne perdrait aucune branche de ses revenus. 0.47368421052631570.5263157894736843
2473Elle pourroit même, ſi ſes beſoins l’exigeoient, obtenir de ſes colonies des ſecours qu’elles n’ont actuellement ni la volonté, ni le pouvoir de lui fournir.Elle pourrait même, si ses besoins l’exigeaient, obtenir de ses colonies des secours qu’elles n’ont actuellement ni la volonté ni le pouvoir de lui fournir.0.50.5
2474Les vues du miniſtre hardi & entreprenant s’étendoient plus loin encore. Les vues du ministre hardi et entreprenant s’étendaient plus loin encore. 0.55555555555555560.4444444444444444
2475Il vouloit que la métropole elle-même formât des liaiſons immenſes avec l’Orient par la voie de ſes colonies d’Amérique. Il voulait que la Métropole elle-même formât des liaisons immenses avec l’Orient par la voie de ses colonies d’Amérique. 0.461538461538461560.5384615384615384
2476Selon lui, les Philippines, qui juſqu’alors avoient payé un tribut énorme à l’activité des nations Européennes ou Aſiatiques qui leur portoient des manufactures ou des productions, pouvoient les aller chercher ſur leurs propres vaiſſeaux & les obtenir de la première main. Selon lui, les Philippines, qui jusqu’alors avaient payé un tribut énorme à l’activité des nations européennes ou asiatiques qui leur portaient des manufactures ou des productions, pouvaient les aller chercher sur leurs propres vaisseaux et les obtenir de la première main. 0.58620689655172410.4137931034482759
2477En livrant la même quantité de métaux que leurs concurrens, les habitans de ces iſles acheteroient à meilleur marché, parce que ces métaux venant directement d’Amérique, auroient moins ſupporté de frais que ceux qu’il faut voiturer dans nos régions, avant de les faire paſſer aux Indes. En livrant la même quantité de métaux que leurs concurrens, les habitans de ces îles acheteraient à meilleur marché, parce que ces métaux, venant directement d’Amérique, auraient moins supporté de frais que ceux qu’il faut voiturer dans nos régions avant de les faire passer aux Indes. 0.66666666666666660.33333333333333337
2478Les marchandises embarquées à Manille arriveraient au Mexique ou au Pérou, où elles seraient chargées pour l’Europe.
2479Les marchandiſes embarquées à Manille arriveroient à Panama ſur une mer conſtamment tranquille, par une ligne trèsdroite & avec les mêmes vents.
2480Au moyen d’un canal très-court, ſollicité depuis longtems par le commerce, on feroit enſuite arriver aiſément les cargaiſons à l’embouchure du Chagre où elles ſeroient chargées pour l’Europe.
2481Alberoni s’attendoit bien que les puiſſances, dont cet arrangement bleſſeroit les intérêts & ruineroit l’induſtrie, chercheroient à le traverſer : mais il ſe croyoit en état de braver leur courroux dans les mers d’Europe, & il avoit déja donné ſes ordres, pour qu’on mît les côtes & les ports de la mer du Sud en état de ne rien craindre des eſcadres fatiguées qui pourroient les attaquer.Alberoni s’attendait bien que les puissances dont cet arrangement blesserait les intérêts et ruinerait l’industrie chercheraient à le traverser ; mais il se croyait en état de braver leur courroux dans les mers d’Europe, et il avait déjà donné ses ordres pour qu’on mît les côtes et les ports de la mer du Sud en état de ne rien craindre des escadres fatiguées qui pourraient les attaquer.0.47727272727272730.5227272727272727
2482Ces combinaiſons trouvèrent des approbateurs. Ces combinaisons trouvèrent des approbateurs. 0.50.5
2483Aux yeux des enthouſiaſtes d’Alberoni, & il y en avoit beaucoup, c’étoient les efforts ſublimes d’un puiſſant génie pour la proſpérité & pour la gloire de la monarchie qu’il reſſuſcitoit. Aux yeux des enthousiastes d’Alberoni, et il y en avait beaucoup, c’étaient les efforts sublimes d’un puissant génie pour la prospérité et pour la gloire de la monarchie qu’il ressuscitait. 0.409090909090909170.5909090909090908
2484D’autres, en plus grand nombre, ne virent dans ces projets ſi grands en apparence, que les délires d’une imagination déréglée qui s’exageroit les reſſources d’un état ruiné, & qui ſe promettoit de donner le commerce du monde entier à une nation réduite depuis deux ſiècles à l’impoſſibilité de faire le ſien. D’autres, en plus grand nombre, ne virent dans ces projets, si grands en apparence, que les délires d’une imagination déréglée qui s’exagerait les ressources d’un état ruiné, et qui se promettait de donner le commerce du monde entier à une nation réduite depuis deux siècles à l’impossibilité de faire le sien. 0.61111111111111120.38888888888888884
2485La diſgrace de cet homme extraordinaire calma la fermentation qu’il avoit excitée dans les deux mondes. La disgrâce de cet homme extraordinaire calma la fermentation qu’il avait excitée dans les deux mondes. 0.70.30000000000000004
2486Les liaiſons des Philippines avec le Mexique continuèrent ſur l’ancien pied, ainſi que celles que cette grande province entretenoit avec le Pérou par la mer du Sud.Les liaisons des Philippines avec le Mexique continuèrent sur l’ancien pied, ainsi que celles que cette grande province entretenait avec le Pérou par la mer du Sud.0.6250.375
2487Les côtes du Mexique ne reſſemblent pas à celles du Pérou, où le voiſinage & la hauteur des Cordelières font régner un printems éternel, des vents réguliers & doux. Les côtes du Mexique ne ressemblent pas à celles du Pérou, où le voisinage et la hauteur des Andes font régner un printemps éternel, des vents réguliers et doux. 0.57894736842105270.42105263157894735
2488Auſſitôt qu’on a paſſé la ligne à la hauteur de Panama, la libre communication de l’atmoſphère de l’Eſt à l’Oueſt n’étant plus interrompue par cette prodigieuſe chaîne de montagnes, le climat devient différent. Aussitôt qu’on a passé la ligne à la hauteur de Panama, la libre communication de l’atmosphère de l’est à l’ouest n’étant plus interrompue par cette prodigieuse chaîne de montagnes, le climat devient différent. 0.53846153846153840.46153846153846156
2489A la vérité, la navigation eſt facile & ſûre dans ces parages depuis le milieu d’octobre juſqu’à la fin de mai : mais, durant le reſte de l’année, les calmes & les orages y rendent alternativement la mer fâcheuſe & dangereuſe.A la vérité, la navigation est facile et sûre dans ces parages depuis le milieu d’octobre jusqu’à la fin de mai ; mais, durant le reste de l’année, les calmes et les orages y rendent alternativement la mer fâcheuse et dangereuse.0.60.4
2490La côte qui borde cet océan a ſix cens lieues. La côte qui borde cet océan a six cents lieues. 0.57142857142857140.4285714285714286
2491Autrefois, il ne ſortoit des rades que la nature y a formées, ni un bâtiment pour le commerce, ni un canot pour la pêche. Autrefois il ne sortait des rades que la nature y a formées ni un bâtiment pour le commerce, ni un canot pour la pêche. 0.70.30000000000000004
2492Cette inaction étoit bien en partie la ſuite de l’indolence des peuples : mais les funeſtes diſpoſitions faites par la cour de Madrid y avoient plus de part encore.Cette inaction était bien en partie la suite de l’indolence des peuples ; mais les funestes dispositions faites par la cour de Madrid y avaient plus de part encore.0.470588235294117640.5294117647058824
2493La communication, entre les empires des incas & de Montezuma devenus provinces Eſpagnoles, fut libre dans les premiers tems par la mer du Sud. La communication entre les empires des Incas et de Montézuma, devenus provinces espagnoles, fut libre dans les premiers temps par la mer du Sud. 0.71428571428571430.2857142857142857
2494On la borna quelque tems après à deux navires. On la borna quelque temps après à deux navires. 0.66666666666666660.33333333333333337
2495Elle fut abſolument prohibée en 1636. Elle fut absolument prohibée en 1636. 0.50.5
2496Des repréſentations preſſantes & réitérées déterminèrent à la rouvrir au bout d’un demi-ſiècle, mais avec des reſtrictions qui la rendoient nulle. Des représentations pressantes et réitérées déterminèrent à la rouvrir au bout d’un demi-siècle, mais avec des restrictions qui la rendaient nulle. 0.41176470588235290.5882352941176471
2497Ce n’eſt qu’en 1774, qu’il a été permis à l’Amérique Méridionale & Septentrionale de faire tous les échanges que leur intérêt mutuel pourroit comporter. Ce n’est qu’en 1774 qu’il a été permis à l’Amérique méridionale et septentrionale de faire tous les échanges que leur intérêt mutuel pourrait comporter. 0.81250.1875
2498Les différentes contrées de ces deux régions tireront, ſans doute, de grands avantages de ce nouvel ordre de choſes. Les différentes contrées de ces deux régions tireront sans doute de grands avantages de ce nouvel ordre de choses. 0.750.25
2499On peut prédire cependant qu’il ſera plus utile au pays de Guatimala qu’à tous les autres.On peut prédire cependant qu’il sera plus utile au pays de Guatimala qu’à tous les autres.0.8750.125
2500Cette audience domine ſur douze lieues à l’Oueſt, ſoixante à l’Eſt, cent au Nord, & trois cens au Sud. La juridiction de cette audience s’étend douze lieues à l’ouest, soixante à l’est, cent au nord, et trois cents au sud. 0.31250.6875
2501Sur ce vaste espace se trouvent, comme dans le reste du Mexique, des montagnes, des volcans, des lacs, des déserts, des rivières alternativement débordées et sans eau, des contrées salubres et malsaines, d’innombrables troupeaux, des mines, des tyrans et des esclaves, l’extrême misère à côté de la plus scandaleuse opulence, l’indolence avec tous les genres de corruption.
2502Mais ce département a sur ceux de Mexico et de Guadalaxara quelques avantages.
2503Il récolte un blé supérieur au leur.
2504Ce n’est que sur son territoire que croît l’indigo.
2505Son cacao de Soconusco est le plus parfait que l’on connaisse.
2506Aussi n’en permet-on l’exportation que pour l’approvisionnement du souverain.
2507Le peu qui peut s’en échapper en fraude est vendu le double de celui de Caraque même.
2508Sur la mer du Sud Guatimala possède plusieurs ports, dont celui de Sonsonate ou de la Trinité est le principal.
2509De ces diverses rades il peut expédier des bâtimens pour les parages de Guadalaxara.
2510C’est la région du globe la plus féconde en métaux.
2511A l’époque de la conquête, on parla de ces richesses avec l’enthousiasme que ne manquent guère d’exciter les objets nouveaux.
2512Une politique bien ou mal entendue défendit depuis de rien écrire sur la source de ces grands trésors ; et l’on n’en sait que ce que les premiers historiens en publièrent.
2513Ils seront mieux connus lorsque les côtes, dont la plupart des mines ne sont que peu éloignées, verront aborder un plus grand nombre de navigateurs.
2514En continuant leur route, les vaisseaux atteignent Acapulco, où se trouvent réunies toutes les étoffes, toutes les productions, toutes les voluptés de l’Asie.
2515Ils s’y chargent de la quantité de ces précieuses marchandises, dont ils peuvent espérer un débit avantageux.
2516Plus loin est la mer Vermeille, anciennement célèbre par l’abondante pêche des belles perles qui s’y fait, et de nos jours par les riches mines ouvertes sur ses rivages.
2517La Californie, qui forme ce golfe, quoique assez récemment sortie d’un état purement sauvage, a déjà quelques-uns des besoins des sociétés civilisées depuis long-temps ; et on lui connaît un superflu suffisant pour se procurer le nécessaire.
2518Ce que Guatimala a obtenu de son territoire, ce qu’il tient de ses échanges ne peut manquer de trouver un débouché avantageux à Panama, à Guayaquil, sur les côtes du Pérou ou du Chili, et jusque dans le Paraguay.
2519Les mers du nord n’offrent à Guatimala qu’un port de mer, et il est au golfe Dolcé.
2520C’est là, et là seulement, que l’or, que l’argent, que l’indigo destinés pour notre continent sont portés à dos de mulet, et déposés à Saint-Thomas, bourgade située à soixante lieues de la ville.
2521Tant de richesses sont échangées dans cet entrepôt contre les marchandises arrivées d’Europe dans les mois de juillet et d’août.
2522Ce marché est aussi le point de communication d’une partie du Mexique avec les autres possessions espagnoles de l’Amérique septentrionale.
2523Le lieu est entièrement ouvert, quoiqu’il eût été facile de le mettre à l’abri de toute insulte.
2524On le pouvait d’autant plus aisément, que son entrée est rétrécie par deux rochers élevés qui s’avancent des deux côtes, à la portée du canon.
2525Il est vraisemblable que l’Espagne ne changera de conduite que lorsqu’elle aura été punie de sa négligence.
2526Rien, dit-on, ne serait plus facile.
2527Les vaisseaux qui formeraient cette entreprise resteraient en sûreté dans la rade.
2528Mille ou douze cents hommes débarqués à Saint-Thomas traverseraient quinze lieues de montagnes, où ils trouveraient des chemins commodes et des subsistances.
2529Le reste de la route se ferait à travers des plaines peuplées et abondantes.
2530On arriverait à Guatimala, qui n’a ni fortifications ni troupes.
2531Ses quarante mille Indiens, nègres, métis, espagnols, qui n’ont jamais vu d’épée, seraient incapables de la moindre résistance.
2532Ils livreraient à l’ennemi, pour sauver leur vie, les richesses qu’ils accumulent depuis trois siècles, et la contribution serait au moins de trente millions.
2533Les aventuriers regagneraient leurs bâtimens avec le butin, et, s’ils le voulaient, avec des otages qui assureraient la tranquillité de leur retraite.
2534Sept ou huit provinces forment cette grande juriſdiction.
2535Celle de Coſta-Ricca eſt très-peu peuplée, très-peu cultivée & n’offre guère que des troupeaux.
2536Une grande partie des anciens habitans s’y ſont juſqu’ici refuſés au joug.
2537Six mois d’une pluie qui tombe en torrens & ſix mois d’une ſéchereſſe dévorante affligent Nicaragua réguliérement chaque année.
2538Ce ſont les hommes les plus efféminés de la Nouvelle-Eſpagne quoique des moins riches.
2539Les Caſtillans n’exercèrent nulle part plus de cruautés qu’à Honduras.
2540Ils en firent un déſert.
2541Auſſi n’en tire-t-on qu’un peu de caſſe & quelque ſalſe-pareille.
2542Vera-Paz étoit en poſſeſſion de fournir à l’ancien Mexique les plumages éclatans dont on compoſoit ces tableaux ſi long-tems vantés.
2543La province a perdu toute ſon importance, depuis que ce genre d’induſtrie a été abandonné.
2544Soconuſco n’eſt connu que par la perfection de ſon cacao.
2545La plus grande partie de ce fruit ſert à l’Amérique même.
2546Les deux cens quintaux qu’on en porte en Europe appartiennent au gouvernement.
2547S’il y en a plus que la cour ne peut conſommer, on le vend au public le double de ce que coûte celui de Caraque.
2548Quoiqu’au centre du Mexique, Chiapa formoit un état indépendant de cet empire à l’arrivée des Eſpagnols : mais ce canton plia auſſi devant des armes que rien n’arrêtoit.
2549Il y eut là peu de ſang répandu, & les Indiens y ſont encore plus nombreux qu’ailleurs.
2550Comme la province n’eſt abondante qu’en grains, en fruits, en pâturages, peu des conquérans s’y fixèrent ; & c’eſt peut-être pour cela que l’homme y eſt moins dégradé, moins abruti que dans les contrées remplies de mines ou avantageuſement ſituées pour le commerce.
2551Les origènes montrent de l’intelligence, ont quelque aptitude pour les arts, & parlent une langue qui a de la douceur, même une ſorte d’élégance.
2552Ces qualités ſont ſur-tout remarquables à Chiapa de losIndios, ville aſſez importante où leurs familles les plus conſidérables ſe ſont réfugiées, qu’ils occupent ſeuls, & où ils jouiſſent de grands privilèges.
2553Sur la rivière qui baigne ſes murs s’exercent habituellement l’adreſſe & le courage de ces hommes moins opprimés que leurs voiſins.
2554Avec des bateaux, ils forment des armées navales.
2555Ils combattent entre eux, ils s’attaquent & ils ſe défendent avec une agilité ſurprenante.
2556Ils bâtiſſent des châteaux de bois qu’ils couvrent de toile peinte & qu’ils aſſiègent.
2557Ils n’excellent pas moins à la courſe des taureaux, au jeu des cannes, à la danſe, à tous les exercices de corps.
2558Combien ces détails feront regretter que les Indiens ſoient tombés au pouvoir d’un vainqueur qui a reſſerré les liens de leur ſervitude au lieu de les relâcher.
2559La province de Guatimala a, comme les autres provinces de ſa dépendance, des troupeaux, des mines, du bled, du maïs, du ſucre, du coton : mais aucune ne partage avec elle l’avantage de cultiver l’indigo.
2560C’eſt ſur ſon territoire qu’eſt placée une ville de ſon nom, où ſont réunis les adminiſtrateurs & les tribunaux néceſſaires au gouvernement d’un ſi grand pays.
2561Cette cité célèbre fut, bien ou mal-àpropos bâtie, dans une vallée large d’environ trois milles, & bornée par deux montagnes aſſez élevées. La célèbre et importante cité qui reste ainsi exposée au pillage fut, bien ou mal à propos, originairement bâtie dans une vallée large d’environ trois milles, et bornée par deux montagnes assez élevées. 0.550.44999999999999996
2562De celle qui eſt au Sud coulent des ruiſſeaux & des fontaines qui procurent aux villages ſitués ſur la pente, une fraîcheur délicieuſe, & y entretiennent perpétuellement des fleurs & des fruits. De celle qui est au sud coulent des ruisseaux et des fontaines qui procurent aux villages situés sur la pente une fraîcheur délicieuse, et y entretiennent perpétuellement des fleurs et des fruits. 0.57894736842105270.42105263157894735
2563L’aſpect de la montagne qui eſt au Nord eſt effroyable. L’aspect de la montagne qui est au nord est effroyable. 0.50.5
2564Il n’y paroît jamais de verdure. Il n’y paraît jamais de verdure. 0.60.4
2565On n’y voit que des cendres, des pierres calcinées. On n’y voit que des cendres, des pierres calcinées. 1.00.0
2566Une eſpèce de tonnerre, que les habitans attribuent au bouillonnement des métaux mis en fuſion dans les cavernes de la terre, s’y fait entendre continuellement. Une espèce de tonnerre, que les habitans attribuent au bouillonnement des métaux mis en fusion dans les cavernes de la terre, s’y fait entendre continuellement. 0.73333333333333330.2666666666666667
2567Il ſort de ces fourneaux intérieurs des flammes, des torrens de ſouffre qui rempliſſent l’air d’une infection horrible. Il sort de ces fourneaux intérieurs des flammes, des torrens de soufre qui remplissent l’air d’une infection horrible. 0.57142857142857140.4285714285714286
2568Guatimala, selon une expression très-usitée, est situé entre le paradis et l’enfer.
2569Des tremblemens de terre lui causèrent de grands dommages à des époques plus ou moins reculées.
2570Celui de 1772 ne lui laissa que des ruines.
2571Guatimala, ſelon une expreſſion très-uſitée, eſt ſitué entre le paradis & l’enfer.
2572Les objets que demande le Pérou ſont expédiés de cette capitale par la mer du Sud.
2573L’or, l’argent, l’indigo deſtinés pour notre continent, ſont portés, à dos de mulet, au bourg Saint-Thomas, ſitué à ſoixante lieues de la ville dans le fond d’un lac très-profond qui ſe perd dans le golfe de Honduras.
2574Tant de richeſſes ſont échangées dans cet entrepôt contre les marchandiſes arrivées d’Europe dans les mois de juillet ou d’août.
2575Ce marché eſt entiérement ouvert, quoiqu’il eût été facile de le mettre à l’abri de toute inſulte.
2576On le pouvoit d’autant plus aiſément, que ſon entrée eſt retrécie par deux rochers élevés qui s’avancent des deux côtés à la portée du canon.
2577Il eſt vraiſemblable que l’Eſpagne ne changera de conduite que lorſqu’elle aura été punie de ſa négligence.
2578Rien ne ſeroit plus aiſé.
2579Les vaiſſeaux qui entreprendroient cette expédition reſteroient en ſûreté dans la rade.
2580Mille ou douze cens hommes débarqués à Saint-Thomas, traverſeroient quinze lieues de montagnes où ils trouveroient des chemins commodes & des ſubſiſtances.
2581Le reſte de la route ſe feroit à travers des plaines peuplées & abondantes.
2582On arriveroit à Guatimala, qui n’a pas un ſoldat, ni la moindre fortification.
2583Ses quarante mille ames, Indiens, nègres, métis, Eſpagnols, qui n’ont jamais vu d’épée, ſeroient incapables de la moindre réſiſtance.
2584Ils livreroient à l’ennemi, pour ſauver leur vie, les richeſſes qu’ils accumulent depuis trois ſiècles ; & la contribution ſeroit au moins de trente millions.
2585Les troupes regagneroient leurs bâtimens avec ce butin ; & ſi elles le vouloient avec des ôtages qui aſſureroient la tranquillité de leur retraite.
2586Le danger n’eſt plus malheureuſement le même.
2587Un affreux tremblement à détruit Guatimala de fond en comble en 1772.
2588Cette ville, une des plus riches de l’Amérique, n’offre plus que des ruines.
2589Elle renaîtroit bientôt dans d’autres contrées : car, que ne peuvent point les nations actives & induſtrieuſes ? La ville renaîtrait bientôt dans d’autres contrées ; car que ne peuvent point les nations actives et industrieuses ! 0.50.5
2590Par elles des régions qu’on croyoit inhabitables ſont peuplées. Par elles des régions qu’on croyait inhabitables sont peuplées. 0.57142857142857140.4285714285714286
2591Les terres les plus ingrates ſont fécondées. Les terres les plus ingrates sont fécondées. 0.750.25
2592Les eaux ſont repouſſées, & la fertilité s’élève ſur le limon. Les eaux sont repoussées, et la fertilité s’élève sur le limon. 0.50.5
2593Les marais portent des maiſons. Les marais portent des maisons. 0.50.5
2594A travers des monts entr’ouverts, l’homme ſe fait des chemins. A travers des monts entr’ouverts l’homme se fait des chemins. 0.83333333333333340.16666666666666663
2595Il ſépare à ſon gré ou lie les rochers par des ponts qui reſtent comme ſuſpendus ſur la profondeur obſcure de l’abîme, au fond duquel le torrent courroucé ſemble murmurer de ſon audace. Il sépare ou lie à son gré les rochers par des ponts qui restent comme suspendus sur la profondeur obscure de l’abîme, au fond duquel le torrent courroucé semble murmurer de son audace. 0.54545454545454540.4545454545454546
2596Il oppoſe des digues à la mer & dort tranquillement dans le domicile qu’il a fondé au-deſſous des flots. Il oppose des digues à la mer, et dort tranquillement dans le domicile qu’il a fondé au-dessous des flots. 0.69230769230769230.3076923076923077
2597Il assemble quelques planches sur lesquels il s’assied ; il dit aux vents de le porter aux extrémités du globe, et les vents lui obéissent.
2598Il aſſemble quelques planches ſur leſquelles il s’aſſied ; il dit aux vents de le porter à l’extrémité du globe, & les vents lui obéiſſent.
2599Homme, quelquefois ſi puſillanime & ſi petit, que tu te montres grand, & dans tes projets, & dans tes œuvres ! Homme, quelquefois si pusillanime et si petit, que tu te montres grand, et dans tes projets et dans tes œuvres ! 0.70.30000000000000004
2600Avec deux foibles leviers de chair, aidés de ton intelligence, tu attaques la nature entière & tu la ſubjugues. Avec deux faibles leviers de chair, aidés de ton intelligence, tu attaques la nature entière, et tu la subjugues. 0.63636363636363640.36363636363636365
2601Tu affrontes les élémens conjurés, & tu les aſſervis. Tu affrontes les élémens conjurés, et tu les asservis. 0.60.4
2602Rien ne te réſiſte, ſi ton ame eſt tourmentée par l’amour ou le deſir de poſſéder une belle femme que tu haïras un jour ; par l’intérêt ou la fureur de remplir tes coffres d’une richeſſe qui te promette des jouiſſances que tu te refuſeras ; par la gloire ou l’ambition d’être loué par tes contemporains que tu mépriſes, ou d’une poſtérité que tu ne dois pas eſtimer davantage. Rien ne te résiste, si ton âme est tourmentée par l’amour ou le désir de posséder une belle femme que tu haïras un jour ; par l’intérêt ou la fureur pour remplir tes coffres d’une richesse qui te promette des jouissances que tu te refuseras ; par la gloire ou l’ambition d’être loué par tes contemporains que tu méprises, ou d’une postérité que tu ne dois pas estimer davantage ; si tu fais de grandes choses par ambition, tu n’en fais pas de moindres par ennui. 0.44444444444444440.5555555555555556
2603Tu ne connaissais qu’un monde, tu soupçonnas qu’il en était un autre.
2604Si tu fais de grandes choſes par paſſion, tu n’en fais pas de moindres par ennui.
2605Tu ne connoiſſois qu’un monde.
2606Tu ſoupçonnas qu’il en étoit un autre.
2607Tu l’allas chercher & tu le trouvas. Tu l’allas chercher, et le trouvas. 1.00.0
2608Je te ſuis pas à pas dans ce monde nouveau. Je te suis pas à pas dans ce monde nouveau. 0.750.25
2609Si la hardieſſe de tes entrepriſes m’en dérobe quelquefois l’atrocité, je ſuis toujours également confondu, ſoit que tes forfaits me glacent d’horreur, ſoit que tes vertus me tranſportent d’admiration.Si la hardiesse de tes entreprises m’en dérobe quelquefois l’atrocité, je suis toujours également confondu, soit que tes forfaits me glacent d’horreur, soit que tes vertus me transportent d’admiration.0.57894736842105270.42105263157894735
2610Tels étoient ces fiers Eſpagnols qui conquirent l’Amérique : mais le climat, une mauvaiſe adminiſtration, l’abondance de toutes choſes énervèrent leurs deſcendans. Tels étaient ces fiers Espagnols qui conquirent l’Amérique ; mais le climat, une mauvaise administration, l’abondance de toutes choses, énervèrent leurs descendans. 0.333333333333333260.6666666666666667
2611Tout ce qui portoit l’empreinte de la difficulté ſe trouva au-deſſus de leurs ames corrompues ; & leurs bras amollis ſe refuſèrent à tous les travaux. Tout ce qui portait l’empreinte de la difficulté se trouva au-dessus de leurs armes corrompues ; et leurs bras amollis se refusèrent à tous les travaux. 0.470588235294117640.5294117647058824
2612Durant ce long période, ce fut un engourdiſſement dont on voit peu d’exemples dans l’hiſtoire.
2613Comment une cité, engloutie par des volcans, ſeroit-elle alors ſortie de ces décombres ? Comment une cité engloutie par des volcans serait-elle alors sortie de ses décombres ? 0.50.5
2614Mais, depuis quelques années la nation ſe régénère. Mais depuis quelques années la nation se régénère. 0.60.4
2615Déja l’on a tracé le plan d’une autre ville, plus vaſte, plus commode, plus belle que celle qui exiſtoit : & elle ſera élevée à huit lieues de l’ancienne ſur une baſe plus ſolide. Déjà l’on a tracé le plan d’une autre ville plus vaste, plus belle, plus commode que celle qui existait, et elle est élevée à huit lieues de l’ancienne sur une base plus solide. 0.54545454545454540.4545454545454546
2616Déja la cour de Madrid, s’écartant de ſes meſures ordinairement trop lentes, a aſſigné les fonds néceſſaires pour la conſtruction des édifices publics. Déjà la cour de Madrid, s’écartant de ses mesures ordinairement trop lentes, a assigné les fonds nécessaires pour la construction des édifices publics. 0.50.5
2617Déja e s citoyens déchargés des tributs qui pouvoient ſervir de raiſon ou de prétexte à leur inaction, ſe prêtent aux vues du gouvernement. Déjà les citoyens, déchargés des tributs qui pouvaient servir de raison ou de prétexte à leur inaction, se prêtent aux mesures du gouvernement. 0.50.5
2618Un nouveau Guatimala embellira bientôt la Nouvelle-Eſpagne. Un nouveau Guatimala embellira bientôt la nouvelle Espagne.0.50.5
2619On s’est permis jusqu’ici de prononcer sur un peuple par la nature des habitations qu’il occupait.
2620Si ses maisons étaient sales, mal entretenues, grossièrement construites, on affirmait sans balancer qu’il gémissait dans la misère ou sous l’oppression.
2621Si avec des richesses il fermait les yeux sur les agrémens d’une demeure propre et commode, on l’accusait de stupidité.
2622S’il se passionnait pour des ornemens bizarres plus propres à empêcher le but des logemens qu’à les embellir, c’était de caprice ou d’extravagance qu’il était convaincu.
2623Cependant, si l’on nous jugeait d’après ces principes, en apparence si raisonnables, peut-être serions-nous jugés trop sévèrement.
2624Sous plusieurs points de vue la multitude est à peu de chose près ce que furent ses pères.
2625Les générations se sont plus ou moins rapidement remplacées sans que les usages journaliers aient suivi le cours des lumières .
2626L’habitude de voir, d’occuper, de respecter peut-être les monumens d’une barbarie héréditaire, a jeté un voile épais et obscur sur ce qu’ils avaient de plus dégoûtant.
2627Le siècle des arts a été trop indulgent pour beaucoup d’objets que des siècles d’ignorance lui avaient transmis.
2628Il fallait que l’eau, la terre, le feu ; que les élémens conjurés nous avertissent par leurs ravages que le temps de tout changer était arrivé.
2629Alors nous nous sommes réveillés ; alors nos facultés se sont développées ; alors nous avons senti nos forces ; alors notre génie a pris son essor ; alors des édifices dignes du roi de la nature se sont élevés sur de vieilles ruines ; alors enfin le mal est devenu la source du bien ; et cette heureuse révolution sera peut-être plus entière à Guatimala que partout ailleurs.
2630Dans la juridiction de cette ville se trouve le golfe de Honduras, auquel on accorde cent cinquante lieues de long sur quatre-vingt de large.
2631C’était, selon le témoignage de las Cazas, au temps de la conquête, une des contrées les plus peuplées du Nouveau-Monde.
2632Le fer, le feu, les mines, les rigueurs de l’esclavage ne tardèrent pas à rendre absolument déserte la partie qui tomba au pouvoir des Espagnols.
2633Ils n’y possèdent plus que trois ou quatre bourgades, le fort d’Omoa, avantageusement situé sur les bords de l’Océan, et la petite île de Rattan, qui a un assez bon port.
2634Les Mosquites sont toujours restés en possession de la côte orientale, qui s’étend depuis la rivière Saint-Jean jusqu’au cap de Honduras, et dans l’intérieur des terres, de l’espace qui se trouve entre une chaîne de montagnes et l’Océan.
2635L’air que ce peuple respire est sain et assez tempéré.
2636Si cette activité ſe ſoutient, ſi elle augmente, les Anglois ſeront vraiſemblablement chaſſés des établiſſemens qu’ils ont commencés entre le lac de Nicaragua & le cap Honduras.
2637Cette contrée occupe cent quatre-vingts lieues de côtes, & s’enfonce dans l’intérieur des terres juſqu’à des montagnes fort hautes, plus ou moins éloignées de l’océan.
2638Le climat de cette région eſt ſain & aſſez tempéré.
2639Le ſol en eſt communément uni, très-bien arroſé, &paroît propre à toutes les productions cultivées entre les tropiques. Son sol est communément uni, très-bien arrosé, et propre à toutes les productions cultivées entre les tropiques.0.57142857142857140.4285714285714286
2640Le gouvernement de ces sauvages est républicain.
2641Dans les guerres qu’ils ont à soutenir contre d’autres Américains ou contre les Espagnols, ils choisissent pour chefs les plus intrépides, les plus expérimentés de leurs soldats ; mais l’autorité qui leur a été confiée n’a de durée que celle des hostilités.
2642Toutes les traditions attestent que les Mosquites furent autrefois nombreux.
2643On n’y eſt pas expoſé à ces fréquentes ſéchereſſes, à ces terribles ouragans qui détruiſent ſi ſouvent, dans les iſles du Nouveau-Monde les eſpérances les mieux fondées.
2644Le pays eſt principalement habité par les Moſquites.
2645Ces Indiens furent autrefois nombreux : mais la petite-vérole a conſidérablement diminué leur population. Les guerres, la petite-vérole, et d’autres calamités ont extrêmement diminué leur population. 0.333333333333333260.6666666666666667
2646On ne penſe pas qu’actuellement leurs diverſes tribus puſſent mettre plus de neuf ou dix mille hommes ſous les armes.On ne pense pas qu’actuellement leurs diverses tribus puissent mettre plus de dix ou douze mille hommes sous les armes. 0.50.5
2647Cette force n’est que peu grossie par les Sambos, descendus des nègres de Guinée, qu’une violente tempête poussa autrefois sur ces parages.
2648Une nation, encore moins multipliée, eſt fixée aux environs du cap Gracias-àDios.
2649Ce ſont les Samboes deſcendus, diton, d’un navire de Guinée qui fit autrefois naufrage ſur ces parages.
2650Leur teint, leurs traits, leurs cheveux, leurs inclinations ne permettent guère de leur donner une autre origine.Leur teint, leurs traits, leurs cheveux, leurs inclinations ne permettent pas de leur donner une autre origine.0.8750.125
2651Les premiers aventuriers européens qui infestèrent les mers d’Amérique de leurs brigandages allaient quelquefois renouveler leur eau et leurs vivres chez les Mosquites.
2652L’accueil qu’ils en recevaient les décida à en embarquer avec eux quelques-uns des plus intrépides.
2653Une haine commune contre l’Espagnol, et le butin qu’on faisait sur lui, ne tardèrent pas à former entre eux des liaisons intimes.
2654Cependant aucun des hommes féroces que la mer avait vomis sur cet autre hémisphère n’avait songé à fixer son domicile dans une contrée où il pouvait se promettre une liberté entière.
2655Ce ne fut qu’en 1730 qu’un petit nombre d’Anglais s’y déterminèrent.
2656Les Anglois ſont les ſeuls Européens que leur cupidité ait fixés dans ces lieux ſauvages.
2657Leur premier établiſſement fut formé vers 1730, vingt-ſix lieues à l’Eſt du cap Honduras. Leur premier établissement fut formé vingt-six lieues à l’est du cap Honduras. 0.45454545454545460.5454545454545454
2658Sa poſition à l’extrémité de la côte & ſur la rivière Black, qui n’a que ſix pieds d’eau à ſon embouchure, retardera & empêchera peut-être toujours ſes progrès.Sa position sur la rivière Black, qui n’a que six à sept pieds d’eau à son embouchure, ne paraissait pas l’appeler à de très-grandes prospérités. 0.304347826086956540.6956521739130435
2659A cinquante lieues de ce poste est Gracias-a-Dios.
2660Ce fut près de ce promontoire fameux que les Anglais se placèrent sur un fleuve navigable, dont les bords sont fertiles.
2661A cinquante-quatre lieues de cette colonie eſt Gracias-à-Dios, dont la rade, formée par un bras de mer, eſt immenſe & aſſez ſûre.
2662C’eſt tout près de ce cap fameux que ſe ſont placés les Anglois ſur une rivière navigable & dont les bords ſont très-fertiles.
2663Soixante-dix lieues plus loin, cette nation entreprenante a trouvé à Blew-Field des plaines vaſtes & fécondes, un fleuve acceſſible, un port commode & un rocher qu’on rendroit aiſément inexpugnable.Soixante-dix lieues plus loin, ces hommes entreprenans trouvèrent à Blew-Fields des plaines vastes et fécondes, un port commode, et un rocher qu’il était facile de rendre imprenable.0.310344827586206850.6896551724137931
2664Les trois comptoirs n’occupaient en 1769 que deux cent six blancs, un nombre à peu près égal de mulâtres, et neuf cents esclaves.
2665Les trois comptoirs n’occupoient, en 1769, que deux cens ſix blancs, autant de mulâtres & neuf cens eſclaves.
2666Sans compter les mulets & quelques autres objets envoyés à la Jamaïque, ils expédièrent cette année, pour l’Europe, huit cens mille pieds de bois de Mahagoni, deux cens mille livres peſant de ſalſe-pareille & dix mille livres d’écailles de tortue. Ils expédièrent cette année pour l’Europe huit cent mille pieds de bois de mahagoni, deux cent mille livres pesant de salsepareille, et dix mille livres d’écaille de tortue. 0.380952380952380930.6190476190476191
2667Leurs autres produits, ainsi que les mulets qu’ils avaient élevés, passèrent à la Jamaïque.
2668Les bras se multiplièrent très-rapidement les années suivantes, et leur action fut tournée vers le sucre.
2669Les bras ont été multipliés depuis.
2670On a commencé à planter des cannes ; dont le premier ſucre s’eſt trouvé d’une qualité ſupérieure.
2671De bons obſervateurs affirment qu’une poſſeſſion tranquille du pays des Moſquites, vaudroit mieux un jour pour la Grande-Bretagne, que toutes les iſles qu’elle occupe actuellement dans les Indes Occidentales.Ce fut avec un tel succès que de bons observateurs ne craignirent pas d’affirmer que la possession tranquille du pays des Mosquites vaudrait mieux un jour pour la GrandeBretagne que toutes les îles qu’elle occupe actuellement dans les Indes occidentales.0.423076923076923130.5769230769230769
2672La nation ne paroît former aucun doute ſur ſon droit de propriété. Le cabinet de Saint-James ne paraissait former aucun doute sur son droit de propriété. 0.363636363636363650.6363636363636364
2673Jamais, disaient ses écrivains, l’Espagne ne subjugua les Mosquites, et jamais les Mosquites ne se soumirent à l’Espagne.
2674Jamais, diſent ſes écrivains, l’Eſpagne ne ſubjugua ces peuples, & jamais ces peuples ne ſe ſoumirent à l’Eſpagne.
2675Ils étoient indépendans, de droit & de fait, lorſqu’en 1670 leurs chefs ſe jettèrent d’eux-mêmes dans les bras de l’Angleterre, & reconnurent ſa ſouveraineté. Ils étaient indépendans de droit et de fait, lorsqu’en 1670 leurs chefs se jetèrent d’eux-mêmes dans les bras de l’Angleterre, et reconnurent sa souveraineté. 0.44444444444444440.5555555555555556
2676Cette soumission était si peu forcée, qu’elle fut renouvelée à plusieurs reprises.
2677Cette ſoumiſſion étoit ſi peu forcée qu’elle fut renouvellée à pluſieurs repriſes.
2678A leur ſollicitation, la cour de Londres envoya ſur leur territoire en 1741, un corps de troupes, que ſuivit bientôt une adminiſtration civile. A leur sollicitation la cour de Londres envoya sur leur territoire, en 1741 un corps de troupes que suivit bientôt une administration civile. 0.53333333333333330.4666666666666667
2679Si, après la pacification de 1763, on retira la milice & le magiſtrat, ſi l’on ruina les fortifications élevées pour la ſûreté des ſauvages & de leurs défenſeurs, ce fut par l’ignorance du miniſtère qui ſe laiſſa perſuader que le pays des Moſquites faiſoit partie de la baie de Honduras. Si, après la pacification de 1763, on retira la milice et le magistrat, si l’on ruina les fortifications élevées pour la sûreté des sauvages et de leurs défenseurs, ce fut par l’ignorance du ministère, qui se laissa persuader que le pays des Mosquites faisait partie de la baie de Honduras. 0.41176470588235290.5882352941176471
2680Cette erreur ayant été diſſipée, il a été formé de nouveau, dans ces contrées, un gouvernement régulier au commencement de 1776.Cette erreur ayant été dissipée, il fut formé de nouveau dans ces contrées un gouvernement régulier au commencement de 1776.0.70.30000000000000004
2681Les démêlés de l’Amérique septentrionale avec sa métropole amenèrent une rupture entre l’Espagne et l’Angleterre.
2682La cour de Madrid fit attaquer un établissement qui coupait ses possessions, ouvrait une porte facile au commerce interlope, et pouvait avec le temps acquérir une grande force.
2683Une colonie naissante ne pouvait opposer et n’opposa en effet qu’une faible résistance.
2684Les nations, occupées des grandes scènes qui à cette époque ensanglantaient le globe, aperçurent à peine cet événement ; mais il n’échappa pas aux yeux attentifs de l’homme de bien, pour qui rien de ce qui peut intéresser ses semblables n’est indifférent.
2685Il s’affligea de voir les Mosquites enchaînés ou massacrés.
2686Il s’affligea de voir ceux de ces malheureux qui avaient échappé au glaive ou à la servitude exposés à périr de misère dans les forêts.
2687Il s’affligea de voir des peuples entiers proscrits sur leur terre natale.
2688Il s’affligea de voir des champs nouvellement défrichés rentrer dans le néant où ils avaient langui depuis l’origine du monde.
2689Il s’affligea de voir étouffer au berceau de nombreuses générations qui pouvaient un jour prospérer sur ce sol fertile.
2690Enveloppée d’ennemis, la Grande-Bretagne se vit obligée d’acheter, en 1783, la paix par des sacrifices.
2691Un de ceux qu’on exigea le plus impérieusement fut une renonciation formelle à ses droits ou ses prétentions sur le district qu’elle avait occupé presqu’au centre du Mexique.
2692La cession fut-elle de bonne foi ?
2693Se promit-on intérieurement de recouvrer dans des circonstances plus heureuses ce qu’arrachait le malheur des temps ?
2694L’avenir résoudra peut-être ce problème.
2695Rarement les puissances se conduisent-elles par la raison ou par la justice.
2696On ne balanceroit pas à s’occuper de la diſcuſſion de ces grands intérêts, ſi les puiſſances ſe conduiſoient par la raiſon ou la juſtice : mais c’eſt la force & la convenance qui décident tout entre elles, bien qu’aucune d’elles n’ait eu juſqu’à préſent le front d’en convenir. C’est la force, c’est la convenance qui décident tout entre elles, bien qu’aucune d’elles n’ait eu jusqu’à présent le front d’en convenir. 0.32142857142857140.6785714285714286
2697Souverains, qu’eſt-ce que cette mauvaiſe honte qui vous arrête ? Souverains, qu’est-ce que cette mauvaise honte qui vous arrête ? 0.42857142857142860.5714285714285714
2698Puiſque l’équité n’eſt pour vous qu’un vain nom, déclarez-le. Puisque l’équité n’est pour vous qu’un vain nom, déclarez-le. 0.6250.375
2699A quoi ſervent ces traités qui ne garantiſſent point de paix, auxquels le plus foible eſt contraint d’accéder ; qui ne marquent dans l’un & dans l’autre des contractans que l’épuiſement des moyens de continuer la guerre, & qui ſont toujours enfreints ? A quoi servent ces traités, qui ne garantissent point de paix, auxquels le plus faible est contraint d’accéder, qui ne marquent dans l’un et dans l’autre des contractans que l’épuisement des moyens de continuer la guerre, et qui sont toujours enfreints ? 0.56521739130434780.4347826086956522
2700Ne ſignez que des ſuſpenſions d’armes, & n’en fixez point la durée. Ne signez que des suspensions d’armes, et n’en fixez point la durée. 0.55555555555555560.4444444444444444
2701Si vous avez résolu d’être injustes, cessez au moins d’être perfides.
2702Si vous avez réſolu d’être injuſtes, ceſſez au-moins d’être perfides.
2703La perfidie eſt ſi lâche, ſi odieuſe. La perfidie est si lâche, si odieuse ! 0.333333333333333260.6666666666666667
2704Ce vice ne convient pas à des potentats. Ce vice ne convient pas à des potentats. 1.00.0
2705Le renard ſous la peau du lion, le lion ſous la peau du renard ſont deux animaux également ridicules. Le renard sous la peau du lion, le lion sous la peau du renard, sont deux animaux également ridicules.0.750.25
2706Quelles que soient ou puissent devenir les dispositions des cours de Londres et de Madrid, celles des Mosquites ne sont pas douteuses.
2707On sait qu’en 1787, leurs guerriers, tous leurs guerriers sans exception, se rassemblèrent.
2708On sait que dans leur conférence ils jurèrent d’une voix unanime de ne jamais reconnaître les Espagnols pour maîtres, de n’en pas même souffrir un seul sur leur territoire.
2709On sait qu’ils jurèrent d’être éternellement fidèles à leur alliance avec la GrandeBretagne.
2710On sait qu’ils jurèrent de verser jusqu’à la dernière goutte de leur sang pour la défense des Anglais qui étaient encore parmi eux, ou qui viendraient s’y fixer un jour.
2711On sait que, pour n’être pas gênés dans leurs mouvemens, ils placèrent leurs femmes et leurs enfans dans des gorges et sur des montagnes inaccessibles.
2712On sait que ceux de leurs chefs qui avaient eu la faiblesse de recevoir des armes du gouvernement espagnol les renvoyèrent avec hauteur et indignation, résolus à ne se servir désormais que de celles qu’ils tiendraient d’une main amie.
2713L’Yucatan, situé entre les golfes de Honduras et de Campèche, s’avance en pointe à l’entrée des mers du Mexique, dont il est la partie la plus méridionale.
2714Mais, au lieu de parler à des ſourds qu’on ne convainc de rien & qu’on peut irriter, diſons quelque choſe des baies de Honduras, de Campêche, & de la péninſule d’Yucatan qui les ſépare.
2715Cette péninſule a cent lieues de long ſur vingt & vingt-cinq de large. On lui donne cent lieues de long sur vingt et vingt-cinq de large. 0.57142857142857140.4285714285714286
2716Tout paraît indiquer que l’Océan couvrait il n’y a pas long-temps la péninsule entière.
2717Ses terres basses sont encore partout couvertes de mangliers, partout submergées.
2718Il faut beaucoup s’éloigner des côtes pour trouver un sol qui ne soit inondé que dans la saison des pluies.
2719Herréra assure que, lorsque le pays fut découvert en 1517, les hommes y portaient des miroirs d’une pierre brillante où ils se contemplaient sans cesse, tandis que les femmes ne se servaient pas de cet instrument si cher à la beauté.
2720C’est un fait trop bizarre pour être cru sur le témoignage d’un écrivain qui, quoique le plus exact, le moins crédule des historiens de sa nation, n’a pas été toujours assez en garde contre la passion que les premiers aventuriers de son pays avaient pour le merveilleux.
2721Comme l’Yucatan n’offrit aux dévastateurs du Nouveau-Monde aucun des riches métaux qu’on y allait chercher, ils le méprisèrent.
2722Le petit nombre d’entre eux que le sort y fixa ne tarda pas à contracter l’indolence des aborigènes.
2723L’oppresseur s’accoutuma à vivre, ainsi que les opprimés, de cacao et de maïs, auxquels il joignit la ressource facile et commode des troupeaux tirés de l’ancien hémisphère.
2724Pour payer son vêtement, qu’il ne voulait ou ne savait pas faire, il fit cultiver par les peuplades asservies le tabac, qui croissait sans soin dans le pays, et qui ne tarda pas à être naturalisé avec plus ou moins de succès sur le reste du globe ; il fit couper par les mêmes mains un bois de teinture connu dans tous les marchés sous le nom de bois de Campèche.
2725Le pays eſt entiérement uni.
2726On n’y voit, ni rivière, ni ruiſſeau : mais par-tout l’eau eſt ſi près de la terre, par-tout les coquillages ſont en ſi grande abondance, que ce grand eſpace a dû faire autrefois partie de la mer.
2727Les premiers Eſpagnols qui parurent ſur ces côtes y trouvèrent établi, au rapport d’Herrera, un uſage très-particulier.
2728Les hommes y portoient généralement des miroirs d’une pierre brillante, dans leſquels ils ſe contemploient ſans ceſſe, tandis que les femmes ne ſe ſervoient pas de cet inſtrument ſi cher à la beauté.
2729Si l’uſage continu que les femmes font du miroir dans nos contrées, ne montre que le deſir de plaire aux hommes, en ajoutant aux attraits qu’elles ont reçus de la nature, ce que l’art peut leur donner de piquant ; les hommes feroient à Yucatan les mêmes frais pour plaire aux femmes.
2730Mais c’eſt un fait ſi bizarre qu’on peut le rejetter en doute, à moins qu’on ne l’étaie d’un fait plus bizarre encore, c’eſt que les hommes ſe livrent à l’oiſiveté, tandis que les femmes ſont condamnées aux travaux.
2731Lorſque les fonctions propres aux deux ſexes ſeront perverties, je ne ſerai point étonné de trouver à l’un la frivolité de l’autre.
2732Yucatan, Honduras, Campêche n’offrirent pas aux dévaſtateurs du nouvel hémiſphère ces riches métaux qui leur faiſoient traverſer tant de mers.
2733Auſſi négligèrent-ils, mépriſèrent-ils ces contrées.
2734Peu d’entre eux s’y fixèrent ; & ceux que le ſort y jetta ne tardèrent pas à contracter l’indolence Indienne.
2735Aucun ne s’occupa du ſoin de faire naître des productions dignes d’être exportées.
2736Ainſi que les peuplades qu’on avoit détruites ou aſſervies, ils vivoient de cacao, de maïs auxquels ils avoient ajouté la reſſource facile & commode des troupeaux tirés de l’ancien monde.
2737Pour payer leur vêtement qu’ils ne vouloient pas ou ne ſavoient pas fabriquer eux-mêmes & quelques autres objets de médiocre valeur que leur fourniſſoit l’Europe, ils n’avoient proprement de reſſource qu’un bois de teinture connu dans tous les marchés ſous le nom de bois de Campêche.
2738L’arbre qui le fournit, aſſez élevé, a des feuilles alternes, compoſées de huit folioles taillées en cœur & diſpoſées ſur deux rangs le long d’une côte commune. L’arbre qui le fournit, assez élevé, a des feuilles alternes, composées de huit folioles taillées en cœur, et disposées sur deux rangs le long d’une côte commune. 0.68421052631578950.3157894736842105
2739Ses fleurs petites & rougeâtres ſont raſſemblées en épis aux extrémités des rameaux. Ses fleurs, petites et rougeâtres, sont rassemblées en épis aux extrémités des rameaux. 0.66666666666666660.33333333333333337
2740Elles ont chacune un calice d’une ſeule pièce, du fond duquel s’élèvent cinq pétales & dix étamines diſtinctes. Elles ont chacune un calice d’une seule pièce, du fond duquel s’élèvent cinq pétales et dix étamines distinctes. 0.70.30000000000000004
2741Le piſtil placé dans le centre devient une petite gouſſe ovale, applatie, partagée dans ſa longueur en deux ovales & remplies de deux ou trois ſemences. Le pistil, placé dans le centre, devient une petite gousse ovale, aplatie, partagée dans sa longueur en deux ovales, et remplies de deux ou trois semences. 0.50.5
2742La partie la plus intérieure du bois, d’abord rouge, devient noire quelque tems après que le bois a été abattu. La partie la plus intérieure du bois, d’abord rouge, devient noire quelque temps après que le bois a été abattu. 0.83333333333333340.16666666666666663
2743Il n’y a que le cœur de l’arbre qui donne le noir & le violet.Il n’y a que le cœur de l’arbre qui donne le noir et le violet.1.00.0
2744Le goût de ces couleurs qui étoit plus répandu, il y a deux ſiècles, qu’il ne l’eſt peut-être aujourd’hui, procura un débouché conſidérable à ce bois précieux. Le goût de ces couleurs, qui était plus répandu il y a deux siècles qu’il ne l’est peut-être aujourd’hui, procura un débouché considérable à ce bois précieux. 0.57894736842105270.42105263157894735
2745Ce fut au profit des Espagnols seuls jusqu’à l’établissement des Anglais à la Jamaïque.
2746Ce fut au profit des Eſpagnols ſeuls juſqu’à l’établiſſement des Anglois à la Jamaïque.
2747Dans la foule des corſaires qui ſortoient tous les jours de cette iſle devenue célèbre, pluſieurs allèrent croiſer dans les deux baies & ſur les côtes de la péninſule, pour intercepter les vaiſſeaux qui y naviguoient. Dans la foule des corsaires qui sortaient tous les jours de cette île devenue célèbre, plusieurs allèrent croiser dans les deux baies et sur les côtes de la péninsule pour intercepter les vaisseaux qui y naviguaient. 0.333333333333333260.6666666666666667
2748Ces brigands connoiſſoient ſi peu la valeur de leur chargement, que lorſqu’ils en trouvoient des barques remplies, ils n’emportoient que les ferremens. Ces brigands connaissaient si peu la valeur de leur chargement, que, lorsqu’ils en trouvaient des barques remplies, ils n’emportaient que les ferremens. 0.333333333333333260.6666666666666667
2749Un d’entre eux ayant enlevé un gros bâtiment qui ne portoit pas autre choſe, le conduiſit dans la Tamiſe avec le ſeul projet de l’armer en courſe ; & contre ſon attente, il vendit fort cher un bois dont il faiſoit ſi peu de cas, qu’il n’avoit ceſſé d’en brûler pendant ſon voyage. Un d’entre eux ayant enlevé un gros bâtiment qui ne portait pas autre chose, le conduisit dans la Tamise avec le seul projet de l’armer en course ; et, contre son attente, il vendit fort cher un bois dont il faisait si peu de cas, qu’il n’avait cessé d’en brûler pendant son voyage. 0.42857142857142860.5714285714285714
2750Depuis cette découverte, les corſaires qui n’étoient pas heureux à la mer, ne manquoient jamais de ſe rendre à la rivière de Champeton, où ils embarquoient les piles de bois qui ſe trouvoient toujours formées ſur le rivage.Depuis cette découverte, les corsaires qui n’étaient pas heureux à la mer ne manquaient jamais de se rendre à la rivière de Champeton, où ils embarquaient les piles de bois qui se trouvaient toujours formées sur le rivage.0.50.5
2751La paix de leur nation avec l’Eſpagne ayant mis des entraves à leurs violences, pluſieurs d’entre eux ſe livrèrent à la coupe du bois d’Inde. La paix de leur nation avec l’Espagne ayant mis des entraves à leurs violences, plusieurs d’entre eux se livrèrent à la coupe du bois d’Inde. 0.73333333333333330.2666666666666667
2752Le cap Catoche leur en fournit d’abord en abondance. Le cap Catoche leur en fournit d’abord en abondance. 1.00.0
2753Dès qu’ils le virent diminuer, ils allèrent s’établir entre Tabaſco & la rivière de Champeton, autour du lac Triſte, & dans l’iſle aux Bœufs qui en eſt fort proche. Dès qu’ils le virent diminuer, ils allèrent s’établir entre Tabasco et la rivière de Champeton, autour du lac Triste, et dans l’île aux Bœufs, qui en est fort proche. 0.650.35
2754En 1675, ils y étaient deux cent soixante.
2755En 1675 ils y étoient deux cens ſoixante.
2756Leur ardeur, d’adord extrême, ne tarda pas à ſe ralentir. Leur ardeur, d’abord extrême, ne tarda pas à se ralentir. 0.6250.375
2757L’habitude de l’oiſiveté reprit le deſſus. L’habitude de l’oisiveté reprit le dessus. 0.333333333333333260.6666666666666667
2758Comme ils étoient la plupart excellens tireurs, la chaſſe devint leur paſſion la plus forte ; & leur ancien goût pour le brigandage, fut réveillé par cet exercice. Comme ils étaient la plupart excellens tireurs, la chasse devint leur passion la plus forte, et leur ancien goût pour le brigandage fut réveillé par cet exercice. 0.60.4
2759Bientôt ils commencèrent à faire des courſes dans les bourgs Indiens, dont ils enlevoient les habitans. Bientôt ils commencèrent à faire des courses dans les bourgs indiens, dont ils enlevaient les habitans. 0.63636363636363640.36363636363636365
2760Les femmes étoient deſtinées à les ſervir, & on vendoit les hommes à la Jamaïque, ou dans d’autres iſles. Les femmes étaient destinées à les servir, et on vendait les hommes à la Jamaïque, ou dans d’autres îles. 0.333333333333333260.6666666666666667
2761L’Eſpagnol tiré de ſa léthargie par ces excès, les ſurprit au milieu de leurs débauches, & les enleva la plupart dans leurs cabanes. L’Espagnol, tiré de sa léthargie par ces excès, les surprit au milieu de leurs debauches, et les enleva la plupart dans leurs cabanes. 0.58333333333333340.41666666666666663
2762Ils furent conduits priſonniers à Mexico, où ils finirent leurs jours dans les travaux des mines.Ils furent conduits prisonniers à Mexico, où ils finirent leurs jours dans les travaux des mines.0.80.19999999999999996
2763Ceux qui avoient échappé, ſe réfugièrent dans le golfe de Honduras, où ils furent joints par des vagabonds de l’Amérique Septentrionale. Ceux qui avaient échappé se réfugièrent dans le golfe de Honduras, où ils furent joints par des vagabonds de l’Amérique septentrionale. 0.81818181818181820.18181818181818177
2764Ils parvinrent, avec le tems, à former un corps de quinze cens hommes. Ils parvinrent avec le temps à former un corps de quinze cents hommes. 0.55555555555555560.4444444444444444
2765L’indépendance, le libertinage, l’abondance où ils vivoient, leur rendoit agréable le pays marécageux qu’ils habitoient. L’indépendance, le libertinage, l’abondance où ils vivaient, leur rendaient agréable le pays marécageux qu’ils habitaient. 0.57142857142857140.4285714285714286
2766De bons retranchemens aſſuroient leur ſort & leurs ſubſiſtances ; & ils ſe bornoient aux occupations, que leurs malheureux compagnons gémiſſoient d’avoir négligées. De bons retranchemens assuraient leur sort et leurs subsistances, et ils se bornaient aux occupations que leurs malheureux compagnons gémissaient d’avoir négligées. 0.388888888888888840.6111111111111112
2767Seulement ils avoient la précaution de ne jamais entrer dans l’intérieur du pays pour couper du bois, ſans être bien armés.Seulement ils avaient la précaution de ne jamais entrer dans l’intérieur du pays pour couper du bois sans être bien armés.0.81818181818181820.18181818181818177
2768Leur travail fut ſuivi du plus grand ſuccès. Leur travail fut suivi du plus grand succès. 0.333333333333333260.6666666666666667
2769A la vérité, la marchandise diminua de valeur ; mais on se dédommageait par la quantité de ce qu’on perdait sur le prix.
2770A la vérité, la tonne qui s’étoit vendue juſqu’à neuf cens livres, étoit tombée inſenſiblement à une valeur médiocre : mais on ſe dédommageoit par la quantité de ce qu’on perdoit ſur le prix.
2771Les coupeurs livroient le fruit de leurs peines ; ſoit aux Jamaïcains qui leur portoient du vin de Madère, des liqueurs fortes, des toiles, des habits ; ſoit aux colonies Angloiſes du nord de l’Amérique, qui leur fourniſſoient leur nourriture. Les coupeurs livraient le fruit de leurs peines, soit aux Jamaïcains, qui leur portaient du vin de Madère, des liqueurs fortes, des toiles, des habits ; soit aux colonies anglaises du nord de l’Amérique, qui leur fournissaient leur nourriture. 0.60869565217391310.3913043478260869
2772Ce commerce toujours interlope, & qui fut l’objet de tant de déclamations, devint licite en 1763. Ce commerce, toujours interlope, et qui fut l’objet de tant de déclamations, devint licite en 1763. 1.00.0
2773On aſſura à la Grande-Bretagne la liberté de couper du bois, mais ſans pouvoir élever des fortifications, avec l’obligation même de détruire celles qui avoient été conſtruites. On assura à la Grande-Bretagne la liberté de couper du bois, mais sans pouvoir élever des fortifications, avec l’obligation même de détruire celles qui avaient été construites. 0.66666666666666660.33333333333333337
2774La cour de Madrid fit rarement des sacrifices aussi difficiles que celui d’établir au milieu de ses possessions une nation active, puissante, ambitieuse ; aussi chercha-t-elle, immédiatement après la paix, à rendre inutile une concession que des circonstances fâcheuses lui avaient arrachée.
2775La cour de Madrid fit rarement des ſacrifices auſſi difficiles que celui d’établir au milieu de ſes poſſeſſions une nation active, puiſſante, ambitieuſe.
2776Auſſi chercha-t-elle immédiatement après la paix, à rendre inutile une conceſſion que des circonſtances fâcheuſes lui avoient arrachée.
2777Le bois qui croît ſur le terrein ſec de Campêche eſt fort ſupérieur à celui qu’on coupe dans les marais de Honduras. Le bois qui croît sur le terrain sec de Campèche est fort supérieur à celui qu’on coupe dans les marais de Honduras. 0.52941176470588240.47058823529411764
2778Cependant le dernier était d’un usage beaucoup plus commun, parce que le prix du premier était excessif.
2779Cependant le dernier étoit d’un uſage beaucoup plus commun, parce que le prix du premier avoit depuis long-tems paſſé toutes les bornes.
2780Ce défaut de vente étoit une punition de l’aveuglement, de l’avidité du fiſc. Ce défaut de vente était une punition de l’aveuglement, de l’avidité du fisc. 0.55555555555555560.4444444444444444
2781Le miniſtère Eſpagnol comprit à la fin cette grande vérité. Le ministère espagnol comprit à la fin cette grande vérité. 0.55555555555555560.4444444444444444
2782Il déchargea ſa marchandiſe de tous les droits dont on l’avoit accablée, il la débarraſſa de toutes les entraves qui gênoient ſa circulation ; & alors elle eut un grand débit dans tous les marchés. Il déchargea sa marchandise de tous les droits dont on l’avait accablée ; il la débarrassa de toutes les entraves qui gênaient sa circulation ; et alors elle eut un grand débit dans tous les marchés. 0.470588235294117640.5294117647058824
2783Peu à peu les Anglais trouvèrent moins de débouchés.
2784Ils en perdront encore avec le temps, quoiqu’en les privant de leurs établissemens, la paix de 1783 les ait maintenus dans la coupe du bois depuis la rivière de Bellize ou Wally jusqu’à celle de RioHondo.
2785Bientôt les Anglois ne trouveront plus de débouché.
2786Sans avoir manqué à ſes engagemens, la cour de Madrid ſe verra délivrée d’une concurrence qui lui rendoit inutile la poſſeſſion de deux grandes provinces.
2787Quelquefois Cadix tire le bois directement du lieu de ſon origine ; plus ſouvent il eſt envoyé à la Vera-Crux, qui eſt le vrai point d’union du Mexique avec l’Eſpagne.Quelquefois Cadix tire le bois directement du lieu de son origine ; plus souvent il est envoyé à la Véra-Cruz, qui est le vrai point d’union du Mexique avec l’Espagne.0.6315789473684210.368421052631579
2788Vieja-Véra-Cruz servit d’abord d’entrepôt.
2789Vieja Vera-Crux ſervit d’abord d’entrepôt.
2790Cette ville, fondée par Cortès ſur la plage où il aborda d’abord, eſt placée ſur les bords d’une rivière qui manque d’eau une partie de l’année, mais qui dans la ſaiſon des pluies peut recevoir les plus grands vaiſſeaux. Cette ville, fondée par Cortez sur la plage où il aborda d’abord, est placée sur les bords d’une rivière qui manque d’eau une partie de l’année, mais qui dans la saison des pluies peut recevoir les plus grands vaisseaux. 0.680.31999999999999995
2791Le danger auquel ils étoient expoſés, dans une poſition où rien ne les défendoit contre la violence des vents ſi communs dans ces parages, fit chercher un abri plus ſûr, & on le trouva dix-huit milles plus bas ſur la même côte. Le danger auquel ils étaient exposés, dans une position où rien ne les défendait contre la violence des vents, si communs dans ces parages, fit chercher un abri plus sûr, et on le trouva dix-huit milles plus bas sur la même côte. 0.54166666666666660.45833333333333337
2792On y bâtit Vera-Crux Nueva, à ſoixantedouze lieues de la capitale de l’Empire.On y bâtit Véra-Cruz-Nueva, à soixante-douze lieues de la capitale de l’empire.0.50.5
2793Vera-Crux Nueva eſt ſituée ſous un ciel qu’un ſoleil brûlant & de fréquens orages rendent déſagréable & mal-ſain. Véra-Cruz-Nueva est située sous un ciel qu’un soleil brûlant et de fréquens orages rendent désagréable et malsain. 0.31578947368421050.6842105263157895
2794Des ſables arides la bornent au Nord & des marais infects à l’Oueſt. Des sables arides la bornent au nord, et des marais infects à l’ouest. 0.60.4
2795Tous les édifices y ſont en bois. Tous les édifices y sont en bois. 0.66666666666666660.33333333333333337
2796Elle n’a pour habitans qu’une garniſon médiocre, quelques agens du gouvernement, les navigateurs arrivés d’Europe & ce qu’il faut de commiſſionnaires pour recevoir & pour expédier les cargaiſons. Elle n’a pour habitans qu’une garnison médiocre, quelques agens du gouvernement, les navigateurs arrivés d’Europe, et ce qu’il faut de commissionnaires pour recevoir et pour expédier les cargaisons. 0.68421052631578950.3157894736842105
2797Son port eſt formé par la petite iſle de Saint-Jean d’Ulua. Son port est formé par la petite île de Saint-Jean-d’Ulua. 0.333333333333333260.6666666666666667
2798Il a l’inconvénient de ne pouvoir contenir que trente ou trente-cinq bâtimens, encore ne les met-il pas entiérement à l’abri des vents du Nord. Il a l’inconvénient de ne pouvoir contenir que trente ou trente-cinq bâtimens, encore ne les met-il pas entièrement à l’abri des vents du nord. 1.00.0
2799On n’y entre que par deux canaux ſi reſſerrés, qu’il n’y peut paſſer à la fois qu’un navire. On n’y entre que par deux canaux si resserrés, qu’il n’y peut passer à la fois qu’un navire. 0.54545454545454540.4545454545454546
2800Les approches même en ſont rendues extrêmement dangereuſes par un grand nombre de rochers à fleur d’eau. Les approches même en sont rendues extrêmement dangereuses par un grand nombre de rochers à fleur d’eau. 0.76923076923076930.23076923076923073
2801Les pilotes du pays croyoient généralement que des connoiſſances locales acquiſes par une expérience de pluſieurs années, pouvoient ſeules faire éviter tant d’écueils. Les pilotes du pays croyaient généralement que des connaissances locales acquises par une expérience de plusieurs années pouvaient seules faire éviter tant d’écueils. 0.449999999999999960.55
2802Des corſaires audacieux ayant ſurpris la place en 1712, on conſtruiſit ſur le rivage des tours, où des ſentinelles attentifs veillent continuellement à la ſûreté commune.Des corsaires audacieux ayant surpris la place en 1712, on construisit sur le rivage des tours, où des sentinelles attentives veillent continuellement à la sûreté commune.0.409090909090909170.5909090909090908
2803C’eſt dans cette mauvaiſe rade, la ſeule proprement qui ſoit dans le golfe, qu’arrivent les objets deſtinés pour l’approviſionnement du Mexique. C’est dans cette mauvaise rade, la seule proprement qui soit dans le golfe, qu’arrivent les objets destinés pour l’approvisionnement du Mexique. 0.3750.625
2804Les navires qui les y portent n’abordent pas ſucceſſivement. Les navires qui les y portent n’abordent pas successivement. 0.60.4
2805On les expédie de Cadix, en flotte, tous les deux, trois ou quatre ans, ſelon les beſoins & les circonſtances. On les expédie de Cadix en flotte tous les deux, trois ou quatre ans, selon les besoins et les circonstances. 0.50.5
2806Ce ſont communément douze à quatorze gros bâtimens marchands, eſcortés par deux vaiſſeaux de ligne, ou par un grand nombre ſi la tranquillité publique eſt troublée ou menacée. Ce sont communément douze à quatorze gros bâtimens marchands, escortés par deux vaisseaux de ligne, ou par un grand nombre, si la tranquillité publique est troublée ou menacée. 0.6315789473684210.368421052631579
2807Pour prévenir les dangers que les ouragans leur feroient courir à l’atterrage, ils partent d’Eſpagne dans les mois de février ou de mai & de juin, prennent dans leur marche des rafraîchiſſemens à Porto-Rico, & arrivent, après ſoixante-dix ou quatrevingts jours de navigation, à Vera-Crux, d’où leur chargement entier eſt porté à dos de mulet à Xalapa.Pour prévenir les dangers que les ouragans leur feraient courir à l’attérage, ils partent d’Espagne dans les mois de février, ou de mai et de juin, prennent dans leur marche des rafraîchissemens à Porto-Rico, et arrivent, après soixante-dix ou quatre-vingts jours de navigation, à Véra-Cruz, d’où leur chargement entier est porté à dos de mulet à Xalapa.0.64864864864864870.3513513513513513
2808Dans cette ville, ſituée à douze lieues du port, adoſſée à une montagne, & commodément bâtie, ſe tient une foire que les anciens réglemens bornoient à ſix ſemaines, mais qui actuellement dure quatre mois, & que quelquefois on prolonge encore, à la prière des marchands Eſpagnols ou Mexicains. Dans cette ville, située à douze lieues du port, adossée à une montagne et commodément bâtie, se tient une foire que les anciens règlemens bornaient à six semaines, mais qui actuellement dure quatre mois, et que quelquefois on prolonge encore à la prière des marchands espagnols ou mexicains. 0.593750.40625
2809Lorſque les opérations de commerce ſont terminées, les métaux & les autres objets donnés par le Mexique en échange des productions & des marchandiſes de l’Europe, ſont envoyés à Vera-Crux, où ils ſont embarqués pour notre hémiſphère. Lorsque les opérations de commerce sont terminées, les métaux et les autres objets donnés par le Mexique en échange des productions et des marchandises de l’Europe sont envoyés à Véra-Cruz, où ils sont embarqués pour notre hémisphère. 0.63636363636363640.36363636363636365
2810Les ſaiſons pour les faire partir ne ſont pas toutes également favorables. Les saisons pour les faire partir ne sont pas toutes également favorables. 0.57142857142857140.4285714285714286
2811Il ſeroit dangereux de mettre à la voile dans les mois d’août & de ſeptembre, & impoſſible de le faire en octobre & en novembre. Il serait dangereux de mettre à la voile dans les mois d’août et de septembre, et impossible de le faire en octobre et en novembre.0.64285714285714290.3571428571428571
2812,
2813La flotte prend toujours la route de la Havane, où elle eſt jointe par les bâtimens qui reviennent de Honduras, de Carthagène, d’autres deſtinations. La flotte prend toujours la route de la Havane, où elle est jointe par les bâtimens qui reviennent de Honduras, de Carthagène, d’autres destinations. 0.78571428571428570.2142857142857143
2814Elle s’y arrête dix ou douze jours pour renouveller ſes vivres, pour donner aux navires le tems de charger à fret les ſucres, les tabacs, les autres objets que fournit l’iſle de Cuba. Elle s’y arrête dix ou douze jours pour renouveler ses vivres, pour donner aux navires le temps de charger à fret les sucres, les tabacs, les autres objets que fournit l’île de Cuba. 0.59090909090909090.40909090909090906
2815Le canal de Bahama eſt débouqué. Le canal de Bahama est débouqué. 0.750.25
2816On remonte juſqu’à la hauteur de la Nouvelle-Angleterre ; & après avoir navigué long-tems par cette latitude de quarante degrés, on tire enfin vers le Sud-Eſt pour reconnoître le cap Saint-Vincent & aboutir à Cadix.On remonte jusqu’à la hauteur de la Nouvelle-Angleterre ; et, après avoir navigué long-temps par cette latitude de quarante degrés, on tire enfin vers le sud-est pour reconnaître le cap Saint-Vincent et aboutir à Cadix.0.59090909090909090.40909090909090906
2817Dans l’intervalle d’une flotte à l’autre, la cour de Madrid fait partir un ou deux vaiſſeaux de guerre qu’on appelle azogues, pour porter au Mexique le vif-argent néceſſaire à l’exploitation des mines. Dans l’intervalle d’une flotte à l’autre la cour de Madrid fait partir un ou deux vaisseaux de guerre qu’on appelle azogués, pour porter au Mexique le vif-argent nécessaire à l’exploitation des mines. 0.80952380952380950.19047619047619047
2818Le Pérou le fourniſſoit originairement : mais les envois étoient ſi lents, ſi incertains, ſi ſouvent accompagnés de fraude, qu’en 1734, il fut jugé plus convenable de les faire d’Europe même. Le Pérou le fournissait originairement ; mais les envois étaient si lents, si incertains, si souvent accompagnés de fraude, qu’en 1734 il fut jugé plus convenable de les faire d’Europe même. 0.68421052631578950.3157894736842105
2819Les mines de Guadalcanal en fournirent d’abord les moyens. Les mines de Guadalcanal en fournirent d’abord les moyens. 1.00.0
2820On les a depuis négligées pour les mines plus abondantes d’Almaden en Eſtramadoure. On les a depuis négligées pour les mines plus abondantes d’Almaden. 0.80.19999999999999996
2821Les azogues ſe chargent à leur retour du produit des ventes faites depuis le départ de la flotte, des ſommes rentrées pour les crédits accordés, & des fonds que les négocians Mexicains veulent employer pour leur compte dans l’expédition prochaine. Les azogués se chargent à leur retour du produit des ventes faites depuis le départ de la flotte, des sommes rentrées pour les crédits accordés, et des fonds que les négocians mexicains veulent employer pour leur compte dans l’expédition prochaine. 0.90.09999999999999998
2822Le gouvernement permet habituellement que trois ou quatre navires marchands ſuivent ſes vaiſſeaux. Le gouvernement permet habituellement que trois ou quatre navires marchands suivent ses vaisseaux. 0.44444444444444440.5555555555555556
2823Leur cargaiſon entière devroit être en fruits ou en boiſſons : mais il s’y gliſſe frauduleuſement des objets plus importans. Leur cargaison entière devrait être en fruits ou en boissons ; mais il s’y glisse frauduleusement des objets plus importans. 0.40.6
2824Ces bâtimens reviennent toujours ſur leur leſt, à moins que, par une faveur ſpéciale, on ne leur permette de prendre quelque cochenille.Ces bâtimens reviennent toujours sur leur lest, à moins que, par une faveur spéciale, on ne leur permette de prendre quelque cochenille.0.61538461538461540.3846153846153846
2825Si des raiſons de convenance ou de politique retardent le départ d’une nouvelle flotte, la cour fait paſſer de la Havane à la VeraCrux un de ſes vaiſſeaux. Si des raisons de convenance ou de politique retardent le départ d’une nouvelle flotte, la cour fait passer de la Havane à la Véra-Cruz un de ses vaisseaux. 0.52631578947368420.4736842105263158
2826Il s’y charge de tout ce qui appartient au fiſc, & des métaux que les débiteurs ou les ſpéculateurs veulent faire paſſer du nouvel hémiſphère dans l’ancien.Il s’y charge de tout ce qui appartient au fisc, et des métaux que les débiteurs ou les spéculateurs veulent faire passer du nouvel hémisphère dans l’ancien.0.52941176470588240.47058823529411764
2827La Nouvelle-Espagne envoya à sa métropole, année commune, depuis 1748 jusqu’en 1753, par la voie de la Véra-Cruz et de Honduras, 62,661,466 liv.
2828La Nouvelle-Eſpagne envoya à ſa métropole, année commune, depuis 1748 juſqu’en 1753, par la voie de la Vera-Crux & de Honduras, 62,661,466 livres ; dont 574,550 en or ; 43,621,497 en argent ; 18,465,419 en productions, prix d’Europe., dont 574,550 en or, 43,621,497 en argent, 18,465,419 en productions, prix d’Europe.0.31250.6875
2829Dans les productions, il y avoit 529,200 livres pour la couronne ; 17,936,219 pour les négocians.Dans les productions, il y avait 529,200 livres pour la couronne ; 17,936,219 pour les négocians.0.80.19999999999999996
2830Dans l’or et l’argent, il y avait 25,649,040 liv.
2831Dans l’or & l’argent il y avoit 25,649,040 livres pour le commerce ; 12,067,007 livres pour les agens du gouvernement ou pour les particuliers qui vouloient faire paſſer leur fortune en Europe ; 6,480,000 livres pour le fiſc.pour le commerce ; 12,067,007 livres pour les agens du gouvernement, ou pour les particuliers qui voulaient faire passer leur fortune en Europe ; 6,480,000 livres pour le fisc.0.470588235294117640.5294117647058824
2832La cour de Madrid ne doit pas tarder à voir augmenter ce tribut ; & voici ſur quels fondemens eſt appuyée cette conjecture.La cour de Madrid ne doit pas tarder à voir augmenter ce tribut ; et voici sur quels fondemens est appuyée cette conjecture.0.83333333333333340.16666666666666663
2833Le Mexique étoit anciennement ſans défenſe : car qu’attendre de quelques bourgeois que chaque ville devoit mettre ſous les armes, lorſqu’un péril, plus ou moins grand, menaçoit l’état. Le Mexique était anciennement sans défense ; car qu’attendre de quelques bourgeois que chaque ville devait mettre sous les armes, lorsqu’un péril plus ou moins grand menaçait l’état ? 0.45454545454545460.5454545454545454
2834On ne tarda pas à former de ces milices diſperſées, ſix régimens d’infanterie & deux de cavalerie, auxquels on a depuis fait donner des inſtructions par des officiers envoyés d’Europe. On ne tarda pas à former de ces milices dispersées six régimens d’infanterie et deux de cavalerie, auxquels on a depuis fait donner des instructions par des officiers envoyés d’Europe. 0.68750.3125
2835Le tems étendit les idées. Le temps étendit les idées. 0.50.5
2836Des hommes, habituellement occupés des arts & du commerce parurent un trop foible appui à l’autorité ; & elle ſe décida à lever, dans le pays même, deux bataillons d’infanterie, deux régimens de dragons qui n’eurent d’autre profeſſion que la profeſſion militaire. Des hommes habituellement occupés des arts et du commerce, parurent un trop faible appui à l’autorité, et elle se decida à lever, dans le pays même, deux bataillons d’infanterie, deux régimens de dragons, qui n’eurent d’autre profession que la profession militaire. 0.80.19999999999999996
2837Après la paix de 1763, le gouvernement jugea que des peuples amollis par l’oiſiveté & par le climat, étoient peu propres à la guerre ; & des troupes régulières furent envoyées de la métropole dans la colonie. Après la paix de 1763, le gouvernement jugea que des peuples amollis par l’oisiveté et par le climat étaient peu propres à la guerre ; et des troupes régulières furent envoyées de la métropole dans la colonie. 0.78947368421052630.21052631578947367
2838Ce ſyſtême eſt ſuivi encore ; & il y a toujours au Mexique trois ou quatre bataillons de notre continent, qui ne ſont relevés qu’après un ſéjour de quatre années.Ce système est suivi encore ; et il y a toujours au Mexique trois ou quatre bataillons de notre continent qui ne sont relevés qu’après un séjour de quatre années.0.42857142857142860.5714285714285714
2839A ces moyens de conſervation, il en a été ajouté d’autres non moins efficaces. A ces moyens de conservation il en a été ajouté d’autres non moins efficaces. 0.71428571428571430.2857142857142857
2840L’iſle de Saint-Jean d’Ulua, qui forme le port de VeraCrux, & qui doit le défendre, n’avoit que peu & de mauvaiſes fortifications. L’île de Saint-Jean d’Ulua, qui forme le port de Véra-Cruz, et qui doit le défendre, était encore sans fortification en 1568. 0.35714285714285720.6428571428571428
2841Celles qui, vers cette époque lui furent données, quoique construites sur un mauvais plan, quoique médiocres, quoiqu’en ruine, ont subsisté jusqu’à nos jours sans la moindre amélioration.
2842On les a enfin rasées.
2843On les a raſées.
2844Sur leurs ruines & dans un roc vif ont été élevés naguère des ouvrages étendus, ſolides, capables de la plus opiniâtre réſiſtance. Sur leurs ruines et dans un roc vif ont été élevés naguère des ouvrages étendus, solides, capables de la plus opiniâtre résistance. 0.69230769230769230.3076923076923077
2845Si, contre toute apparence, cette clef du Mexique étoit forcée, le pays, après ce revers, ne ſeroit pas encore ſans défenſe. Si, contre toute apparence, cette clef du Mexique était forcée, le pays, après ce revers, ne serait pas encore sans défense. 0.57142857142857140.4285714285714286
2846A vingtquatre lieues de la mer, au débouché des montagnes, dans une plaine que rien ne domine, furent jettés, en 1770, les fondemens de la magnifique citadelle de Pérote. A vingt-quatre lieues de la mer, au débouché des montagnes, dans une plaine que rien ne domine, furent jetées, en 1770, les fondemens de la magnifique citadelle de Pérote. 0.84615384615384610.15384615384615385
2847Les arsenaux, les casernes, les magasins, tout y est à l’abri des bombes.
2848Les arſenaux, les caſernes, les magaſins, tout y eſt à l’abri des bombes.
2849Selon les apparences, la cour de Madrid ne diminuera jamais le nombre des troupes qu’elle entretient dans la Nouvelle-Eſpagne : mais la partie du revenu public qu’abſorboient les fortifications, ne doit pas tarder à groſſir ſes tréſors, à moins qu’elle ne l’emploie, dans la colonie même, à former des établiſſemens utiles. Selon les apparences, la cour de Madrid ne diminuera jamais le nombre des troupes qu’elle entretient dans la Nouvelle-Espagne ; mais la partie du revenu public qu’absorbaient les fortifications ne doit pas tarder à grossir ses trésors, à moins qu’elle ne l’emploie, dans la colonie même, à former des établissemens utiles. 0.64516129032258060.3548387096774194
2850Déja ſur les bords de la rivière d’Alvarado, où les bois de conſtruc- tion abondent, s’ouvrent de grands chantiers. Déjà sur les bord de la rivière d’Alvarado où les bois de construction abondent, s’ouvrent de grands chantiers. 0.60.4
2851Cette nouveauté eſt d’un heureux préſage. Cette nouveauté est d’un heureux présage. 0.50.5
2852D’autres la ſuivront ſans doute. D’autres la suivront sans doute. 0.40.6
2853Peut-être, après trois ſiècles d’oppreſſion ou de léthargie, le Mexique va-t-il remplir les hautes deſtinées auxquelles la nature l’appelle vainement depuis ſi long-tems. Peut-être, après trois siècles d’oppression ou de léthargie, le Mexique va-t-il remplir les hautes destinées auxquelles la nature l’appelle vainement depuis si long-temps. 0.52631578947368420.4736842105263158
2854Dans cette douce eſpérance, nous quitterons l’Amérique Septentrionale pour paſſer dans la Méridionale, où nous verrons, par un ordre de la providence qui ne changera jamais, les mêmes effets produits par les mêmes cauſes ; les mêmes haînes ſuſcitées par la même férocité ; les mêmes précautions ſuggérées par les mêmes alarmes ; les mêmes obſtacles oppoſés par les mêmes jalouſies ; le brigandage engendré par le brigandage ; le malheur vengé par le malheur ; une perſévérance ſtupide dans le mal, & la leçon de l’expérience inutile.Dans cette douce espérance, nous quitterons l’Amérique septentrionale pour passer dans la méridionale où nous verrons, par un ordre de la Providence qui ne changera jamais, les mêmes effets produits par les mêmes causes ; les mêmes haines suscitées par la même férocité ; les mêmes précautions suggérées par les mêmes alarmes ; les mêmes obstacles opposés par les mêmes jalousies ; le brigandage engendré par le brigandage ; le malheur vengé par le malheur ; une persévérance stupide dans le mal, et la leçon de l’expérience inutile.0.5744680851063830.42553191489361697
2855FIN DU TROISIÈME VOLUME.
2856Fin du ſixième Livre.